Ce matin, levée à 5h pour rien (cf "coup de gueule").
Je finis par arriver dans ma campagne en train, vers 17h. Ma mère vient me chercher à la gare et m'emmène directement dans cette randonnée à moto organisée dans les villages environnants, à laquelle mon petit frère participe. Il faut dire que ma famille s'amuse bien là-bas : iels connaissent tous le monde depuis des générations (par mon beau-père, ma mère s'étant ajoutée à ce petit monde il y a dix ans maintenant), il n'y a pas beaucoup de place pour la vie privée et la discrétion, m'enfinbrefcépalsujet.
J'arrive. La journée a été longue, et il m'a fallut une heure pour quasi péter un câble. Je dis bonjour, deux trentenaires descendent de leur moto cross pour me tapper la bise, quelqu'un dit en fond :
"Voici S., et sa fille, Shrimp".
*on se fait la bise*
"Et tu touches pas la fille, hein, HAHAHA".
Plus tard, je prends une bière avec ma mère. J'ai un short et un débardeur blanc, mes lunettes de soleil : rien d'incohérent avec le soleil et la chaleur, l'événement en plein air.
_Ne retire pas tes lunettes, Shrimp, il faut bien que quelque chose reste caché.
A chaque fois, ces réflexions venaient d'hommes que je ne connaissais pas (ou très, très peu).
Et puis le coup de grâce. Mon beau-père, déjà un peu éméché, décide qu'il en a rien à carrer que ma mère se soit tappée toute la cuisine ce matin pour qu'on puisse manger. On bouffera là un point c'est tout. Elle, toute gentille, demande s'il y aura de quoi manger pour moi : elle ne parle même pas de végétaLisme, mais bien de végétaRisme (coucou la recherche de consensus). J'ai pas mangé depuis ce matin 5h, donc oui, j'ai déjà faim, le sujet m'intéresse très fortement.
-Ya des patates et du poulet.
*Il est face à moi et me regarde fixement*
_Mais elle mangera comme tout le monde.
(avec le ton qui va bien, à base de "elle va pas nous les briser, celle-là", bien sexiste, bien paternaliste, bien.. inapproprié.)
Comment te dire ?
Non.
Je me suis barrée, et on essaie encore de me faire culpabiliser : je connais personne, je dois être la seule meuf majeure de moins de 30 ans, je me fais emmerder au moins trois fois en UNE HEURE et en plus il faudrait que je crève la dalle parce que "Oh, le beau-père va être déçu que tu restes pas".
En marchant vers la sortie, j'entends "On va te trouver un garçon, reviens !".
Ah.. comme j'en ai rien à battre, si tu savais.
Et maintenant je suis seule à la maison, et ça fait du bien, oui !