Je ne comprend pas tes arguments.
Il me semble évident que la morale dans la nature est un truc complètement marginal.
L'éthique est le produit d'une société. Je ne pense pas que les fourmis aient une éthique parce qu'elles composent plutôt un super-organisme qu'une société. L'éthique suppose qu'il y ait des règles acquises dans le cadre d'une éducation, je ne pense pas que ce soit possible chez les insectes, peut-être chez les chimpanzées et les éléphants, par exemple. Voire. Je ne connais aucun exemple.
D'un point de vue biologique, tu confonds la symbiose et l'altruisme. Ce sont deux formes d'entraide qui n'ont rien à voir.
Le commensalisme est une interaction entre deux espèces d'êtres vivants (autre que la prédation). Globalement il y en a 3 sortes:
1) Bon pour l'un, mauvais pour l'autre: le parasitisme
2) Bon pour l'un, neutre pour l'autre: on appelle ça le commensalisme tout court je crois
3) Bon pour les deux: la symbiose
La symbiose n'est pas de l'altruisme. La symbiose c'est deux espèces qui ont un avantage à tirer de leur cohabitation. Je n'y vois aucune forme de respect. Le pique-boeuf nettoie les dents de l'hippopotame parce qu'il y trouve à manger.
L'altruisme, biologiquement, est défini comme l'action d'aider un autre individu sans rien tirer en échange. Il est très rare dans la nature. Il est pratiqué généralement par des animaux qui partagent les mêmes gènes, ce qui signifie que la sélection naturelle l'a favorisé parce que les animaux altruistes sauvegardaient mieux les gènes de leur famille et que les "gènes de l'altruisme" se sont ainsi répandus. Ce qui veut dire que ce sont des comportements innés.
Exemple: chez les abeilles, les ouvrières stériles qui élèvent leurs soeurs, et non leurs filles. C'est une forme d'atruisme. Mais comme les mâles sont haploïdes, elles ont en réalité plus de gènes en commun avec leurs soeurs (75%) qu'avec leurs filles (à qui ne porteraient, si elles existaient, que 50% du patrimoine génétqiue de leur mère). (bon en fait c'est un peu plus compliqué que ça dans la mesure ou y a plusieurs pères et donc les ouvrières elèvent parfois leurs demi soeurs, mais bref).
Autre exemple, chez les chiens de prairie, quand un membre de la famille donne l'alerte, il augmente ses chances d'être pris par un prédateur. Mais il sauve des membres de sa famille. Ceux qui ont ce comportement sont souvent les vieilles femelles du groupe, c'est une stratégie en quelque sorte, pour favoriser les gènes de la famille (enfin c'est du finalisme de le dire comme ça, mais bon).
Les exemples d'altruisme hors cercle familial sont très rares. Ils existent chez les chauves souris et chez les grands singes (et, je pense, chez les dauphins). Chez les chauve souris vampire, on a montré que les individus altruiste sont plus facilement aidés en retour (ça consiste à nourrir un autre individu, ce qui peut être vital car ces animaux peuvent mourir de faim très vite).
A ma connaissance, les seuls cas d'altruisme interespèce existent chez quelques grands singes et chez les dauphins.
Dans ces cas, et dans ces cas seulement, il semblerait que l'altruisme dépasse le cadre de la génétique, donc constitue un comportement en partie acquis (mais je dis bien en partie) donc motivé par l'éducation, l'apprentissage de l'autre, ce qu'on pourrait appeler l'empathie etc...
Quand on dit qu'un animal souffre, ce n'est en aucun cas de l'anthropomorphisme. c'est un fait. Scientifiquement (je vais rester sur le scientifique, parce que spirituellement chacun pense ce qu'il pense), la douleur animale existe. L'émotion également. La détresse, la peur, l'apaisement... Si tu parles de tout ça a un éthologue, il te dira pas que tu fais de l'anthropomorhisme. (mon mémoire de fin d'études concernait l'attachement chez l'agneau, un sujet fort en émotions. c'était une étude d'éthologie et de physiologie). Les gens disent que les animaux ne souffrent pas, ça les arrange, mais le plus objectivement du monde, ils ont tort. La vision de l'animal-machine n'est plus.
