Le régime paléolithique en question !

Un article que je trouve intéressant sur l'évolution de l'alimentation : http://www.lanutrition.fr/Pascal-Picq-L ... a-684.html

Comment se nourrit-on avant le Paléolithique ?

Les australopithèques comme Lucy ont des mâchoires démentes, qui leur servent à broyer des aliments végétaux comme les noix, les tubercules, les racines. On a longtemps cru qu’ils étaient spécialisés, mais les études sur traces isotopiques révèlent qu’il étaient omnivores. Quand ils pouvaient bouffer des antilopes, ils ne se gênaient pas. Après eux, arrivent les premiers hommes, il y a 2,5 millions d’années. Ils ne savent ni ne peuvent atteindre de gros animaux : l’accès à la viande se fait sur les carcasses.

Le premier homme est un charognard ?

Oui, il y a à l’époque abondance de carcasses en raison du grand nombre de grands carnivores. Mais dans une savane découverte, la viande se décompose vite. En revanche, elle se conserve plusieurs jours dans la savane arborée ou près de l’eau. L’homme vivait là. Avec son silex tranchoir, Homo abilis peut accéder à la moëlle, la cervelle, découper la langue. C’est ainsi que la viande entre dans la stratégie alimentaire.

La consommation de viande a-t-elle eu des conséquences sur l’évolution ?

Leslie Aiello, un chercheur britannique a émis l’hypothèse que la consommation accrue de viande a pu favoriser le développement du cerveau humain. La digestion fait peser un coût métabolique important sur l’organisme et le cerveau est gourmand en glucose. A partir du moment où les hommes se sont mis à consommer de la viande, dont la digestion est aisée, la charge métabolique qui pesait sur l’intestin a pu être dédiée au développement d’un gros cerveau.

Nous devrions donc notre gros cerveau à ce goût pour la viande ?

Il n’y a pas que cela. Prenez le cas du feu. Les premiers foyers datent de – 500 000 ans, mais on utilisait le feu bien avant. Selon une hypothèse récente, la cuisson aurait favorisé l’encéphalisation. La cuisson de la viande ne modifie guère sa digestion par l’organisme. En revanche, elle rend les nutriments des végétaux plus disponibles. En faisant cuire les légumes, les racines, nos ancêtres auraient permis au cerveau d’accéder plus facilement et de manière plus importante à des molécules importantes pour son développement.
 
Je vais remettre l'expliqcation que j'avais donné sur un autre fil :


il s'agit d'un régime basé sur les habitudes de consommations de nos ancêtres paléolithiques, ainsi que des chasseurs cueilleurs modernes. Il se base sur le fait que nos gènes ont peu évolués depuis l'évolution de l'agriculture, et que le régime optimal du point de vue génétique est celui de nos ancêtres.

Il n'y a pas un régime paléo unique, il y a des variantes. En gros les données ethnologiques et paléoanthropologiques fournissent un guide des aliments, et possiblement un guide nutritionnel de la bonne alimentation. Eventuellement certains se permettent des aliments du néolithique s'ils semblent corroborer au guide nutritionnel. Et cette trame évolutionniste est passée à la lumière de la science.

Ainsi suivant les variantes, le beurre (aliment néolithique) pourra être consommé car jugé bénéfique et dans le guide nutritionnel (graisse animale saturée), alors que le miel, consommé occasionnellement par les chasseurs cueilleurs pourra être évité (car induisant un pic de glycémie).

Pour les "règles de base" qui permettent de voir facilement de quoi il s'agit, tu peux aller voir , ou . (je ne dis pas que je suis d'accord sur tout).

En France, le régime seignalet s'en rapproche pas mal il me semble, même s'il est plus souple sur les céréales (riz entre autre) et plus strict sur la cuisson (cru, cuisson douce). Thierry Souccar semble aussi en faveur de ce type de régime (mais n'a pas écrit de bouquin satisfaisant sur la question), je trouve l'intro de "La meilleure façon de manger" pas mal, même si le régime proposait ne me plait pas (trop de place aux céréales)

Ces régimes tournent beaucoup sur l'index glycémique, pour éviter les pics d'insuline. Il limite le glucose et se base sur les les lipides comme source d'énergie.
 
