Merci Jez. Je le trouve un peu court. Par contre, il serait en fait plutôt à destination des femmes, même si l'auteure s'adresse aux hommes. C'est pas du tout pédago pour le coup
Les femmes féministes (enfin moi en tout cas) auraient donc tendance à oublier le fait que les hommes qui se disent féministes sont arrivés au féminisme, non pas tant par déconstruction d'un modèle normé, que par le fait qu'ils ne se sont jamais reconnus dans ce modèle masculin traditionnel, voire l'ont subi. On imagine bien les quiproquos effectivement : la féministe s'adressant au mec comme s'il était passé par le "parcours-type" de "l'homme" avant qu'il réalise que ce n'est pas égalitaire et qu'il lui faut changer d'attitude, et le mec se disant "mais pourquoi elle m'explique tout ça alors que je ne suis pas concerné ?".
Peut-on également inverser la perspective ? Ces mêmes hommes s'identifiant d'autant plus facilement aux femmes qu'ils ne se sont jamais sentis proches du rôle traditionnel masculin, ne mesureraient pas forcément pleinement le rapport de domination dont les féministes parlent puisque n'ayant jamais eu à se remettre en question pour réaliser "qu'être un homme", c'est beauf. Leur méconnaissance ne viendrait pas tant d'une position dominante qu'ils n'auraient jamais "vraiment" eue que d'un angle mort (je rappelle que je ne vise personne : on parle de généralités ; à chacun de se positionner [ou pas] par rapport ça puisqu'il/elle se connaît). Proposition ouverte à discussion
Je rejoins complètement Fushi sur le côté outsider/insider et Pers0nne aussi dont je pense comprendre l'embarras à se dire homme féministe sans pouvoir en assumer la pleine radicalité
(je serais un homme, je ne pense pas que j'aurais le courage de porter des jupes non plus ). Ça me semble (et cela n'engage que moi) être un minimum si on se dit féministe de faire ce que décrit Fushi, mais ça ne veut pas dire être tout le temps là à guetter, reprendre, corriger ses "camarades", on peut bien parfois être fatigué et ne pas avoir envie de se prendre la tête ; c'est pas un chemin de croix non plus ^^. Grussie décrivait très bien aussi l'attitude qu'elle pensait être juste venant d'un homme féministe. Et dans ce contexte, pas besoin de militer (en asso j'entends) pour se dire féministe. J'ai l'impression que ça doit demander pas mal de courage de reprendre un groupe de mecs (potes par exemple) en train de faire une blague débile sexiste. On est le rabat-joie de service, avec toute la connotation méprisante que les végés connaissent bien ^^ Mais je pense aussi que si on fait ce choix, sans être dans la "pureté", il faut être cohérent, ne pas se "laisser aller" soi-même et être à peu près constant dans son positionnement ; sinon, comme pour les végés ça décrédibilise le discours (c'est un avis perso, je le précise à nouveau).
Et c'est là où je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que disait V3nom (même si je suis d'accord avec le reste de ce que tu disais) concernant le fait "qu'il n'est pas question de dénier à un féministe (qu'on l'appelle "en devenir" ou féministe légitime) la valeur de ses tentatives, même si elles échouent ou sont maladroite". Ça dépend. Je pense quand même qu'il y a un minimum de prérequis pour se dire féministe quand on est un homme (certainement aussi quand on est une femme, comme le soulignait Monsidlateci, mais ce n'est pas le débat même si c'est un débat intéressant également) et qu'il est légitime de mettre en doute la nature de l'engagement d'un homme se déclarant féministe si ces prérequis ne sont pas respectés. Remettre en question sa propre construction masculine et "porter la parole" dans les groupes masculins comme dit au-dessus est l'un de ces prérequis.
J'ajouterais aussi le fait d'accepter de ne pas pouvoir s'absoudre soi-même de sa domination de genre. Admettre que, tout féministe que l'on soit, on a encore un positionnement ambivalent (non choisi mais bel et bien imposé) en tant qu'homme et que cette ambivalence ne permet pas de se dire soi-même "affranchi" de la position dominante dans les rapports de genre.
Et donc, de ne pas se positionner sur un pied d'égalité avec les femmes dans les espaces féministes (sauf si on y est invité). Je pense sincèrement qu'un homme peut, dans la même mesure qu'une femme, sortir des rapports de domination (donc jamais complètement en fait), mais il me semble impossible qu'un homme féministe se dise lui-même étranger aux rapports de domination de genre, tout déconstruit soit-il, du fait de cette ambivalence. Et c'est là où je ne suis pas vraiment d'accord avec Doktor sur le fait de reporter la responsabilité de la personne employée sur le seul recruteur : c'est se dédouaner. Ça ne veut pas dire qu'on doit forcément laisser sa place, mais je ne suis pas d'accord avec l'argument avancé.
Je te rejoins par contre sur le fait que le féminisme ne pourra être un succès que si on prend en compte ce que vivent aussi les hommes en termes de pression et d'injonction quant au modèle masculin. Mais comme le disaient donc Fushi, Pers0nne et Grussie, c'est précisément sur ce terrain que des hommes féministes peuvent être le plus efficace certainement.
l'intersectionnalité (très éclairant quand on dresse le profil socio-économique moyen de LA militantE féministe
)