Karouba, les manifs ne s'adressent pas en priorité aux passants dans la rue (même si pour expliquer le but de la manif, il y a tout au long du cortège des participants qui distribuent les tracts, très explicatifs, à autant de passants que possibles, que ça soit la marche pour la fermeture des abattoirs, ou la végéphobie dans le cas de la Veggie Pride), elles s'adressent avant tout aux médias, aux services de presse, qui eux sont censés retranscrire au mieux le discours des organisateurs. Et bien sûr, plus il y a de participants, plus le symbole est fort et l'événement médiatisé.
Les manifs ont un impact, ça ne fait aucun doute. Si la situation des LGBT s'est améliorée au fil des ans, c'est bien parce qu'ils ont réagi à la pression sociale, et la Gay Pride a eu un poids non négligeable dans cette stratégie.
Et j'ai envie de dire que ta réaction "Qu'est-ce qu'on va penser de nous ? On doit leur faire peur, ils doivent nous prendre pour des fous...", c'est un peu de la végéphobie auto-infligée, parfaitement intégrée, qui nous pousse à nous taire par peur de l'image qu'on donne. J'en sais quelque chose, parce que c'est précisément ce que j'ai ressenti à la Marche de juin 2012, et de manière très intense. J'ai eu peur de rejoindre la foule pendant la moitié de la manif (je longeais le trottoir en me faisant passer pour un passant), avant de finalement m'y mêler... Mais depuis, ma réflexion sur la question et mon ressenti ont eu le temps d'évoluer. On leur fait peut-être peur, au début, quand ils ne se sont jamais posé la question... (Tout comme l'homosexualité était classée comme maladie mentale il y a 20 ans.). Mais pour les amener à se poser la question, on est obligés de se montrer et de parler. Y a pas le choix.