J'aimerais tellement que les gens parviennent à s'entendre mais je sais pourtant bien que ce n'est pas possible tout le temps. Je vais quand même essayer de dire ce que j'ai sur le cœur.
Ce que je voudrais dire, c'est que chacun d'entre nous aimerait bien qu'autrui se comporte comme on le ferait (en tous cas, je parle de ma propre expérience) et que c'est rarement le cas au final. On aimerait vraiment que l'autre agisse conformément à nos attentes, conformément à ce que l'on fait soi-même dans la vie, mais ça ne marche pour ainsi dire pas comme ça, en général, simplement parce qu'autrui est libre et qu'il a son chemin de vie, plus ou moins cahoteux, plus ou moins entravé.
Alors, oui, parfois les comportements qui nous sont étrangers nous mâchent, nous dérangent (j'en sais quelque chose) et nous sont incompréhensibles, je le sais, je réagis pareil en un sens, mais derrière tout ça, pourtant, il existe une réalité commune à tous qui est, d'après ce que j'ai pu observé, la souffrance. On tâche tous, me semble-t-il, d'éviter de souffrir (peut-être que dans quelques cas, ce n'est pas vrai mais ça resterait à discuter), seulement, on le fait par des moyens différents et on fait aussi comme on peut et autrui fait des choix (qui parfois n'en sont pas vraiment) qui nous paraissent aberrants alors que pour autrui, c'est peut-être la seule possibilité qui lui reste (tu vois, je pense à un mendiant à qui on rechigne à donner de l'argent parce qu'il ou elle risque d'aller s'alcooliser au bistrot du coin, mais peut-être est-ce là son dernier recours ? Comment vraiment savoir à sa place ce qui est encore bon, ou encore possible, pour lui ou pour elle ?).
Alors, Elysiona, je comprends ce que tu peux éprouver et peut-être as-tu été éduquée dans la mise en garde contre les substances psychoactives, peut-être éprouves-tu une méfiance à l'égard de ceux qui en consomment, peut-être tout simplement ne comprends-tu pas qu'ils ne se comportent pas comme toi qui fait tellement attention à ne pas tomber dedans, mais les formulations que tu utilises contribuent peut-être à rendre ta pensée rigide d'une façon telle qu'elle tend à faire sentir aux personnes concernées qu'elles sont dénigrées par ce biais.
S'il y a une chose que je sais ou crois savoir, c'est qu'on gagne le plus souvent à faire attention à la souffrance d'autrui, à la prendre en compte, même si on est en colère, même si ce qu'il ou elle dit nous dérange. La souffrance d'autrui est légitime. Peut-être que je me plante mais je crois que chacun cherche à ne pas souffrir même ceux qui vont vers la dépendance, vers la drogue... Ou alors ils font des choix dont ils ne mesurent pas les conséquences, contraires à leur intérêt à long terme parce que le contentement immédiat est là. Mais nul n'est parfait, et que serait-ce donc d'être parfait d'ailleurs ? Je dirais seulement que l'essentiel, c'est au moins d'essayer de ne pas nuire à autrui (on peut s'accorder là dessus je pense) et qu'après, qu'un individu se nuise à lui-même, c'est sans doute dommage, pour lui d'abord, c'est sans doute dommage aussi qu'il foute sa santé en l'air mais s'il a fait un choix ou s'il n'a pas eu les moyens de faire autrement, qu'y puis-je ? Je peux condamner moralement son attitude, certes, mais qu'est-ce que cela change ? à moins de vouloir philosopher de manière générale sur le type de société que l'on veut, ce qui peut aussi être une discussion d'intérêt.
Bref, je m'égare, je voulais juste dire que le vécu de chacun est du ressort de sa liberté quand bien même ses choix peuvent être jugés aliénants par d'autres. Après, ouais, on peut aussi vouloir que la société chemine vers moins de souffrance, et c'est pas gagné, mais quels moyens mettre en œuvre pour cela sans non plus trop restreindre la liberté des gens (?), d'autres, plus libertaires, diraient sans doute sans la restreindre du tout (mais je ne suis pas vraiment libertaire, je pense qu'il faut un minimum de contraintes pour vivre ensemble car sinon, c'est pour ma part le chemin vers l'entre-destruction) ?
Je voulais ajouter aussi que le fait que des gens se nuisent à eux-même m'impressionne au premier abord parce que ça me fait en effet peur de me dire que peut-être ça aurait pu m'arriver si je n'avais pas été protégé mais après, je tente de réfléchir et je me rends compte que, c'est bon, je ne risque pas grand chose, que ces gens-là doivent malgré tout être dans une certaine détresse pour faire ça (je ne crois pas qu'on se mutile ou se nuise vraiment par plaisir - et que même si ça peut être par plaisir parfois, au final, on y gagne pas grand chose - mais plutôt parce que c'est tout ce qui nous reste comme façon d'agir, comme façon d'être même). On ne peut pas condamner tous ces comportements d'un seul coup juste parce qu'ils nous déplaisent, il faut les voir de manière plus juste, les expliquer, les comprendre, les voir non comme des agressions à notre égard mais comme des marques de détresse souvent, des marques de liberté parfois même (?), liberté étrange certes mais liberté quand même.
Enfin, je suis parti un peu loin du sujet de départ car même si la clope est pas top pour la santé, je pense pas non plus que ce soit sur le même plan qu'un psychotrope violent (où l'on risque l'overdose à chaque prise par exemple) même si c'est hyperaddictif.
Mouais, bon, c'est nul ce que j'ai écrit, on dirait une leçon de morale à dix balles mais enfin, voilà, je voulais dire ça, que j'essayais de comprendre le sentiment de chacun et que j'espère que je me serai mis personne à dos.
Je vous embrasse toutes.