De l'utilité des "happenings"

Miquette

Broute de l'herbe
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Bonjour à tou(te)s!

Ça fait longtemps que je souhaite aborder ce sujet mais j'ai un peu peur des réactions, et de ne pas savoir assez bien m'exprimer pour que ce que je dis ne soit pas compris de travers.

Je m'interroge sur l'utilité de certaines manifestations, ou plus précisément des "happenings".
Il y a quelque jours, j'ai croisé totalement par hasard une telle action. Quand j'ai vu que ça concernait une cause qui me touchait, je me suis arrêtée et j'ai écouté la réaction des gens. Elle était généralement extrêmement mauvaise, et pour avoir écouté quelques débats entre les manifestants et les promeneurs, j'ai trouvé ça contreproductif: les promeneurs qui s’arrêtaient (grande minorité) semblaient avoir leur avis bien tranché sur la question et leurs questions ressemblaient plus à de la provocation qu'à un réel questionnement. D'autres personnes ont également dit des choses genre "c'est bien ce que vous faites, j'adhère à votre message" mais semblaient elles-aussi entamer la discussion avec déjà leur (bon!) avis sur la question.

J'ai eu un message d'un ami à moi dans la journée pour me dire qu'il avait vu des "gens chelous avec de la musique chelou avoir le même délire que moi". Je trouve cette remarque complétement abrutie, mais je crois que je comprendrais mieux si elle émanait d'un gros c... qui réagit toujours bêtement. Mais là ce n'est pas le cas: le garçon en question m'a toujours posé plein de questions intelligentes sur le sujet, a cherché à se renseigner sur la condition animale, le mouvement vegan, etc... C'est pas le genre à faire le coup du cri de la carotte, des canines, ou de l'homme préhistorique.

Ca m'a interpellé. J'ai voulu approfondir le sujet avec lui et effectivement, il m'a dit avoir vu le même happening que moi, qu'il était en présence d'amis qui ne connaissent personne défendant la cause animale et qu'ils ont pris ces manifestants pour des "illuminés". Et que lui, qui pourtant s'était réellement remis en cause au fil des nombreuses discussions, n'avait pas pu s'empêcher d'attribuer à ce mouvement un caractère sectaire, étrange ; certainement pas quelque chose qui aurait pu le faire réfléchir mais plutôt le braquer.

Ce n'est pas ce que je pense: je pense que ces manifestants sont des gens très courageux, de convictions (eux agissent pour les animaux, je ne fais rien de particulier: je les admire et je ne veux en aucun cas les remettre en cause).

Toutefois, lors d'une des rares manifs que j'ai faites pour une cause animale (veggie pride), je n'ai pas pu m'empêcher de croire que ça ne servait à rien: la grande majorité des gens sont à des années lumières de penser ce que l'on pense là dessus et ce grand écart ne leur permet pas, dans la plupart des cas, d'entendre notre message.
En fait... quand c'est contre la corrida, ou ce genre de choses, ça peut passer; très rares sont les gens qui la soutiennent réellement. Mais pour la viande, les tests sur les animaux, ... j'ai l'impression que ça ne sert à rien, et même que ça peut avoir l'effet inverse.

J'espère me tromper, et c'est pour cela que je vous demande votre avis à vous tous, vos expériences, bon ou mauvaise, permettant de confirmer ou de contredire ce constat.

En vous remerciant,

Miquette

Attention, je ne dis pas qu'il ne faut RIEN faire; mais je me demande si c'est utiliser les bonnes armes. Les vidéos, les sites d'informations, le lobbying, le dialogue individuel, les conférences, me semblent plus productifs.
 
Je vais juste parler de moi : je n'ai jamais assisté à de telles manifs, mais quand je n'étais ni végé, ni renseigné sur tout ça, je pense que j'aurais pu être touché par une manif "provoc" ou par des images choc. J'aurais peut-être détourné les yeux, mais ça m'aurait fait réfléchir. Ou en tout cas, j'aurais pu sortir des phrases pour me protéger la conscience (lion-gazelle, homme préhistorique et tout ça), mais quelque chose se serait subrepticement glissé au fond de mon cerveau, pour revenir plus tard, à tête reposée...
Mais ce qui m'aurait le plus fait avancer, ce sont des discussions tranquilles avec des gens qui répondent à mes questions bêtes.

