No Steak d'Aymeric Caron

No Steak, tromperie sur l’étiquette
Faisant miroiter une enquête sur plusieurs continents, le livre d’Aymeric Caron ressemble plutôt à un essai écrit au coin du feu. Sa dénonciation de l’industrie de la viande reste théorique sans qu’il parvienne, à aucun moment, à prendre la mesure du phénomène de société qu'est le végétarisme.

En tant que végétarien et que journaliste, No Steak est un livre que j’aurais voulu pouvoir caresser dans le sens du poil. Son auteur, Aymeric Caron, journaliste télé plutôt mordant d’après les quelques vidéos que j’ai pu voir de lui sur Youtube, et son éditeur, Fayard, promettaient en effet une enquête de « plus d’un an et sur plusieurs continents pour raconter cette évolution de nos mœurs et de nos rapports avec les animaux ».

Aymeric Caron étant un ancien reporter de guerre, je m’attendais à ce qu’il aille « au contact » et mouille sa chemise pour nous renseigner, par exemple, sur les turpitudes des industriels de la viande au-delà de la vieille Europe (particulièrement en Chine) ou sur la culture vegan ou plant based, en plein essor aux Etats-Unis. J’imaginais aussi des interviews de personnalités célèbres, médecins, grands chefs, chanteurs, acteurs ou sportifs qui défendent le végétarisme. Des opinions de sociologues également.

Bref, j’espérais une enquête dans les règles de l’art, pleine de découvertes et d’émotions. Hélas, No Steak n’est rien de tout cela. Les « plusieurs continents » se bornent à un voyage à Montréal et à l’évocation des souvenirs d’une coopération militaro-culinaire en Asie. Il faut attendre la page 198 pour tomber sur les extraits d’une vraie interview (je veux dire, faite par lui), celle de la diététicienne Anne-Marie Roy, à Montréal.

Pour le reste, No Steak est un mélange d’anecdotes, de google-journalisme (ou de journalisme de bibliothèque, pour être indulgent) et de considérations personnelles, dont toutes ne sont pas dépourvues d’intérêt, mais qui sont loin de renouveler le genre. Séduisante au plan théorique, l’argumentation en huit points contre la viande, qui structure le livre, n’allège pas la sauce. J’ignore comment réagira l’omnivore de base, mais le végétarien lambda reste sur sa faim, avec la vague impression d’avoir été roulé dans la farine.

Si le livre a au moins le mérite de faire parler du végétarisme à la télé, la comparaison avec « Faut-il manger les animaux ? », de Jonathan Safran Foer, montre l’abîme qui sépare la France des Etats-Unis en termes d’exigence éditoriale. Car Jonathan Safran Foer, lui, n’a pas hésité à aller au charbon et à plonger ses mains dans le cœur sanguinolent de l’industrie de la viande, une vraie leçon de journalisme celle-là.
Source : vegeshopper
Je suis tombé sur cette critique du livre et je la trouve un peu sévère.
Aymeric Caron raconte son expérience du végétarisme et ses impressions. Il ne faut pas le comparer avec "Faut-il manger les animaux", un pamphlet contre l'industrie de la viande.
 
Sévère mais juste à mon sens, car révélatrice de cette chape de plomb française.

Nicolino avait été très loin dans son analyse historique et politique, alors qu'il n'est pas plus engagé abolitionnisme que Caron.

C'est vrai que No Steak se voudrait plus un témoignage personnel qu'un travail de fond, mais il n'a pas été ni présenté ni vendu comme tel. Je comprends la frustration exprimée.

Reste à voir l'accueil des omnis ouverts (les carnistes seront simplement hermétiques)
 
C'est vrai qu'il me semble que ça manque de livre tels que Bidoches, avec un travail de fond. Des livres d'expériences personnelles, on en a, c'est bon, mais des livres-enquêtes, ça manque quand mm. Du coup, on est obligé de présenter les livres US, ce qui permet aux gens de nous rétorquer "oui, mais en France, c'est pas comme ça".
Il faut plus de livres-enquêtes et que L214 continue ses vidéos.
 
C'est ça. Des témoignages, on en est la preuve vivante sur ce forum, ça ne manque pas sur le net, mais des choses plus objectives et formelles, à part Bidoche et quelques titres méconnus hors cercle végé... (toute la biblio vendue sur L214, les cahiers antispécistes, le boulot de Florence Burgat, etc)

Et des trucs accessibles dans l'écrit sont souvent édités de façon confidentielle par des indés sans grande visibilité (je pense à Bouffeurs de salade de Romain Viallard, des titres de Tahin Party, des essais de JBJV...)

