Féministe végétarienne

Antisexisme":1q1lvhe2 a dit:
Les systèmes d'oppression (racisme, sexisme, spécisme, homophobie...) se complètent et renforcent. Les luttes contre ses systèmes (antiracisme, féminisme, antispécisme....) ne doivent pas être mis en concurrence, mais s'allier pour se renforcer mutuellement.

Exactement!
 
Moi c'est le végétarisme qui m'a amenée au féminisme...

Non je ne pense pas qu'il y ait des luttes moins importantes les unes que les autres en matière de système d'oppression...
guanaco, ce que tu dis me choque beaucoup. Tu compares la situation des femmes à celles des animaux. Bon d'abord ça me choque de comparer deux types de souffrances très différentes entre elles, mais surtout, ce qui me gène c'est de comparer la souffrance des femmes, être opprimés, avec la souffrance d'êtres encore plus opprimés. Quel sens ça peut bien avoir? Comment tu peux comparer la souffrance d'une femme violée à celle d'un chien battu? Qui souffre le plus, c'est un concours? Comment savoir de toutes façons??

En tant que féministe je compare la situation des femmes avec celle des hommes, c'est ça le vrai combat pour la justice. Le féminisme justement ce n'est pas comparer la condition des femmes en france à celle des femmes en afrique ou des vaches au pakistan, le féminisme c'est comparer la condition des femmes et celle des hommes. C'est une volonté de justice envers les femmes. Je vois pas ce qu'y a de "moins important" là-dedans, soit tu veux la justice, soit tu veux pas la justice.
 
Salut,viens seulement d'aller voir sur Wikipedia ce qu'est l'antispécisme depuis le temps que je vois ce mot sur le forum. :confus:
 
Salut et bienvenue

Antisexisme":3m1cjnmp a dit:
Je pense que ça n'a absolument pas de sens de hiérarchiser les combats. Usagi l'exprime bien mieux que moi. Dans ce cas, on ne fait rien pour les victimes de viol, pour les victimes de violences racistes, etc. puisque les animaux souffrent plus qu'elles.

Totalement d’accord sur le fait de ne pas différencier entre eux des maux qui procèdent de la même logique. La domination masculine, le racisme ou le spécisme sont des constructions sociales à travers lesquelles se sont imposées des hiérarchies arbitraires. Au nom de quoi hiérarchiser les genres, les espèces, les races, si ce n’est au nom de traditions, d’idéologies, de savoirs dans lesquels nous (végéta*ien-nes, antiracistes, féministes, etc .) ne nous reconnaissons pas ? Prendre conscience de TOUTES ces hiérarchies arbitraires, c’est déjà faire un grand pas en avant.


Antisexisme":3m1cjnmp a dit:
A noter que le patriarcat (=le système de domination masculine que combat les féministes) renforce à mon avis, la cruauté animale. Je m'explique : beaucoup de violences envers les animaux (la corrida, la chasse, les combats de coqs...) sont le fait d'hommes qui veulent montrer "qu'ils en ont une grosse".



Sans doute, mais l’équation viande-virilité-patriarcat n’est pas universelle. Le genre masculin n’est pas plus naturellement prédisposé à la consommation carnée, à l’instrumention des animaux à des fins rituelles ou viriles. Cela relève encore une fois de constructions sociales et de diffusions à travers le globe (notamment sous l’effet des religions, de la colonisation, de la mondialisation économique et des médias, bref de tout ce qui participe à l’uniformisation plus ou moins violente et forcée des cultures). Il existe des sociétés reposant sur une domination féminine où l’exploitation du genre masculin et des animaux est aussi intense que dans les sociétés majoritaires (sans en être pour autant l’image inversée). Par exemple, les mœurs du peuple Chambuli en Nouvelle-Guinée étudié par Margaret Mead reposent sur le monopole par les femmes des biens monétaires et des « choix matrimoniaux ». Les femmes sont solidaires entre elles, les hommes sont en concurrence pour l’accès aux femmes et se différencient notamment sur des critères esthétiques… Il serait ridicule de tirer une conclusion militante de ces études, mais on peut au moins constater que l’absence de patriarcat ne met pas fin ipso facto à la domination et que des formes de vivre ensemble plus pacifiques, plus harmonieuses, moins rigides, restent à inventer.

