Merci pour la suite de votre accueil...actuellement je vis une phase assez complexe sur tous les plans: je tiens à préciser que ma résistance à la clinique est en lien avec une structure psychotique et un syndrome d'asperger...je vous laisse imaginer ce que peut ressentir par moment une "Asperge zébrée délirante en sous-alimentation"...
Donc ma place est très complexe avec les autres quand le corps y est, et à la limite pour répondre à Céline, pour avoir écumé pas mal de lieux, je me sens mieux aux côtés de personnes ayant une structure psychotique -hors phase de franche décompensation( attention à la réduction qui en est faite car la psychose est le stade décompensé d'une structure psychotique originelle qui se fissure mais plutôt se "troue" jusqu'à "lâcher" en fonction aussi de paramètres environnementaux) - que de névrosés ou de normotypés dont les discours et les "corps" me dévorent de l'intérieur dès que cela sonne "faux" ou trop "différemment" de ce qui fait vibration ou sens en moi...je ne dis pas que mon réel est plus juste, je dis juste que le réel des autres partagé dans une même réalité parfois n'est absolument pas compatible avec ma façon d'être, de penser et d'avoir les pieds sur terre...
Actuellement, à force de vouloir m'aider et de me voir m'enlacer ou de me voir enlacée aux symptômes j'ai pu justement faire la rencontre de deux nouveaux praticiens qui bien que médecins allopathes: un généraliste, l'autre neuro-psychiatre, sont très ouverts aux origines sacrées et archaïques des pulsions, aux autres paradigmes et ne portent absolument pas de discours médicalisé sauf urgence pendant le temps qu'ils décident eux, de m'offrir en m'isolant des autres et en me gardant parfois plus d'une heure même quand mes yeux parlent au mur et que ma langue se délie ou ne se délie pas dans un discours qu'ils arrivent à canaliser et à épurer afin de m'aider à en gardant une certaine trame essentielle...
J'ai souvent dans mon rapport à l'alimentation qui n'en est plus une, une fixation sur le légume ou le fruit ou la céréale que je tiens entre mes mains, comme une vie qui passerait jusqu'à moi: j'ai pas mal sculpté les légumes petite, je jouais avec mais de façon très spontanée, je me sentais en compagnie sans rien en dire à personne...la pomme a été étrangement ainsi que Michaux l'a fait par la suite un objet de contemplation assez spéculaire ainsi que mon mode de consommation qui consiste à savoir la choisir de façon très précise et d'en savourer des bouts de peau comme si cette peau me permettait de retrouver la mienne.
C'est ainsi que jusqu'à 8 ans, ma mère devait monter les escaliers, allumer une petite lampe et déposer au creux de mon oreiller sur une petite assiette, la sacrée pomme que je mettais de longues longues minutes à avaler pendant que j'écoutais parfois une histoire qu'elle avait inventée: ma mère, pas la pomme, et que je lui demandais de répéter comme pour obtenir un micro sillon sur lequel je pouvais apprendre à danser et à créer aussi mes propres histoires pendant la nuit...
Souvent l'histoire d'une petite fille qui en creusant le sable entendait une voix plaintive et petit à petit découvrait un "loup" emprisonné au fond d'un trou qui désirait devenir son ami pour la vie.
je crois que ce "loup" l'est devenu, en tant que masque, en tant que prédateur, en tant que sujet de rejet et de peur des autres, en tant que symptôme qui détruit mais cherche avant tout à être incarné plutôt que rejeté à flots jour après jour dans le trou des toilettes qui n'est au final qu'un trou ensablé où les autres parfois et souvent pensent que je peux jouer aussi à faire l'autruche...On fait son miel de ce que l'on peut en parlant de ruche et ce que je donne à voir n'est pas une image de désespoir...
j'ai une grande soif d'informations, de vérité, mais surtout de douceur et j'aimerais oui, me revêtir pardon pour la fourrure d'une peau de loup, comme peau d'âne, parce que la fourrure n'est pas réellement que l'image d'un animal massacré mais le lien tissé entre l'homme et l'animal depuis des millénaires...je me sens proche des peuples primitifs par cette projection extérieure qu'ils ont de leur monde intérieur et cette capacité à faire appel à un autre qui les aide à retrouver du sens "vertical" entre ciel et terre...
