Je vais à mon tour vous exposer mon soucis de chat.
Je préviens d'emblée, si vous avez un coup au moral en ce moment, mieux vaut ne pas lire la suite.
-----------------------------------------------
J'ai recueilli en juin dernier Louise, un gros chat tigré âgé d'environ un an dans une coursive d’hôtel particulier du 18eme où elle est née. Elle était rescapée d'une campagne de capture. Tout le reste de sa famille (3 ou 4 frères et sœurs) a été raflé.
Bon elle était dans un état lamentable, maigrelette, déprimée, pleine de tiques, gale des oreilles.
A lui proposer je n'avais que ma chambre d’étudiant de 9 m² et le week-end, une autre de 20m² avec un transport de 1 heure entre les deux.
J'ai vécu avec Louise un mois, le temps de m'y attacher comme à ma jambe, mon bras ou autre élément de mon corps. Au point que Louise est devenue pour moi un morceau de moi-même.
Il m'est arrivé d'arriver en retard à des rdv pour juste pouvoir repasser à ma chambre vérifier si tout allait bien et pouvoir lui parler 2 minutes. Elle me manquait dés que je sortais de chez moi.
J'étais en permanence avec elle pour compenser, on jouait beaucoup.Je faisais ce que je pouvais. Je savais que je ne pourrai pas la replacer, que une vie de chat ne vaut rien et que si je l'avais laissé dans la cour ils auraient fini par la coincer. Alors j'avais cette douleur de ne pas la laisser sortir de ces chambres sauf dans sa caisse de transport mais: "pas le choix" car pas de jardin où la surveiller.
Puis j'ai trouvé un nouvel appart.
20m² avec un bon rebord de fenêtre pour qu'elle s'y prélasse.
Tout ce qu'il faut pour trouver un gros arbre à chat d'occase et puis même une vue sur le ciel avec plein d'oiseaux tout le temps. Je m'en réjouissais d'avance, je nous y voyais déjà. Louise cachée derrière les persiennes à miauler pour que je lui donne le pigeon d'en face.
Mais la veille de notre déménagement, alors qu'on était en week-end, Louise est montée sur le rebord du garde corps du balcon de sa résidence secondaire puis elle a sauté dans la rue pendant que j'avais la tête tournée.
On était en pleine nuit, j'ai dévalé les escaliers, j'ai appelé appelé, cherché.
Toute la nuit. On m'a aidé les premières heures à quadriller tout le village. Chaque niche, chaque dessous de voiture.J'ai dormis deux heures au petit matin puis recommencé. Puis encore la nuit et jour suivant, puis encore, et encore et encore.
J'ai un concours dans un mois, un matin on m'a dit "Faut que tu retournes à ton appart' pour bosser, ton chat il reviendra si il veut".
Chaque week-end depuis je la cherche. J'ai fais une campagne de recherche orale dès le lendemain, puis une campagne d'affichage massive. Tout le monde connait la fille qui cherche son chat désormais.
Mais Louise n'est pas revenue.
Quelle atroce douleur de ne plus la voir se laver les coussinets.
De ne plus entendre ses rhou-rhou...
On m'a appelé une fois. Je suis allé sur place, à 7 ou 8 mètres derrière un portail, dans la pénombre un chat qui lui ressemblait mais dont je ne voyais pas tous les détails. On a appelé, ce chat est monté sur une chaise et nous a regardé de l'autre côté du muret. Puis a disparu. Je suis revenu de suite après avec ses croquettes, j'ai fais du bruit avec et il est réapparu, m'a regardé froidement et est parti sur les toits pour disparaitre dans l'obscurité.
Mon ami est persuadé qu'il s'agit de Louise. Elle a toujours eu une aura et un regard glacial.
Dois-je penser que ce n'est plus la peine d'espérer, qu'elle ne reviendra pas? Qu'elle ne veut plus de cette vie avec moi?
Si elle revient et j'en doute, dois-je la ré-enfermer, en ais-je moralement le droit?
Dois-je continuer à essayer de l'attirer pour l'attraper?
Et si elle n'est pas stérilisée, ce qui est surement le cas, mais quel drame!
Encore des nouveaux malheureux.
On a une super asso au village, je sais qu'ils rattraperont les dégâts au mieux, mais ça reste dramatique si elle se reproduit. Et je ne peux pas non plus payer sa stérilisation, faute de moyen, si ils parviennent à la capturer.
Bon bah du coup, quand j'en parle, ça me désespère et ça me fait chialer. Quand j'y pense aussi d'ailleurs.
Je prends toute idée, conseil, réflexion, sur son retour et ses modalités sur son régime de liberté & le droit moral d'enfermer un chat des rues/les raisons de son départ/ le fait que j'ai merdé de laisser la fenêtre ouverte & s'enfuir un chat pas stérilisé...