Y'a-t-il des gens potentiellement sensibilisables, et d'autres non ?
 
Tcharls":2dlo0oo7 a dit:
Y'a-t-il des gens potentiellement sensibilisables, et d'autres non ?

Oui, tout simplement parce qu'il y a des gens ouverts d'esprit et d'autres enfermés dans leurs idées préconçues.

Sinon, je comprends le questionnement, et je dois avouer que je fais partie de ces gens sur qui le côté provoc a du mal à passer, donc je pense que je serais plutôt réfractaire à ce type de manifs.
J'en comprends la logique, ça permet une visibilité beaucoup plus importante, et du coup les gens ne peuvent pas passer à côté sans le voir comme c'est le cas avec les tables d'info par ex., mais je ne suis pas du tout convaincue.

Après, il serait intéressant d'avoir la vision de quelqu'un qui justement a été convaincu par un tel procédé.
 
Il y a des gens sur qui ça marche, des gens, pas forcément végétariens, qui encouragent, et j'ai même lu le témoignage d'organisateurs d'un happening "viande humaine" face auquel une dame était tombée en sanglots en se rendant compte soudain de sa culpabilité (et en déclarant qu'elle ne mangerait donc plus d'animaux).
Il y a toujours un mécanisme de défense. Normal. Et le fait qu'on soit encore peu nombreux, qu'on s'oppose à la société entière, qui elle, ne veut pas évoluer, nous fait obligatoirement passer pour des illuminés. Ça ne veut pas dire que ça ne sert à rien. Que les gens passent sans réagir, ou en réagissant mal, en majorité, ça n'est pas grave. L'action ne sert pas à transformer immédiatement les gens en végétariens. Si c'était aussi simple, on serait tous devenus végétariens dès l'enfance. L'action sert à rendre visibles plusieurs choses :
- Des pratiques immorales qui existent
- Des chiffres (le nombre d'animaux tués)
- L'existence des végans, qui sont en bonne santé
- L'existence du courant d'opposition à ces pratiques, et sa montée
- L'existence du projet d'une autre société
- La prise de conscience, pour les végétariens "honteux", qu'eux aussi ont le droit de parler de la condition animale
- Les informations qui sont transmises par la distribution de tracts

L'importance de l'action, plus que de toucher les passants, c'est de se rendre visible, donc d'être médiatisée par la suite. Par internet, blogs, Facebook, etc., et avec de la chance via les journaux. En soi, l'action ne touchera peut-être pas grand monde directement, mais elle peut être un petit stimulus pour chercher par la suite à se renseigner, pour faire écho à un autre article lu plus tard sur la montée du végétarisme, ou sur la montée de la question éthique en France, etc.
Au cours de ces actions, il arrive aussi régulièrement que de nouveaux militants viennent rejoindre le groupe.

L'important, c'est que l'action crée un stimulus, pour faire réagir, au lieu de laisser dans l'apathie totale qui permet à la société de perdurer telle quelle. Que la réaction soit défensive, qu'elle semble négative, ça n'a pas d'importance. Personne ne se met à manger plus de viande qu'avant, après avoir assisté à une telle action...Au pire, ils se diront "Mais ils sont fous, ces gens-là ! La vraie solution, c'est la viande heureuse. D'ailleurs, c'est décidé, à partir de maintenant, je mangerai moins de viande, et uniquement de la bio... Mais je vais pas devenir végétarien, ils sont fous !..." (sachant que c'est, pour beaucoup de monde, le premier pas inconscient vers le végétarisme...).
Au mieux, ça créera le choc et la révélation espérée, même si elle est rare.
Et entre les deux, ça provoquera tout simplement des débats sur le sujet, entre personnes intéressées et personnes réfractaires, alors que le sujet est habituellement victime d'un tabou absolu, et même si ça créera des réactions mouvementées, plus il y aura de mouvement dans toutes les cervelles, plus on ne pourra que s'acheminer petit à petit vers la seule conclusion logique : Il faut arrêter de manger les animaux.

Voilà pourquoi je pense que, même si ça fait peur, même si les participants sont pris pour des illuminés, au final, sur une vue d'ensemble sur le moyen terme, ça reste quelque chose de positif. Toujours plus positif que le mutisme.

