Moi ça me gêne de parler de sexisme envers les hommes, dans le sens où le sexisme, c'est un système d'oppression envers les femmes
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette définition. Je dirais plutôt que le sexisme est un système de croyances qui attribue des caractéristiques supposées, et par conséquent des attentes différenciées, à l'un et l'autre sexe.
C'est avant tout une réduction du champ des possibilités, puisque ce que l'on peut être et faire est directement lié à notre sexe (et ces croyances se retrouvent malheureusement à rendre vrai ce qu'elles prétendent vrai, parce que les gens en viennent à ne pas se sentir autorisés à être/faire autre chose que ce qui convient à leur sexe dans le schéma sexiste).
Il n'y a donc pas un sexisme "envers les femmes" et un "envers les hommes", puisque le sexisme concerne toujours les deux à la fois : si une chose est attribuée à un sexe, elle est interdite (ou difficilement accessible) à l'autre. Ce qui fait que le sexisme nuit principalement aux femmes, c'est qu'il s'accompagne d'un système de valeurs, où les comportements les plus valorisés sont majoritairement ceux qui sont attribués aux hommes (et inversement, ce qui est féminin est dévalué).
Les "bons côtés" que l'on peut trouver à être une femme, ce sont les récompenses offertes par le système sexiste aux femmes qui acceptent de jouer leur rôle de femme : on attribue la tendresse aux femmes, donc une femme a le droit de faire des câlins à ses amis (mais en attendant, la force est plus valorisée que la tendresse), on attribue la beauté aux femmes, donc une femme a davantage de liberté relative à son apparence (mais la superficialité est dévalorisée).
Finalement, les qualités que l'on prête aux femmes servent un peu de leurre, puisqu'une femme qui aurait fait siennes toutes les qualités dites féminines serait valorisée certes, mais jamais autant qu'un homme qui aurait fait siennes toutes les qualités viriles.
C'est un peu pareil quand on valorise et protège/cultive l'innocence chez les enfants, tout en valorisant davantage la lucidité chez les adultes : les enfants ne tirent aucun "pouvoir" de leur innocence, et ils ne sont pas autant valorisés que des adultes lucides.
Pour en revenir au cas des hommes qui ne peuvent pas se balader nus-pieds, je pense que c'est une manifestation, mineure mais révélatrice, du sexisme qui est de toute façon omniprésent. C'est le revers de la médaille d'une qualité "virile", sans doute, reste à savoir laquelle.
...Et bien sûr, je ne prétends pas apprendre à qui que ce soit ce qu'est le sexisme dans la pratique, ni à euphémiser les souffrances réelles et quotidiennes qu'entraîne ce système par un discours théorique, c'est juste que ça me gêne qu'on parle d'un sexisme envers les hommes ou envers les femmes, comme s'il n'y avait du sexisme que quand il est nuisible. Je crois que ça ne donne qu'une vision partielle du problème, et qu'une représentation du sexisme comme division de toutes les caractéristiques, pratiques etc en "masculin" et "féminin" permet de mieux comprendre le sexisme, et donc de mieux lutter contre.