Très souvent je lis des propos de féministes faux ou aberrants (qui empruntent à ce vestige intellectuel du féminisme qu’on appelle différentialisme) sur le mode rhétorique « les femmes sont plus/moins… que les hommes ». Il faudrait contextualiser à chaque fois et dire que si des différences sont constatées, elles ne sont pas naturelles, mais socialement construites. Etant féministe moi-même (mais constructiviste), je remarque qu’une rhétorique féministe masque souvent autre chose. Chez les universitaires par exemple, nombre de spécialistes du genre (hommes et femmes) se disent féministes mais s’engagent dans cette voie par narcissisme (une manière de parler de soi et de se construire identitairement en faisant œuvre scientifique) ou par utilitarisme (se dire féministe est un moyen de faire des groupes, ce qui n’est pas innocent dans un univers en carence de postes). Je me pose la question presque systématiquement avec les féministes (comme avec les végéta*ien-nes à propos des animaux) : que fait-elle/il pour le service des femmes ? S’agit-il d’une posture ?
Il faut sortir d’une certaine naïveté et intégrer le fait que toutes les situations ne sont pas équivalentes devant la domination masculine. Certaines femmes cumulent les statuts socialement dévalorisés (femme + immigrée + désargentée + dépourvue de réseau social étendu, etc.). Cela fait trop peu de temps (en France) que les féministes ont pris en compte ces effets de cumul. Et pour cause, la plupart du temps, ce phénomène ne les concerne pas socialement. D’un autre côté, les femmes les plus dominées n’ont généralement que faire du féminisme. Ca ne fait pas partie de leur représentation du possible et du pensable.
 
lelfe":36tp4cwg a dit:
guanaco, ce que tu dis me choque beaucoup. Tu compares la situation des femmes à celles des animaux. Bon d'abord ça me choque de comparer deux types de souffrances très différentes entre elles, mais surtout, ce qui me gène c'est de comparer la souffrance des femmes, être opprimés, avec la souffrance d'êtres encore plus opprimés. Quel sens ça peut bien avoir? Comment tu peux comparer la souffrance d'une femme violée à celle d'un chien battu? Qui souffre le plus, c'est un concours? Comment savoir de toutes façons?

Pardon de t'avoir choquée, ma question était clairement formulée de manière provocante. En fait ça pose plus largement la question de la comparaison, d'une possibilité de comparaison non-quantitative, en tout cas c'est ce sur quoi je travaille professionnellement (entre autres). Donc toutes les réponses m'intéressent. Mais puisque c'est son topic, il s'agissait surtout d'avoir la réponse d'Antisexisme, qui l'a donnée. :cuistot:
 
Guanac0":xj66dq53 a dit:
Pardon de t'avoir choquée, ma question était clairement formulée de manière provocante. En fait ça pose plus largement la question de la comparaison, d'une possibilité de comparaison non-quantitative, en tout cas c'est ce sur quoi je travaille professionnellement (entre autres). Donc toutes les réponses m'intéressent. Mais puisque c'est son topic, il s'agissait surtout d'avoir la réponse d'Antisexisme, qui l'a donnée. :cuistot:

Tu travailles sur les domaines notionnels en énonciation?
 
Bienvenu,

Qui peut le plus peu le moins, ça a toujours été ma devise.
Et puis, plus tard, il y a eu, mais si toi tu ne le fais pas, qui le fera ?...
 
@Xav : j'ai bien conscience, que même en supprimant le patriarcat, cela n'abolira pas le spécisme. Il s'agit pour moi de deux oppressions différentes. Ce que je voulais souligner c'est que la patriarcat est un allié du spécisme, et le renforce, voilà :)

Sinon, je suis évidemment d'accord que les comportements sont dus à une sociabilisation et qu'il n'y a pas de prédisposition naturelle pour un homme à être viril, et une femme, à être féminine?

Sinon euh... pour moi, non le féminisme n'est pas qu'une posture O__o. J'ai un blog féministe, un compte twitter qui relaie les "infos féminises", j'anime un forum féministe et je suis bénévole dans une association abolitionniste (le mouvement du Nid) qui accompagne les personnes prostituées dans leur démarche. AUtant dire que le féminisme est quelque chose qui prend beaucoup de mon temps.

Sinon, merci à tous pour vos mots de bienvenu :)
 
@ Xav:

Est-ce que tu connais l'ouvrage de Carol J Adams sur la confluence entre violence spéciste et sexisme envers les femmes? (j'imagine que oui, vu ton background) Ell établi un lien très clair entre les 2 i me semble (je n'ai pas encore fini de lire).

