Mélodie28":2fqag5q8 a dit:
Personne":2fqag5q8 a dit:
Et là où je veux en venir, c'est que croire au Père Noël, pendant plusieurs années, et finir par le déconstruire, ça peut apporter l'expérience de ses propres erreurs de jugement. Et réfléchir ensuite à tout ce qui a pu se passer au niveau de la société et dans notre caboche pour qu'on se retrouve dans cette situation, et comment on a découvert la vérité, ça peut aussi apporter une expérience qui fasse comprendre qu'on n'est pas immunisé.e contre les croyances irrationnelles et fausses, qu'on entretient pour de mauvaises raisons.
Là je parle du cas où on y a cru parce que nos parents nous avaient dit qu'il existait, pas de l'enfant qui se construit son truc.
D'après la plupart des témoignages que j'ai lus, une posture assez courante, c'est de 'répondre' "Est que tu veux qu'il existe ?" quand l'enfant demande "Est-ce que le Père Noël existe ?". Donc on fait bien appel au désir de l'enfant de croire en ce qui le rassure.
Mélodie28":2fqag5q8 a dit:
Pour moi ça n'apporte pas l'expérience de SES propres erreurs de jugement, ou alors comme pour moi, mon erreur de jugement n'était pas d'avoir cru au PN mais d'avoir cru mes parents. Bon, suis pas sûre que beaucoup de parents visent ça pour leurs enfants. ^^
L'erreur de jugement personnelle dans ce cas précis, c'est d'avoir cru à l'argument d'autorité. D'avoir cru qu'il existe des personnes qui ont toujours raison et que l'on peut croire sur parole.
Mélodie28":2fqag5q8 a dit:
Et puis il y a tellement d'occasions "naturelles" de vivre ça ! Déjà chez nous Fiston a vécu ma transition au végé, puis la sienne, dans le genre remise en question et pourquoi pendant 36 ans pour moi et 3 ans pour lui on a cru certaines choses, nié d'autres choses... Mais c'est valable pour tout un tas de choses, pourquoi leur infliger exprès une expérience artificielle de tromperie (quand c'est fait dans ce but, hein) ?
Ben justement, tu le dis toi-même, cette occasion naturelle de vivre ça, tu l'as eue au bout de 36 ans... Ca veut donc dire que pendant 36 ans, l'argument "Tout le monde ne peut pas avoir tort à ce point en même temps." a dû avoir un certain poids... Donc ça veut dire que tu n'as pas eu tant que ça d'expériences avant ça qui t'ont permis d'en tirer la leçon nécessaire. Ton fils a eue cette expérience, mais il a fallu que tu la vives toi-même pour la lui enseigner... Ca n'est pas quelque chose qui arrive à tout le monde.
Si après ta découverte du mensonge du Père Noël, il y avait eu un temps de réflexion en commun pour comprendre tout ce qui permet au mensonge du Père Noël de fonctionner, peut-être que tu en aurais tiré des leçons suffisantes pour remettre en cause le carnisme plus vite. (Ou peut-être pas. Mais peut-être.)
Et je ne suis vraiment pas sûr du tout du tout qu'il y ait autant d'occasions que ça de remettre en cause une croyance collective majoritaire trèèèès largement partagée, qui pose des valeurs aussi profondément ancrées, qui reposent sur autant de sophismes collectifs... Il y en a oui, il y a des gens qui en vivent plusieurs d'affilées, plusieurs grosses remises en cause (les véganes féministes par exemple...), mais est-ce que ça représente la majorité des gens ?... Est-ce que tu crois que la majorité des gens vit même une seule de ces grosses remises en cause au cours de sa vie ?
(Combien de personnes refusent de croire au sens de l'expérience de Milgram, par exemple ? Combien veulent absolument croire qu'iels sont immunisé.e.s, parce que elleux sont "bon.ne.s", et que celleux qui font du mal sont "mauvais.es" ?...)
