Bonjour,
En tant qu'amoureuse inconditionnelle d'un frisé-omnivore, voici ma participation au débat : pour moi, le problème n'est pas de sortir avec quelqu'un-e qui mange de la viande. Mais de sortir avec quelqu'un-e d'intelligent (au sens relationnel du terme).
Quelle que soit la nature de la différence entre deux individus (alimentaire, religieuse, culturelle, etc.), ce qui pose problème (selon moi) est rarement la différence elle-même, mais plutôt la façon dont on joue avec les éventuelles contraintes, la façon dont on en parle, la place qu'on donne à l'autre, les compromis que nous sommes capables de faire, l'importance que ça a pour nous, pour l'autre. Tout ça. Liste non exhaustive.
J'aurais bien plus mal vécu la relation que nous avons s'il m'avait fait les réflexions que d'autres subissent. Parce qu'en fin de compte ce n'est pas son alimentation qui m'aurait posé problème (ce n'est pas le cas en tout cas), mais sa façon de faire avec ma particularité. Son comportement vis-à-vis de moi.
Mais mon frisé-omnivore sait cuisiner et faire danser mes papilles, et je rejoins le côté "Peu importe ce qu'il y a dans mon assiette, si c'est bon, je suis content". Il se moque de moi de temps en temps (mais c'est pour rire, on se "bagarre" souvent pour rire) à ce sujet, comme sur n'importe quel autre sujet, mais mon passage au végétalisme n'a jamais-au-grand-jamais remis quoi que ce soit en question entre nous (j'en avais peur, parce que manger gras/de la viande/du fromage était une passion commune chez nous).
C'est en ce sens que je parle d'intelligence relationnelle, et ça va évidemment dans les deux sens.
Je ne me suis pas mise, du jour au lendemain, avec ma petite voix, à dicter les "nouvelles règles de maison" ("Bonjour, à partir d'aujourd'hui tu achètes ta propre viande, tu te la cuisines, au mieux tu n'en manges plus du tout à la maison, tu fais ta vaisselle, et en plus tu vas apprendre à me faire de quoi me sustenter. Bisous, sois rigoureux !").
Les changements sont arrivés progressivement, la cuisine est devenue un jeu.
Des compromis ont été fait face aux nouvelles limites, à ces nouveaux sujets importants, car si j'ai le droit de vivre mes convictions comme je l'entends, il était hors de question que ma moitié ait l'impression de ne plus tellement avoir sa place à la maison.
De mon côté, je passe beaucoup de temps à tester des recettes qui nous feraient plaisir à tous les deux (c'est le plus gros changement, je ne savais pas cuisiner du tout avant, et je n'aimais pas ça). Et sauf manque de temps, ça ne me dérange plus du tout d'avoir à faire tous les repas.
Le meilleur exemple = Je ne veux pas de lait de vache ni d'oeufs à la maison mais il adore manger des pancakes au petit déjeuner et ne sait pas végétaliser la recette (il utilise le lait de vache uniquement pour ce repas). Bah voilà, hier matin je me suis levée un peu plus tôt pour lui faire des pancakes, il a adoré, je lui ai filé la recette, il veut en manger toute sa vie. Adieu lait et oeufs.
Quand je lui parle des repas végéwebiens, il est de plus en plus jaloux de ne pas avoir été présent pour goûter (surtout quand je teste des recettes sur ces charmants cobayes-toulousains-de-l'amour et que je lui en parle), la curiosité et la gourmandise, c'est quand même bien aidant !
Mais il n'a pas les mêmes combats que moi. Il a aussi le droit de se sentir chez lui.. quand il est chez lui. Alors forcément, même si j'aurais tendance à être tentée, je fais des compromis aussi sur ce que peut contenir mon frigo et mon placard. Ca paraît idiot de le préciser, mais je redouble de bisous-mignonneries quand il fait un geste pour moi (comme m'accueillir avec du tofu, du lait végétal, me préparer des wraps-trop-bon végan pour mon repas au boulot..). Quand on est en couple, souvent, on veut bien faire.. Mais on peut paniquer parce qu'on ne sait tout simplement pas comment s'y prendre. Les encouragements et les compliments ne coûtent pas chers et ça aide beaucoup.
(J'adore faire des compliments/des bisous/des câlins et c'est un excellent moteur de motivation pour lui : là-dessus, on s'est bien trouvés)
Rassurez-vous l'un l'autre, respectez-vous (se respecter, ça passe par poser des limites aussi, hein !). Prenez le temps de discuter clairement et honnêtement de ce qui découle de ce changement.
Et puis aimez-vous. C'est important.
Bisous d'après-pavé.