Sinon, j'ai bien aimé tes remarques :) et j'ai quelques questions: qu'est-ce que le féminisme constructiviste? Qu'appelles tu le "féminisme en tant que posture"? Je ne milite pas autant qu'Antisexisme mais je n'ai pas le sentiment de me poser une étiquette de féministe pour faire joli (surtout qu'on se fait plutôt taper dessus, généralement). Je prends mon exemple mais ça s'applique à plein d'autres, j'en suis certaine. Du coup, j'aurais besoin que tu éclaires ma lanterne là dessus. :) (si tu veux bien).

Pour finir, j'ai l'impression que des féministes différentialistes (ou essentialiste, si je ne me trompe pas, c'est la même chose, non?) y'en a quand même plus des masses, si ?(sauf dans l'éco-féminisme, apparemment...?). Je crois que pour la plupart d'entre nous on reconnait bien l'aspect socialement construit des différences hommes-femmes.

Sinon je suis universaliste et je ne crois pas être spécialement narcissique... :hein:

Désolée de squatter ta page d'accueil, Antisexiste. :oops: Xas pourra peut être répondre par mp plutôt...? (s'il veut bien répondre, of course! :) )
 
Antisexisme":255gphqt a dit:
@Xav Sinon euh... pour moi, non le féminisme n'est pas qu'une posture O__o. J'ai un blog féministe, un compte twitter qui relaie les "infos féminises", j'anime un forum féministe et je suis bénévole dans une association abolitionniste (le mouvement du Nid) qui accompagne les personnes prostituées dans leur démarche. AUtant dire que le féminisme est quelque chose qui prend beaucoup de mon temps.
Mon commentaire sur la "posture" visait un univers particulier: celui des gens qui font profession de parler savamment du genre en revendiquant l'étiquette féministe. Bien entendu, je ne parlais de celles/ceux qui ont, comme toi, un engagement militant. Là c'est un féminisme vécu.

J'aimerais bien lire ton blog :)
 
Jezebel":2ca69wkd a dit:
Est-ce que tu connais l'ouvrage de Carol J Adams sur la confluence entre violence spéciste et sexisme envers les femmes? (j'imagine que oui, vu ton background) Ell établi un lien très clair entre les 2 i me semble (je n'ai pas encore fini de lire).

Je connais l'auteure mais je n'ai rien lu d'elle. Tu nous fais un topo :whistle:

Jezebel":2ca69wkd a dit:
qu'est-ce que le féminisme constructiviste? Qu'appelles tu le "féminisme en tant que posture"?

C'est un féminisme qui dans son argumentation et son action intègre le fait que les différences (en termes de genre, de normes sexuées/sexuelles, etc.) sont socialement construites. Il y a différentes variantes du constructivisme dans l'analyse critique du genre, par exemple un constructivisme performatif (qui tient compte du pouvoir des mots dans le travail d'assignation identitaire), un constructivisme interactionniste (qui met l'accent sur la ritualisation au quotidien des différences sexuelles, de la galanterie à la séparation des toilettes), etc. Ces appellations sont plutôt scolaires car au fond les constructivismes se rejoignent.

Sur la posture, je ne parlais pas des personnes qui vivent le féminisme comme un engagement. Il y a différentes articulations possibles entre la revendication féministe et sa pratique. Je ferais une distinction par exemple entre une personne qui se dit féministe avec l'intention de le devenir (comme un végétarien peut se dire vegan) et une personne qui s'approprie l'étiquette féministe à d'autres fins. Dans un cas c'est de la socialisation anticipatrice (un mécanisme assez courant dans la formation des individus), et dans l'autre c'est un usage utilitariste du féminisme (une "posture").

Jezebel":2ca69wkd a dit:
Pour finir, j'ai l'impression que des féministes différentialistes (ou essentialiste, si je ne me trompe pas, c'est la même chose, non?)

Oui il y a une équivalence (en tout cas pour moi) entre essentialisme, naturalisme et différentialisme. C'est un peu un vestige en partie balayé intellectuellement par le constructivisme. Mais les différentialistes sont dans la place (Sylviane Agacinski par ex.). La rhétorique différentialiste est encore bien présente et s'est imposée au moment des débats sur la parité (la justification de la parité au nom de la complémentarité entre hommes et femmes).
 
"Constructivisme" : Le nouveau terme "poli" pour parler du sexisme ordinaire ? Je vois mal comment il pourrait être construit autrement que "socialement" puisque c'est parfaitement culturel.
Du coup il faudrait parler de "fenimisme constructiviste performatif et interactionniste" quand on parle de tous les aspects sans distinction ni préférence ? (pourquoi ces schismes d'ailleurs ? en dehors du sein même d'un argumentaire multi-action)

C'est par opposition à quoi d'autre ? Un dogme religieux ou des arguments naturalistes par exemple ? Parce que pour moi ça ne change rien...