@Kasui

comme je disais dans un de mes autres posts, ce n'est pas parce que nos ancêtres le font qu'ils faut forcément le faire. Mais la question de la génétique se pose quand même.

Pour ton exemple sur les chaussures, il y a des paléo qui disent que porter des chaussures provoquent plein de choses (je crois qu'il y avait des études, mais je ne me suis pas encore intéressé au sujet), ce qui ne me semble pas spécialement étonnant.

Et donc leur solution, comme celle du régime, est d'utiliser la trame évolutionniste dépeinte par nos ancêtres, ainsi que des études modernes, pour tirer des enseignements et les appliquer au contexte moderne.

Ca peut donner ça (http://www.vibramfivefingers.com/)
Le mec de Primal Blueprint est fan.
(et en plus elles sont vegan :) )
 
Heu c'est pas un peu très con de penser qu'un poulet actuel a la même valeur nutritionnelle qu'un piaf attrapé au paléolithique?
Même remarque pour les végétaux du reste...
 
Ouais, c'est ce genre d'articles qui alimente le débat et qu'on peut voir de deux manières opposées : les partisans de la viande y verront que la viande a permis d'avoir un plus gros cerveau, les partisans des légumes diront que le feu a permis d'avoir un plus gros cerveau... Finalement, l'important n'est-il pas de savoir se servir de ce plus gros cerveau ??? ;)

Les animaux fuyant l'Homme... Je ne sais pas pourquoi, je trouve ça révélateur et ça m'effraie... Nous aussi essayons de fuir l'Homme d'une certaine manière, non ? Enfin, moi j'essaye de retrouver l'humain en fait... :rolleyes:
 
Autre question métaphysique que je me pose tous les étés : est-ce parce que nous portons des vêtements que notre peau est devenue glabre et nous rend trop sensible au soleil ?? Enfin le corps s'est adapté en produisant plus ou moins de mélanine, mais... Notre propension aux coups de soleil n'est-il pas le reflet de notre évolution "en-dehors du naturel" ? :jesors:
 
En tous cas la viande qui aurait permis d'avoir un plus gros cerveau heu... Je veux pas me la péter mais en tant que biologiste je vois absolument pas par quel mécanisme magico-miraculeux il pourrait y avoir ne serait-ce qu'une once de vérité là-dedans... La taille du cerveau est un "accident" de l'évolution qui a été permis par la station bipède et la néoténie (=caractéristiques de jeunes conservées chez l'adulte). Ce truc à propos de la viande c'est une croyance, du type "les noix rendent intelligent" et "la viande c'est la force" et "tu peux pas être un athlète si t'avales pas ta demi vache au petit déjeuner"....
Le cerveau a deux carburants: l'oxygène et le glucose.
Le feu non plus n'a pas pu servir à avoir un plus gros cerveau, ça ne marche pas si on regarde le temps nécessaire à l'évolution. Ce serait plutôt le cerveau qui a permis de maîtriser le feu. Dans la lignée humaine, le cerveau a été de plus en plus gros, sans doute parce que c'est ce qui marchait le mieux.
A part ça je suis tout à fait d'accord, maintenant qu'on a un gros cerveau, autant s'en servir.
Pour le régime paléo je pense que ça sert pas à grand chose de vivre de la manière dont nous supposons que nos ancêtres vivaient, parce que de toutes façons, nous ne savons pas tout, cette époque est révolue, on peut pas y retourner. Notre nourriture est différente, chaque fruit et légume et viande est différent, notre eau est différente, notre environnement n'est pas le même, tout ça compte. Et puis le mythe du bon sauvage c'est pas très réaliste. Qui sait quels problèmes ils avaient? Et la mortalité infantile? C'est bien beau de prendre des médicaments quand on est malade, mais ça change encore la donne.
Je suis d'accord pour se rapprocher un peu de ce que pourrait être un régime "naturel" en supprimant (ou en diminuant beaucoup) les sucres rapides, les produits laitiers et les farines raffinées. Mais ça c'est du bon sens...
 