Il ne manque que la visibilité et la prise au sérieux. (ça vient, ça vient... lentement, mais je trouve qu'en france on est à des années lumière par rapport à il y a 5 ans)
 
Il faudrait que je me remette à la lecture de ce livre, j'en suis à la page 59 et ça fait 2 semaines, voir 3 qu'il prend la poussière sur mon meuble d'ordi, (je n'ai jamais était un grand lecteur et je n'ai pas trop le temps)
 
J'ai beaucoup aimé. Il est clair et captivant, parce que c'est aussi un témoignage de sa vie, et parce qu'il met en valeurs plusieurs trames argumentatives classiques des végés (écologie, éthique, santé, culture).
L’argumentation m'a invité aussi à la lecture de scientifiques qui sont depuis un certain temps dans ma liste d'attente, de Jane Goodall à Konrad Lorenz, en passant par Hubert Reeves. C'est la force de ce livre, il offre aussi un panorama des végés, dans le sport (Carl Lewis), dans la littérature (Léon Tolstoï), dans la musique (Paul McCartney), dans le spectacle (Nathalie Portman)... Cela peut paraitre du google-journalisme (comme le résume l'article ci-dessus) mais cela démontre aussi qu'il existe des hommes et des femmes qui ont choisit d'opter pour ce régime d'alimentation.
 
C'est pas plus google journalisme que l'Antologie d'éthique animale de JBJV, le Zoo des philosophes de Armelle Le Bras Chopard ou que Le point de vue animal de Eric Baratay.

ça permet quand même de donner à voir un panel extrapolé d'une idée qui fait son chemin... :)
 
J'ai lu ce bouquin en 2 jours et je dois dire qu'il m'a pas apprit grand chose.
Par contre je trouve que pour entrer en matière alors qu'on ne connait pas le végétarisme, c'est très bien.
Le livre se lit facilement, couvre presque tous les arguments, bref un bel ouvrage de vulgarisation.
Et pour une fois qu'en France on a quelqu'un de VG, de connu passant à la télé et qui est un journaliste sérieux, faut pas cracher dessus.
 
Le Mat":73reg5nt a dit:
Par contre je trouve que pour entrer en matière alors qu'on ne connait pas le végétarisme, c'est très bien.
Le livre se lit facilement, couvre presque tous les arguments, bref un bel ouvrage de vulgarisation.
Ce bouquin convient bien au débutant que je suis :whistle:
 
J'avoue que je l'ai acheté surtout dans l'optique de le laisser trainer / prêter à la famille, mais du coup les quelques pages caricaturales sur les vegans me refroidissent un peu.
 
Luisão":19mrmmrr a dit:
J'avoue que je l'ai acheté surtout dans l'optique de le laisser trainer / prêter à la famille, mais du coup les quelques pages caricaturales sur les vegans me refroidissent un peu.
Franchement, je le prêterai quand même. Il précise bien que ce sont "certains" vegans (dans son esprit), et vu que ça prend une ou deux pages sur l'ensemble, ça vaut largement le coup. D'un point de vegan (ou végé) on est toujours un peu gêné aux entournures quand le bouquin n'est pas 100% en notre faveur, mais on a tort. Ce sont d'excellents moyens de lancer la réflexion, et ça suffit à pas mal de gens pour décider de devenir végé/vegan. Je dirais même que le petit "bémol" (Bidoche écrit par un mangeur de viande, "Faut-il manger les animaux ?" qui fait la louange les rares élevages "respectueux des animaux", etc.), c'est la touche nécessaire pour que le lecteur puisse se dire que l'auteur reste objectif et crédible.
 
Ayé, acheté et lu. :)

Il me plait bien. C'est un bon résumé.

Je vais le laisser traîner pour mes parents en premier. Je pense que c'est une bonne façon de faire comprendre un "passage" au végéta*isme/véganisme.
C'est plus simple et documenté qu'un long discours à table ponctué de tirades du style "c'est trop bon la viande".

Luisão":sghgowfk a dit:
J'avoue que je l'ai acheté surtout dans l'optique de le laisser trainer / prêter à la famille, mais du coup les quelques pages caricaturales sur les vegans me refroidissent un peu.

D'un autre côté, cela peut amener la discussion. Expliquer pourquoi on est abolitionniste et pas utilitariste (ou l'inverse), etc...

Par contre, il y a certains passages de descriptions où j'ai fait un peu "gloup". Les descriptions de mises à mort, les souffrances. Ça ne m'a clairement pas laissé indifférent. Ça donne vraiment envie d'arrêter tout ça, d'accélérer encore le mouvement. Mais l'auteur explique aussi plus loin le "pourquoi" de cette lenteur. Tous ces auteurs/philosophes passés sous silence...

