Personnellement je pense qu'une partie de la réponse à cette très intéressante question réside dans l'expérience de Milgram (ou plus récemment, le "jeu de la mort" sur France 2): une confortable confiance aveugle dans l'autoritée (le médecin qui dit que c'est bien, le gouvernement qui dit que c'est bien, les parents et grands parents qui ont "toujours mangés comme ça", etc), avec la peur des carences si jamais on a pas notre ration de viande bi-quotidienne, la magnifique liste du PNNS, et j'en passe...
Associé au réflexe social: manger de la viande c'est montrer qu'on est aisé, qu'on "mange bien", qu'on a "du gout pour les bonnes choses", qu'on est fier de notre patrimoine culinaire mondialement reconnu
puke
, donc cela a au moins le mérite de faire implicitement avouer qu'on vit un peu (beaucoup) dans le regard des autres.
Et enfin cette "prison du carnisme", qui aura su créer cette distinction pernicieuse mais efficace
animal vivant concret (souvent de compagnie, on le voit tous les jours) / animal flou de l'industrie alimentaire, les abattoirs éloignés des lieux de vie, cachés, sans fenêtres, interdiction d'y filmer, etc
Et comme dirait mon prof d'économie (un black d'une grande humanité), notre si merveilleuse et bienveillante société individualiste où le voisin de palier t'évite autant qu'il le peut, alors demander de l'empathie pour un animal inconnu, éloigné, et déjà sur l'échafaud...
Qu'est-ce qui fait de nous ici des êtres plus sensibles et empathiques à tout ça ? Lucidité sur le monde (associé à une belle déprime quotidienne en général ^^), sensibilité exacerbée par le vécu (surtout le vécu, l'expérience personnelle), notre éducation, l'ouverture d'esprit de nos parents/amis/environnement, ou bien au contraire une forte pression morale qui nous aura fait choisir cette voie par rébellion...
En tout cas comme j'ai lut dans
Especes et éthique, Darwin, une révolution à venir (livre gratuit, mais site apparemment en rade T_T), où la question génétique de l'empathie est intéressante aussi, sans avoir de véritable fondement quant aux prises de positions tranchées, il est difficile de considérer que ce soit issu de notre évolution spécfique. Autant l'empathie sur des sujets "non viable" est anti-pérenne sur le plan de la communauté animale, autant c'est un critère fort de cohésion sociale et d'entraide (aide-moi je t'aiderais la prochaine fois) dans une espèce communautaire.
Mais bon de toute façon je trouve que, malgré l'intérêt fondamental que ces question peuvent avoir, éloigner autant le débat sur la condition animale autant que quand il s'agit d'expliquer que les canines des homo sapiens tout comme des autres singes sont avant tout des attributs sexuels ont tendance à faire perdre de vue le sujet principal, actuel et concret.
ça me fait un peu le même effet qu'entendre justifier de bouffer une entrecôte dans un resto en centre ville en citant les esquimaux sur la banquise ou l'argument de l'île déserte U_U... Une légère perte de temps et de vue de l'urgent. (pourtant ça m'intéresse aussi, mais à doses homéopathiques)