Il me semble que notre peau a blanchi pour qu'on puisse synthétiser plus efficacement la vitamine D. Je crois que notre corps est parfaitement adapté au soleil, et ce n'est que notre mode de vie (enfermés entre quatre murs puis aller se cuire sur la plage deux semaines) qui induit tous les effets négatifs. Perso, je pense que la crème solaire ne devrait pas être nécessaire, si nous adoptions de bonnes pratiques (encore faut-il que cela soit possible)
 
tom":1t3bsfaq a dit:
Autre question métaphysique que je me pose tous les étés : est-ce parce que nous portons des vêtements que notre peau est devenue glabre et nous rend trop sensible au soleil ?? Enfin le corps s'est adapté en produisant plus ou moins de mélanine, mais... Notre propension aux coups de soleil n'est-il pas le reflet de notre évolution "en-dehors du naturel" ? :jesors:
A mon avis si on vivait tout nu, on attraperait pas de coups de soleil, parce que la peau s'habituerait progressivement. Mais bon c'est dans une certaine mesure, c'est pas complètement vrai. Un blond aux yeux bleus vivant en afrique risquerait surtout le cancer de la peau! Hé oui si on veut vivre de manière 100% naturelle faut aussi mettre les noirs en afrique et les blonds en norvège, pas très marrant tout ça! (on frise le point godwin hihi) :ROFLMAO:
 
Lien "lanutrition" sur les glucides dans les aliments

"sucres simples + céréales raffinées + pomme de terre = diabète, obésité, cancer, maladies cardio-vasculaires"... Il aurait pu rajouter le lait et la viande, mais on ne parle pas des mêmes phénomènes...

Tableau des index glycémiques

Les légumineuses ont plutôt des IG bas ; avec les céréales autres que complètes et les patates, par contre, j'ai encore de quoi travailler... :rolleyes:
 
@lelfe

pour le cerveau, il y a l'hypothèse omega 3 avec la consommation de crustacés et de poissons
 
-_- mais enfin, c'est des foutaises pour vendre du beurre enrichi en vitatrucs... Un organe se développe pas grâce à des nutriments, c'est complètement absurde... C'est comme si je disais que la trompe des éléphants s'est allongée grâce à la carotène des papayes... C'est des fables pour les enfants... J'arrive pas à comprendre que les gens croient des trucs aussi insensés
 
Ben, et le poireau qui fait grandir ??

Il me semble bien en tout cas qu'un organe manquant longtemps de certains nutriments marchera moins bien, voire a plus de risques de dégénérescence précoce ?? J'ai lu des trucs, ouais, des trucs bizarres mais néanmoins des trucs, je sais qu'il faut pas croire tous les trucs qu'on lit, mais ces trucs là ils m'interpelaient... sur les oméga-3 et la maladie d'Alzheimer... Mais j'ai pas lu si c'était signé "M. Lesieur" ou autre... :rolleyes:
 
tom":15gjhutb a dit:
Ben, et le poireau qui fait grandir ??

Il me semble bien en tout cas qu'un organe manquant longtemps de certains nutriments marchera moins bien, voire a plus de risques de dégénérescence précoce ?? J'ai lu des trucs, ouais, des trucs bizarres mais néanmoins des trucs, je sais qu'il faut pas croire tous les trucs qu'on lit, mais ces trucs là ils m'interpelaient... sur les oméga-3 et la maladie d'Alzheimer... Mais j'ai pas lu si c'était signé "M. Lesieur" ou autre... :rolleyes:
Oui un organe manquant longtemps de certains nutriments marchera moins bien (enfin, du moins, on peut le penser, disons que si quelqu'un affirme ça, je me dirais que c'est PEUT-ÊTRE vrai et qu'il faut des preuves expérimentales pour le montrer).

