Violences intra-familiales et aux animaux domestiques

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Anonymous

Guest
Ci-dessous un lien vers un texte sur les liens entre violences intra-familiales et violences faites aux animaux domestiques, dans lequel il est expliquer que :
- violences faites aux animaux et aux humains dans un même foyer sont souvent corrélées ;
- les violences ou les menaces envers les animaux peuvent constituer un frein voire un empêchement au départ de leur foyer de femmes victimes de violences conjugales.

http://cfhs.ca/athome/la_connexion_entre_la_violence_faite_aux_humains_et_aux_animaux/

Une amie omni bossant sur les violences conjugales me disait, outrée, que dans les cas de violences conjugales aux Etats-Unis, dans certains états, des ordonnances de protection d'animaux domestiques peuvent être émises au même titre que des ordonnances de protection des femmes violentées. De son point de vue, cela revenait à décrédibiliser les violences faites aux femmes, à faire passer en lutte de seconde zone les luttes féministes contre les violences conjugales et à minimiser l'environnement sexiste de la société qui encourageait les violences faites aux femmes.
Bon évidemment, le point de vue de cette amie est spéciste. Le lien entre sexisme et spécisme, et entre maltraitance aux humains et aux anhs nous semble assez clair (enfin à peu près) ici, mais pensez-vous que la défense des animaux domestiques est complémentaire/parallèle/différente de la lutte contre les violences conjugales ? Les deux combats auraient-ils un intérêt à être menés de front ?
Adopter le principe d'ordonnance de protection des animaux domestiques revient-il à minimiser ou "déprioriser" la gravité des faits de violences conjugales ?
A l'inverse, la lutte pour la protection des animaux domestiques telle que la mènent les associations gagnerait-elle à être associée à une problématique de violences familiales, sachant que les violences faites aux animaux ne se limitent pas à la violence physique, mais aussi à l'abandon, à une mauvaise connaissance de leurs besoins fondamentaux, leur exploitation/commercialisation, etc. ? N'est-ce pas subordonner les droits des animaux à ceux des humains ?

En bas de post, un exemple canadien de conseils de plan de protection d'animal domestique dans le cadre de violences conjugales. Et ci-dessous, quelques extraits du texte donné en lien au-dessus :
Lorsqu’une personne ou un animal est violenté au sein d’un foyer, la possibilité qu’il y ait d’autres formes de violence devrait être envisagée également. En réalité, la violence n’est pas isolée. Compartimenter la violence ne fait que de nuire aux victimes et à ceux et celles qui ont pour travail de les aider. Comprendre et aborder la connexion entre la violence envers les animaux et la violence envers les humains peut mieux protéger les victimes, arrêter ceux qui commettent des actes violents et prévenir de la violence future en identifiants les individus qui ont des tendances violentes.

Les animaux domestiques sont importants pour les victimes qui sont dans des relations violentes car ils offrent une connexion émotionnelle forte et sont souvent une source de soutien pour les victimes dans des moments de peur et d’isolation. Les auteurs de violence utilisent la vulnérabilité des animaux pour contrôler leurs victimes et pour les garder dans de relations violentes. Quand les animaux sont en danger de violence, les femmes et les enfants le sont aussi.

Les gens qui violentent des animaux sont aussi souvent responsables de violence familiale

Les enfants qui violentent des animaux ont tendance à être des victimes également, ou ont été témoins de violence et ont appris à se comporter de façon agressive envers les autres personnes et les animaux

Les gens qui maltraitent des animaux sont cinq fois plus susceptibles de commettre des crimes violents contre des personnes

Presque tous les auteurs de mauvais traitements envers des animaux ont été des victimes ou témoins de violence dans leur enfance

La violence envers les animaux et celle faite aux humains sont indissociables et si elles ne sont pas traitées en tant que le cycle interconnecté de la violence, ceci ne fera que continuer à empoisonner notre société de génération en génération

Pour plusieurs victimes, les animaux domestiques font partie de la famille et la connexion émotionnelle et le soutien que représentent les animaux pour les femmes dans les moments de peur et d’isolation ne sont pas à prendre à la légère. La sécurité d’un animal doit être prise en considération lorsque les victimes font face à la décision de quitter une situation violente. Si les animaux ne sont pas pris en considération, les femmes et les enfants courent un plus grand danger parce qu’ils peuvent retarder leur départ afin d’assurer la sécurité de leurs animaux.

