@Fushichô
Ouais, bien sûr qu'il n'y a pas de liens, mais le coup du sauvetage chien/humain est généralement utilisé par les omnis pour justifier qu'on peut bouffer des animaux ; ça serait la faille dans notre raisonnement éthique. Genre "tu bouffes pas d'animaux par souci éthique mais tu sauveras pas le chien ? Donc ton blabla VG est illogique, donc non valable, donc je peux continuer à bouffer mon steack tranquille, repasse-moi la sauce BBQ, Martine".
J'avoue que ce coup-là on ne me l'a jamais fait, pourtant les discussions avec les omnis bornés ne manquent pas
enfin les articles de lelfe laissent clairement entendre que ces questions sont davantage posées par eux que par "nous". Mais il y a méprise : que ce soit à un végétarien ou à un omnivore, on devrait toujours lui répondre que quelle que soit l'issue choisie au problème, elle n'est pas universalisable en ce qu'elle répond à un concours de circonstances particulier et a priori improbable. Ce que je veux dire, c'est que la situation évoquée (la maison en flamme par exemple) a beau être purement hypothétique, si bien qu'elle nous paraît, à juste titre, déconnectée de la réalité, on ne devrait pas la qualifier de "réflexion lambda d'omni", justement parce qu'elle ne justifie rien. Et je trouve d'ailleurs cette réponse plus convainquante que de lui dire que sa réflexion est naïve ou absurde, ce qui le fera probablement resté sur sa faim.
@lelfe
ces question mettent en lumière des préférences individuelles et on ne peut pas en tirer de conclusions en matière d'éthique.
La question n'est pas de savoir ce que ferait untel dans telle situation, mais de savoir ce qui serait le plus juste,
s'il est possible de parler encore de justice dans une telle situation (je rajoute ce morceau de phrase puisqu'on peut aussi se le demander, comme tu l'as fait remarquer).
Balancer un individu aux requins pour en sauver trois autres n'est de toutes façons pas éthique pour moi, car contrairement à Singer, je ne suis pas dans une logique utilitariste.
Pour moi, les deux approches se défendent. Le déontologisme a cela d'intéressant qu'il empêche les calculs interminables (est-ce que la souffrance de l'un équivaut au bénéfice que les autres en tirent ?) et est, pour le coup, une vraie éthique de la justice. Mais je pense que le conséquentialisme, et plus précisemment l'utilitarisme de Singer, est largement défendable.
Question: si on considère qu'on jette à la mer celui qui a le moins d'intérêt à vivre aux yeux de certains, c'est éthique pour l'ensemble des individus, mais est-ce éthique aux yeux de celui qui meure?
C'est difficile de répondre à cette question, mais je crois que c'est parce qu'elle est mal posée si je peux me permettre : la question devrait plutôt être de savoir s'il est éthique de le jeter par-dessus bord, et de là on prendrait en considération autant les intérêts du sacrifié que ceux des autres. C'est l'acte en lui même dont on juge de la moralité, indépendamment du côté où l'on se trouve. Edit: et c'est très paradoxal parce que le chien ne dirait sûrement pas qu'il est éthique de le balancer par-dessus bord, mais il ferait la intervenir ses propres préférences sans s'en tenir à la "raison".
D'autant plus qu'en tant qu'humains, je trouve très vaniteux d'estimer l'intérêt à vivre d'autres espèces que nous ne comprenons pas et que nbous ne faisons que comparer à nous-même. Soyons un peu humbles et réalistes, nous ne comprenons pas ce que comprennent les chiens, ni les vaches, ni les insectes.
a priori, plus les capacités cognitives d'un être sont complexes, plus il a d'intérêts. Les intérêts d'une poule sont très primaires, et se résument à ne pas souffrir physiquement, et peut-être quelques autres. Alors que ceux d'un humain adulte normal, ils vont être de ne pas souffrir ni physiquement ni émotionnellement, càd de n'être pas trahi, de ne pas voir son avenir compromis, etc. C'est pourquoi je me demande si l'on peut dire qu'un chien a moins d'intérêts à ne pas être jeté à l'eau qu'un humain.
J'ai tourné les questions en ridicule car en fin de compte je trouve un peu idiot de se préoccuper de savoir si c'est plus éthique de tuer un homme qu'une femme, un vieux qu'un jeune ou un noir qu'un blanc, alors que de toutes façons, les problèmes de la vraie vie ne se posent jamais de cette façon.
Je pense que ce genre de questions théoriques sont nécessaires à l'élaboration d'un système moral cohérent comme a voulu le faire Regan. Personne a priori ne nie qu'elles sont hypothétiques, mais elles
doivent pouvoir être résolues.
@akkana
La courte de paille ! c'est exactement ce qu'un ami m'a répondu. J'ai trouvé ça ingénieux, mais je dois dire que je ne sais pas trop quoi en penser.