(Edit : Toute cette réflexion n'empêche pas que je pense qu'il y a sûrement moyen d'optimiser le principe des happenings pour créer un intérêt plus fort. Il y a sûrement moyen de renouveler un peu tout ça. J'aime bien le coup des zombies de Droit des Animaux, par exemple.)
 
Pour ma part, je ne suis pas non plus particulièrement pour la provocation et typiquement ce genre d'action ne me plaît pas. Je préfère amplement un vrai débat autour d'une table (un peu comme la conférence "Animals Should Be Off The Menu"), je trouve ça plus intelligent, plus stimulant.

Mais je suis dans le regret de reconnaître que c'est souvent qu'avec ce genre de mise en scène qu'on arrive à toucher les gens. La preuve, d'une manière positive ou négative, on en parle, c'est que donc on touche un minimum les gens, donc on les force à y réfléchir. Et c'est comme ça pour tout j'ai l'impression. Je trouve ça dommage qu'il faille en arriver là pour faire réagir..
 
Je vais faire très court : Je n'ai jamais participé à aucune manif jusqu'à présent, en premier lieu par une relative phobie de la foule, et parce que pendant longtemps je ne voyais pas l'utilité "efficace" de la chose du point de vue fédérateur ; c'est justement là où je veux en venir, ce n'est pas le but de manif *pride que de fédérer, mais avant tout il s'agit de manifester son existence, faire voir que des gens comme ça existent, vivent, pensent et réfléchissent.

Alors certes je me demande encore (ça n'engage que moi) pourquoi un tel besoin de "fierté" (pride) d'être végé/homo/barbu, et de le montrer... Mais je reconnais l'importance que ça peut revêtir pour d'autres.

Après pour des actions plus mises en scènes, les "happening" (je pense) entre autre, je ne les mettrait pas toutes dans le même sac.

Ceci est très bien de mon point de vue : https://www.youtube.com/watch?v=dvSZ5lyMj7A

Ceci moins (toujours de mon point de vue) : https://www.youtube.com/watch?v=moyNoweEAho
 
Il s'agit plus de manifester pour des droits que parce que l'on est fier d'être gay, végé etc ..
 
V3nom":39nzgxon a dit:
Je vais faire très court : Je n'ai jamais participé à aucune manif jusqu'à présent, en premier lieu par une relative phobie de la foule, et parce que pendant longtemps je ne voyais pas l'utilité "efficace" de la chose du point de vue fédérateur ; c'est justement là où je veux en venir, ce n'est pas le but de manif *pride que de fédérer, mais avant tout il s'agit de manifester son existence, faire voir que des gens comme ça existent, vivent, pensent et réfléchissent.

Alors certes je me demande encore (ça n'engage que moi) pourquoi un tel besoin de "fierté" (pride) d'être végé/homo/barbu, et de le montrer... Mais je reconnais l'importance que ça peut revêtir pour d'autres.