Après, ça n'est peut-être pas la meilleure manière d'enseigner tout ça... puisque le fait de dire "J'ai arrêté de croire au Père Noël" n'empêche pas la majorité des gens de continuer à croire à des tas de choses bien pires que le Père Noël...
Mais en tout cas, il y aurait moyen d'en tirer quelque chose de constructif, je pense. Peut-être.
Mélodie28":2fqag5q8 a dit:
En fait ton raisonnement me fait penser à ceux qui disent qu'il faut apprendre la frustration aux enfants, et qui s'y emploient en les frustrant exprès, alors que perso je pense que dans la vie il y a toujours des frustrations inévitables, que les enfants y sont d'ailleurs confrontés + que quiconque du fait qu'ils vivent dans un environnement conçu pour et par des adultes, et que notre boulot à nous, c'est de les accompagner dans cette frustration pour les aider à la supporter, surtout pas d'en rajouter.
La différence entre ces personnes-là et moi-même, c'est que j'ai un peu dit que ça fait 36 ans que je n'aime pas le mensonge du Père Noël, que je n'y ai jamais cru, et que je n'aime pas l'idée de le faire croire à ses enfants. J'avance juste une hypothèse sur l'intérêt que ça pourrait apporter. J'envisage une autre opinion que celle qui est initialement la mienne. Je décide de me sortir du biais de confirmation.
Et mon hypothèse, c'est que l'enseignement à retirer serait la capacité à REMETTRE EN CAUSE la société, alors que dans ton exemple, les parents enseignent à leur enfant à se SOUMETTRE à la société.
Et non, un mensonge de cette ampleur, en comparaison du sentiment de frustration, c'est quand même pas tout à fait comparable... Le frustration, on n'y échappe. Donc oui, c'est mieux d'être accompagné pour apprendre à la gérer.
Mais un gros gros mensonge qui fonctionne avec des raisonnements fallacieux du genre "Tout le monde ne peut pas se tromper en même temps.", "Un mensonge aussi gros serait impossible, ça serait trop énorme, c'est forcément vrai.", "Personne n'oserait être aussi horrible.", "J'ai confiance en cette personne, elle ne peut pas se tromper.", etc. on n'en rencontre pas tous les jours. On n'a pas tous les jours l'occasion de remettre en cause, seul.e contre tou.te.s, une croyance majoritaire. Et on n'a pas tous les jours l'occasion d'observer son propre déni en tout cas. (Et si on l'observe trop tard au cours de sa vie, ça peut avoir des conséquences vraiment graves...).
On n'a tellement pas l'occasion d'observer son propre déni que bon nombre des dénis qu'on exerce restent là pour toute la vie. Et tant qu'on n'observe pas son propre déni, on aura tendance à se croire immunisé.e.
Peut-être que "provoquer" la croyance au Père Noël n'est pas l'expérience idéale pour en faire l'apprentissage. Peut-être que c'est trop machiavélique pour en tirer un enseignement positif. Peut-être qu'on peut enseigner tout ça juste en en parlant, de manière plus théorique.
Mais peut-être aussi que la position "gentille" par défaut de dire "Est-ce que tu veux y croire ?" est justement encore meilleure pour montrer l'existence cette auto-manipulation... A condition d'en parler ensuite avec l'enfant, et d'avoir la volonté de lui enseigner quelque chose (au lieu de croire et laisser croire un contre-enseignement : "Tu croyais n'importe quoi pour la seule raison que tu étais jeune et naïf.ve. Maintenant, c'est fini, ça ne t'arrivera plus.".)...
Ce qui n'est pas forcément le cas de tous les parents, surtout ceux qui tiennent à maintenir leur autorité en tentant d'entretenir l'illusion qu'ils sont infaillibles. (Et je sais que ça n'est pas ton cas. Et effectivement, dans ton cas, avec le passage au végétarisme, il est probable que la croyance du Père Noël n'aurait rien pu lui apporter comme enseignement.)