Élaboration d’un plan de sécurité pour les animaux

Dépliant sur la planification de la sécurité de la FSCAA
Si vous êtes en mesure de préparer le départ de votre animal, essayez de garder les articles suivants dans un endroit sûr où l’accusé ne pourra pas les trouver.

De votre animal carnet de santé et de vaccination
Licence prouvant que vous êtes la propriétaire de votre animal
Bols, lit, jouets, accessoires de toilettage, couverture préférée, etc.
Médaillon d’identification sans votre adresse, mais avec le numéro de téléphone d’une personne en qui vous avez confiance ou votre vétérinaire
Laisses pour chien
Transporteur pour chat (Les chats qui ne sont pas confinés peuvent avoir peur et s’échapper. Si vous n’avez de transporteur pour votre chat, une taie d’oreiller peut fonctionner en cas d’urgence.)
Médicaments, s’il y a lieu
Pour la personne qui prendra soin de votre animal, préparez une feuille d’information sur la nourriture, une photo, les horaires des repas, les conditions médicales, les médicaments et horaires pour ceux-ci, les choses que votre animal aime et qu’il n’aime pas ainsi tout problème de comportement possible.

Avant de partir assurez-vous de:

Lui trouver un endroit sécuritaire à l’avance. Demandez à des amis ou personnes de votre famille en qui vous avez confiance si quelqu’un pourra garder vos animaux temporairement. Vérifiez avec les refuges pour animaux de votre région.
Connaître les cachettes de votre animal pour éviter de prendre du temps à le chercher lors d’une urgence.
L’endroit où se trouve l’animal devrait être gardé secret au cas où l’agresseur déciderait de tenter de prendre contrôle de l’animal afin de contrôler la victime.
 
Fabicha":pe7l6c9d a dit:
mais pensez-vous que la défense des animaux domestiques est complémentaire/parallèle/différente de la lutte contre les violences conjugales ? Les deux combats auraient-ils un intérêt à être menés de front ?
Adopter le principe d'ordonnance de protection des animaux domestiques revient-il à minimiser ou "déprioriser" la gravité des faits de violences conjugales ?
A l'inverse, la lutte pour la protection des animaux domestiques telle que la mènent les associations gagnerait-elle à être associée à une problématique de violences familiales, sachant que les violences faites aux animaux ne se limitent pas à la violence physique, mais aussi à l'abandon, à une mauvaise connaissance de leurs besoins fondamentaux, leur exploitation/commercialisation, etc. ? N'est-ce pas subordonner les droits des animaux à ceux des humains ?

A mon sens, les deux sont liés (violence faite aux humains et aux animaux non-humains) d'un point de vue logique et historique. De même que le sexisme est historiquement lié au carnisme. La culture viriliste, qu'elle soit explicitement assumée dans des textes (lois, théorie, etc.) ou diffuse, ayant très tôt valorisé les hommes ("les vrais") en tant que consommateurs de viande et "confiné" les femmes au végétarisme, comme l'a montré la théoricienne féministe Carole J. Adams.
Il y a un intérêt à montrer que les deux s'articulent: c'est une bonne stratégie de légitimation de la protection animale et c'est une manière sans doute plus efficace que d'autres de réveiller les consciences.
 
Xav":1xq02r71 a dit:
Il y a un intérêt à montrer que les deux s'articulent: c'est une bonne stratégie de légitimation de la protection animale et c'est une manière sans doute plus efficace que d'autres de réveiller les consciences.
N'y a-t-il pas un risque d'entretenir l'idée que protection animale=animaux domestiques/gentils/mignons. Les autres espèces étant laissées au combat pour l'écologie et la biodiversité (donc souvent spéciste) ?
 
Fabicha":1cylh60p a dit:
Une amie omni bossant sur les violences conjugales me disait, outrée, que dans les cas de violences conjugales aux Etats-Unis, dans certains états, des ordonnances de protection d'animaux domestiques peuvent être émises au même titre que des ordonnances de protection des femmes violentées. De son point de vue, cela revenait à décrédibiliser les violences faites aux femmes,

Je ne trouve vraiment pas que ça décrédibilise les violences qui sont faites aux femmes, mais au contraire que ça met en relief un comportement violent. Même en étant spéciste, faire preuve de violence envers un animal domestique est extrêmement mal vu. Je n'aurais pas confiance en quelqu'un qui frappe sa compagne, au même titre que je n'aurais pas confiance en quelqu'un qui martyrise son animal.