Mais... Tu as lu le site de la Veggie Pride, et le manifeste sur la végéphobie ?... (Je suis super étonné de cette remarque, venant de toi, en fait.)
http://veggiepride.ch/wordpressdata/wp- ... bie_fr.pdf
C'est pourtant clair : Les végétariens passent leur temps à se taire, ou à faire croire qu'ils sont végétariens pour raison personnelle/santé/écologiques, ou à croire eux-mêmes que la raison éthique n'est pas défendable, ou à minimiser la raison éthique d'une manière ou d'une autre. Ils passent leur temps, dans leur immense majorité, à vivre leur végétarisme en position défensive. A cause de quoi ? A cause des moqueries continuelles et autres réactions de défense carniste, qui les poussent à juste chercher de vivre leur végétarisme tranquille. Et ça, c'est dans le meilleur des cas. Parce que dans le pire des cas, ils font simplement marche arrière, renoncent à leur végétarisme, parce que c'est trop compliqué, parce qu'ils se disent qu'ils ont sûrement tort, ils sont trop sensibles, tout le monde ne peut pas se tromper en même temps, ça doit pas être si grave que ça, et les médecins ont sûrement raison, etc. etc. Sans compter, bien sûr, ceux qui ne feront jamais le pas, justement en prévision de tout ça. Bref, LA PRESSION SOCIALE EST ENORME ! (Cf. l'expérience de Asch.). Et c'est un facteur non négligeable pour freiner la montée du végétarisme. Et c'est quelque chose qui reste même quand on a compris que nos raisons sont rationnelles et valables. Parce que oui, même quand on est végé/vegan convaincu, qu'on sait qu'on a raison et qu'on ne fera pas marche arrière, on a encore une peur sourde de s'impliquer encore plus, d'affronter le regard des autres, surtout des carnistes qui vont nous considérer comme des crétins, nous ridiculiser en public, peut-être nous insulter, et j'en passe... Et cette peur, on la gonfle, on la gonfle, on s'imagine tout simplement des choses qui n'arrivent pas. Du coup, on préfère ne pas se montrer.
Et je peux te dire que cette peur, je l'ai bien ressentie, à ma première manif, la Marche Pour la Fermeture des Abattoirs... J'ai passé une heure ou deux, à me faire passer pour un passant lambda, à longer la manif sur le trottoir pour les jauger, voir s'il s'agissait de gros racistes à la Bardot, ou que sais-je... Bref, ne pas subir le même regard qu'eux de la part des passants... Une végéphobie parfaitement intégrée. Et il m'a fallu quelques manifs de plus pour me sentir plus à l'aise au milieu de la foule. Alors que paradoxalement, les grosses manifs à vocation "humaine" (une manif féministe, et deux pour le mariage pour tous) ne m'ont absolument pas donné ce sentiment. Oui, dans les manifs "pour les humains", j'étais déjà, à la base, content et fier d'y être.
Mais dans les manifs pour les animaux ?... Non... Je me sentais con, je me sentais méprisé par les spectateurs. Et je n'avais pas envie de scander les slogans. La végéphobie était là, profondément ancrée, et elle a eu un mal fou à se dissiper avec le temps...(Et je suis encore loin d'être guéri : Chaque fois que je colle un autocollant pro-végé quelque part, ne serait-ce que sur ma voiture, je ressens encore cette peur du "Qu'est-ce qu'on va penser de moi ?... Qu'est-ce qu'on va me dire ?...".)

Donc c'est ça, et juste ça, le principe de la Veggie Pride : Montrer à la société qu'il n'y a pas de honte à être végétarien pour les animaux, que la société doit nous respecter, qu'on ne se taira pas, et que le million et demi de végétariens Français, qui est bizarrement à peu près invisible, pourrait lui aussi être fier de son choix et en parlant à voix haute. Parce qu'afficher sa fierté, c'est avant tout un moyen de lutter contre la honte paralysante qu'on nous force à intégrer. Si ne serait-ce que cent mille végétariens pour les animaux se réunissaient un jour pour une manif, je peux dire que oui, ça aurait d'un coup un énorme impact sur la société et sur la prise en compte des intérêts des autres animaux. On ne serait certainement plus très loin de l'abolition.

(Et bien sûr, le parallèle avec la Gay Pride est flagrant. Les homos ont pu être plus respectés par la société, oser mieux vivre leur homosexualité sans se cacher, à partir du moment où certains ont osé se montrer et ne plus se renier. Sachant que dans les pires cas d'homophobie auto-intégrée, on trouve des homos qui pensent être malades, qui cherchent à se faire soigner, qui assument tous les maux dont on les accuse, qui ne veulent pas se marier ou avoir d'enfant pour ne pas menacer la société et le bonheur des enfants, qui se suicident, etc. Et c'est bien là-dedans que le concept de fierté à affirmer face à la société prend tout son sens.
Et la fierté, c'est finalement un concept commun à beaucoup de manifs. Peut-être toutes.)

V3nom":39nzgxon a dit:
Après pour des actions plus mises en scènes, les "happening" (je pense) entre autre, je ne les mettrait pas toutes dans le même sac.

Ceci est très bien de mon point de vue : https://www.youtube.com/watch?v=dvSZ5lyMj7A

Ceci moins (toujours de mon point de vue) : https://www.youtube.com/watch?v=moyNoweEAho
Ça, c'est clair.
 
