Prix de la remarque conformiste

  • Auteur de la discussion Anonymous
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Je suis assez d'accord avec toi Usagi.Chan. L'importance que l'on accorde aux liens du sang sont plus liés à un formatage social qu'autre chose, une sorte d'héritage d'une époque où les enfants (enfin, ceux de riches en tout cas) étaient confiés à des nourrices et où il fallait s'assurer qu'ils continueraient quand même à encenser leurs parents... Dans certaines civilisations, les enfants ne connaissent que la famille de leur mère, dans d'autres ils sont élevés par le "clan" plutôt que la famille, et pourtant ils ne s'en portent pas plus mal. Mais je ne suis pas sûre que notre société soit prête à déconstruire ces "liens du sang" avant longtemps...
 
kindy":3oqcavmn a dit:
Moi je ne parlais pas d'ouvrir le débat sur l'accouchement sous X etc. Je parlais simplement du fait de savoir qu'on a été adopté-e (ou pas).
Pareil...entre interdire la possibilité d'accoucher sous X et être choqué.e du fait que des parents fassent des mises en scène pour mentir à leur gamin.e sur le fait qu'iel ait été adopté.e, il y a un monde.
 
Je ne disais pas que c'était exactement pareil, les mises en scène me choquent également. Elles sacralisent d'ailleurs tout autant les liens du sang.
Mais les associations qui réclament la levée du secret de l'accouchement sous X existent et réclament le "droit à connaître ses origines". La pente glissante est bien là.
 
En même temps, je trouve ça super délicat. Entre le droit à l'accouchement sous X et le droit à connaître ses origines, la balance me semble super délicate. Pourquoi privilégier l'accouchement sous X au détriment du droit à connaître ses origines ? Et inversement. Ça me semble être 2 droits fondamentaux qui s'opposent fondamentalement. C'est chaud de gérer les deux concomitamment.
 
Je pense qu'il vaut mieux priviligié l'accouchement sous X, je ne pense pas qu'une femme accouche sous X pour de banales raisons. Mais comme dit plus haut je pense qu'un enfant a le droit de savoir qu'il a été adopté.
 
On pourrait aussi créer un système où les services sociaux aient le nom et les coordonnées des deux parties (parents et enfants), et où chacune de ses parties puisse demander à rentrer en contact avec l'autre. Les services sociaux demanderaient alors à l'autre l'autorisation de transmettre les informations qu'il a, et agirait en fonction de la décision prise. Ainsi, chacun pourrait retrouver l'autre (car parfois ce sont les mères qui souhaitent retrouver l'enfant qu'elles ont dûes abandonner), mais seulement avec l'accord de ce dernier...
 
On avait pas déjà eu ce débat la dernière fois ? :whistle:

Jess ça existe déjà mais ce n'est pas une démarche obligatoire, la mère ou le père peuvent laisser une envellope à remettre à l'enfant à ses 18 ans s'il le souhaitent, avec un mot ou des coordonnées, des photos...Il a toujours des gens qui ne souhaitent pas être retrouvés cependant.

Mais je ne vois pas trop le rapport non plus entre révéler à son enfant qu'il a été adopté et priver d'anonymat les mères en difficulté.

Sinon faut faire comme en Suisse, la boite à bébé. Dans un endroit un peu reculé dans les jardins de la maternité, il y une fenêtre dans un mur qui donne sur une pièce fermée et chauffée, là il y a un petit berceau destinés aux abandons. Une alarme sonne dans le bureau des sages femmes quelques minutes après que la fenêtre ai été refermée, pour laisser le temps à l'adulte de quitter les lieux en toute discrétion.
 
J'avais déjà entendu parler de ces boites à bébé, ça existe déjà en France non ?
 
Moineau":2y2l8hzp a dit:
Et les choses se compliquent encore quand la mère accouche sous X alors que le père souhaite élever l'enfant...