Par contre, dire que la fourmi exploite le puçeron, ou que le pique-boeuf est heureux d'aider l'hippopotame en lui nettoyant les dents, ça me gène un peu. Pour moi, c'est de l'anthropomorphisme. Nous avons beau tout ignorer de la subjectivité et de l'univers intérieur d'un petit oiseau, il y a fort à parier qu'il n'ait même pas conscience de faire quelque chose d'autre que se nourrir. Je ne pense pas qu'il perçoive la bouche d'un hippopotame comme beaucoup plus qu'une source de nourriture. La plupart des animaux ont des comportement beaucoup moins dictés par l'apprentissage que nous, donc plus directement basés sur la génétique. Un oiseau a besoin, d'un point de vue évolutif, d'intégrer énormément de choses dans son apprentissage, mais percevoir un hippopotame comme un organisme différent de lui et qu'il peut aider, c'est inutile pour lui. Les seuls animaux qui peuvent faire ça sont ceux qui ont des capacités cognitives particulières, qui se sont développées pour d'autres raisons. Des animaux très sociaux qui sont capables d'étendre le champ de leur sociabilité à d'autres espèces.
Pour moi il est impossible de prendre la nature comme exemple pour savoir ce qui est éthique ou non.
Par contre on peut l'observer pour apprendre sur nous-même. Par exemple ce qu'on peut observer, dans la nature, c'est que tous les animaux sociaux ont une hiérarchie. Donc nous aussi nous en avons une. Ca c'est intéressant pour apprendre comment fonctionner. Je rejoins willhelm sur le fait qu'on ne puisse pas vraiment fonctionner sans chef, puisque nous avons naturellement tendance à ce qu'un chef se détache d'un groupe. Mais pour décider de ce qui est éthique ou non en terme de direction d'un groupe, c'est plus délicat.
Pour ce qui est des enfants et de la vie de famille, ou de la vie personnelle plus généralement, notre société est aussi faite pour nous dire quand il faut penser à sa carrière, quand il faut penser à amasser de l'argent, et quand il faut penser à faire des enfants... Souvent c'est un peu plus dur que si on l'avait décidé soi-même dix ou quinze ans auparavant, mais bon... Vive la société qui nous rend libre !
Malentendu. Je n'ai jamais dit que la société rendait libre.
Ce que je voulais dire avec mon exemple des 5 ou 6 enfants que je pourrais avoir, c'est qu'on accepte (j'accepte) quelque chose de "contre nature" (en l'occurence le contrôle de ma reproduction à l'aide de trucs artificiels, comme des hormones de synthèses, des préservatifs, mais le retrait ou l'abstinence en feraient partie aussi) et ceci afin de mieux vivre. Je n'ai jamais parlé de société: la modification de la nature nous apporte une potentielle liberté (en l'occurence: avoir des enfants quand on veut). Et personne ne trouve à redire là-dessus. D'ailleurs, pour moi "contre nature" n'existe pas, l'humain a une tendance naturelle à modifier la nature, c'est un fait. Donc puisqu'on fait des choses "pas naturelles" pour nous, on peut bien en faire pour les autres (nous faisons partie du petit nombre d'espèces potentiellement altruistes!). Donc si on accepte d'utiliser une contraception, d'utiliser une voiture au lieu de marcher, etc... On peut tout aussi bien accepter d'être végétarien.
Et je soulignais aussi que "naturel" n'est pas synonyme de "bon". Le fait d'avoir des enfants a l'adolescence n'est pas "bon" dans l'absolu. Il peut l'être ou ne pas. Dans mon cas je considère que non (sinon, j'aurais des enfants). Je pense qu'être attaché inconditionnellement, aveuglément à son état de nature est sans objet.
On peut d'ailleurs trouver dans la nature des choses très belles et des exemples de cruauté très dures.