Mon bilan : Il y avait beaucoup moins de monde qu'à la Marche pour la Fermeture des Abattoirs, à la fois de 2015 (qui était un record) et de 2014.
J'ai aussi eu le sentiment qu'il y avait moins de monde qu'à la Veggie Pride de 2014 (à Paris) et de 2013 (à Genève). Après, c'est un ressenti, je n'ai pas vraiment pris le temps de compter, mais en m'écartant de la foule pour regarder l'ensemble, je voyais le début et la fin proches l'un de l'autre, et ça m'a choqué.
J'espère qu'il y a eu un comptage un peu plus officiel.
Mon avis, les paramètres qui ont joué pour qu'on soit si peu nombreux :
- Le changement de date (les années passées, c'était mi-mai). Du coup, il fait plus frais, ça incite moins à se bouger et sortir. Les gens sont moins dans l'esprit approche des vacances. Et surtout, un hypothèse : il est possible que la Marche pour la Fermeture des Abattoirs ait eu un effet aspirateur sur la Veggie Pride. Les années précédentes, les deux étaient à un mois d'écart, beaucoup de militants choisissaient entre l'une ou l'autre, surtout ceux qui se déplacent de loin. Or cet été, il n'y avait pas de Veggie Pride, donc la majorité s'est retrouvée sur la Marche pour la Fermeture des Abattoirs (d'où le fait -aussi- qu'on était beaucoup plus nombreux que les années précédentes). Comme les gens étaient déjà allés à la Marche, la Veggie Pride est passée à la trappe. Elle a été oubliée, moins médiatisée. (Le fait de la décaler dans le temps aussi a pu donner l'impression à une partie des habitués qu'il n'y en avait pas cette année. Donc moins de comm, moins de bouche à oreilles.)
- Le changement de formule. "Carnaval des animaux", l'expression est peu militante/revendicative, ça fait un peu "rigolade". Il était demandé de se déguiser en animaux, donc ça dissuade les personnes qui voulaient quelque chose d'un peu "sérieux" (se déguiser en animal, c'est toujours un peu ridicule, surtout pour l'animal représenté). Ca demandait un effort et une préparation supplémentaire, donc ça a pu dissuader les personnes qui pensaient que la majorité serait déguisée, mais qui n'avaient pas d'idée ou pas le courage de se déguiser.
- Il y a peut-être eu une modification du "contexte militant", des végétariens qui se sont véganisés façon "puriste abolitionniste" et qui n'aiment plus les manifs inclusives pour les ovo-lacto-végétariens (puisque ça s'appelle Veggie Pride et non pas Vegan Pride), ou qui considère que la Veggie Pride est centrée sur les végétariens (sur la végéphobie) plus que sur les animaux. C'est purement abstrait, symbolique, comme vision des choses (puisqu'en pratique, la revendication est la même), mais il y en a quand même qui pensent ça. Je crois assez peu que ça soit la raison principale quand même. (Ca se serait aussi ressenti à la Marche pour la Fermeture des Abattoirs. Les véganes puristes voyant du "welfarisme" partout, y compris à la Marche.)
Ca, c'est mon bilan pour le nombre de personnes.
En ce qui concerne les personnes présentes, j'ai aussi eu le sentiment que ça n'était pas les têtes habituelles. J'ai l'impression qu'il y a une espèce de turn over des militants, ou que la Veggie Pride de cette année a surtout attiré des personnes neuves dans le militantisme. (Par le changement de formule et de date, donc.)
Mon gros bémol sur la formule, du coup : C'était n'imp, l'histoire des déguisements. On avait des lions, des girafes, des koalas, des pandas, des chats... parce que c'est beaucoup plus facile de trouver des déguisements pour les animaux qu'on ne mange pas. Sauf que c'est une manif pour arrêter de manger les animaux. C'est de ceux-là qu'on est censés parler... Donc le thème n'était visiblement pas clair pour les manifestants (ou alors pour moi ?).
Ce qui a beaucoup changé par rapport aux années précedentes dans l'organisation aussi :
- Beaucoup de pancartes sur "l'égalité" et le "spécisme" (je mets entre guillemets, parce que c'était les mots utilisés dans les messages). Des messages sans visuels, mais bien lisibles, bien clairs. Visiblement, des pancartes faites par les orgas.
- Des pancartes (nouvelles) faites par les orgas avec des regards d'animaux (cochons, vaches, humains... je ne sais plus s'il y avait des poissons)
- Aucune pancarte trash. Pas de visuels d'animaux tués ou enfermés. L'esprit de la manif se voulait positif, pas choquant.
- Pas de happening dramatique habituel (où tout le monde s'allonge pendant que des cris d'animaux résonnent).
- Et surtout un gros boulot des orgas pour fabriquer des animaux géants (façon dragons, portés par trois ou quatre personnes), et une armée de percussionnistes qui mettaient la grosse ambiance. Du coup, beaucoup moins de slogans scandés (qui manquaient de rythme de toute façon, c'était difficile à rendre ça efficace), parce que les percus s'entendaient d'un bout à l'autre du défilé. Mais ça rendait aussi ça très festif, très dansant, et le public était bien plus ravi de nous voir passer que les années précédentes.
L'impact positif que ça semble avoir eu, d'après ce que j'ai entendu, c'est que les tracts étaient distribués deux fois plus vite qu'aux versions précédentes. Donc les passants étaient plus réceptifs. Au moins pour prendre en mains les tracts. Est-ce que ça les a faits plus réfléchir, en les lisant ? Aucune idée.
Maintenant, l'impact réel qu'on recherche avec une manif, c'est d'avoir un vrai retour des médias. Voire, si ça fonctionne vraiment bien, un espace plus vaste (dans les médias) pour s'y exprimer directement.
Cette année, je n'ai pas l'impression qu'il y ait eu ce résultat. En même temps, puisque les journalistes ne pouvaient pas se représenter à quoi ça allait ressembler, ils ne pouvaient pas vraiment être plus attirés que les années précédentes. Si la formule est reprise l'année prochaine, on peut espérer que ça attire plus de journalistes, puisqu'ils pourront avoir un aperçu via les vidéos de celle de cette année.