Pers0nne, tu as oublié ma dernière phrase :p :

V3nom":1l5lvx9b a dit:
Mais je reconnais l'importance que ça peut revêtir pour d'autres.

C'est surtout que pour moi, c'est comme afficher une espèce de "particularité", et du coup j'ai un petit peu tendance à voir ce type de rassemblement (je parle de la cohorte publique, pas des à coté, comme les conférences qui sont primordiales) comme une sorte de contraire de l'intégration désirée... (pour moi hein, ça n'annule pas ce que j'ai quoté)

Ceci dit, faute de mieux, il faut bien faire quelque-chose, j'entends bien. (tiens voilà ce que m'évoque la veggie pride : "faute de mieux")

Quant au parallèle avec la gay pride, plus qu'évident, j'le fait aussi naturellement (avec un peu le même questionnement), par contre je pense sincèrement que la "progression de respect" observée n'est qu'une façade polie... Suffit de voir les récents "zévènements"...
 
Personnellement plus j'avance dans l'horreur insondable de la condition animale, plus j'ai envie de clamer haut et fort ma fierté d'être (devenue) vegan... Au jour d'aujourd'hui et vu l'énormité des abominations, je suis d'avis que pratiquement toute action en faveur de tous ces êtres sans-capacité-de-langage-humain est bonne à prendre. Après chacun.e sera influencé.e ou pas par le ou les actions qui le/la sensibilisera. Voilà, c'est mon avis (de gentille révoltée).
 
V3nom,

Oui, mais on n'affiche pas notre "fierté" pour nous, on affiche notre "fierté" pour la société, pour que la société nous reconnaisse et que les végétariens qui découvrent son existence cessent d'être honteux. C'est pas une fierté à garder juste pour soi, c'est une fierté à propager. Tout comme la Gay Pride. Les gens qui ont déjà cette "fierté" n'ont évidemment pas besoin de la montrer, ils résistent déjà tout à fait bien à la pression sociale, ils la montrent pour les autres, pour que la société carniste cesse de se croire capable de nous rabaisser et pour les végés qui n'osent pas.

Et la Veggie Pride, c'est pas juste un truc "pour faire quelque chose plutôt que rien", c'est le fruit d'une vraie réflexion collective. Le choix du nom et du concept n'a rien d'anodin. Le concept de végéphobie non plus n'a rien d'anodin, et c'est bien le discours qui est associé à la Veggie Pride : Souligner la végéphobie. (Même qu'y avait plein de fascicules sur la Végéphobie à récupérer et distribuer.)
(Tu l'as lu, quand même ?...)
Si c'était "plutôt que rien", ça n'aurait tout simplement pas ce nom là, et ça serait un happening comme les autres. Ou "Une manifestation pour les animaux" comme celle-ci.

Quant à l'intégration, justement, ça n'est pas l'intégration qui est vraiment voulue, c'est plus la lutte contre la force opposée, donc la propagation du mouvement végé. Pas juste poser quelques végétariens bien cachés qu'on laisse vivre tranquilles au milieu des autres carnistes. Parce que l'intégration, c'est bien ce qu'on a aujourd'hui : On a le droit d'être végétarien, à condition de ne faire chier personne.
Tout comme les bons étrangers bien intégrés. Un bon étranger bien intégré est un étranger qui n'a aucun accent, qui porte un tailleur ou un costume cravate et mange son steak frite tous les midis (et une tranche de jambon en entrée). Le bon étranger bien intégré, c'est celui qu'on ne voit pas.


Pour moi, c'est plus qu'évident que l'homophobie a diminué ces dernières années. Evident. Je vais me répéter mais... Il y a 20/25 ans, pour tout le monde (et pour les médecins), les homosexuels étaient des malades mentaux. L'amalgame "pédophilie = homosexualité" venait à l'esprit de tout le monde. Il aurait été impensable de laisser des homos avoir des enfants. Les homos étaient les inventeurs du SIDA. Etc. Et j'en passe. Moi-même, j'ai bien vu ma mentalité évoluer, ainsi que celle de mes proches. Ce qu'on a vécu ces derniers temps, c'est tout simplement le réflexe de défense face au dernier bastion de l'homophobie. Le dernier (ou quasiment). Après ça, il n'y a plus rien (au niveau de l'égalité de droits, en tout cas). C'est normal que la dernière réplique soit violente. Mais ces gens-là, il y a 20/25 ans étaient certainement de bien pires homophobes qu'ils ne le sont aujourd'hui. Et dans cinq ans, ils le seront encore moins.
 
