Je n'ai pas la télé, je n'ai pas lu le bouquin, mais histoire d'apporter un autre son de cloche, je fais un copier/coller de ce que j'avais écrit sur une liste de parents au sujet de TV lobotomie il y a qq mois :
Alors, personnellement je n'ai pas lu ce bouquin, mais certaines choses de son 4e de couverture m'ont fait sursauter et j'ai été farfouiller un peu pour trouver une des études en question, celle qui permet à l'auteur (ou à l'éditeur, peu importe) d'écrire :" Lina, 15 ans, regarde des séries comme Desperate Housewives. Cela triple ses chances de connaître une grossesse précoce non désirée."
Pour ceux qui sont intéressés, l'étude complète (Does Watching Sex on Television Predict Teen Pregnancy? Findings From a National Longitudinal Survey of Youth) est en ligne
ici, et il y a 3 critiques intéressantes
là.
Et je rejoins l'intervenante précédente, car sur cette étude en particulier, les autres co-facteurs potentiels pris en compte sont très peu nombreux, les voici :
- exposition totale à la télé
- âge (l'étude a pris en compte des jeunes de 12 à 17 ans au départ, et les a suivis sur 3 ans)
- sexe
- race / ethnie (réparties en 3 catégories : Blacks, Hispnics, White / others)
- structure familiale (2 parents / autre)
- degré d'instruction des parents
- niveau scolaire
- degré d'instruction désiré
- comportement déviant (renvoi de l'école, tricherie, effraction, vols...)
- désir d'enfant avant l'âge de 22 ans
Et c'est tout.
Comme le souligne la première critique, ils n'ont pas pris en compte un paquet d'autres facteurs, comme l'environnement familial et local concernant les grossesses précoces, les grossesses non désirées (de la mère, par ex), le degré de pauvreté, l'importance de la fratrie, etc. "That poorer, single parents with numerous children and frequent pregnancies may let their children watch somewhat more television (or, say, eat more fast food) than more affluent, two-parent households with few kids does not mean television viewing (or fast-food consumption) itself is a significant factor explaining why poorer teens get pregnant at rates many times higher than do richer ones."
Ils n'ont pas non plus cherché à savoir si les ados regardaient la télé seuls ou avec leurs parents, ou discutaient de ce qu'ils avaient vu avec eux.
Nulle mention non plus de l'environnement éducatif, violent, pas violent, à l'écoute des enfants ou non, pour reprendre la question de quelqu'un.
Bref, on sait que ces ados regardent + la télé, mais on ne sait pas pourquoi ni dans quelles conditions.
Et enfin, la 3e critique soulève le point qui m'avait interloquée au départ : les auteurs n'ont pas du tout pris en compte la possibilité que la corrélation, si corrélation il y a, soit inversée, c-à-d que c'est parce que ces ados sont + intéressés par la sexualité qu'ils regardent ce genre de contenu télévisé, et non l'inverse.
Bref, ce n'est qu'une étude parmi beaucoup d'autres sur lesquelles s'appuie "TV lobotomie", mais elle est pour le moins à prendre avec des pincettes. Grosses, les pincettes. Des corrélations, on peut en trouver partout, ce n'est pas pour cela qu'elles veulent dire qq chose.
Après, je ne sais pas ce que l'auteur en dit dans son bouquin, mais vu le 4e de couverture, les pincettes, il n'a pas eu l'air de les prendre du tout.