Sinon quand tu parles de -fausse- posture, tu penses concrètement à qui ? A celleux qui mentent sur leur désir d'émancipation féminine ?
 
Euh, y'a différents courants de féminismes avec des théories différentes qui les sous-tendent. C'est aussi un objet d'étude, dès lors je vois pas en quoi on ne peut pas attribuer certaines spécificités à certains et pas à d'autres. C'est pas parce que qu'on s'intéresse de plus près à un mouvement du féminisme qu'on adhère à tout aveuglément sans disticntion.

Et quel est le rapport entre constructivisme et sexisme ordinaire? :mmm:

Enfin, je comprends franchement pas ton intervention.

@ Xav:

Merci pour tout ça :), je connaissais effectivement sous d'autres appelations, parfois.
Je vois ce que tu veux dire par rapport à la place importante encore accordée au féminisme essentialiste (d'ailleurs je ne savais pas que Sylviane Agacinski s'en réclamait, j'suis un peu déçue... T_T), c'est un discours qui m'horripile assez souvent dès que le débat sur la parité est abordé pour ces raisons de "complémentarité".

POur Carol. J. Adams, il faudra que je finisse le livre d'abord :p (j'avoue l'avoir laisser de côté pour l'instant pour me replonger dans les 13 tomes de Wheel of Time, autant dire que je n'en suis pas sortie). Mais dès que ce sera fait, oui, bien sûr, pourquoi pas. Je ne suis pas très douée en note de lecture, par contre, ne m'étant jamais pliée à l'exercice.
 
Non mai c'est moi, je ne dois pas avoir le recul nécessaire dans mon propre engagement antisexiste pour avoir conscience de ces différences de "courants". Puis j'ai pas étudié ces différences en tant qu'alternatives, mais juste en tant qu'arguments supplémentaires à une même cause, j'avais sans doutes tort.

désolé
 
C'est quand même non plus la peine de dire que t'es désolé. :) Surtout que y'a pas eu d'offense.
 
Xav":2gvz6h33 a dit:
Jezebel":2gvz6h33 a dit:
qu'est-ce que le féminisme constructiviste?
C'est un féminisme qui dans son argumentation et son action intègre le fait que les différences (en termes de genre, de normes sexuées/sexuelles, etc.) sont socialement construites.
C'est la première fois que je lis l'expression « féminisme constructiviste ». D'après la définition que tu en donnes, j'ai l'impression que j'ai déjà vu ça appelé « féminisme universaliste ». C'est bien deux noms pour la même chose, ou il y a une nuance qui m'échappe ?

V3nom":2gvz6h33 a dit:
"Constructivisme" : Le nouveau terme "poli" pour parler du sexisme ordinaire ?
Je crois qu'il y a malentendu. Le constructivisme est un courant féministe, il ne parle pas que du sexisme ordinaire et il n'entend pas en parler « poliment ».

C'est par opposition à quoi d'autre ?
Par opposition au féminisme essentialiste ou différentialiste, qui défend l'idée que femmes et hommes sont différents par nature, par exemple que les femmes sont plus maternelles/douces/etc que les hommes parce que c'est dans leurs gènes/hormones, mais que c'est pas une raison pour les traiter en inférieures (slogan : l'égalité dans la différence).

Le féminisme constructiviste dira au contraire que si on observe que dans notre sociétés les femmes sont plus douces etc, c'est surtout parce qu'on les a éduquées/formatées comme ça.
 
On squatte la page d’accueil d’Antisexisme c’est vrai, mais bon c’est en partie sur l’antisexisme et le thème a été lancé par Antisexisme :) On pourrait poursuivre la discussion dans « féminisme et masculinisme » ?


