Charlie Hebdo

Donc... parce que je suis blanche, dans un pays tranquille comme la France, pays qui a malheureusement des antécédents pourris de colonialisme que je ne cautionne pas, et que je vis dans un pays qui accordent des privilèges, le racisme me concerne forcément alors que je ne suis pas raciste ?
Alors que je ne suis pas d'accord avec la politique du pays, ni avec celle des autres pays riches d'ailleurs ?

T'as l'air en colère et je peux bien le comprendre mais t'es agressive dans ton post et je ne peux pas ne pas le prendre pour moi dans la mesure où j'estime que la merde actuelle j'en suis pas responsable. Que le racisme en France j'en suis pas responsable et qu'il me gonfle parce que je déteste ça.

Pourquoi on devrait être amalgamés avec tous ces crétins de racistes profiteurs juste parce qu'on a la même couleur de peau et qu'on habite le même pays ?

Sincèrement je ne comprend pas et j'aimerai bien qu'on prenne la peine de m'expliquer parce que je me sens insultée, à tord ou à raison je sais pas mais c'est mon ressenti et j'ai l'impression qu'on m'accuse d'un truc qui me semble être à l'opposé de ce que je pense et qu'en plus j'ai du mal à cerner parce que désolée mais à ce niveau là j'ai pas forcément la même connaissance du sujet que certains ici.
 
Grim":ucbu2ab6 a dit:
Donc... parce que je suis blanche, dans un pays tranquille comme la France, pays qui a malheureusement des antécédents pourris de colonialisme que je ne cautionne pas, et que je vis dans un pays qui accordent des privilèges, le racisme me concerne forcément alors que je ne suis pas raciste ?
Alors que je ne suis pas d'accord avec la politique du pays, ni avec celle des autres pays riches d'ailleurs ?
Tout nous concerne. Parce qu'en tant que dominants et privilégies intégrés à la société, on a la capacité d'action pour faire régresser les privilèges et les dominations.

Métaphore :
Je vis dans une société occidentale esclavagiste. Je suis blanc, je discute avec un esclavagiste blanc qui possède des esclaves noirs. Mais je ne suis pas esclavagiste. On est tranquillement allongés dans nos transats en train de siroter un whisky.
Lui : "Ah, c'est bien pratique, les esclaves. Heureusement que j'en ai."
Moi : "Ah non, moi, j'en ai pas. Je préfère ne pas participer à ça, je ne cautionne pas. Mais puisque je n'ai pas d'esclave, l'esclavagisme ne me concerne pas. Il est très bon ton whisky."
Lui : "Merci."

Scénario alternatif : J'utilise mon privilège de citoyen non-esclave, que je reconnais en tant que privilège du groupe dominant blanc doté de la possibilité de pratiquer l'esclavagisme, pour m'opposer à l'esclavage par le vote, par les manifestations, par les actions politiques, etc... afin que la société change et que le privilège d'être citoyen non-esclave profitant indirectement de l'esclavagisme n'existe plus.
 
Pour pas prendre mal le fait qu'on bénéficie d'un privilège blanc/français quand bien même on serait le moins raciste possible, je trouve que Doktor donne une bonne solution :

Doktor":2ad5ej76 a dit:
Pour moi, il y a deux choses :
-Assumer en tant que représentant d'une classe.
-Assumer en tant qu'individu.

Qu'on me dise qu'en tant que mâle blanc je suis privilégié, je dis oui. Et j'ai la responsabilité de travailler vers plus d'équité.
Qu'on me dise qu'en tant qu'individu je suis un violeur colonialiste parce que je suis un mâle blanc, là je vais être grossier.

Pour mieux comprendre le privilège blanc, j'aime bien ce petit texte : https://www.isr.umich.edu/home/diversit ... vilege.pdf.

C'est comme le privilège humain sur les animaux non humains. On a beau être végane (au mieux qu'on peut), on profite très directement de leur exploitation, on ne risque pas d'être tué pour être mangé, etc. Donc en tant qu'humain, je suis par défaut un sale oppresseur des animaux même si à titre individuel, je fais ce que je peux pour réduire cette oppression en étant végane, antispé, etc.

Je n'ai pas lu les articles, donc vu les réactions, ils doivent être mal foutus, mais je pense que l'idée importante derrière eux est celle-là.
 
Je trouve assez étrange de prendre de façon aussi personnelle des textes qui n'ont rien de personnel. Personne ne vous pointe du doigt personnellement dans les textes mis en ligne, il s'agit de catégories. Ça me fait sincèrement penser à l'omni qui réagit violemment et de façon irrationnelle en traitant son interlocuteur d'extrémiste paranoïaque quand il lui explique le carnisme.

