Asie – Un « arbre à poissons » au secours des paysans
Son odeur épouvantable le condamnait, elle pourra maintenant le sauver.
Le durian était un fruit très apprécié en Asie du sud-est. Hélas, son parfum – comparé aux égouts, au vomi ou au putois – l’a banni de nombreux lieux publics et sa consommation ne cesse de reculer. En cherchant à produire une variété sans odeur, l’équipe de l’agronome thaïlandaise Lӗh Monhde Dhōrì a fait une découverte surprenante.
« J’ai croisé 90 variétés de durians et obtenu des milliers d’arbres. Nous avons bien eu quelques fruits sans odeurs mais ils n’avaient aucun goût. L’un d’eux, par contre, nous a intrigués. » En effet, il avait non seulement le parfum mais aussi la saveur du poisson.
« Nous avons réorienté nos recherches et, par sélection, nous sommes arrivés à obtenir une chair qui ressemble à s’y méprendre à celle du merlan du Pacifique. »
Cette nouvelle a de quoi réjouir les cultivateurs, pénalisés par la désaffection du durian traditionnel, mais aussi les défenseurs de l’environnement :
« L’aquaculture intensive, notamment dans le delta du Mékong, est une source incroyable de pollution, indique Ray McKerel de l’ONG The Herring Organization Network.
Paradoxalement, cela aggrave la surpêche car on pêche des poissons pour nourrir… des poissons. En outre, de nombreux cas d’esclavage sont recensés dans les fermes piscicoles. »
Reste à convaincre les consommateurs.
« Pour cela, nous travaillons maintenant à contraindre les fruits à adopter la forme des espèces de poisson les plus prisées, répond la Pr. Dhōrì,
en les faisant grandir dans des moules réutilisables. » Une idée qui ne plait guère aux services locaux de répression des fraudes. L’équipe des Experts Bangkok a d’ores et déjà annoncé le développement de tests ADN portatifs d’analyse d’échantillons :
« Le marché thaïlandais a longtemps été un panier de crabes où régnaient de nombreux falsificateurs. Nous faisons tout pour empêcher le retour de ces requins sans scrupules. »
L’importation en Europe de ce
fruit de mer insolite n’est cependant pas encore à l’ordre du jour.
Orphie Cabiaux,
d’après
The Panga Times.