Gladone est très bien. Elle aura moins de boulot pour calmer les ardeurs des débatteurs quand ils ne seront plus que deux... Merci pour le tuyau unibet, je n'ai pas la télé en ce moment et j'hésitais à prendre le league pass... En même temps ma box est foutue et en attendant je suis sur un wifi pourri...
Ci-dessous un article récent du Monde sur les positions pro-minorités en NBA.
La NBA joue en défense des minorités
Après des décennies de neutralité politique, la ligue nord-américaine de basket, qui reprend mardi, a adopté des positions fortes contre les discriminations et soutient le combat de ses stars afro-américaines contre les violences policières.
LE MONDE SPORT ET FORME | 21.10.2016 à 06h42 • Mis à jour le 25.10.2016 à | Par Clément Guillou
Toute l’année, le monumental Wynn Las Vegas (Nevada) accueille dans un décor bling-bling les joueurs de poker et les couples rêvant d’un mariage à la hauteur de leur compte en banque. Mais il y a trois mois, ce sont les dirigeants de la NBA qui ont loué le centre de convention de l’immense casino.
Au menu de la réunion : la question du maintien ou non à Charlotte, en Caroline du Nord, du All-Star Game 2017, la vitrine de la NBA, après l’adoption par cet Etat de la loi dite « HB2 ». Le texte supprime notamment des garanties antidiscriminatoires pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) et oblige ces dernières à utiliser, dans les bâtiments publics, les toilettes du sexe indiqué sur leur acte de naissance.
Le All-Star Game déménage
Le « board of governors » de la NBA est conscient de la sensibilité du débat : qu’ils déménagent le All-Star Game, et ils franchiront une ligne que la NBA n’a jamais fait que frôler, en s’immisçant dans un débat sociétal et hautement politique ; qu’ils le maintiennent à Charlotte, et ils se verront reprocher d’avoir les affaires de la ligue pour unique boussole.
Un homme va convaincre l’assemblée, qui penche déjà largement en faveur du déménagement, en quelques minutes. Rick Welts, président de la franchise californienne des Golden State Warriors, favoris de la saison qui s’ouvre.
Il commence ainsi, selon la scène racontée à l’époque par USA Today : « Pour ceux qui l’ignorent… » Et, sans émotion aucune, il raconte ses quarante-sept ans dans l’industrie américaine du basket : ramasseur de balles, attaché de presse, directeur marketing de la NBA, directeur exécutif de deux franchises. Il rappelle aussi son coming out, en 2011, à la « une » du New York Times. Le premier pour un dirigeant d’équipe. Rick Welts explique que si le All-Star Game était maintenu à Charlotte, il préférerait ne pas y assister. Et que les employés LGBT qu’il a rencontrés dans les différentes franchises feraient de même.
Une décision qui fera date
Le discours achève de convaincre les quelque soixante-dix personnes présentes, des huiles de la ligue, des dirigeants et des propriétaires de franchises. Dans la foulée, le commissaire général de la NBA, Adam Silver, de son air sévère de maître d’école, fines montures posées sur ses oreilles éléphantesques, annonce de fait le retrait du All-Star Game.
Cette décision, qui entraîne une perte estimée à 100 millions de dollars (91,5 millions d’euros) pour la région, est un coup porté aux Charlotte Hornets du commandeur Michael Jordan. Une occasion manquée, aussi, pour le double MVP et meneur des Golden State Warriors, Stephen Curry, de jouer le match des étoiles dans sa ville natale.
« Ils ont géré cette affaire à la perfection, salue Hudson Taylor, fondateur de l’association Athlete Ally, qui lutte en faveur des droits LGBT dans les vestiaires de sport. L’idéal aurait été qu’ils obtiennent la suppression du texte ou sa modification. Ils ont travaillé dur pour cela. Quand il est devenu évident qu’ils n’y arriveraient pas, ils ont choisi l’autre option, et pris une décision qui fera date. »
100 000 dollars d’amende pour une insulte
L’inverse aurait été surprenant. Au quotidien, la NBA travaille avec plusieurs associations luttant contre l’homophobie. En France, la vision de Frédéric Thiriez, ex-président de la Ligue de football professionnel, sur un char siglé « LFP » en pleine Marche des fiertés, aurait suscité un certain étonnement. Mais personne n’a été vraiment surpris de voir Adam Silver défiler en juin 2016 lors de la Gay Pride new-yorkaise, vêtu d’un tee-shirt arc-en-ciel rendant hommage aux victimes de l’attentat homophobe dans une discothèque d’Orlando (Floride).