La question n'est pas de savoir qui est raciste ou ne l'est pas. On évolue dans un système raciste, ie qui discrimine les populations en fonction de la couleur de leur peau ou de leurs origines, donc il n'y a pas de position neutre, quel que soit les opinions (bonnes ou mauvaises) qu'on puisse avoir par ailleurs. Rien qu'en termes de représentation politique et plus généralement publique : ce sont des blancs qui sont présents... même si on ne s'identifie pas à eux, on ne fait pas partie des invisibilisés (en matière de couleur de peau en tout cas), et ce n'est qu'un exemple. Nier ça pour le coup, nier ces privilèges, ça s'apparente à du racisme et c'est super violent à entendre pour les personnes qui le subissent.
 
erulelya":yctaqpsd a dit:
La moindre des choses ce serait quand même de cheker un peu ses privilèges avant de pleurer que le racisme ne nous concerne pas personnellement.
Tout est dans cette phrase.
Qu'est-ce que jess et toi voulez qu'on vus dise exactement ? Que vous, individuellement n'êtes pas racistes ? Qui a affirmé le contraire ? Personne, pas même les textes que vous dénoncez. C'est une interprétation égocentrée de ce qui y est développé au mépris de toute analyse globale donc politique de la société dans son ensemble.
OK, il est ecrit de façon dure pour heurter mais ça devrait être un moyen pour commencer à réfléchir sur sa position en tant qu'individu appartenant à telle ou telle classe dominante et donc à regarder les privilèges associés à cette classe en face.

Les "moi je", n'ont pas la moindre pertinence ici si ce n'est dans une réflexion politique des privilèges dont on bénéfice et des moyens à mettre en œuvre pour les abolir.
Est-il donc possible de cesser de se regarder le nombril deux secondes histoire qu'on avance ?

Fabicha":yctaqpsd a dit:
Nier ça pour le coup, nier ces privilèges, ça s'apparente à du racisme et c'est super violent à entendre pour les personnes qui le subissent.

Je confirme.
 
Eh ben justement ! Qu'est ce qui vous dit que les derniers événements, que les articles lus ou que les interventions lues ici ne me font pas réfléchir justement ?

Désolée mais justement je l'ai dis plus haut, je ne sais pas faire d'analyse globale incluant la politique parce que je n'ai aucune connaissance dans ce domaine.
Peut être est ce mon tord.

Je demande des explications justement, histoire qu'on avance et entre les messages de gens qui prennent le temps de m'éclairer un peu, je prend des messages comme le tien que je trouve, à titre personnel, (Désolée c'est encore mon nombril qui parle) légèrement agressif.

Ensuite j'ai jamais nié le fait que les blancs ont des privilèges par rapport aux autres, on me fait dire des trucs que j'ai pas dit.

Sauf qu'à l'école on m'a pas trop appris ou sont les privilèges des blancs et ça peut paraître con mais y'en à dont j'ai pas conscience (et je m'en suis aperçue en lisant le pdf linké plus haut).

Donc merci aux personnes qui ont pris le temps de m'expliquer, sur ce mon nombril et moi on va aller voir ailleurs.

Puis le nombril comme tu dis, peut être que c'est pas plus mal que certain/e/s se sentent visés personnellement, c'est peut être le début d'une remise en question plus profonde non ?
Enfin bref.
 
Emy_Spheres":34ly08i9 a dit:
OK, il est ecrit de façon dure pour heurter mais ça devrait être un moyen pour commencer à réfléchir sur sa position en tant qu'individu appartenant à telle ou telle classe dominante et donc à regarder les privilèges associés à cette classe en face.

Les "moi je", n'ont pas la moindre pertinence ici si ce n'est dans une réflexion politique des privilèges dont on bénéfice et des moyens à mettre en œuvre pour les abolir.
 
