Le DSM-IV est controversé par les psychiatres et praticiens eux-mêmes.
"Maladie mentale" de même que "folie" sont des termes utilisés dans le langage courant. Peu probable qu'un psy -chiatre -ologue -chothérapeuthe emploie ce genre de vocabulaire. Donc, non, "maladie mentale" et "pathologie" n'ont en réalité pas grand chose en commun.
J'ai été élevée (enfin c'est pas vraiment le bon terme
) par "l'un d'eux" et certain.e.s de mes ami.e.s proches le sont, quoi que cela veuille dire. Ma langue
maternelle paternelle est celle de la folie et cela m'a beaucoup apporté.
Pendant longtemps, quand je ne comprenais rien au monde des gens "normaux" que je découvrais, je me disais que le tort des fous c'est de ne pas être outillés pour traiter l'illogisme de la "normalité". Et que la frontière entre folie et normalité était là : capacité ou non à traiter l'absence de logique ; avec plein de degrés entre les deux extrêmes.
Plus tard, je me suis demandé si ma propre structure mentale "héritée" n'était pas une donnée du problème ^^
Pour moi les folies sont des langages. Lorsque ces langages sont si étrangers à ceux-là même qui les portent qu'il altèrent leur perception et leurs sens (je ne sais pas si c'est cela qu'on appelle pathologie), ils sont une source de souffrances abominables. Etre trahi par ses propres émotions et sens c'est une des choses les plus terribles qu'on puisse vivre.
Une de mes amies notamment se bat construire sa vie malgré tous les obstacles posés par sa maladie et la société. C'est une super-héroine, et je pèse mes mots. Et le plus ironique c'est qu'elle ne peut pas percevoir à quel point elle est exceptionnelle parce que sa maladie ne lui permet pas de prendre la mesure du décalage entre le monde et elle (et c'est aussi ce qui la protège).
Du coup, il y a évidemment une dérive normalisante de la psychiatrie qui est, parfois, un outil de contrôle social (comme tous les corps de médecine ceci dit), mais quand tes oreilles entendent qq chose alors que tes yeux ne voient pas les lèvres de ton interlocuteur bouger (et qu'il n'y a personne autour, que la radio n'est pas allumée etc
) ; c'est important d'être pris en charge, de recevoir des soins. Parce que c'est une angoisse terrible. L'angoisse est accentuée par la stigmatisation de la société... On se heurte à l'ignorance et au mépris stigmatisants "des gens" sans possibilité de s'appuyer sur son propre jugement, puisque par définition altéré. Ce sont des états d'extrême vulnérabilité.
J'ajoute qu'il doit y avoir peu de psys qui se permettent de nommer par des catégories les maladies de leurs patients. Cela doit être nécessaire lors d'évaluations dans le cadre de procédures d'internement, ou pour élaborer la théorie, etc. Mais dans un cadre de soins, je doute que cela existe ou très minoritaire (à vérifier).
Le gros problème avec ces pathologies, c'est la question de la responsabilité.