Je recommande, glogalement un bon bouquin de synthèse, utile pour avoir des chiffres à portée de main rapidement.
Je vous tiens au courant si ce livre provoque un déclic chez quelqu'un de mon entourage.
 
acheté ce livre quand il est sortie à peu près, et il est dans un tiroir arrêté à la page 81.
(moi et les livres :whistle: )
 
Ça vaut vraiment le coup que tu finisses la lecture. ;)
 
J'ai très envie de lire ce bouquin depuis déja un bon bout de temps , même avant de devenir végétarienne (cela fait deux mois que pour moi c'est zéro viande!! :YE: ) .
Je n'ai pas encore trouver le temps de le lire ; je dévore des livres à longueur de temps , au final j'en ai toujours un en court et je n'achete toujours pas NO STEACK ...Va falloir que je trouve le temps pourtant car vraiment , j'ai bien le goût de le lire , et pourquoi pas , de le laisser trainer par ci par là .... 0:)

Quand je l'aurais lue , j'essayerais de venir donner mon avis.

Je dois dire que Aymeric Caron , par ses interventions "discrêtes" mais fréquentes et claires dans l'emission de Ruquier le samedi soir sur la 2 a beaucoup contribué a me faire passer enfin au végétarisme , choses qui me tenais a coeur depuis longtemps :YE: mais que je ne faisais pas ...Je ne sais pas très bien pourquoi :rolleyes: . Peu importe d'ailleurs ...

Bref , a coup sur , je vais lire son livre . :)
 
Pers0nne":2pi197ch a dit:
Je dirais même que le petit "bémol" [...], c'est la touche nécessaire pour que le lecteur puisse se dire que l'auteur reste objectif et crédible.

Absolument, surtout lorsque c'est un lecteur réluctant qui l'a entre les mains.
 
Je suis en train de le finir (finalement), et mon impression se confirme quand même.
Je trouve ce bouquin très inégal. Il y a des chapitres très bien fichus, gros travail de synthèse, références sérieuses, des passages vraiment ciselés. Et puis les citations de sociologues, anthropologues font souvent mouche. Mais alors après, il y a vraiment des chapitres très dispensables. Je comprends pas ce besoin de caricaturer et de débiner les vegans en fait. Du genre, les vegans ne peuvent pas manger dans un resto qui servirait par ailleurs du lait ou de la viande, les vegans ne peuvent pas manger chez des amis qui ne seraient "que" végétariens. Et puis, le chapitre où il présente les différents courants (welfaristes / abolitionnistes) et finit par donner son avis. Le grand public s'en cogne et en la matière, autant lire le Que-sais-je de JBJV qui au moins n'est pas orienté. Et l'interview de JBJV d'ailleurs qui en gros dit que la question n'est pas d'être végé ou pas... ça me surprend de lui. Et Caron qui justifie son non végétalisme par le fait qu'il est difficile de manger complétement vgl et qu'il n'arrive pas à trouver les chaussures de sport qu'il veut en version vegan... Honnêtement, à Paris en 2013, tu es journaliste végé depuis 20 ans, bien informé sur les enjeux et tu as financièrement les moyens, je trouve ça un peu léger.
Ce mec n'est pas idiot et très bien informé sur le sujet. Du coup sa charge contre les vegans est faite consciemment. Je pense qu'il se positionne comme ça pour brosser le lecteur omni dans le sens du poil du genre, il y a plus extrêmiste que moi, je suis la voix de la raison.
Honnêtement, avec les deux-trois chapitres problématiques en moins, No steak aurait été un très bon ouvrage de vulgarisation. Je trouve que c'est assez dommage.
 
En même temps, je ne vois pas l intérêt d être végétalien ou Vegan si tu le ressens comme une frustration.
Il est difficile de nier que face au végétarisme, il est plus compliquē de manger chez des amis omni par exemple ou au resto. C est possible, mais cela reste plus fastidieux.
Et si cela devient une contrainte, je ne pense pas que ce soit vraiment intéressant.
Après, tout dépend l importance que l on donne ā rentrer dans les différentes cases du végé.

Je trouve, aussi, qu il dénigre un peu les végétariens et vegans dans ces passages. En revanche il est quand même difficile de tout nier quand au quotidien, si l on aime cuisiner, manger au resto, s'il y a des choses dont on ne veux pas faire l impasse....
Je trouve cela dommage aussi qu il mette des barrières trop distinctes entre vegan, végétalien/rien.
Pour un livre dediē aux omni, il aurait été plus intéressent de se prononcer davantage sur ce qui nous rassemble, et l impact global de nos choix. Ok il ne trouve pas de chaussures ā son goût mais il pourrait faire attention pour un autre achat par exemple, l important restant de prendre conscience de la force de nos actes au quotidien.
 
Disons que (presque) tous les arguments qui mènent au végétarisme devrait carrément mener au végétalisme. Donc pourquoi critiquer alors que c'est plus cohérent ?
Qu'il trouve ça trop dur soit, mais ça n'est pas une raison pour critiquer ceux qui y arrivent.
 
Retour
Haut