L'homme conscient est certes aussi une façon de savoir plutôt que de croire et l'idée me séduit aussi, mais du coup il a à faire avec un monde d'obscurité dont les images formées et déformées peuvent devenir un huis-clos insupportable parce qu'indicible, puis innommable, puis impensable dans le cas de la psychose.
Depuis que peu à peu grâce au temps et à un suivi malgré tout de qualité qui s'est frayé dans la horde de dits spécialistes que j'ai dû affronter plutôt que rencontrer en resserrant mon os à MOI-le dans la bouche, j'ai pu oser "itinérer" d'un lieu à un autre, d'une connaissance à une autre, d'une personne plus opportune d'un moment à un autre et tisser une sorte de toile "passagère" sous mes pieds et dans ma tête...La précision d'Asperger tardive je la rejette comme toutes les étiquettes car je sais au fond de moi qu'il est un point nodal de vérité qu'aucun symptôme ne pourra venir cacher ou détrôner le jour où je serais parvenue à y accéder...
Peut-être pas dans cette vie...sans croire aux autres vie: je ne veux pas croire, je veux savoir, et comprendre, et tout pour moi est question de remise en question, je ne peux appartenir à aucune communauté sans très vite venir m'en extraire, par peur d'y rester coincée, enfermée, phagocytée, jugée, contrôlée, élimée..;
Alors oui, je m'élime moi-même ou m'élimine selon certains regards par soin de ne pouvoir l'être par autrui...
Pourtant j'ai besoin forcément des autres mais dans une relation intuitive où je sens que je n'ai pas à mettre tous ces systèmes de défense et d'évasion qui se sont enchâssés au cours du temps à force d'ignorance et de tentatives de rentrer dans le moule plus ou moins rigide qui semblait soit obligatoire soit erronément sécurisant.
Mais le cadre fait l'environnement et c'est pour cela que dans ma tête et dans mon corps je commence à accepter quelques cadres qui savent aussi se déboîter pour me donner la liberté de savoir y revenir même quand j'ai hurlé de ne plus y revenir sans rien dire, juste venir, me poser là, dans un coin avec mes bouquins, mes mots, et mes regards d'oreille qui ne cessent d'écouter en regardant...les autres fonctionner...différemment...
Je ne m'attendais pas à raconter et à écrire cela, je suis actuellement dans un continuum de pensée diurnes et nocturnes sans coupure aucune puisque je tente de casser la crise qui scandait cette séparation le soir...
Je ne sais plus trop dans ces cas là borner ma vie et je m'évapore un peu en fouettant ensemble un faisceau de paradigmes en espérant voir jaillir l'émulsion Unique et performatrice...
Postures de Henri Michaux ( à défaut d'impostures....postures impropres selon moi et non travestissement sauf pour "loup-voye(u)r"...)
" Dans l'étroite salle
qui cesse d'être étroite
calme vient à notre rencontre
un calme de bienvenue
composé d'allonges, d'allonges
abandons non dénombrés
Emplacement n'est plus ici
n'est plus là
on a cessé d'en avoir, d'en vouloir
Du cotonneux en tous sens
vacillant, indéterminé
sur le passé qui sombre
Tourments, tournants dépassés
un corps pourtant non disparu a coulé
Lieux quittés
Temps du calme continu
parfait
non modulé.
Temps dans lequel on ne sera plus déconcerté
divisé,
dans lequel rien n'interpelle,
où ne débouche phénomène aucun
Plus de rencontre
Monde sans gradins
ou aux milliers d'imperceptibles gradins
accidents indistinctement coulissant dans de similaires accidents
Egalisation
enfin trouvée
enfin arrivée
qui ne sera plus interceptée.
On y vogue.
Jubilation à l'infini de la disparition des disparités. "