Je ne te suis pas vraiment Jezebel. Les anh n'ont pas les moyens d'exprimer leurs ressentis et les humains sont capables de projeter sur l'animal par empathie (d'autres diraient bien anthropomorphisme) leurs propres ressentis et nous ne sommes pas si radicalement différents d'eux sauf que nous sommes champions du cerveau. Un animal ne peut pas être demandeur, c'est à nous d'être capables de les aider si besoin. Je pense à un cas concret : un oiseau s'est pris aux mailles d'un filet de jardin. Il a peur et ne demande pas que tu l'aides. Tu fais quoi ? Tu l'aides quand même malgré sa peur ou non ? Perso, j'hésite pas une seconde, je l'aide.
Ne pas interférer, ça voudrait dire n'avoir plus de contact humains/anhs ? Je comprends pas, l'interaction n'est pas une mauvaise chose en soi, si ?
Par rapport à l'amitié, y a quand même des signes qui ne trompent pas de la part des anhs. Soit je suis crétin soit je suis capable de voir ce qu'apprécient mes petits compagnons à poils et à plumes.
Quant aux comportements psychotiques etc. y a assurément les mêmes dans la nature.
Pour l'égoïsme, ce n'est pas un problème en tant que tel si cela apporte un mieux-être. D'ailleurs, on fait presque tout par égoïsme, faut pas se leurrer.
A mon sens, la nature est bien pourrie et si on peut apporter un peu de soulagement, je sais, c'est prétentieux sans doute, hé bien, je n'y vois pas d'inconvénient. Ce sont les dérives que je condamne, pas la cohabitation avec les animaux.
Y a d'ailleurs des peuples qui vivent en harmonie avec des animaux sauvages, c'est magnifique :
http://www.gentside.com/insolite/dans-c ... 30017.html
Certes, ça peut entraîner des dérives là aussi mais c'est un exemple parmi d'autres.
Y aussi des interactions entre animaux très émouvantes :
http://static.wamiz.fr/images/news/diapo/1840.jpg
http://referentiel.nouvelobs.com/file/4741463.jpg
http://i.telegraph.co.uk/telegraph/mult ... 86834i.jpg
Je pense à un autre exemple, cette fois-ci d'interaction viciée h/anh. J'ai vu des enfants qui jetaient des pierres sur des canards. Les canards m'ont rien demandé mais je suis intervenu bien sûr pour dire aux gamins de cesser immédiatement de jeter des pierres. Bref, suis-je un affreux interventionniste irrespectueux de la liberté des anh ? En tant qu'humain doté de quelques possibilités que les animaux n'ont pas, j'estime être de mon devoir d'intervenir.
Bon, vous allez me maudire, alors, je suis preneur de lectures sur le sujet si vous avez des références pour me cultiver un peu.
Je suis d'accord avec Jezebel pour dire que le fait d'avoir historiquement domestiqué les animaux est une forme de domination, et je suis également tout à fait contre l'idée que nous leur apportons quelque chose par rapport à ce qu'ils avaient dans la nature. J'ai souvent l'impression qu'on prend bien trop les animaux pour des mineurs irresponsables. Le sentiment d'être maître de sa propre vie est important pour les humains, peut-être l'est-il pour les animaux aussi malgré les inconvénients qu'apporte le fait d'être responsable de soi-même (assumer les dangers etc.). Une vie risquée est parfois bien plus exaltante qu'une vie sédentaire, on apprécie tous les poussées d'adrénaline de temps en temps par exemple.
Je crois que c'est une vision très humaine aussi que tu livres Synae. Pour ma part, les poussées d'adrénaline, je les laisse à qui veut mais ça, c'est lié à mon vécu et aux problèmes de santé que j'ai pu avoir. La liberté, le risque, c'est bien beau mais quand t'es en bonne santé sinon, c'est tout de suite moins drôle.
La question est plutôt : n'est-il pas possible de rendre leur responsabilité aux animaux dans le cadre de la vie communautaire avec les humains ? Ils expriment clairement leurs préférences, ils ont une parole, une volonté, et si nous sommes à l'écoute nous pouvons les prendre en compte au lieu de choisir à leur place ce qui nous arrange. Par exemple les lapins détestent être enfermés toute la journée en cage, en quoi le fait qu'ils secouent leurs barreaux pour le montrer aurait-il moins de valeur que, par exemple, des humains qui militent pour la diminution du temps de travail ? On peut donc accorder aussi cette revendication aux citoyens lapins et instaurer une législation des temps de sortie par exemple, voire interdiction des cages et obligation d'adapter sa maison à l'accueil d'un lapin si on souhaite partager sa vie avec lui (isolation des câbles électriques, pas de plantes toxiques etc.). J'avoue que j'adore ce parallèle législatif que fait l'article, ils n'est pas si saugrenu que cela je trouve. Il serait temps d'arrêter de penser qu'il n'y a que le langage articulé qui permet d'exprimer des préférences valables.
Alors là, je suis perplexe, le problème, c'est justement que les animaux ne peuvent s'exprimer que de manière limitée et qu'on ne peut pas savoir ce à quoi ils aspirent précisément.