Je réponds à la question initiale de Miquette : très rares sont les prises de conscience immédiate ; pour influer sur les gens je crois au phénomène de la goutte d'eau sur la pierre. Un happening croisé dans la rue, une discussion avec un végétalien de son entourage, un reportage sur la barbarie des abattoirs, un bon repas dans un resto végé, la lecture d'un article sur la Veggie Pride (ou sur l'impact écologique de la viande), une star végé vue à la télé... A la longue, l'omnivore sans réflexion peut passer de son inconscience béate à la prise de conscience qu'il existe des alternatives, puis à l'idée que ça peut le concerner, puis à l'étape où il cherche comment agir dans le sens de ce qu'il a compris...
Chaque goutte d'eau paraît sans effet, mais à force elles creusent la pierre.
Bien sûr il restera toujours des gens complètement imperméables à tout.
 
Je sais tout ça Pers0nne déjà (et oui j'ai déjà lut tout ces trucs), mais ça ne m'empêche pas de penser ce que je pense de mon point de vu 1000% personnel concernant le symbole de la cohorte banderolée sur la voie publique. (je fais le distinguo avec une manif revendiquant une chose précise)

Ceci dit, je voulais à la base faire court pour ne pas avoir à justifier mon point de vue qui n'engage (normalement) que moi... C'est un échec cuisant.

Et je me doute bien que c'est "pour les autres", sinon à quoi bon défiler xD (j'ai l'air si con que ça ?)

Pers0nne":5f36oy7b a dit:
Parce que l'intégration, c'est bien ce qu'on a aujourd'hui : On a le droit d'être végétarien, à condition de ne faire chier personne.

Toi qui est un gros déprimé notoire, j'te trouve vachement optimiste sur ce coup-là.

Pers0nne":5f36oy7b a dit:
Tout comme les bons étrangers bien intégrés. Un bon étranger bien intégré est un étranger qui n'a aucun accent, qui porte un tailleur ou un costume cravate et mange son steak frite tous les midis (et une tranche de jambon en entrée). Le bon étranger bien intégré, c'est celui qu'on ne voit pas.

C'est pas l'intégration que tu décris, c'est l'assimilation. Et je ne parle justement pas d'assimilation. (bon j'ai parlé d'intégration faute d'un meilleur terme opposé à l'exclusion/discrimination dont souffrent en gros tous les végés)
 
Oui, "c'est un échec cuisant", parce que tu présentes la "fierté" de ces manifs comme si les gens qui y participent sont là pour se sentir fiers eux-mêmes. Et puis ta réflexion sur la Gay Pride m'étonne, en fait, puisque tu présentes ça comme si tu ne comprenais pas le discours sous-jacent, comme si tu voyais ça comme des gens qui sont fiers pour être fiers. Alors qu'en fait si, tu comprends. Alors je ne vois pas pourquoi tu précises que c'est ta vision personnelle de la fierté. Tu pourrais dire que tu te demandes si c'est bien efficace, et non pas te demander pourquoi il y a ce besoin. ("Alors certes je me demande encore (ça n'engage que moi) pourquoi un tel besoin de "fierté" (pride) d'être végé/homo/barbu, et de le montrer... Mais je reconnais l'importance que ça peut revêtir pour d'autres.")

Quand je dis "On a le droit d'être végétarien, à condition de ne faire chier personne.", je tiens compte du fait que "faire chier personne" a un sens très malléable selon le contexte... (Du genre "Oh, tu vas pas faire chier tout le monde à notre mariage en mangeant végétarien, quand même ! Tu peux faire une exception !", ou "Oh, tu vas pas faire chier les médecins alors qu'eux ne peuvent se soigner que si tu manges de la viande !", ou "Oh, tu vas pas faire chier ces gens qui ont la gentillesse de t'inviter !", ou "Oh, tu vas pas faire chier la cantoche qui doit bien nourrir tout le monde !", etc.). C'est là toute l'astuce.

