Le mensonge et ses limites! (suite de la discussion)

Là je pense qu'il serait intéressant de lire le reste de Kant parce que j'ai du mal à trouver une quelconque justification à une telle affirmation, prise hors-contexte O__o
 
Grenadine":2nxcwhp8 a dit:
Là je pense qu'il serait intéressant de lire le reste de Kant parce que j'ai du mal à trouver une quelconque justification à une telle affirmation, prise hors-contexte O__o
L'affirmation se situe dans le caractère absolu du bien et du mal, selon Kant. C'est une conception de l'éthique, dite déontologique, qui se conçoit indépendamment de toute conséquence qui pourrait résulter de nos actions. On peut le justifier en disant que si on commence à "brader" la morale en fonction des situations particulières ("j'ai menti, mais c'était pour ton bien"), on peut arriver à justifier beaucoup d'actions qui a priori pourraient être inacceptables, et on fait de la morale, une morale subjective (ce qu'elle est mais Kant cherchait l'universalisme je crois). Donc au plan théorique et philosophique, ça se tient. Dans la réalité bien plus complexe, c'est plus difficile.

N'empêche que rendre relative l'éthique aux conséquences de nos actions (une action est bonne si ses conséquences sont bonnes), l'éthique téléologique, est tenable aussi mais introduit la possibilité de la manipulation éthique... Par exemple, si on anesthésie un animal avant de le tuer pour le manger, on peut dire que l'action est éthique, puisqu'aucune souffrance ne résulte de la mort de cet animal (si on tue tout le troupeau a fortiori, comme ça personne n'est triste parmi ses congénères) et que je le fais pour nourrir des personnes. Le problème de cette éthique vient que les conséquences d'une action ne sont jamais complètement bonnes, ni complètement mauvaises, en fonction des gens. Une entreprise qui pollue pour produire est une action positive pour elle et ses actionnaires, ses clients, mais pas pour les riverains (qui parfois sont aussi actionnaires et clients...).

Bref, le sujet est complexe et il n'y aura jamais de réponse absolue... C'est pas pour rien que les philosophes de tout bois conversent dessus depuis des millénaires...
 
cépafo bonjour
+1 Pas une virgule à changer!
Un mouvence protestante (dont je ne me rappelle plus la dénomination), à l'époque des persécutions, préférait mourir plutôt que de mentir. (En théologie chrétienne, le satan est considéré comme le père du mensonge)
 
Grenadine":1b4ydhu5 a dit:
Là je pense qu'il serait intéressant de lire le reste de Kant parce que j'ai du mal à trouver une quelconque justification à une telle affirmation, prise hors-contexte O__o
Emmanuel Kant
Texte tiré des Fondements de la métaphysique de moeurs, section II, AK IV, 422
"Un individu dans le besoin est poussé à emprunter de l'argent. Il sait parfaitement qu'il ne pourra pas le rendre, mais il sait aussi bien qu'il ne trouvera pas de prêteur s'il ne s'engage pas formellement à rembourser dans un temps déterminé. Il a envie de faire cette promesse ; mais il a encore assez de conscience pour se demander s'il n'est pas défendu et contraire au devoir de se tirer d'embarras par un tel moyen. Supposons qu'il se décide néanmoins à prendre le parti de la fausse promesse, la maxime de son action se traduirait ainsi : quand je crois avoir besoin d'argent, j'en emprunte en promettant de le rembourser, quoique je sache pertinemment que je ne le rembourserai jamais. Or, ce principe de l'amour de soi ou de l'utilité personnelle est peut-être conforme à l'intérêt, mais la question ici est de savoir si ce principe est juste ? Je convertis donc cette exigence de l'amour de soi en une loi universelle. Je vois aussitôt qu'elle ne peut revêtir le caractère de loi universelle de la nature sans se contredire et se détruire elle-même. En effet, admettre comme une loi universelle que chacun peut, quand il croit être dans le besoin, promettre ce qu'il lui plaît, avec l'intention de ne pas tenir sa promesse, ce serait rendre impossible toute promesse et le but qu'on peut se proposer par là, puisque personne n'ajouterait plus foi aux promesses, et qu'on en rirait comme on le fait de vaines feintes."
 