Pour reprendre la métaphore de l'esclavagisme, je doute qu'Abraham Lincoln aurait apprécié d'être mis dans le panier que les grands propriétaires terriens esclavagistes du Sud jusque parce qu'ils avaient le point commun de leur couleur de peau.
Et donc, même si je n'ai pas la prétention de me comparer à Lincoln (loin de là), je refuse d'être amalgamée aux racistes sous prétexte d'être blanche. Je suis tout à fait d'accord pour dire que notre société est à bien des égards profondément intolérante, le racisme étant une de ses nombreuses formes d'intolérance. Ce qui me pose problème, c'est pas qu'on dise que blancs = privilégiés, mais que blancs = oppresseurs. Tous les blancs ne sont pas des oppresseurs, tous les blancs ne cautionnent pas le système actuel, et lire un texte qui fait cette assimilation me mets hors de moi parce que c'est nier l'existence, les actes, les convictions et les pensées de tous ceux qui, bien que nés blancs, veulent d'un monde dans lequel cette caractéristique ne sera justement rien d'autre qu'une simple caractéristique. Je trouve ces propos insultants pour tous les égalitaristes. Et je trouve anormal de devoir s'excuser d'être une "privilégié" blanche et française, tout comme je trouve anormal de devoir s'excuser d'être une femme, un(e) noir(e)/"arabe", un(e) musulman(e)/juif(ve), un(e) homo, etc. Et je ne vois pas en quoi c'est raciste
Ce sont des choses qu'on ne choisit pas, et devoir passer sa vie à s'excuser d'exister n'est pas normal, quelle qu'en soit la raison. Je suis consciente d la chance que j'ai d'être née dans un pays avec une Sécu, des aides sociales et un niveau de vie globalement bon, mais je ne vais pas passer ma vie à m'en excuser. Je trouve plus utile d'utiliser mon énergie à réfléchir sur comment réduire au maximum mon impact sur le reste du monde, humains ou pas. Et je suis fatiguée de voir que les amalgames marchent dans les deux sens, qu'on prétend vouloir un monde moins raciste (et moins intolérant en général), mais qu'on continue quand même à réduire les gens à ce qu'ils ont l'air d'être plutôt qu'à ce qu'ils font ou pensent.
Quelqu'un a parlé de catégories, et justement c'est ça qui me gêne. J'ai toujours rdétesté les étiquettes parce qu'elles sont extrêmement réductrices. Dire que les blancs sont des racistes, c'est comme dire que les noirs ont la musique dans la peau, que les musulmans sont des terroristes, que les jeunes sont des voyous ou que les homos sont efféminés, c'est une généralisation qui au final porte tord à tout le monde parce que non seulement c'est blessant pour ceux qui sont ainsi catégorisés, mais ça perpétue les stéréotypes et bloque ainsi en grande partie les possibilités d'apprendre à s'accepter les uns les autres. Dire que LES blancs sont racistes, que LES musulmans sont des terroristes, que LES jeunes sont des voyous, c'est implicitement dire que TOUS les blancs sont des racistes, que TOUS les musulmans sont des terroristes, que TOUS les jeunes sont des voyous, etc. Comment peut-on espérer aller vers plus de tolérance si on continue à perpétuer ce genre de stéréotypes ? Comment peut-on espérer apprendre à s'accepter si on nous apprend depuis la plus tendre enfance à se méfier les uns des autres ?

Sur ce, excusez-moi d'avoir la naïveté de vouloir que l'on arrête d'assimiler les gens à ce qu'ils ont l'air d'être, d'être blessée par ces assimilations, et d'espérer en un monde où l'on attendra de voir les actes des gens pour les juger.


Edit : pour l'article de Cépafo, il est sans doute très intéressant, mais mon niveau d'anglais ne me permet pas de vraiment bien le comprendre.
 
J'ai liké pour ça :
Grim":1s0wws19 a dit:
Sauf qu'à l'école on m'a pas trop appris ou sont les privilèges des blancs et ça peut paraître con mais y'en à dont j'ai pas conscience (et je m'en suis aperçue en lisant le pdf linké plus haut).
[...]
Puis le nombril comme tu dis, peut être que c'est pas plus mal que certain/e/s se sentent visés personnellement, c'est peut être le début d'une remise en question plus profonde non ?
Enfin bref.
Jess,

Personne ne demande de s'excuser... S'excuser, c'est une position de principe, un geste qui ne coûte rien à cellui qui fait ses excuses, et n'apporte rien à cellui qui reçoit les excuses. C'est comme le respect quand on tue les animaux (Ou quand on s'excuse de les tuer, justement.), la galanterie envers les femmes, la pénitence religieuse, etc. C'est du vent, ça ne sert à rien.
Ce qui est demandé, c'est de condamner et d'agir, et pas perdre du temps indéfiniment avec "tous les dominants ne sont pas méchants" (Dans le vocabulaire féministe internet, c'est le "#notallmen")...

Si au lieu de passer sa vie à s'excuser (ou s'énerver parce qu'on se sent accusé.e), on passe sa vie à agir pour faire disparaître les inégalités, tout le monde sera content (sauf celleux qui ne veulent pas abandonner leurs privilèges)... C'est ce qui est demandé par tou.te.s les militant.e.s et opprimé.e.s.

Quant à l'assimilation "blancs = racistes"... Aucun militant d'aucune sorte n'a jamais écrit ça (En tout cas, quand iels prennent le temps de poser intellectuellement les idées, plutôt que de laisser parler uniquement la colère -même si c'est parfois nécessaire-...). On dit, tout le monde dit et répète : "Le racisme/sexisme/etc. est un système qui privilégie les blancs/hommes/etc., et auxquels les blancs/hommes/etc. participent, consciemment ou non.".