Il est clair également que l'eugénisme serait à bannir puisqu'il dessert leur bien-être par les maladies chroniques qu'il entraîne. Pour ce qui est d'être obligé de les garder cloîtrés, c'est pareil, est-ce que cela ne relève pas plutôt de la peur viscérale du propriétaire de perdre son ami, quelles que soient les volontés du dit ami ? C'est un peu comme une mère qui ne laisserait jamais sortir sa fille majeure par peur qu'il lui arrive quelque chose, situation insupportable pour la fille. Peut-être les animaux "de compagnie" peuvent-ils faire preuve d'une volonté d'assumer de temps en temps certains risques, simplement pour le plaisir de gambader un peu plus longtemps et plus loin dans la nature (même si le niveau de "risque raisonnable" reste à déterminer). On serait comme ça dans une situation intermédiaire entre la dépendance, la minorité totale et l'indépendance sauvage impossible pour ces espèces qui ne sont plus faites pour. Une concitoyenneté.
Quant tu parles de la peur de perdre son ami, en ce qui me concerne, je crois que tu te trompes, j'ai surtout la peur viscérale que mes compagnons souffrent, ça oui, et je ferais tout pour qu'ils ne souffrent pas. Quand un de mes compagnons est malade, c'est une souffrance terrible mais quand il est mort, hé bien, il est mort, c'est fini, je suis triste mais moins tourmenté que quand il était malade. Malheureusement, j'ai connu la situation à de nombreuses reprises.
En tout cas quels que soient les problèmes historiques de domination par la domestication, nous sommes maintenant, dans les faits, au-delà de cette situation. Le mal est fait, les animaux domestiqués se sont intégrés à notre culture, ont modifié les leurs pour vivre convenablement avec nous (lorsqu'on les traite bien). Il me semble évident qu'ils ont des instants de bonheur parmi nous (pas nécessairement plus ni moins que dans la nature, ce qui me semble impossible à déterminer pour une espèce qui de toute façon ne survivrait pas seule dans la nature, mais ils en ont). Je pense qu'il faudrait essayer de dépasser l'idée "que peut-on leur apporter ?" et "que peuvent-ils nous apporter ?", qui est autant intéressée dans un cas que dans l'autre, pour simplement chercher à vivre convenablement ensemble (comme le font les différentes communautés humaines entre elles, sans chercher spécifiquement qui apporte quoi à l'autre).
Là je te suis. J'ajouterais toutefois que l'altruisme intéressé n'est pas une tare.
En gros, c'est soit la disparition des animaux de compagnie parce qu'on est incapables de ne pas se poser en dieux et maîtres absolus pour eux, soit descendre de notre piédestal de "ceux-qui-savent-mieux-que-tout-le-monde" et redonner aux animaux la possibilité de déterminer, au moins partiellement, leurs choix de vie parmi nous, en toute humilité et égalité. Je dis "au moins partiellement" car de toute façon même parmi les humains on choisit rarement seul, il y a toujours les intérêts des autres à prendre en compte. En général on arrive à peu près à un équilibre parce qu'on essaie sincèrement d'apporter la même considération à chacun, pourquoi est-ce que cette égalité de considération des intérêts ne serait pas possible dans le cas des animaux de compagnie ? C'est vrai que ce n'est pas facile car on suspecte facilement chez l'humain un désir d'utiliser l'animal non humain pour son bon plaisir, derrière une façade de politiquement correct (comme on suspecte facilement chez l'homme un discours patriarcal derrière la galanterie par exemple). Mais je suis persuadée qu'une inter-relation désintéressée est possible. En gros "Agis de telle sorte que tu traites l'animalité, aussi bien en toi qu'en autrui, toujours comme une fin et jamais simplement comme un moyen."
Oui, tu parles des dérives que je condamne clairement mais il faut reconnaître que l'humain a des potentialités que les animaux non humains n'ont pas et si l'humain, pour une fois, peut venir en aide aux anh, je suis partant. Ce n'est pas agir en dieu, c'est agir en humain.
Je vois bien de quoi tu parles Picatau avec le "laisser-aller". C'est vrai que malheureusement, c'est un peu facile de dire "laissons les animaux se débrouiller tout seuls" alors que la présence et l'influence humaines sont aujourd'hui omniprésentes. Mais si intervention il doit y avoir, elle peut quand même rester minime, et n'avoir pour but, comme l'exprime l'article au sujet des animaux sauvages, que de "préserver ou restaurer leur autonomie", comme on le fait lorsqu'une autre nation humaine est en difficulté (car le colonialisme, c'est fini, alors ça serait dommage de remettre ça avec les animaux).
Il n’est cependant pas suffisant de dire que nous devons les « laisser-être » comme le font les théories des animaux traditionnelles puisqu’il est impossible de transformer l’étendue globale des habitats des animaux sauvages en aires protégées. Selon la Wildlife Conservation Society, 83 % de la surface de la Terre est directement influencée par les êtres humains. Une politique de non-interférence n’est donc pas satisfaisante, il faut aborder ces enchevêtrements inévitables. Zoopolis propose d’établir des droits territoriaux pour les communautés d’animaux sauvages, de mettre immédiatement fin à l’expansion des habitations humaines, de cesser de raser les forêts et de préserver/restaurer ce qui reste de leurs habitats. [...] Considérer les animaux sauvages comme des nations souveraines n’implique pas de ne pas interférer avec leurs activités (pour réduire la souffrance, par exemple), mais signifie qu’on doive le faire dans le but de préserver et/ou restaurer leur autonomie.
OK, là ça me parle.