Dagoh":2xpvjcp8 a dit:
(Je n'ai pas lu la discussion, juste le dernier message)

arf!":2xpvjcp8 a dit:
Le Père Noel est un mythe, pas un mensonge. Le mensonge a un but nuisible, ou du moins négatif. J'ai du mal à comprendre l'utilité sociale du mensonge qui me blesse particulièrement :s.

Je reviendrai lire cette discussion.
Je ne crois pas que le mensonge ait nécessairement un but nuisible, puisqu'on peut très bien mentir pour, au contraire, préserver la personne à qui l'on ment, par exemple.

A propos du mensonge, Kant disait qu'il ne faut jamais mentir, sur quoi que ce soit, même si un meurtrier nous demande où se terre sa proie. Je pense que ça a à voir avec son impératif catégorique ou quelque chose dans le genre.
J'ai déjà réfléchi à cette façon de positiver le mensonge. Je préfère savoir. Ou alors s'il faut ne pas dire on garde le silence -mensonge par omission- mais je ne considère pas cela comme un mensonge mais plutôt comme de la délicatesse par ex..

Je suis théoriquement de l'avis de Kant par contre ce n'est pas viable dans notre société. Le mensonge fait partie des relations sociales.
 
janic":1pjq929w a dit:
cépafo bonjour
+1 Pas une virgule à changer!
Un mouvence protestante (dont je ne me rappelle plus la dénomination), à l'époque des persécutions, préférait mourir plutôt que de mentir. (En théologie chrétienne, le satan est considéré comme le père du mensonge)
Je pense qu'on ment souvent par peur d'assumer ce qu'on pense, ce qu'on fait, etc. A partir du moment où on fait attention à soi et aux autres, où l'honnêteté et la sincérité sont présentes, on assume. Et pas besoin de mentir :)

Mentir pour le bien d'un autre, j'ai du mal à accepter cette démarche.
 
arf bonsoir
on garde le silence -mensonge par omission-
Le silence ne peut pas être considéré comme un mensonge, puisque dans un mensonge il y a intention de tromper. Le silence ne cherche à tromper personne. (pour l'histoire du Père Noël, même si l'on se réfère à un mythe alors qu'il n'est pas présenté comme tel, il y a intention de tromper.)
 
oui oui arf, je n'étais simplement pas d'accord sur le fait que le mensonge a nécessairement un but nuisible.
 
janic":3np6zszz a dit:
arf bonsoir
on garde le silence -mensonge par omission-
Le silence ne peut pas être considéré comme un mensonge, puisque dans un mensonge il y a intention de tromper. Le silence ne cherche à tromper personne. (pour l'histoire du Père Noël, même si l'on se réfère à un mythe alors qu'il n'est pas présenté comme tel, il y a intention de tromper.)
Je vois le Père Noël comme un mythe constructif appartenant à notre histoire, comme le sont les mythes religieux. Et pas un mensonge construit dans le but de faire du mal à l'enfant.

Cependant je comprend ton argument. De mon côté j'ai été élevée dans l'idée que le Père Noël est un monsieur déguisé et que c'est un mensonge des parents aux enfants et donc mal, et j'ai eu l'impression que le mal venait non pas du mensonge lié au père noel mais au fait de m'empêcher d'y croire systématiquement chaque année.
 
Dagoh":4afuzxux a dit:
oui oui arf, je n'étais simplement pas d'accord sur le fait que le mensonge a nécessairement un but nuisible.
Quand dirais tu que le mensonge n'a pas un but nuisible ?
Je cherche sans trouver... (A part cacher une maladie grave, et encore je trouve ça complètement immoral et même irrespectueux).
 
Par exemple si une amie me demande si elle a grossi, que je trouve que c'est le cas et que je pense que le lui avouer la blesserait, et que je décide donc de lui mentir en lui disant que non.

edit: ou même plus simplement, pour reprendre l'exemple que j'avais donné au sujet de Kant, mentir à un assassin sur l'endroit où se cache sa victime
 
Dagoh":3ly831lk a dit:
Par exemple si une amie me demande si elle a grossi, que je trouve que c'est le cas et que je pense que le lui avouer la blesserait, et que je décide donc de lui mentir en lui disant que non.

edit: ou même plus simplement, pour reprendre l'exemple que j'avais donné au sujet de Kant, mentir à un assassin sur l'endroit où se cache sa victime
En ce qui concerne ton amie tu te projettes complètement :) Je veux dire que si tu étais à sa place tu serais probablement blessée si on te faisait remarquer un sur-poids.

