J'ai un peu tendance à penser comme toi Excalibur, mais deux choses me font modérer ma position :
-il'y a beaucoup moins d'enfants adoptables que de parents voulant adopter dans le monde,
-bon nombre d'adoptions se passent mal, même si cela est vraiment très très tabou. Les enfants adoptés, notamment par des couples ayant déjà un enfant biologique, sont perçus par la société mais aussi par l'entourage comme redevables de cette famille et de cette société qui les a adoptés (je parle notamment des enfants étrangers): famille, santé, scolarité, ces enfants bénéficient d'une vie occidentale, enviée dans les pays moins développés. La psychologie des enfants adoptés est très complexe et je pense vraiment qu'adopter pour sortir un enfant de la misère, "faire une bonne action" est le dernier service à lui rendre. Ils vivent certes dans la misère mais il ne faut pas confondre misérable et miséreux, l'orphelinat est dur, synonyme de pauvreté, mais ces enfants restent dans leur culture, grandissent avec des enfants qui ont un profil similaire ; parachutés en France, dans une famille "ricoré", ils doivent "faire leurs preuves" (même si bien entendu ce n'est jamais présenté comme cela), montrer qu'ils méritent l'immense chance d'avoir été choisis, etc. C'est notre vision occidentale de la vie qui nous pousse à penser qu'ils seront mieux ici que dans leur pays d'origine.
Je ne veux pas du tout diaboliser l'adoption. Il'y a évidemment des cas où ça se passe très bien (je connais les deux cas dans mon entourage) mais il ne faut pas en avoir une vision idyllique.
Sinon pour ma part, je suis évidement pour que tout le monde ait les mêmes droit (mariage, adoption, pma ...) tant que ces droits là existent, mais je souhaite surtout déconstruire l'idée de famille, dans laquelle les enfants appartiennent à leurs parents et sur laquelle la société est bâtie. je ne sais pas si je suis claire, c'est encore assez flou dans ma tête, mais cela rejoint des questionnements que j'ai sur l'égalité adulte-enfant, le refus de l'idée même d'éducation.
Je pense que tous ces problèmes avec l'adoption mais également les accouchements sous X, les dons de sperme et d'ovocytes (des associations d'enfants qui en sont issues demandent à ce que soit levé le secret) pourraient être beaucoup mieux vécus si l'idée de filiation n'était pas aussi importante dans notre culture. Ces enfants se sentent déracinés parce que notre société accorde plus d'importance à la génétique qu'aux valeurs. (paraît que les Français sont fans de généalogie.) La plupart des parents qui décident d'adopter ne le font qu'en "dernier recours" comme si un enfant qui n'aurait pas leur patrimoine génétique serai "moins bien".
Le rôle des parents est sacralisé et il est très mal vu de remettre en cause l'éducation donné aux enfants (pourtant, beaucoup ne se gênent pas pour le faire ...) comme si le reste de l'entourage n'avait qu'un rôle secondaire à jouer. J'ai plutôt tendance à penser que c'est à l'ensemble de la société de prendre en charge ses enfants.
Bon je vais arrêter là, j'ai balancé plein d'idées en vrac comme elles me venaient. Je suis désolée si ce n'est pas clair.