Merci Watermelon, c'est exactement ça. Pers0nne, la façon dont tu exprimais ton incompréhension face au changement de sexe (au sens organes génitaux) m'a énervée parce que tu faisais de la théorie de l'émancipation sur des gens. Tu ne disais pas seulement "ça n'est pas nécessairement une remise en question des genres" (il y a autant de démarches de transition que de trans', de toutes façons...). Tu disais ne pas comprendre que des trans' veuillent des interventions chirurgicales, parce que ce n'était pas subversif, que ça "renforçait les genres". Je ne sais pas si tu imagines à quel point ça peut être relou, pour un(e) trans', d'être face à ce type de discours, où ses besoins, son rapport à son corps, son quotidien, sont moulinés à l'aune des théories de la subversion. C'est violent.
C'est comme si on t'expliquait qu'on ne comprend pas pourquoi tu ne mets pas de robes, et pourquoi tu n'as pas les cheveux longs, et pourquoi tu as tel ou tel rapport à ton corps. Qu'on allait critiquer ton intimité au nom d'une théorie de la libération.
Ca revient à dire que leur vie, le respect de leur choix, a moins d'importance que ce que tu considères comme la bonne manière de se libérer. Tu ne l'entendais pas nécessairement comme ça, mais tu semblais oublier qu'il y avait des vrais gens derrière. Que leur but n'est pas d'être hypes-et-subversifs, juste d'exister, d'avoir la meilleure vie possible.
Personne ne modifie son corps pour des raisons purement militantes, pour être un agent de la libération. Le corps, le rapport au corps, n'est pas juste un outil, ni un choix. Ca relève du vécu, de l'intime. Et quand tu tiens ce type de discours, tu évoques potentiellement un point sensible pour la personne en face.
Je me doute que tu n'as pas l'impression de passer tout ça à la trappe quand tu théorises le degré de subversion et d'émancipation de tel ou telle en fonction de ses choix de transition, mais en fait, si, c'est totalement ce que tu fais. Encore une fois, imagine qu'on scrute le moindre de tes choix quotidiens, de tes manières d'être, ton rapport au corps, pour s'interroger ensuite sur lequel est le plus libérateur, et pourquoi tu fais tel truc alors que c'est trop pas subversif...