Ce que je vois moi c'est que ton amie te pose une question en attendant probablement une réponse sincère, la sincérité étant une qualité qu'on peut attendre d'une amie justement.
C'est en lui mentant que tu la blesseras. Enfin c'est ma position.

Pour Kant je ne comprends pas bien l'exemple cité étant donné qu'il signifie que tu sais à l'avance que l'assassin va tuer la victime, alors que ce n'est pas encore fait ? Le problème est ailleurs : empêchons le futur assassin d'agir et il n'y aura pas de victime :p
 
arf!":1310d2u4 a dit:
Dagoh":1310d2u4 a dit:
Par exemple si une amie me demande si elle a grossi, que je trouve que c'est le cas et que je pense que le lui avouer la blesserait, et que je décide donc de lui mentir en lui disant que non.

edit: ou même plus simplement, pour reprendre l'exemple que j'avais donné au sujet de Kant, mentir à un assassin sur l'endroit où se cache sa victime
En ce qui concerne ton amie tu te projettes complètement :) Je veux dire que si tu étais à sa place tu serais probablement blessée si on te faisait remarquer un sur-poids.

Ce que je vois moi c'est que ton amie te pose une question en attendant probablement une réponse sincère, la sincérité étant une qualité qu'on peut attendre d'une amie justement.
C'est en lui mentant que tu la blesseras. Enfin c'est ma position.

Pour Kant je ne comprends pas bien l'exemple cité étant donné qu'il signifie que tu sais à l'avance que l'assassin va tuer la victime, alors que ce n'est pas encore fait. Le problème est ailleurs : empêchons le futur assassin d'agir et il n'y aura pas de victime :p
 
arf!":2e53qu4m a dit:
C'est en lui mentant que tu la blesseras.
Si je décide de lui mentir, c'est qu'elle n'est pas sensée savoir que je mens, donc elle ne peut pas être blessée que je lui mente.

arf!":2e53qu4m a dit:
En ce qui concerne ton amie tu te projettes complètement :) Je veux dire que si tu étais à sa place tu serais probablement blessée si on te faisait remarquer un sur-poids.
Peut-être mais ce n'est pas le problème : en lui mentant je cherche à ne pas la blesser, l'intention est là.

arf!":2e53qu4m a dit:
Pour Kant je ne comprends pas bien l'exemple cité étant donné qu'il signifie que tu sais à l'avance que l'assassin va tuer la victime, alors que ce n'est pas encore fait ? Le problème est ailleurs : empêchons le futur assassin d'agir et il n'y aura pas de victime :p
Quelqu'un qui est en colère et dont je suis presque sûr qu'il cherche à tuer la personne qu'il poursuit avec un couteau.
 
arf bonjour
Je vois le Père Noël comme un mythe constructif appartenant à notre histoire, comme le sont les mythes religieux.
Tous les mythes ont une valeur éducative par les symbôles qu'ils portent. En l'occurence quel est le symbôle en question?
Et pas un mensonge construit dans le but de faire du mal à l'enfant
Je suis bien d'accord sur ce point.
Observes une réunion de Noël et qu'y remarques-tu? Les yeux des...parents s'illuminent (plus guère ceux des enfants qui sont saturés de cadeaux tout au long de l'année).
Cependant je comprend ton argument. De mon côté j'ai été élevée dans l'idée que le Père Noël est un monsieur déguisé et que c'est un mensonge des parents aux enfants et donc mal,
En effet, un psy (dont j'ai oublié le nom) disait que pour l'enfant qui découvre que ses parents lui ont menti ceux-ci ne sont plus fiable à ses yeux.
et j'ai eu l'impression que le mal venait non pas du mensonge lié au père noel mais au fait de m'empêcher d'y croire systématiquement chaque année.
Encore d'accord, l'enfant non bercé dans cette illusion (que d'autres appellent émerveillement) peut ressentir une frustration de ne pas être comme les autres enfants.
 