(Et au passage, je pense que pour te faire une opinion plus objective de l'intérêt d'une manif, il faudrait justement que tu prennes sur toi d'y participer, au moins une fois ou deux. Tant que tu n'y participes pas, par souci d'affirmation de ta cohérence, ton jugement sur la manif elle-même sera toujours orienté par le fait que tu éprouves de la gêne, une répulsion -pas forcément rationnelle- à l'idée d'y participer.
Ça n'est pas un jugement, c'est ce qu'on fait tous. Et je crois même que tu avais posté un lien sur le sujet.)
 
En fait mno questionnement n'est pas du tout concernant les participants et ce qu'ils en pensent, mais l'image qu'ils renvoient à ceux qui ne participent pas.
C'est en ce sens que je parle d'affichage d'une "particularité" (car ça l'est du coup, puisque c'est le thème même du rassemblement, tout comme le fait d'être homo), fièrement ou pas d'ailleurs, et c'est cette particularité soulignée qui me laisse circonspect.

Mais bref, j'ai vraiment pas envie d'en débattre là... (je regrette presque d'avoir commencé à poster)
 
Merci à tous pour vos réponses, je crois que je comprends un peu mieux les raisons qui peuvent motiver de telles manifs.
Effectivement, je comprends aussi l'idée de "la goutte d'eau" qui doit s'ajouter aux autres pour permettre une prise de conscience.

Je reste toutefois d'accord avec V3nom qui affirme "mon questionnement n'est pas du tout concernant les participants et ce qu'ils en pensent, mais l'image qu'ils renvoient à ceux qui ne participent pas." Je reste persuadé que l'image est souvent négative (et non pas neutre, négative). Je continue vraiment de croire que ça peut braquer des personnes et les empêcher (les ralentir) d'entrer dans la réflexion.
 
Tu ne peus pas faire une généralitée des happenings avec celui que tu as vue, certain sont plus réussit d'autre plus ou moins efficace .

Bref il est totalement possible d'en réaliser sans passer pour de fou extrêmiste et de toucher la population .
 
Raphale":37f5vxn4 a dit:
Tu ne peus pas faire une généralitée des happenings avec celui que tu as vue, certain sont plus réussit d'autre plus ou moins efficace .

Bref il est totalement possible d'en réaliser sans passer pour de fou extrêmiste et de toucher la population .

Hmmm... j'ai bien signalé qu'il s'agissait d'un happening sur lequel je suis tombée pour le première fois par hasard; mais sinon, pour y êtes allée volontairement, j'en ai vu pas mal, j'ai vu aussi énormément de vidéos... je ne veux en aucun cas faire une généralité sur un seul cas.
En fait si tu veux, mon raisonnement c'est un peu: les passants les voient que 10/15 minutes (et encore je suis généreuses, généralement le passant ne fait que...passer) et se trouvent confrontés à un discours qui est à 100 000 lieues de ce qu'ils pensent eux-mêmes. Je ne pense pas que cette courte durée leur permet de se remettre en question, je pense au contraire qu'ils vont se sentir en décalage avec ce qu'ils voient ou entendent: la musique macabre, la tristesse (que bien sûr je partage!) face à la réalité, les slogans... sont à leurs yeux inappropriés (ou disproportionnés) par rapport à ce qu'ils estiment être tout à fait normal à leur yeux (viande, tests sur animaux...)
Alors oui, il y a certainement des actions assez bien faites pour qu'en très peu de temps une personne qui la voit comprenne le message directement et se remette en question. Mais dans ce cas, je pense que c'est aussi le cas d'une bonne affiche...
 
En fait le plus ennuyeux pour faire passer un message avec un évènement qui, par définition, vient "de force" aux yeux et aux oreilles des gens qui ne l'ont pas cherché.
Après certes c'est effectivement pour briser le coté "foutez-nous la paix, on veut rien savoir", mais étant donné que ça ne doit parler qu'à des gens qui ont déjà entamé eu ou prou cette réflexion, combien ça doit en braquer ou leur donner une image véhémente, folle et hystérique (impopularité qui se propage certainement plus facilement et vite que l'aspect philosophique, le débat politique ou les questions légales)

Le gain est vraiment difficile à évaluer auprès des "passants"...
 
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