Mais qu'un organe apparaisse ou se développe à l'échelle de l'évolution grâce à un nutriment, c'est de la bonne grosse foutaise!
cf mon exemple des éléphants.

Que les omega 3 soient nécessaires (en fait ce serait plutot un ratio oméga 3 / omega 6) je veux bien le croire, et encore, j'en suis pas sure à 100%, on peut démontrer un peu ce qu'on veut, mais c'est possible. En tous cas les végétariens en consomment moins et sont moins enclins à la depression, contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre. (http://qc.news.yahoo.com/s/yahoocan..._tariens_sont_ils_plus_heureux_que_les_autres) Mais ce n'est pas du tout la même chose que de dire que les omega 3 ont permis à notre cerveau d'exister. Notre espèce est peut-être apparue dans un environnement qui nous permettait un apport en certains nutriments, et nous avons perdu la capacité de nous en passer. Ca c'est possible aussi. (encore que les omega 3 ne se trouvent pas que dans les produits animaux).
 
biffe steak":223o8j8z a dit:
Est-ce que les mêmes causes produisent toujours systématiquement les mêmes effets ?

En termes d'évolution, si l'on considère que l'homme est noir à l'origine et a blanchi parce qu'il n'a plus eu besoin de mélanine, que dire des indiens d'Amérique qui ne sont pas devenus blancs alors qu'ils vivent sous les mêmes latitudes que nous ?

Et quid de ceux qui sont redescendus jusqu'à la hauteur de la zone tropicale, pourquoi ne sont-ils pas redevenus noirs ?
Ca marche pas comme ça.
Non seulement les mêmes causes ne produisent pas systématiquement les mêmes effets, mais en terme d'évolution, on peut d'une certaine manière qu'elles produisent même systématiquement des effets différents.
L'évolution ne retourne jamais en arrière.
Exemple: les dauphins n'ont pas de branchies et n'en auront jamais, même s'ils passent encore des centaines de millions d'années dans l'eau.
De même, les ours n'ont pas de pouce opposable, les pandas ont leurs 5 doigts alignés et leur pouce opposable dérive de l'os du poignet qui s'est sur-développé. Leur pouce étant aligné avec les autres doigts, il ne s'est pas "ré-opposé".

un autre truc qu'on dit un peu trop souvent c'est: "on a évolué comme ça pour pouvoir..."
Les mutations apparaissent aléatoirement, elles peuvent être favorisées par l'environnement, mais elles peuvent aussi se fixer dans une population à cause des lois du hasard. Par exemple les pandas sont noirs et blancs, mais s'ils étaient noirs et roux, ou marrons et blancs, ça marcherait tout aussi bien. Mais ils sont noirs et blancs c'est comme ça. Le phénotype "noir et blanc" s'est fixé dans la population. On peut avoir la peau blanche juste parce que c'est comme ça, c'est une mutation. ca peut aussi être dû à une forme de selection sexuelle, si à un moment donné de l'histoire, les personnes à la peau blanche étaient considérées comme plus belles.
Je sais pas du tout si les premiers hommes étaient noirs ou blanc, mais les deux sont possibles!
 
lelfe":2niljgau a dit:
Les mutations apparaissent aléatoirement, elles peuvent être favorisées par l'environnement, mais elles peuvent aussi se fixer dans une population à cause des lois du hasard.
Je suis conscient de mon esprit critique faillible et de ma trop faible connaissance scientifique, mais je continue à penser que l'évolution n'est pas due qu'au hasard :

* Si l'on considère que l'évolution est en grande partie due à la "sélection naturelle", les mutations n'étant que marginales, il faudrait imaginer une diversité originelle du vivant gigantesque pour expliquer la diversité actuelle, non ? Or, j'imagine que c'est l'inverse qui a dû se produire : une simplicité originelle (unicellulaires), mais avec la capacité de se transformer, d'évoluer "si besoin" (selon la pression du milieu ?) pour acquérir une spécialisation lui permettant de survivre à des conditions précises (mais finalement la spécialisation rend plus sensible à une modification brutale des conditions de vie), et donc une diversification des espèces...