@V3nom.
J’interprète « poli » comme « académique ». C’est vrai que la recherche (en sciences humaines et sociales) peut avoir un effet neutralisant en transformant des enjeux de luttes sociaux en enjeu de luttes savant. Mais la plupart des variantes du constructivisme, plus aux Etats-Unis qu’en France d’ailleurs, sont un radicalisme à la fois savant et militant et n’ont rien de poli.
Comme le dit Numa, le fonds commun des constructivismes est l’anti-essentialiste. Mettre l’accent sur la construction sociale des normes sexuées/sexuelles, de toutes les divisions genrées, c’est enfoncer des portes ouvertes pour ceulles qui, comme toi, sont débarrassé-e-s des préjugés naturalistes. Mais je peux t’assurer que le fait d’affirmer (exemple parmi d’autres) que l’hétérosexualité est une invention sociale récente soulève pas mal de résistances.
Il y a de multiples variantes du constructivisme pour plusieurs raisons, mais qui sont toutes liées à l’effet « objets d’étude » dont parle Jezebel : 1) Il y a différentes manières de travailler sur un terrain en sciences sociales (l’observation ethnographique, l’analyse critique du discours, etc.) et les groupes de recherches/institutions se spécialisent dans l’une des approches disponibles des phénomènes sociaux, quitte parfois à manquer d’ouverture sur des recherches proches dont l’inspiration critique est commune. 2) Il y a des spécialistes de la qualification des travaux en sciences sociales (les auteur-e-s de manuels scolaires/universitaires) qui ont ramassé a posteriori une très grande variété de travaux sous l’étiquette « constructivisme » mais en créant des subdivisions pour y voir plus clair. 3) Il existe des recherches (des recherches épistémologiques : qui s’interrogent sur la validité des énoncés scientifiques) qui différencient les constructivismes du point de vue de leur radicalité. En gros la question serait : jusqu’où peut-on aller dans l’affirmation que tout est socialement construit ? Suffit-il que je dise que machin est un connard pour qu’il le soit (ou le devienne) en réalité ? Assurément non, car si je n’ai aucun pouvoir dans la situation d’énonciation, mes insultes restent lettre morte. Un livre comme « Entre science et réalité, la construction sociale de quoi ? » de Ian Hacking fait le point sur ces questions.
Je m’explique sur la « posture » (formule maladroite et ambigüe). Partons du principe qu’il existe des ressources potentiellement profitables à beaucoup de personnes mais dont seule une fraction d’entre-elles se mobilise pour les redistribuer. Imaginons un syndicat qui se mobilise dans une entreprise pour une augmentation de tous les ouvriers qualifiés. Imaginons des militant-e-s féministes luttant en faveur d’une nouvelle loi sur le harcèlement sexuel. Si je suis féministe (ou syndiqué), je milite pour accéder ou produire cette ressource et faire en sorte qu’elle profite au plus grand nombre (y compris à ceulles qui ne se sont pas mobilisé-e-s). En toute hypothèse, je ne suis pas sciemment, par calcul, du côté des attentistes (par calcul parce que se mobiliser prend du temps, de l’énergie, comporte certains risques, etc.).

@Numa. Oui, universaliste serait un équivalent national (dans la mesure où le féminisme en France s’est en partie structuré autour de cette opposition universalisme/différentialisme) d’un point de vue constructiviste dans le féminisme. La formule « universaliste » devient ambivalente néanmoins pour une autre raison. Dans les études de genre, on met de plus en plus en avant l’ « intersectionnalité ». C’est l’idée qu’un individu peut supporter différentes formes de domination (ethnique, genrée, économique, etc.) et qu’il est impossible de rendre compte des situations vécues en analysant séparément ces formes de domination. C’est une réelle avancée (quoique tardive en France) dans les études de genre. Peut-on encore parler d’universalisme (je prends le mot en dehors même de son acception dans le féminisme) quand il s’agit de mettre l’accent sur des ensembles de caractéristiques (ethniques, de genre, etc.) qui n’ont rien d’universel ? Ca prête à confusion. Le « champ sémantique » d’universalisme (historiquement prisonnier de l’opposition universalisme/différentialisme) est trop étroit.
 
C'est passionnant de te lire, Xav! :)
 
Tout ceci ne m'apprend rien, même si je n'emploie pas toujours les termes "officialisants" (pas même concernant l'hétérosexualité culturelle, et je doute que quiconque doute que cela soulêve des indignations infinies ^^), mais la question que je me posais, c'est en quoi cette méta-analyse des mouvements, relativement factuelle et neutre, sert-elle les-dits mouvements ? (si elle en a cet accès)

En fait j'ai un peu l'impression de lire Janic qui part en sémantique linguistico-historique pour remettre en question la définition même des termes du sujet (bon ok sans être aussi hors sujet ni inutile que ça :p), et j'me demandais ce que ça venait subitement faire dans ce topic-ci. C'est arrivé en réponse à des associations de mythes culturels infiniment plus simples et dans le ton de la discussion, et à un micro-faux-débat éphémère sur la hiérarchisation des combats.

J'ai eu l'impression de voir sortir une encyclopédie en 30 volumes pour expliquer le mot "papa" à un enfant :D

D'où ma dubitative circonspection ^^

PS anti-faux sous-entendus : je ne met pas en doute l'intérêt de la question hein, j'me demandais juste ce que ça venait faire là xD
 
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