Prix de la remarque et/ou du comportement sexiste

Un collègue me raconte la fête pour les 3 ans de ses jumeaux. Son garçon a eu un costume de pompier et sa fille un costume de Wonder Woman...
 
C'est un double stéréotype, même s'il y a plus inégalitaire (encore que Wonder Woman est un personnage valorisé mais fictionnel, contrairement au pompier).
Les panoplies sont vraiment une plaie de la socialisation au genre parce qu'elles participent à la construction normative des rôles d'une manière totalement imperceptible pour les parents (qui ne sont pas cyniques) et les enfants (dont les désirs sont codéfinis par les parents et l'offre commerciale). Le pire étant sans doute la panoplie de princesse dont le rôle est purement passif, confiné à la sphère esthético-domestique et subordonné au désir masculin.
Il y a des enquêtes qui montrent malgré tout une progression des jouets mixtes avec une conscience des parents des effets de destin du choix des jouets. Mais on a aussi des données qui montrent que lorsque les parents offrent des jouets qui ne correspondent pas au genre de leurs enfants, ils le font dans la très grande majorité des cas en choisissant des jouets "masculins" pour les filles, et non l'inverse. Evidemment, on l'explique par le fait que les rôles socialement valorisés sont le plus souvent masculins.
 
Répétition de danses pour des petits (entre 3 et 5 ans) dans l'école où je suis. J'ai subitement un "tilt" : c'est quoi cette habitude de prévoir un rôle pour les filles et un rôle pour les garçons (ce n'était pas systématiquement le cas quand j'étais enfant) ? Surtout pour des si petits qui sont plus dans "je fais des mouvements type gym sur de la musique" que dans "danses de salon". Première claque.

Deuxième claque : les garçons sont debout, les jambes écartées et frappent dans les mains, les filles sont couchées entre leurs jambes, la tête sur les mains...

Est-ce la préparation de leur futur rôle ?
Xav":34v56cwr a dit:
purement passif, confiné à la sphère esthético-domestique et subordonné au désir masculin.

J'ai la nausée.
 
Pour ce que j'ai pu lire en sociologie, il n'y a rien de plus socialisateur au genre que la prise de rôle dans les scénographies proposées par l'univers familial ou scolaire, surtout pour les petit-e-s (chaque enfant étant convié, sous l'autorité de l'institution, sur un mode célébratif et pré-réflexif, à adhérer aux principes mêmes de la scénographie). Tes remarques le confirment.
 
"Les femmes viennent de vénus, les hommes viennent de mars".
"On peut être égaux et différents". (une bonne manière d'expliquer qu'on est complémentaire et que c'est donc normal qu'on ait pas les mêmes tâches)

:YE: un des intervenants de l'émission fait remarquer que tout le monde vient de la Terre et que le livre est enfermant pour chacun dans des genres...
 
"Mars et Venus" ... quels calamités ces bouquins. Il faudrait que je les relise avec un oeil neuf. Je me souviens de la théorie de base : "l'homme donne, la femme reçoit". Pff ...
 
Balika, je suis sûre que tu as des choses plus intéressantes à faire que les relire. :)
 
Oui, tu as raison, d'ailleurs je me souviens les avoir bazardé dans une bibliothèque libre. D'ailleurs j'ai trouvé le livre "XY, de l'identité masculine" de Badinter dans une autre bibliothèque libre. Ca sera plus intéressant que "Mars & Vénus" je pense. ;)
 
La grille de lecture de Badinter c'est entre autres l'universalisme et le laïcisme républicains. Ses prises de position suscitent pas mal de tensions chez les féministes.
 
Et notamment chez Christine Delphy dont je partage largement plus le discours (qui se veut intersectionnel depuis longtemps) que Badinter.

Puis bon, Badinter et d'autres féministes qui défendent DSK en 2011 contre les critiques et analyses féministes...
 
"Intersectionnalisme" chez Delphy peut-être, dans la mesure où les rapports de sexe sont pensés par les appartenances de classe sociale. Je pense que c'est davantage du féminisme matérialiste malgré tout (c'est comme ça qu'elle se définit et qu'elle est définie en général). L'intersectionnalisme est redécouvert très tard en France (exception faite des travaux de Colette Guillaumin) à la faveur de l'importation d'une partie des gender studies américaines traitant du problème de la position dans la structure sociale et dans l'histoire (classes, ethnies) des femmes et des hommes que l'analyse prend pour objet.
 
Elle ne se définit pas comme tel certes, mais je lui trouve des analyses qui prennent bien plus en compte les classes minorées non blanches que Badinter qui est pour moi plus dans l'analyse limite impulsive et démagogique que dans uni quelconque désir d'aller de l'avant. (son "fausse route" de 2003 est d'un certain aveux réac pour moi, depuis elle ne fait que prêcher pour sa propre idée du but féministe atteint je trouve)
 
Chers membres et membrettes , chers collègues et collèguettes, chers amis

Nous avons accompli quelque chose. Des profs isolés se sont regroupés et ont fini après deux ans de discussions et d'efforts à poser un geste fort.
 
Dans "Retour à Elizabethtown", une bluette néo-romantique qui passe à la télé, un personnage féminin :
"Les hommes voient les choses dans une boîte, les femmes dans une pièce ronde".
 
Tigresse":9z584y59 a dit:
Dommage pour les amies éventuelles :D
Dommage surtout que le seul mot qui n'est pas épicène n'ai pas été mis au féminin et que la famço de féminiser soit dans le "petite dame".
 
C'est clair, faut le faire quand même : inventer des mots pour féminiser des mots épicènes, mais passer à côté d'un mot féminin existant et laisser un mot masculin seul :facepalm: !!
 
Des collègues à M.Mitsuya, la semaine dernière:
-ta femme a de la chance que tu l'aides [avec le bébé, dans le ménage]... (Ah mince, je croyais qu'on était deux adultes vivant ensemble et ayant désiré et fait un mini bébé... j'avais oublié mon rôle légitime de feeeeemme et le rôle du mââââle)
-comment ça tu penses à te mettre à 80%? Pourquoi pas ta femme? :mmm:
=> M.Mitsuya: "ma femme se met à 80%, mais moi aussi j'y pense, on le sera tous les deux"
-Mais pourquoi tu veux te mettre à 80%?
Sa réponse (pouvoir profiter et s'occuper de son bébé un jour de plus par semaine) les a extrêmement étonné. Nan mais c'est vrai, quelle idée, un homme qui se met à 80% et qui veut s'occuper de son enfant... quelle hérésie!
Pffft... :facepalm: :zen:

(Allez tout n'est pas perdu: à mon travail c'était plutôt le contraire, la majorité de mes collègues m'ont dit que ce serait génial pour l'enfant si on se mettaient tous les deux à 80%. Et pas mal de collègues masculins ont pris des 50 ou 80%. On va dire que ça avance chez certains...)
 
Par curiosité : quels sont vos boulots respectifs (ou vos environnements de travail) ?
 
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