« La NBA a toujours été à l’avant-garde et progressiste, en partie en raison de son affiliation à la [ligue féminine] WNBA, ce qui rend ses dirigeants très concernés par les questions d’égalité », souligne Hudson Taylor. Pour Rick Welts, interrogé en 2011, la NBA est moins réactionnaire que les autres ligues majeures car « son succès est relativement récent (…). Je pense qu’elle est plus en phase avec la société que d’autres sports historiquement populaires. »
La NBA fut la première à introduire des sanctions contre les insultes homophobes. L’emblématique joueur des Los Angeles Lakers, Kobe Bryant – aujourd’hui retiré des parquets –, fut le premier, en 2011, à écoper d’une amende de 100 000 dollars et d’un communiqué sentencieux du commissaire général, après que l’Amérique eut pu lire sur ses lèvres un « fuckin’ faggot » (« putain de pédé ») adressé à l’arbitre.
L’homosexualité perçue comme une faiblesse
Mais, l’homophobie n’a pas disparu. Jason Collins, premier joueur d’une ligue majeure à faire son coming out en 2013 et aujourd’hui retraité, reste trois ans plus tard une exception. Vedette du basket féminin, la quadruple championne olympique Diana Taurasi – elle joue dans la WNBA pour les Phoenix Mercury – assure que le sujet reste particulièrement tabou chez les hommes et « les fait fuir du vestiaire comme un virus ».
« J’ai l’impression que beaucoup de joueurs voient l’homosexualité comme une faiblesse et regardent ça avec dédain, c’est dans leur éducation », déplorait Taurasi pendant les Jeux olympiques de Rio, disant ne pas s’attendre à de nouvelles « sorties du placard » avant un certain temps en NBA.
La crainte d’être mis de côté pour ses opinions sexuelles est particulièrement prégnante dans un système qui peut vous envoyer d’un jour à l’autre dans un nouveau vestiaire, explique Hudson Taylor.
De fait, si la ligue n’a pas tremblé, les joueurs NBA ont dans l’ensemble marqué leur étonnement devant la décision de ne pas jouer le All-Star Game à Charlotte. Et, le cas échéant, ils n’auraient probablement pas mené d’action collective pour s’opposer au maintien de l’événement.
« Message fort, courageux et déterminé »
C’est pourtant ce que les joueurs étaient prêts à faire deux ans plus tôt, dans une autre affaire ayant mis à l’épreuve l’hermétisme de la NBA aux questions de société. En avril 2014, la diffusion de propos racistes tenus – en privé – par le propriétaire des Los Angeles Clippers, Donald Sterling, a fait naître un vent de colère dans toutes les franchises. Les réseaux sociaux ont alors bouillonné de réactions ulcérées des joueurs, présents et passés, et le président Barack Obama, en voyage officiel en Malaisie, a appellé Adam Silver à agir. La NBA, elle, est restée muette de longues heures.
A ce stade, la réaction de l’emblématique LeBron James fut décisive : « Il n’y a pas de place pour Donald Sterling dans notre ligue. » Adam Silver devait rapidement annoncer la suspension de celui qui était alors le plus ancien propriétaire de franchise – trente-trois saisons – et la mise en vente de sa licence. Les associations de défense des droits civiques saluèrent un « message fort, courageux et déterminé ».
Cinq mois plus tard, le propriétaire des Atlanta Hawks subissait le même sort pour avoir jugé, dans un courriel interne, que ses tribunes manquaient de spectateurs blancs et donc, selon lui, de riches consommateurs. La raison de cette sévérité ? Charles Barkley, star des années 1990 et commentateur le plus influent de la télévision américaine, le dit sans fard : « Nous sommes une ligue de Noirs. »
Trois basketteurs de NBA sur quatre sont afro-américains
Or, une ligue sportive n’a jamais agi sur une question sociétale que lorsque ses participants l’ont forcée à le faire, explique Joseph Cooper, sociologue à l’université du Connecticut et spécialiste des questions raciales et sociétales dans le sport.
« Historiquement, les ligues et les dirigeants aiment faire comme s’ils vivaient dans une bulle et maintenir le statu quo. (…) Ces réactions [sur Donald Sterling et la loi HB2 en Caroline du Nord] étaient courageuses, mais j’aimerais voir la NBA plus proactive et montrer qu’elle est consciente que la société dans laquelle elle s’inscrit est traversée par des lignes de fracture sexuelles, raciales et religieuses. Dans ce contexte, ne pas prendre position face à des injustices si criantes, c’est presque politique. »
Soixante-six ans après la première entrée en jeu d’un joueur de couleur, Earl Lloyd, trois basketteurs de NBA sur quatre sont afro-américains. Une clé de lecture incontournable au moment d’analyser la récente politisation de la NBA, concomitante du mouvement Black Lives Matter (« Les vies noires comptent ») contre les violences policières.
Si le joueur de football américain Colin Kaepernick en est devenu la figure sportive, en décidant de poser son genou à terre pendant l’hymne américain, les basketteurs ont, dès 2012, collectivement exprimé leur colère après la mort, en Floride, d’un adolescent de 17 ans, Trayvon Martin. Par un communiqué rarissime, le syndicat des joueurs demandait l’arrestation du responsable, George Zimmerman, coordinateur de la surveillance du quartier où se trouvait le jeune homme au moment de sa mort, et la démission du chef de la police locale.