Moi il y a quand même un truc qui me chiffonne dans cet article :
Le père, et ses avocats (Mes Loirat et Verdier) ont contesté cette admission en qualité de pupille de l'Etat comme ayant été prononcée trop précipitamment, soit le jour-même de la naissance et non pas après deux mois, comme l’exige pourtant l’article L224-4 du code de l’action sociale et des familles, cette admission ouvrant ensuite un délai de contestation de trente jours.
Du coup ça fait 3 mois minimum avant même de pouvoir envisager de faire adopter cet enfant ? :mmm: C'est long 3 mois à cet âge. J'aurais imaginé qu'avec le nombre de parents adoptifs potentiels on aurait la possibilité de faire adopter les enfants dès leur naissance, ce qui me semble être le mieux pour eux. Je ne sais pas exactement dans quelle conditions sont élevés les enfants tant que se sont les services sociaux qui s'en occupent mais, dans tout les cas, ça reste une solution temporaire. Les adultes qui s'occupent d'eux ne sont pas ceux qui les élèveront plus tard. Il me semble évident que moins cette situation dure, mieux c'est.

Par delà la souffrance légitime et inacceptable d’un père qui se trouve privé injustement de son enfant, alors qu’il n’a pas démérité mais a, au contraire, toujours tout fait pour s’en occuper, cette décision met en évidence le caractère inadapté de la législation française.

Les juges dissident de la Cour européenne des droits de l'Homme (c'est-à-dire les juges minoritaires) avaient écrit après l'affaire Odièvre (13/02/13) « La mère dispose ainsi d’un droit purement discrétionnaire de mettre au monde un enfant en souffrance et de le condamner, pour toute sa vie, à l’ignorance. Il ne s’agit donc en aucune manière d’un système mixte assurant un quelconque équilibre entre les droits en présence ».

Ce passage présente comme une évidence le fait que l'intérêt du père et celui de l'enfant coïncident. Sauf que l'intérêt de l'enfant n'est pas forcément le même à tout les âges de sa vie. Peut-être qu'en grandissant il souhaitera en savoir plus sur ses origines et/ou regrettera que le lien avec son père n'ai pas été maintenu, mais en attendant il a quand même un intérêt à avoir un environnement stable le plus vite possible avec un ou des adultes qui s'occupent de lui et qui ne changent pas au gré des mutations du personnel. Peut-être que le père pourrait être cette personne effectivement mais là ça me donne l'impression que pour une infime possibilité que le père se réveil on range l'enfant sur une étagère en attendant, comme s'il ne grandissait pas pendant ce temps là.

On parle parfois de "droit à l'enfant" dans les débats sur les différentes méthodes de procréation médicalement assistée, généralement de manière négative. Autant je pense qu'on devrais toujours réfléchir à la raison qui nous pousse à vouloir des enfants au lieu de considérer cela comme une évidence et que la fin ne justifie pas tous les moyens. Par contre je ne vois pas pourquoi les personnes qui ne peuvent pas avoir d'enfant naturellement seraient les seules à devoir se poser ces questions. Quand on veut à tout prix laisser la possibilité aux parents biologiques d'un enfant de garder un lien avec celui-ci même si la conséquence est de réduire la possibilité d'être adopté ou de retarder l'adoption pour des milliers d'enfants je trouve que ça relève un peu du "droit à l'enfant" justement. Comme si les gènes étaient un titre de propriété des parents sur l'enfant.
C'est pas une question que je connais très bien mais il me semble qu'il y a débat sur le maintien du lien familial qui peut impliquer, dans les cas des enfants délaissés par leurs parents, de laisser ceux-ci passer de famille d'accueil en famille d'accueil au lieu de leur permettre d'être adoptés (en faisant une recherche vite fait je trouve ça par exemple).

S'il y a des gens qui en savent plus sur la question, ça m'intéresse (mais c'est peut-être un peu H.S. ici).
 