* Si l'on prend l'hypothèse que l'évolution est en grande partie due aux mutations (la sélection naturelle concernant plus des individus qu'une espèce entière, en-dehors du cas de l'Homme qui extermine les espèces "en veux-tu en voilà"), il faut soit considérer qu'elles sont fréquentes (puisque dans la plupart des cas, le hasard ne permet pas de répondre de façon adéquate à la "pression du milieu"), ou bien que les mutations soient "orientées", ce qui permettrait à un organisme de répondre en quelques générations à un changement brutal de ses conditions de vie.

Bon... Pour rester caricatural, la théorie de Lamarck, "le besoin crée l'organe", n'aurait-il pas une part de vérité si on se met à l'échelle du génotype ? Est-ce que, dans une culture ravagée par un insecticide, seuls les insectes ayant un gène avec une mutation leur permettant de résister à l'insecticide survivent et lèguent le gène à leur descendance (sélection naturelle), ou bien est-ce que les insectes touchés par le produit mais ayant néanmoins survécu s'adaptent en mutant de façon à développer une résistance (après tout, les mitochondries sont des résidus de bactéries paraît-il, l'ARN mitochondrial peut peut-être engranger et léguer certaines informations concernant le milieu) ?

=> Je note moi-même une réponse que m'inspirent ces quelques lignes hésitantes (désolé pour la "prose") : il serait possible de considérer que le Vivant mélange "mutation" et "sélection naturelle" pour expliquer l'évolution, à savoir que sous une pression du milieu, les mutations génétiques deviennent plus fréquentes, et que certaines de ces mutations, permettant une adaptation meilleure au milieu en cours, deviennent dominantes, peu à peu, de part la sélection naturelle (gène dominant ou gène survivant).

J'en sais rien en fait, mais ce sujet est passionnant et je pense qu'en tout cas il ne faut pas se satisfaire des réponses toutes faites !!
 
tom":15wklbsj a dit:
lelfe":15wklbsj a dit:
Les mutations apparaissent aléatoirement, elles peuvent être favorisées par l'environnement, mais elles peuvent aussi se fixer dans une population à cause des lois du hasard.
Je suis conscient de mon esprit critique faillible et de ma trop faible connaissance scientifique, mais je continue à penser que l'évolution n'est pas due qu'au hasard :

* Si l'on considère que l'évolution est en grande partie due à la "sélection naturelle", les mutations n'étant que marginales, il faudrait imaginer une diversité originelle du vivant gigantesque pour expliquer la diversité actuelle, non ? Or, j'imagine que c'est l'inverse qui a dû se produire : une simplicité originelle (unicellulaires), mais avec la capacité de se transformer, d'évoluer "si besoin" (selon la pression du milieu ?) pour acquérir une spécialisation lui permettant de survivre à des conditions précises (mais finalement la spécialisation rend plus sensible à une modification brutale des conditions de vie), et donc une diversification des espèces...

* Si l'on prend l'hypothèse que l'évolution est en grande partie due aux mutations (la sélection naturelle concernant plus des individus qu'une espèce entière, en-dehors du cas de l'Homme qui extermine les espèces "en veux-tu en voilà"), il faut soit considérer qu'elles sont fréquentes (puisque dans la plupart des cas, le hasard ne permet pas de répondre de façon adéquate à la "pression du milieu"), ou bien que les mutations soient "orientées", ce qui permettrait à un organisme de répondre en quelques générations à un changement brutal de ses conditions de vie.

