J'ai récemment eu envie de lire le livre de Marcela Iacub, Confessions d'une mangeuse de viande (très bien). Et puis comme j'avais emprunté Manger la chair – Traité sur les animaux de Plutarque en même temps, je me suis dit que j'allais commencer par le commencement (et j'ai plutôt bien fait puisqu'il est cité dans le premier).
Et j'ai été frappée de constater qu'un bouquin écrit au Ier siècle semble si contemporain. Certes, le texte est un peu ardu (mais ça dépend peut-être des traductions ? ), mais les arguments employés par Plutarque sont exactement les mêmes que ceux que nous utilisons encore aujourd'hui.
Petit panel :
Il s'étonne tout d'abord du "courage" du premier homme qui a mangé de la viande, le tout premier qui a décidé de tuer et de manger un cadavre en passant outre son dégoût et l'horreur de son acte. Puis, il se dit que celui-là n'a peut-être pas eu le choix de sa nourriture, contrairement à ses contemporains qui vivent dans un âge si prospère, plein de fruits et de légumes.
( = contrairement à l'homme préhistorique/les Inuits, nous, nous avons du choix. )
Il dénonce ceux qui appellent les lions et léopards "bêtes sauvages" qui tuent par nécessité, alors qu'eux-mêmes tuent par "délices".
( = oui mais la viande, c'est bon. )
Il parle de ces humains "grands carnivores qui sont faits pour manger de la viande" et leur rappelle que leurs dents sont plates et leurs ongles courts, et les met au défi d'aller égorger un sanglier sans aucun outil.
( = et mes canines de carnivore, là, hein ? )
Et quand bien même un animal serait mort, personne n'a le courage de le manger tel quel et il faut le déguiser de sauces et d'épices pour ce faire. Il dit aussi que nous avons besoin de nous éloigner de l'idée de mort en accoutrant la chair de telle façon, d'oublier l'animal tué, et Marcela Iacub parle beaucoup de cet aspect-là aussi.
Il estime que celui qui respecte les animaux et leur est attentionné, alors qu'ils ne se ressemblent en rien et ne communiquent pas, est forcément bon envers les humains aussi.
Il accepte le meurtre des animaux si on en a vraiment besoin, mais faisons-le sans les faire souffrir inutilement juste par goût (là, un exemple de recette sympa consistant à sauter sur le ventre d'une truie pleine pour faire une bouillie de sang, de porcelets, de lait... ).
Il parle de la culture qui veut que l'on ne fasse jamais un banquet, que l'on n'invite pas quelqu'un sans lui offrir de la viande.
Bon, il explique aussi qu'au vu de la dissipation des âmes au moment de la mort et tout ça, il vaut mieux éviter de manger de la viande si on ne veut pas dévorer son grand-père réincarné en porcelet, et que de toute façon, celui qui se laisse aller à manger de la viande par délice finira ivrogne, libertin et débauché (et c'est mal).
J'ai trouvé vraiment intéressant que tous ces arguments, sous cette forme ou une autre, se retrouvent encore presque deux mille ans plus tard (ou peut-être que c'est triste qu'on en soit encore là ? )
Certains d'entre vous l'ont-ils lu ?
En tout cas, un bouquin vraiment bien, et puis très court en plus (heureusement, vu le style... ). Et d'autant plus intéressant que Plutarque n'était pas végétarien.
Et j'ai été frappée de constater qu'un bouquin écrit au Ier siècle semble si contemporain. Certes, le texte est un peu ardu (mais ça dépend peut-être des traductions ? ), mais les arguments employés par Plutarque sont exactement les mêmes que ceux que nous utilisons encore aujourd'hui.
Petit panel :
Il s'étonne tout d'abord du "courage" du premier homme qui a mangé de la viande, le tout premier qui a décidé de tuer et de manger un cadavre en passant outre son dégoût et l'horreur de son acte. Puis, il se dit que celui-là n'a peut-être pas eu le choix de sa nourriture, contrairement à ses contemporains qui vivent dans un âge si prospère, plein de fruits et de légumes.
( = contrairement à l'homme préhistorique/les Inuits, nous, nous avons du choix. )
Il dénonce ceux qui appellent les lions et léopards "bêtes sauvages" qui tuent par nécessité, alors qu'eux-mêmes tuent par "délices".
( = oui mais la viande, c'est bon. )
Il parle de ces humains "grands carnivores qui sont faits pour manger de la viande" et leur rappelle que leurs dents sont plates et leurs ongles courts, et les met au défi d'aller égorger un sanglier sans aucun outil.
( = et mes canines de carnivore, là, hein ? )
Et quand bien même un animal serait mort, personne n'a le courage de le manger tel quel et il faut le déguiser de sauces et d'épices pour ce faire. Il dit aussi que nous avons besoin de nous éloigner de l'idée de mort en accoutrant la chair de telle façon, d'oublier l'animal tué, et Marcela Iacub parle beaucoup de cet aspect-là aussi.
Il estime que celui qui respecte les animaux et leur est attentionné, alors qu'ils ne se ressemblent en rien et ne communiquent pas, est forcément bon envers les humains aussi.
Il accepte le meurtre des animaux si on en a vraiment besoin, mais faisons-le sans les faire souffrir inutilement juste par goût (là, un exemple de recette sympa consistant à sauter sur le ventre d'une truie pleine pour faire une bouillie de sang, de porcelets, de lait... ).
Il parle de la culture qui veut que l'on ne fasse jamais un banquet, que l'on n'invite pas quelqu'un sans lui offrir de la viande.
Bon, il explique aussi qu'au vu de la dissipation des âmes au moment de la mort et tout ça, il vaut mieux éviter de manger de la viande si on ne veut pas dévorer son grand-père réincarné en porcelet, et que de toute façon, celui qui se laisse aller à manger de la viande par délice finira ivrogne, libertin et débauché (et c'est mal).
J'ai trouvé vraiment intéressant que tous ces arguments, sous cette forme ou une autre, se retrouvent encore presque deux mille ans plus tard (ou peut-être que c'est triste qu'on en soit encore là ? )
Certains d'entre vous l'ont-ils lu ?
En tout cas, un bouquin vraiment bien, et puis très court en plus (heureusement, vu le style... ). Et d'autant plus intéressant que Plutarque n'était pas végétarien.