Sincèrement, qui aurait confiance en un homme qui trouve amusant de frapper son animal, ou qui passe ses nerfs sur lui ? Ça démontre clairement d'un comportement violent. Pour ma part, c'est un combat qui a autant de valeur que celui contre les violences conjugales.

A titre d'exemple relativement personnel, j'ai "connu" un homme qui dressait son chien avec des coups de pieds. Un an après, il a essayé de tuer un enfant en l'étranglant, et l'immobilisant en appuyant sur lui de tout son poids. Le pire étant certainement que si les violences faites sur son chien avaient été prises plus au sérieux par son entourage à l'époque, ses actes de violences n'auraient pas atteint sa compagne ou cet enfant.

Donc pour moi, c'est complètement complémentaire. Une personne faisait preuve de violence envers son animal ou n'importe quel animal domestique, en dit énormément sur elle.
 
Fabicha":n02amjyh a dit:
N'y a-t-il pas un risque d'entretenir l'idée que protection animale=animaux domestiques/gentils/mignons. Les autres espèces étant laissées au combat pour l'écologie et la biodiversité (donc souvent spéciste) ?

Il y a une division du travail militant (même si j'imagine mal un militant de la cause animale se mobiliser "seulement" pour les animaux dits domestiques). En l'occurrence il faut tenir compte de la spécificité de la violence subie par les animaux domestiques, j'imagine.
Rien n'implique de déserter le terrain de la lutte contre les autres formes de violence subies par les animaux non-humains/humains.
 
@ LittlePx (je n'avais pas vu ton post) : entièrement d'accord, c'est ce que dit le texte justement :)

@ Xav : oui, c'est juste. Je n'ai pas lu le livre de Carol Adams. On voit bien le lien entre sexisme et spécisme, mais les violences conjugales ne sont pas nécessairement de la même nature que les violences faites aux animaux domestiques parce qu'elles sont statistiquement corrélées (le "cycle de la violence" n'est pas valide pour les animaux je pense, par exemple). En parle-t-elle spécifiquement dans son livre ?
Ça n'empêche pas les "synergies" entre luttes effectivement.
 
Fabicha":375fl1e9 a dit:
En parle-t-elle spécifiquement dans son livre ?
Oui, elle part même de là en constatant que la violence (domestique ou non) à l'encontre des femmes est mieux comprise si l'on intègre dans l'analyse ce référent habituellement absent du discours dominant (et même du discours féministe, en dehors de l'écoféminisme) que sont les animaux. Elle évoque différents cas, tirés de l'actualité, d'individus violents avec les femmes et les animaux. Il y a une interpénétration quotidienne des violences domestiques, politiques et culturelles à l'égard des animaux et des femmes. D'où la nécessité de revenir sur l'histoire de cette analogie (par exemple à travers l'histoire parallèle du viol et de l'abattage). Ce que le livre(The Sexual Politics of Meat) fait remarquablement je trouve.
On peut en tirer des conclusions personnelles. Un-e végétarien-ne conséquent-e doit, si ce n'est devenir un-e militant-e féministe, du moins ouvrir sa réflexion aux "autres" formes de violence puisqu'elles sont intimement liées. Un-e féministe conséquent-e peut de son côté envisager le végéta*isme comme un acte réflexif et militant : refuser de manger de la viande, endosser l'étiquette de végéta*ien-ne, est un moyen parmi d'autres pour mettre en question l'armature symbolique de la domination masculine.
 
Merci des précisions. Cela que confirme que The Sexual Politics of Meat doit rapidement prendre la tête dans ma pile de lecture.
 
Fabicha":3k103vvj a dit:
Merci des précisions. Cela que confirme que The Sexual Politics of Meat doit rapidement prendre la tête dans ma pile de lecture.

Je relis le bouquin (la partie sur le XVIIIe siècle est très intéressante, c'est notamment là que des stéréotypes durables se définissent) et je me souviens que c'est Jezebel qui m'avait fait découvrir cette référence, il y a un petit bout de temps.
 
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