Bon... Pour rester caricatural, la théorie de Lamarck, "le besoin crée l'organe", n'aurait-il pas une part de vérité si on se met à l'échelle du génotype ? Est-ce que, dans une culture ravagée par un insecticide, seuls les insectes ayant un gène avec une mutation leur permettant de résister à l'insecticide survivent et lèguent le gène à leur descendance (sélection naturelle), ou bien est-ce que les insectes touchés par le produit mais ayant néanmoins survécu s'adaptent en mutant de façon à développer une résistance (après tout, les mitochondries sont des résidus de bactéries paraît-il, l'ARN mitochondrial peut peut-être engranger et léguer certaines informations concernant le milieu) ?
Tu as raison d'avoir l'esprit critique, mais pour le coup, ce ne sont pas des réponses toutes faites. en science on ne sait vraiment pas grand chose, mais ça, on le sait. Je n'ai pas l'habitude d'être aussi affirmative :) mais ce sont des faits bien établis, y a beaucoup de généticiens et d'écologistes qui ont travaillé là dessus, mais aussi des chimistes, des biologistes moléculaires... un génome n'est pas capable de muter dans une direction voulue. Il n'y a simplement aucun mécanisme qui le permette. Depuis Darwin, la théorie de l'évolution n'a pas énormément changé (en fait on l'énonce globalement de la même manière sauf qu'on sait maintenant que les transformations peuvent être plus rapides qu'il le croyait). L'hypothèse de lamarck était intéressante mais elle ne se base sur rien au niveau cellulaire et chimique. Elle est intéressante, mais fausse.
Les résistances n'apparaissent pas en réponse à un produit. Elles existaient déjà avant l'apparition du produit et son selectionnées par le produit. Ca on a pu le prouver de façon très simple avec des bactéries. C'est facile, on reproduit plusieurs fois la même colonie de bactéries, on applique un antibiotique, s'il y a un groupe de bactéries résistantes, il sera toujours au même endroit de la colonie. Si on prend une bactérie de la zone résistante, et qu'on fait une nouvelle colonie avec, la colonie sera résistante. Si on prend une bactérie en dehors de la zone résistante et qu'on fait une nouvelle colonie avec, la colonie ne sera pas résistante. On peut même trouver les gènes de résistance dans des bactéries n'ayant pas été exposées au produit. On peut aussi transmettre ces gènes dans des bactéries non résistantes (c'est fou ce qu'on peut s'amuser).

Un organisme ne peut pas "s'adapter en mutant". Il est adapté ou il ne l'est pas. Si on te met dans un milieu qui n'est pas prévu pour toi (trop chaud, trop froid, pas assez d'oxygènes...) tu vas puiser dans tes réserves pour essayer de t'y adapter, et tu vas survivre ou mourir. Mais jamais tu ne muteras pour t'y adapter... Tu t'y adaptes avec ce que la nature t'a donné... Pour les insectes et les bactéries, c'est pareil. En fait, même tes enfants ne muteront pas. Il faudra un certain nombre de générations pour qu'une adaptation ait lieu. Et à chaque génération, il y a davantage de complexité. Il n'y a aucun mécanisme par lequel l'évolution peut "revenir en arrière". Une mutation est définitive.

=> Je note moi-même une réponse que m'inspirent ces quelques lignes hésitantes (désolé pour la "prose") : il serait possible de considérer que le Vivant mélange "mutation" et "sélection naturelle" pour expliquer l'évolution, à savoir que sous une pression du milieu, les mutations génétiques deviennent plus fréquentes, et que certaines de ces mutations, permettant une adaptation meilleure au milieu en cours, deviennent dominantes, peu à peu, de part la sélection naturelle (gène dominant ou gène survivant).
Les mutations ne peuvent être qu'aléatoires. Une mutation c'est quoi? C'est l'ADN qui fait des "erreurs" en se répliquant. Comment veux-tu que l'ADN sache de quoi l'organisme a besoin? c'est juste une très grosse molécule!
Les mutations génétiques ne deviennent pas plus fréquentes à cause des pressions de séléction. certains mécanismes peuvent augmenter le taux de mutation (par exemple, les UV, ou certaines substances mutagènes). Mais le fait que l'organisme subisse un stress ou des difficultés à se reproduire ne peut pas faire muter ses gamètes... Ce qui fait muter ce sont des facteurs chimiques.
Le mécanisme d'évolution est très simple, les mutations sont aléatoires, certaines sont éliminées, d'autres selectionnées, aussi bien par la survie que par la capacité à se reproduire. Ca peut très bien mener à des aberrations.
Par exemple la théorie "sexy son":
prend des oiseaux dont les femelles choisissent le mâle qui a la plus belle couleur orange. La couleur orange est un signe de bonne santé, donc ça va fonctionner, les oiseaux en meilleure santé se reproduiront.
Maintenant prend des oiseaux dont les femelles choisissent le mâle qui a la plus grande plume bleue au niveau de la queue. Imagine qu'au bout d'un moment il n'y ait pas ou plus de corrélation entre la taille de la plume bleue et la santé. Pourtant ce sera toujours avantageux pour les femelles se s'accoupler avec le mâle qui aura la plus grande plume bleue, étant donné que ses petits auront alors plus de chances d'être choisis et de s'accoupler ("sexy son"). Dans la population, il y aura alors des oiseaux qui auront des plumes bleues de plus en plus grandes, qui finiront par être carrément handicapantes pour la survie par leur taille. De tels exemples existent dans la nature.