La tiédeur politique de Michael Jordan
De nouvelles manifestations ont suivi depuis, de nombreux joueurs bravant le code vestimentaire imposé par la NBA pour porter à l’entraînement des tee-shirts « I can’t breathe » – les derniers mots prononcés par Eric Garner, père de famille mort durant son arrestation brutale en 2014.
En juillet, quatre figures de la ligue demandaient à ouvrir la cérémonie de récompense du sport américain, sur ESPN, par une longue adresse aux téléspectateurs et aux athlètes. Ouverte par Carmelo Anthony – « La ségrégation raciale n’est définitivement pas nouvelle. Mais l’urgence du changement n’a jamais été si grande » – et conclue par LeBron James – « Retournons là d’où nous venons, donnons du temps, de l’argent, aidons les quartiers à se reconstruire, à se renforcer, à changer. Nous devons tous faire plus » –, les deux joueurs les plus actifs dans ce nouveau combat pour les droits civiques.
Partisan de la candidate démocrate à la présidence Hillary Clinton, LeBron James s’est découvert une conscience politique à mesure qu’il s’installait comme la figure de la NBA, et que son influence grandissait dans le vestiaire de ses équipes. Une attitude qui tranche avec l’apolitisme revendiqué de Michael Jordan, à qui fut attribuée cette phrase apocryphe, alors qu’il refusait de prendre parti dans sa ville d’origine contre un candidat républicain taxé de racisme : « Les républicains aussi achètent des baskets. »
Le communiqué publié cet été par l’ancienne star des Chicago Bulls sur cette question de société a ainsi été traité dans les médias américains comme un bouleversement. Mais le choix des mots, comme celui de verser 1 million de dollars (900 000 euros) à une association émanant de la police et à une association de défense des droits civiques, était aussi tiède politiquement que l’a été « MJ » durant sa carrière.
« Mégaphone exceptionnel »
S’il l’avait voulu, Michael Jordan aurait sans doute été le premier basketteur en mesure de porter un message politique à l’échelle du pays et au-delà. « Il a choisi le commerce plutôt que sa conscience », selon les mots de Kareem Abdul-Jabbar, première star du basket à se battre pour les droits civiques, il y a un demi-siècle.
Pendant les émeutes raciales de Los Angeles, en 1992, l’icône était restée de glace, comme toute sa génération – un silence qui a duré jusqu’à Kobe Bryant. A l’ère des réseaux sociaux et de l’explosion de la popularité de la NBA, les porte-voix sont plus nombreux et ont saisi l’occasion d’inscrire la question des violences policières dans le débat public. Et peu importent les réprimandes éventuelles de leurs sponsors ou de leurs dirigeants – qui ne viennent jamais.
« Ces sportifs ont une plate-forme différente de celle dont nous disposions à la fin des années 1960, puisqu’ils peuvent parler, à la télévision nationale, de la violence et des meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants noirs dans ce pays, observe Harry Edwards, sociologue du sport et militant interrogé par Associated Press. Ils ont un pouvoir dont nous n’osions rêver dans les années 1960 (…). Les athlètes disposent d’un mégaphone exceptionnel. Ils ont le devoir de s’exprimer, en particulier sur la question afro-américaine. »
« Racisme institutionnel »
Reste à savoir si cette explosion de hashtags et de messages forts sera suivie d’actions tangibles et si leurs effets tiendront sur la durée, comme les combats, dans les années 1960, de Mohamed Ali ou de Abdul-Jabbar.
Signe de l’état d’esprit constructif du commissaire Adam Silver, la NBA et le syndicat des joueurs travaillent à des initiatives communes pour rétablir le dialogue dans les quartiers grâce au basket et pour offrir des opportunités « à des jeunes de couleur ».
C’est là une urgence pour la NBA dans son ensemble. Même si une étude annuelle la met systématiquement au premier rang des ligues professionnelles sur l’embauche des femmes et des personnes de couleur, les franchises brillent par l’absence de décisionnaires d’origine afro-américaines. Michael Jordan est le seul Noir propriétaire d’équipe, la proportion de dirigeants de franchise noirs dépasse à peine les 10 %, et le nombre d’entraîneurs afro-américains – huit sur trente – est au plus bas depuis le début du siècle.
« Cela reflète un certain racisme institutionnel, et c’est hautement problématique pour la NBA, estime le sociologue Joseph Cooper. Le message envoyé, c’est qu’on apprécie la valeur athlétique des Noirs mais qu’on ne les estime pas suffisamment capables intellectuellement pour diriger. » Mais, pour les nouveaux porte-parole politiques du basket américain, mener ce combat pourrait conduire à importer sur les parquets la fracture raciale qu’elle combat en dehors. Un fléau dont la NBA a, jusqu’ici, été préservée.