J'ai un chat ou mon chat m'a.
Entre égoïsme et altruisme...
J'étais contre ce fait d'avoir un animal domestique de compagnie "par principe" (débile) au nom de la liberté des animaux.
J'ai compris plus tard qu'en réalité je me donnais des prétextes pour ne pas subir les contraintes occasionnées par un animal.
Un jour, une personne m'a suppliée de prendre un chaton né d'une portée indésirable chez ses voisins. La propriétaire de la chatte n'avait pas le coeur à tuer les petits, car déjà gambadant, mais un de ses voisins l'aurait, paraît-il, fait sans états d'âme !
Presque forcée, prise au dépourvu, alors sans réfléchir aux contraintes, aux éventuels problèmes, à l'argent qu'il me coûterait et tout, j'ai accepté un chaton sans le choisir.
Avant qu'on me l'apporte j'ignorais même s'il s'agissait d'un mâle ou d'une femelle, son aspect physique...
C'est mieux ainsi, c'est comme un bébé, on ignore aussi à l'avance comment il (ou elle) sera : sain, beau, sage, gentil, facile à vivre ou non.
On prend celui qui vient et on l'aime comme il est.
Ce chat, un joli mâle noir et blanc, est entré dans ma vie alors que je n'y étais pas préparée.
J'aurais pris un chat adulte de préférence - selon le principe "généreux" que les gens préfèrent prendre un chaton et que de pauvres chats adultes restent sans foyer; j'avoue que c'est aussi parce que j'aurais pu le choisir doux, l'adulte ayant le caractère révélé - mais c'est vrai qu'un chaton c'est craquant, c'est irrésistible ! Et comme un petit enfant, il faut le surveiller !
Le mien a fait énormément de bêtises au début - j'étais effondrée ! - mais j'avais surtout peur qu'il se blesse, se tue, s'évade, se perde, soit enfermé dans le lave-linge ou le frigo... qu'il s'électrocute chez moi à explorer sous le bureau et jouer avec les cables.
Venant de la campagne d'une portée surprise découverte tardivement, ce chaton était très sauvage, sur la défensive, sautant partout, mordant dès qu'on tentait de l'attrapper...
Déception, mon chat n'était même pas câlin, malchance... J'en ai pleuré !
Oui, j'étais déçue, ce chat ne correspondait pas à mon rêve (inavoué !) d'un chat "peluche" qui n'existe que pour faire joli sur un meuble et être caressé en faisant ronron, et qui est exactement le chat qu'on prend par pur égoïsme.
Je regrettais d'avoir accepté ce chaton, ce bolide qui me pourrissait la vie et pour lequel je tremblais tout le temps. Mais je n'aurais pas pu le rejetter, tenter de le faire adopter par quelqu'un d'autre. Je me disais que... (d'abord personne n'en voudrait ! alors "le pauvre petit !") j'étais responsable de lui, que je devais assumer, point !
Même s'il m'a beaucoup énervée, jamais je ne l'ai tapé (ni puni, sachant que cela ne sert à rien pour un chat) car je le voyais comme un bébé innocent et vulnérable. Je me contentais de le retirer des endroits dangereux ou objets qu'il risquait de casser, etc, et... j'avais décroché mes rideaux... La nuit et durant mes absences de la maison, je l'enfermais dans une petite pièce sans risque pour lui avec ses jeux, un coin sommeil, sa caisse litière et un bol d'eau. Mais là, il pleurait ! J'en avais le coeur brisé ! Puis, très tôt, il a trouvé le moyen d'ouvrir la porte de sa prison...
En réalité, même si je perdais parfois conscience de ce fait, je l'aimais, je l'ai aimé dans la minute où l'amie, anxieuse de ma réaction, est arrivée chez moi avec lui, que j'ai vu sa petite bouille effrontée, que déjà il me mordait la main puis courait se cacher sous un meuble.
J'ai eu des moments de désespoir car j'ignorais que les espiègleries d'un chaton sont de brève durée. Même, après, on regrette ce temps-là...
Je croyais que cela n'aurait pas de fin. Personne ne m'a rassurée car tout le monde (des amis ayant eux-mêmes un chat ou une chatte) y compris la vétérinaire, trouvait mon chaton exceptionnellement éveillé, dégourdi, fort, intelligent avec sa compréhension précoce des systèmes d'ouvertures des portes et fenêtres...
Comme chacun me disait (même des personnes ayant eu plusieurs chats) "c'est pas possible, je n'ai jamais vu un chat pareil !!", je croyais qu'il resterait toujours difficile, agité, qu'il était ainsi de caractère...
Maintenant, il est âgé de 2 ans (castré depuis ses 6 mois) et il est devenu un vrai chat de maison, genre seigneur très maître des lieux, cherchant peu à sortir, petites virées dehors, préfère la sécurité de l'intérieur, a vachement peur du bruit des voitures (tant mieux !), se méfie des inconnus - y compris des autres chats qu'il n'attaque pas mais se défend s'il est attaqué... après, les autres gros matous lui fichent la paix car il est le plus fort, il est particulièrement grand.
Dès qu'il me voit me préparer à aller au lit, il me devance et s'installe le premier, puis ronron et il se blottit contre moi; le matin il me mord les orteils pour me faire lever.
Mon mari avait une méfiance des chats, petite phobie. Il ne touchait pas le nôtre, ne le laissait pas monter sur ses genoux mais le regardait vivre avec intérêt, admiration et attendrissement. Le voir faire ses expériences, s'acharner à tenter de monter sur un meuble haut pour sa taille de chaton de l'époque, ouvrir les portes...
Le chat a apprivoisé l'homme, ils sont devenus une belle paire d'amis.
Mon chat me sensibilise plus que jamais au sort des animaux maltraités et me fait, notamment, m'intéresser plus aux chiens qu'auparavant. Quand je pense aux malheurs de tant d'animaux abandonnés, maltraités, torturés, je vois mon chat si innocent et si confiant, je me dis "si c'était lui..."
Je ne sais pas si mon chat est heureux, s'il l'est il l'ignore. Je ne sais pas s'il m'aime mais je remarque que je représente sa sécurité.
Il vaut mieux être un chat qui ignore qu'il a de la chance d'avoir un abri, de la nourriture sans problème, des soins, une bonne protection, être un chat castré qui n'éprouve alors pas le besoin de sortir des jours et nuits entières se battre pour des femelles, qu'être un chat vraiment libre, entier et errant...
Il est de ces animaux qui, même si c'est la faute de l'homme (mais pas de la notre, c'était nos ancêtres), sont devenus trop dépendants des hommes pour "bien" vivre en liberté. Notre devoir est de prendre soin d'eux.
Comme ces animaux, particulièrement les chats, pullulent, il est essentiel de faire stériliser ceux qu'on a et surtout adopter un chat commun et non favoriser de nouvelles naissances en achetant (cher en plus !) un chat de belle race par snobisme - sinon pourquoi ? vu qu'un chat commun est plus robuste qu'un chat dit "de race" et qu'il peut être tout aussi beau et attachant, sinon plus.
http://frmichel.free.fr/da/compagn.htm