Les deux mois sont le délai durant lequel la mère peut se rétracter et reprendre son enfant, durant ce temps il est confié à une famille d'accueil. A deux mois il est acceuilli dans sa famille d'adoption mais ce n'est pas encore définitif, c'est une espèce de période d'essai (la vraie formulation est moins glauque) en vue d'une adoption déinitive pour les 18 mois de l'enfant. Dans 99% des cas c'est considéré comme définitif dès le départ, mais j'ai eu connaissance d'un cas où le père biologique s'est soudainement senti pousser un instinct paternel aux 9 mois de l'enfant, alors que la mère avait accouché sous X, et à réclamé la garde de son fils lors d'un procès. Et PAF liens du sang, comme l'enfant avait moins de 18 mois il a eu la garde. J'ose même pas imaginer la tragédie pour la famille qui attendait ce bébé depuis des années et qui l'a élevé depuis ses premières semaines de vie, et ce bébé enlevé à l'âge le plus critique de son dévellopement, 9 mois c'est la période des angoisses des séparations...Être arraché successivement à sa mère biologique, puis à sa mère adoptive pour être confié à un parfait inconnu, parfois je me demande à quoi pensent les juges ! Mais surtout pas au bien-être de l'enfant.
 
Le gros problème qu'il y a dans notre société c'est qu'au final beaucoup de gens continuent à considérer les enfants comme il y a un siècle, où on pensait qu'un bébé ne devenait quelqu'un qu'à partir du moment où il savait parler et marcher. Avant, il n'était en fait qu'un objet... Et j'ai l'impression que beaucoup de gens n'ont pas vraiment évolué là-dessus. En même temps, quand on voit le nombre de personnes qui considèrent qu'un enfant est incapable de choisir et de décider par lui-même, comme s'il n'avait pas de volonté, de désirs et de besoins propres, forcément ces gens-là vont encore moins se soucier des beoins d'un nourrisson...
 
Pour encore trop de gens, un bébé n'est qu'un tube digestif équipé de cordes vocales :'(
 
Pour l'affaire sous X, le père était en prison, il savait pas, donc c'est un cas un peu spéciale.
Par contre je suis contre le sous X totale, car ce n'est ni bien pour la mère ni pour l'enfant.
Les nourrissons sont super sensibles à leurs environnements, j'adore la méthode Dolto (la vraie pas celle réinventé par ceux qui l'ont lu). Les humains ont besoin de comprendre leur monde, de l'utérus à leurs morts.

J'ai du mal avec les deux méthodes, le tout bébé et le tube digestif. Un nourrisson a besoin d'un cadre pour bien grandir, mais pas qu'on le maltraite. Il y a un juste milieu. J'ai du mal avec le cododo car il y a plus de cas de mort du nourrisson, dans la chambre oui, dans le lit non (étouffement, risques de fracture, etc). Ensuite je comprends pas qu'on mette un nouveau né dans une pièce vide sans bruit alors qu'il vient de passer 9 mois dans un univers qui bouge, plein de bruits.
 
Kahte":2w9dyr4c a dit:
Par contre je suis contre le sous X totale, car ce n'est ni bien pour la mère ni pour l'enfant.

Tu pense que c'est mieux pour l'enfant d'avoir une mère qui ne veut pas de lui/elle et que c'est bien pour une femme de se voir imposer une maternité non désirée ?
 
Nope, je pense qu'il faudrait que la "maman" soit obliger de déposer des informations pour permettre à l'enfant de se contruire, aujourd'hui c'est une possibilité, mais c'est comme construire sur du sable.
Tu ne comprends pas Usagi, je ne suis pas contre l'abandon, je suis contre ce silence qu'on oblige. Qui n'est ni bon pour l'enfant, ni pour celle qui mets au monde.
En France l'abandon est une chose compliqué, si on permettait un abandon simple, ça serait quand même plus simple non ?
Le truc c'est cette coupure net, elle empêche les gens de se construire. On pourrait pas trouver un moyen moins moche ?

Au USA, il existe l'adoption ouverte (ça n'existe pas en France). La mère peut garder un lien ou pas avec l'enfant, mais l'enfant lui sait d'où il vient.
 
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