Si ça t'intéresse, je te conseille les livres de Stephen J. Gould: le pouce du panda, quand les poules auront des dents, etc.
 
biffe steak":17u6bj7b a dit:
Très intéressant tes réponses Lelfe, merci.

"On peut même trouver les gènes de résistance dans des bactéries n'ayant pas été exposées au produit."

Comment explique-t-on cela ?
Ben comme je disais, la résistance existe AVANT l'exposition au produit.
Seulement, avant l'exposition au produit, les bactéries résistantes seront peu nombreuses, si elles existent, et elles peuvent disparaitre.
En passant on est en train de se diriger vers une époque où on mourra à nouveau à cause des infections bactériennes, car les élevages sont de véritables usines à germes résistants! dans un cochon sous antibiotique (comme dans n'importe quel élevage de cochon), il suffit qu'il y ait une seule bactérie résistante pour qu'elle "colonise" tout le cochon et ses petits copains. Si c'est une bactérie pathogène, c'est la cata.
 
lelfe":bodmkrvt a dit:
En passant on est en train de se diriger vers une époque où on mourra à nouveau à cause des infections bactériennes, car les élevages sont de véritables usines à germes résistants! dans un cochon sous antibiotique (comme dans n'importe quel élevage de cochon), il suffit qu'il y ait une seule bactérie résistante pour qu'elle "colonise" tout le cochon et ses petits copains. Si c'est une bactérie pathogène, c'est la cata.
Ouais, je me demande pourquoi on regroupe autant de cochons dans des conditions sanitaires aussi précaires, avec en plus des élevages de poules pas loin et des oiseaux migrateurs au-dessus et pouf, on nous refait le coup de la grippe A en plus méchant (H5N1) ! Comme on a aussi des colonies d'humains entassés, c'est sûr que c'est pas joli à voir... Heureusement, Bachelot sera là j'en suis sûr !!

Pour les mutations, merci d'avoir éclairci mon point de vue ; heureusement qu'on s'amuse avec des bactéries !! ;)

Mais il me semblait quand-même avoir lu que la fréquence des mutations n'était pas linéaire dans le temps, d'accord pour dire que la pression du milieu n'agit pas aléatoirement, mais est-il possible qu'un milieu commençant à être inadapté pour un être vivant suscite plus d'erreurs de réplications dans son patrimoine génétique ??

J'ai compris le coup de la sélection naturelle combinée aux mutations "positives", mais à l'inverse, comment explique-t-on que les humains ne synthétisent plus eux-mêmes la vitamine C par exemple ? Dans un environnement où justement la vitamine C leur tend les bras dans toutes sortes de fruits, on a l'impression que le corps s'est "adapté" à ce milieu et n'a plus jugé "utile" de dépenser de l'énergie pour fabriquer lui-même cette vitamine... Ou bien, dès le départ, les mammifères ne pouvaient pas le fabriquer et ils ont eu la chance que l'environnement leur soit propice...

Bon, tant qu'à avoir une chimiste avec nous, autant en profiter !! :p
 
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