Je regrette l'association entre végétarisme et pacifisme ou non-violence, non par hostilité envers ces dernières idées, mais parce que leur association semble facilement impliquer que le végétarisme serait un extrême de la non-violence. "On est si peu violent qu'on ne tue même pas les animaux!" C'est-à-dire que la violence envers les animaux non humains serait la violence la moins grave, et la refuser correspondrait forcément à un refus extrême de la violence.
C'est d'ailleurs un peu la même idée selon laquelle il faudrait forcément être antisexiste, antiraciste, etc. si on est contre l'abattage des animaux pour la viande. La logique de cette idée est que se préoccuper des non-humains correspond à un souci plus extrême d'égalité que de se préoccuper de l'égalité humaine. On en vient à nier que quelqu'un qui est sexiste ou raciste puisse être sincèrement contre les abattoirs par souci pour les animaux (cf. Brigitte Bardot).
Je ne veux pas dire par là qu'il ne faut pas défendre le pacifisme, la non-violence, l'antisexisme ou l'antiracisme, mais pas comme conséquences du fait d'être végétariens ou de se soucier des animaux.
Ceci dit, sur le sujet de la non-violence: je ne me dis pas non violent, parce que je suis conséquentialiste, et donc ne fais pas de différence de principe entre la violence que je peux commettre et celle que je laisse faire. Par contre, il y a un élément très souvent associé à la non-violence, qui est de ne pas haïr l'autre et de ne pas transformer une lutte pour un certain objectif en lutte pour écraser un adversaire. Un exemple simple est celui des gens qui travaillent dans l'exploitation animale (éleveurs, ouvriers d'abattoir, bouchers...). Admettre que ce sont des gens en chair et en os et qui peuvent souffrir de nos actions, et qui souffriront si nous parvenons par exemple à abolir la viande, peut beaucoup faciliter la transition. Par exemple, il sera, je pense, bon de pallier au problème de la perte de leurs emplois; alors que souvent, on voit sur les forums végés une attitude plutôt du genre "qu'ils crèvent!".
David