SuperBulle":1lb97oe6 a dit:
Mais le pire c'est que des fois ça me fait douter, genre là par exemple il dit que 90 de ses amis homos lui ont avoué avoir été violés dans leur enfance, je me demande s'il ment, mais c'est vrai qu'il y a des gens qui sont devenus homosexuels après avoir été violés dans leur enfance, enfin j'entends de plus en plus de témoignages du genre, et ça me perturbe beaucoup, tellement que des fois je me demande s'il ne m'est pas arrivé quelque chose dans mon enfance mais que mon cerveau l'a effacé, parce que j'éprouve une attirance pour les hommes et les femmes
Ne prenez pas mal ma question, c'est juste que ça me perturbe ces affaires de viol, ce serait mentir si je disais le contraire. Quelqu'un pour expliquer ça ?
J'ai un peu envie de répondre : et alors ? Qu'est-ce qu'il y a à expliquer ? En fait je trouve ça assez dérangeant de trouver qu'il y a quelque chose à expliquer, pour plusieurs raisons.
1. Le concept même de chercher à expliquer pourquoi quelqu'un « devient » homo ou bi est complètement biaisé, ça part du présupposé implicite qu'à la base on serait tou-te-s « naturellement » hétéros. Ce présupposé n'est fondé sur rien - certes le fait qu'on se soit reproduit en tant qu'espèce prouve qu'il y a eu suffisamment rapports sexuels entre hommes et femmes, mais ça ne dit rien sur l'existence ou non d'autres type de rapports sexuels et de toutes façons le concept même d'orientation sexuelle est relativement récent.
On pourrait à l'inverse chercher des explications à pourquoi tant de gens « deviennent » hétéros, et pour le coup je pense qu'il y aurait plein de choses à dire, à commencer par les représentations de l'Amouuur forcément hétéro dans les divers médias auxquels on et exposés dès le plus jeune âge, l'homophobie ambiante, etc.
2. Je suis très mal à l'aise en général avec l'idée d'expliquer les parcours de vie des autres à partir de leurs traumatismes à leur place. On tombe très vite dans un déni de la capacité à penser et agir par elles-mêmes des personnes victimes de traumatisme, notamment de violences sexuelles (pendant l'enfance), notamment en ce qui concerne leur vie sexuelle. Ça me fait un peu mal au cul de devoir l'écrire, mais l'orientation sexuelle, ou tout autre choix de vie ou élément de personnalité, d'une personne victime de violences sexuelles, est tout aussi légitime et respectable que si elle n'avait pas subi ces violences. Vraiment.
Pour être clair : je ne nie absolument pas qu'être victime de violence peut diminuer sa capacité à agir, notamment à se défendre contre d'autres violences, et que ça peut expliquer certains éléments importants (et parfois très destructeurs) d'un parcours de vie. Ce qui me gêne profondément, c'est que quelqu'un d'autre que la personne concernée se permette aussi facilement de lui imposer une interprétation de ce qui est lié ou non à son traumatisme, et parmi ce qui est lié, de ce qui est négatif ou pas.
3. Détail technique de méthodologie mais je peux pas m'empêcher : "parmi mes amis homos, 90 d’entre eux qui m’ont révélé* avoir été violés." pour que ça veuille dire quoi que ce soit, faudrait voir sur combien, faudrait vérifier comment son échantillon est sélectionné (vu tout ce qu'il raconte ses amis homos ne sont probablement pas représentatifs de l'ensemble des homos), puis faudrait surtout comparer à la proportion de personnes victimes de viols chez les hétéros : avec un peu de chance c'est exactement la même, et on revient au premier point, la question d'expliquer l'homosexualité et pas l'hétérosexualité est biaisée du départ.
* En rapportant cette phrase tu as remplacé "révélé" par "avouer". Perso je trouve pas que "avouer" soit approprié : on avoue une faute ou un truc honteux, et avoir été victime de viol n'est ni l'un ni l'autre - même si on peut avoir plein de bonnes raison de ne pas vouloir en parler à n'importe qui.
4. Même si y'avait une plus grande proportion d'anciennes victimes de viol chez les homos, ça prouverait quoi ? On peut inventer des tas d'interprétations. Par exemple que les anciennes victimes de viol fuient la sexualité hétéro car c'est une sexualité intrinsèquement violente car inégalitaire, et que vu que les victimes la fuient ça prouve bien que le sexualité hétéro c'est le mal.