Dagoh":m7f1bp96 a dit:
arf!":m7f1bp96 a dit:
C'est en lui mentant que tu la blesseras.
Si je décide de lui mentir, c'est qu'elle n'est pas sensée savoir que je mens, donc elle ne peut pas être blessée que je lui mente.

arf!":m7f1bp96 a dit:
En ce qui concerne ton amie tu te projettes complètement :) Je veux dire que si tu étais à sa place tu serais probablement blessée si on te faisait remarquer un sur-poids.
Peut-être mais ce n'est pas le problème : en lui mentant je cherche à ne pas la blesser, l'intention est là.

arf!":m7f1bp96 a dit:
Pour Kant je ne comprends pas bien l'exemple cité étant donné qu'il signifie que tu sais à l'avance que l'assassin va tuer la victime, alors que ce n'est pas encore fait ? Le problème est ailleurs : empêchons le futur assassin d'agir et il n'y aura pas de victime :p
Quelqu'un qui est en colère et dont je suis presque sûr qu'il cherche à tuer la personne qu'il poursuit avec un couteau.
Sauf que si elle te pose la question c'est que elle est prète à entendre qu'elle a grossi sans être vexée. Ou alors elle cherche juste un compliment pour s'auto confirmer qu'elle a le poids idéal. (Voilà un bel exemple de communication sociale que je ne comprends pas : si mon amie a grossi et me pose la question je répondrai : OUI ;) )
 
janic":1ltwp55a a dit:
arf bonjour
Je vois le Père Noël comme un mythe constructif appartenant à notre histoire, comme le sont les mythes religieux.
Tous les mythes ont une valeur éducative par les symbôles qu'ils portent. En l'occurence quel est le symbôle en question?
Et pas un mensonge construit dans le but de faire du mal à l'enfant
Je suis bien d'accord sur ce point.
Observes une réunion de Noël et qu'y remarques-tu? Les yeux des...parents s'illuminent (plus guère ceux des enfants qui sont saturés de cadeaux tout au long de l'année).
Cependant je comprend ton argument. De mon côté j'ai été élevée dans l'idée que le Père Noël est un monsieur déguisé et que c'est un mensonge des parents aux enfants et donc mal,
En effet, un psy (dont j'ai oublié le nom) disait que pour l'enfant qui découvre que ses parents lui ont menti ceux-ci ne sont plus fiable à ses yeux.
et j'ai eu l'impression que le mal venait non pas du mensonge lié au père noel mais au fait de m'empêcher d'y croire systématiquement chaque année.
Encore d'accord, l'enfant non bercé dans cette illusion (que d'autres appellent émerveillement) peut ressentir une frustration de ne pas être comme les autres enfants.
Je prends le mythe non pas au sens philosophique propre mais au sens histoire qui se raconte. Je trouve positif personnellement que l'espace imaginaire propre à l'enfance puisse exister quelques heures réellement, et soit respectée par les adultes. Je trouve cela psychologiquement sain d'avoir cette liberté. Idem Saint Nicolas, la petite souris, etc.. En grandissant les enfants comprennent petit à petit que ce n'est pas vraiment réel mais beaucoup tentent d'y croire encore parce que ça leur fait du bien je pense.

Tous les enfants ne sont pas saturés de cadeau. Pour beaucoup de gens noël est avant tout synonyme de repas de famille, mais là je m'éloigne du sujet père noel ;)

En psychologie absolument tout s'interprète et s'analyse, donc je crois volontiers ce monsieur. Par contre, tout le monde ne sera pas marqué par les mêmes événements. En effet dans mon cas j'ai plutôt été blessée par l'empêchement systématique de me laisser vivre cette histoire imaginaire du père noel qui apporte les cadeaux.
 
arf
En psychologie absolument tout s'interprète et s'analyse, donc je crois volontiers ce monsieur. Par contre, tout le monde ne sera pas marqué par les mêmes événements. En effet dans mon cas j'ai plutôt été blessée par l'empêchement systématique de me laisser vivre cette histoire imaginaire du père noel qui apporte les cadeaux.
aurais-tu préféré que tes parents te mentent?
Tous les enfants ne sont pas saturés de cadeau.
Le crois-tu vraiement?
 
Sauf que si elle te pose la question c'est que elle est prète à entendre qu'elle a grossi sans être vexée. Ou alors elle cherche juste un compliment pour s'auto confirmer qu'elle a le poids idéal. (Voilà un bel exemple de communication sociale que je ne comprends pas : si mon amie a grossi et me pose la question je répondrai : OUI )
Encore une fois peut-être oui, mais l'intention est de ne pas la blesser, et c'est ce qui fait que le mensonge n'a pas nécessairement vocation à blesser.
 
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