Salut tout le monde,
Je n'ai pas eu le courage de lire tous les messages de ce long topic...
Je vous narre ici trois petites histoires vécues...
- Un homme nous disant à ma fille et moi :
"Moi, je n'ai rien contre les végétariens. Je suis tolérant. En tant qu'artiste, je suis ouvert. Dans le milieu des artistes, il y a beaucoup de végétariens. J'en connais plusieurs, ils ne me dérangent pas."
C'était chez lui à sa table. Spécialement pour nous, il (lui-même) avait fait une sauce tomates et oignons pour accompagner nos pâtes...
Une sauce tomate pour
remplacer... la dinde ! C'est-à-dire celle qu'il bouffait devant nous ainsi que sa femme et leurs trois enfants (adultes) !!!
Grâce à ma fille et moi, ils ont chacun eu une plus grosse part de dinde. Quand même, sa femme avait fait un potage "pour tous" en entrée. À part ça, pas de salade mais un dessert aux pommes cuites.
Facile d'être "tolérant" face à qui ne mange pas "une chose".
La difficulté était pour nous de rester calmes (polies, invitées) à les voir bouffer ce qui nous est pourtant "intolérable" ?...
Si quelqu'un ne mange jamais de dessert ou ne boit jamais de café est-ce-qu'on lui dit : "J'en connais d'autres comme toi, je l'accepte, je suis tolérant... " ?!
- Salon de présentation de produits alimentaires artisanaux...
De son stand, comme je passais devant, un homme m'interpelle en me proposant de goûter sa terrine de lapin.
Je refuse poliment avec le sourire. L'homme insiste, je continue de lui dire "non merci".
Croyant, sans doute, que je n'aimais pas le lapin, il me dit : "Mais, au moins, goûtez-le !"
Alors je lui dis enfin : "Je suis végétarienne" (en restant souriante).
Sa réaction m'a stupéfaite, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il m'a dit alors, immédiatement, sur ton agressif :
"Parce que vous croyez que je tue mes lapins avec plaisir ?!"
Je lui ai dit : "Est-ce-que je vous ai accusé de quelque chose ?" et je devais avoir l'air si effaré qu'il a dû comprendre qu'il était en train de se culpabiliser tout seul. Il a alors eut l'air gêné, a repris le contrôle de lui-même en s'excusant plus ou moins. Nous n'avons pas discuté, je lui ai dit au revoir, toujours avec sourire et suis allée vers des stands plus alléchants pour moi...
- Une belle revanche :
Invitée à un dîner-buffet chez des amis, j'étais la seule végétarienne sur une bonne quinzaine de convives, tous de ma génération (entre 50 et 60 ans).
La maîtresse de maison est une bourge un peu snob qui se vante de fréquenter des personnes peu ordinaires dont une végétarienne, c'est-à-dire moi.
Elle avait préparé divers plats (elle cuisine très bien), certains avec viandes, produits de la mer, et d'autres végétariens.
Chose appréciable, cette dame ne fait pas une assiette à part juste pour moi (comme bien des gens le font, vous savez) mais quelques plats végés en assez grosse quantité pour tout le monde.
Mais elle dit, même elle proclame, qu'elle a spécialement fait ceci et cela par égard pour la végétarienne !
En société, je n'aborde pas le sujet tant qu'on ne me questionne pas.
L'annonce de mon végétarisme a suscité des réactions...
La plupart des femmes se sont mises à dire que "c'est vrai c'est dégueulasse de tuer des animaux pour les manger, quand on y pense"... J'entendais encore : "D'ailleurs les gens mangent trop de viande; moi, j'en mange peu; en fait, c'est même rare, j'en mange de moins en moins"...
(C'est marrant de voir comme les gens se sentent coupables alors qu'on ne les accuse de rien).
Au milieu de tous ces propos, je me suis forcément trouvée à parler des élevages odieux, etc, du pourquoi j'avais cessé de consommer des animaux.
Alors une des femmes - qui n'avait pas participé à la conversation jusque-là - s'est mise contre les végés dans le pur style des imbéciles (les trucs habituels que vous connaissez, je ne détaille pas). C'est une femme ordinairement très gentille et calme, c'est la première fois que je la voyais s'énerver ainsi ! Je précise bien que, moi, je restais calme, je ne fais pas la morale ni rien, et je ne tiens surtout pas à passer pour agressive afin de ne pas donner une mauvaise image des végétariens.
Elle, l'excitée, disait, notamment, que chacun doit faire ce qu'il veut, qu'elle s'en fiche que certains ne mangent pas de viande, mais que la tolérance doit être des deux bords !! Je lui répondais (en pensant à l'autre "artiste tolérant", voir l'histoire plus haut) que c'est évident pour un mangeur de viande de "tolérer" que d'autres n'en mangent pas. Tandis que l'inverse... Mais elle ne pigeait rien, ne cherchait pas à comprendre; le truc classique.
Une des autres femmes qui, elle, avait bien compris ce principe de "tolérance", s'était positionnée de mon bord en tentant d'expliquer à l'autre qu'évidemment c'est plus facile pour un non-végé de tolérer la nourriture du végé que l'inverse ! L'excitée la coupait en lui servant sans cesse son principe de "tolérance réciproque !!"
Et les hommes dans tout ça ?
Eux ne discutaient pas, ils se contentaient de sortir quelques petites vannes et c'était clair qu'ils souhaitaient voir se terminer cet affrontement.
Je déteste les conflits et ne les recherche donc pas.
J'ai dit : "Stop ! j'appelle le médecin !"
Le médecin (généraliste) étant un des convives. Il n'avait rien dit jusque-là, pas un mot. Bizarre de sa part, le pensais-je, car c'est une très grande gueule. Je le connais de longue date, c'est un copain (mais pas mon médecin, on n'habite pas la même région) et je sais qu'il n'est pas végétarien. Lui demander son avis, c'était à mes risques et péril.
Je l'ai fait ainsi :
"On met l'éthique de côté... Dis-nous, s'il te plaît,
juste en tant que médecin, ce que tu penses du végétarisme." (remarquez que je n'ai pas dit "végétaLisme").
Les présents ont fait silence, tous les regards se sont portés vers lui...
Il a dit d'un ton ferme :
"C'est excellent ! Vraiment ! Ah, pour la santé, il n'y a rien de mieux, c'est parfait !"
Ouah !!! Je n'avais pas espéré autant et c'est là que j'ai réalisé que j'avais pris le risque de me faire descendre en flèche.
Il m'a toutefois dit dans le creux de l'oreille :"Fais quand même gaffe de ne pas en faire une religion !" ce à quoi je lui ai répondu, tout aussi discrètement : "Si tu veux dire par là 'penser aux animaux avant de penser à ma santé' alors je suis déjà 'entrée en religion' !" Il a eut l'air déçu.
A-t-il regretté alors d'avoir pris ma défense ?
Je me demande aussi s'il l'a fait par véritable conviction des bienfaits du végétarisme ou... si c'était surtout pour emmerder sa femme...
Car, oui, celle qui m'avait contrée avec virulence était sa propre épouse !!!