Sujet hyper paradoxal pour moi.
Bien qu'issue de classes populaires, j'ai eu la chance d'avoir une mère qui lisait beaucoup, était extrêmement attachée à l'usage du bon vieux dico, et une grand-mère ancienne institutrice, qui m'a appris à lire, à écrire, et à apprécier notre langue sans la dénaturer.
J'ai donc spontanément tendance à être horrifiée par cette réforme qui "massacre" un certain nombre de mots.
Et pourtant, je dois bien admettre que s'attacher ainsi à des règles orthographiques complètement dépassées est élitiste, et mes convictions personnelles égalitaristes sont révoltées à l'idée d'être élitiste.
Je suis donc tiraillée entre mon éducation, qui m'a appris à aimer les livres et la belle langue, et celle que je suis devenue aujourd’hui, mes convictions donc.
Mais aussi tiraillée entre mon amour des grandes belles phrases alambiquées, et mon envie de simplicité qui me fait par ex. trouver la langue anglaise fascinante, avec sa façon incroyable d'aller à l'essentiel, sa clarté, et sa capacité à créer des néologismes qui sont totalement inenvisageables en français, à cause justement de cette foutue Académie Française qui s'entête à tout garder figer.
Et, pour une fois qu'elle réforme, qu'elle fait avancer notre langue, je n'arrive pas à être d'accord avec elle. Si ça c'est pas paradoxal...
En même temps, j'ai toujours détesté l'Académie Française, ce qu'elle représente (c'est une rémanence de la royauté et du totalitarisme tout de même, bordel !), et je l'ai toujours trouvé inutile et franchement emmerdante.
Et donc, je déteste suprêmement l'idée que cette institution, qui représente à peu près tout ce qui me débecte dans notre pays, nous impose cette réforme. Et je trouve ça d'autant plus absurde qu'elle date d'un demi-siècle, cette réforme. Si elle était cohérente, elle serait petit à petit passée dans l'usage courant, sans besoin de forcer la main aux enseignants.
Donc je continuerais à écrire les mots avec leurs anciennes graphies, et j'essaierais de ne pas être chiante avec les gens qui utiliseront la nouvelle.
Mais je comprends tout à fait les deux partis, les pour et les contre, parce qu'au final je suis un peu dans les camps.
Mais je crois que c'est un de mes gros problèmes, le fait d'arriver à comprendre les deux points de vue, et ce dans de nombreux domaines.
J'espère sincèrement qu'une guerre ne va pas éclater sur notre territoire demain, parce qu'à part si un des deux camps a une position totalement abusée, je serais bien incapable de choisir un camp...
Mais peut-être que la mesure fait aussi partie de mon éducation...