Le coup du "machin EST raciste", "machin EST sexiste", etc., c'est aussi un réflexe à abandonner (même si c'est un réflexe qu'on reprend tou.te.s bien trop facilement...). Le racisme, le sexisme et le reste sont des dominations qui forment une STRUCTURE sociale. On les intègre, on en bénéficie, on y participe. Certain.e.s y participent plus que d'autres. Certain.e.s y font moins attention que d'autres. Mais on n'est jamais totalement immunisé.e. On n'est jamais 0% raciste/sexiste ou 100% raciste/sexiste. On travaille juste à faire régresser tout ça, en soi, et au sein de la société (ce qui est probablement plus facile que de viser une personne précise).

Même les racisé.e.s intègrent le racisme envers elleux-mêmes : https://www.youtube.com/watch?v=ybDa0gSuAcg

Un.e égalitariste qui dit "Je ne suis pas raciste." ou "Je ne suis pas sexiste." ou autre, parce que "Je suis totalement immunisé.e. Ca y est, c'est fini, je suis guéri.", c'est quelqu'un.e qui a raté une marche dans la réflexion...

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Edit, j'ai oublié :
Je me suis (re)connecté pour poster ce lien. Réflexion qui me semble intéressante : http://redflag.org.au/article/charlie-h ... sy-pencils
 
Pour le coup, je ne te trouve pas naïve, je te trouve de mauvaise foi.
Tu as lu ce qui a été écrit jusque-là ?
Tu vas tenter de prendre le temps de réfléchir à ce qui fait que tout ce que tu as écrit est à côté de la plaque ou tu vas rester éternellement bloquée en mode : "C'est dégueulasse ! C'est dégueulasse ! Je suis pas raciste ! Je suis pas raciste !!" ?...

Sinon, pour te répondre, ce qu'il y a de raciste dans ton attitude, c'est ta volonté de minimiser une oppression systémique à laquelle toute personne blanche participe, même à son corps défendant de la même façon qu'en tant qu'occidentaux, nous participons TouTEs à l'exploitation de personnes vivant dans les pays du Sud même si on est un anti-impérialiste acharné, même si on fait attention, qu'on le veuille ou non. Le tout est de cesser de se lamenter sur notre pauvre sort de dominantE-oppresseureuse et de trouver les moyens de sortir de ces schémas qui nous mettent nous aussi dans une situation que l'on refuse.
En mettant cette oppression systémique sur le même plan que sa dénonciation en mode : les blancHEs participent à l'oppression et à la domination des raciséEs puisqu'illes en bénéficient, tu nies cette oppression, faisant comme si ses causes, implications et conséquences étaient les mêmes.
Et ce uniquement pour vivre confortablement avec toi-même. Je le répète : c'est auto-centré et sans la moindre pertinence. <br /:><:br /> — Le 14 Jan 2015, 14:18, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br />
Pers0nne":1wbkvjx3 a dit:
Le coup du "machin EST raciste", "machin EST sexiste", etc., c'est aussi un réflexe à abandonner (même si c'est un réflexe qu'on reprend tou.te.s bien trop facilement...).
Non.
 
Emy_Spheres":31zegs8e a dit:
Pers0nne":31zegs8e a dit:
Le coup du "machin EST raciste", "machin EST sexiste", etc., c'est aussi un réflexe à abandonner (même si c'est un réflexe qu'on reprend tou.te.s bien trop facilement...).
Non.
Ben, je suis raciste et sexiste. Tu peux me le dire, c'est vrai. Voilà, on est bien avancé.e.s.
 
C'est bon, j'en ai ma claque des tears en tout genre et des gens qui racontent n'importe quoi en déformant ou ne se donnant même pas la peine de lire ce que j'écris.

C'est HYPER facile quand on est blanc de tenir cette position et surtout, ouf ! Ça met à l'abri d'une éventuelle accusation du genre. Pratique ! Et sincèrement, je vois aussi ça comme une façon de minimiser le racisme et surtout son impact.

Alors je le répète : NON.
 
Et on est plusieurs à avoir notre claque de l'agressivité "des gens".

Si je comprends bien, de par notre laxisme voire nos actes volontaires de blanc homme, on maintient et/ou profite d'une oppression qui nous donne des privilèges.

Tu peux donner un ou deux exemples de situations banales ou pas qui permettent de cerner ce dont il s'agit mais d'une façon concrète ?
Est ce que, par exemple, profiter des énergies fossiles rentre dans ce cadre d'oppression ? Est ce que payer ses impôts finance des oppressions ?
 
Les "gens", Emy_Spheres a bien le droit s'énerver si ça lui chante... ça va quoi ! Pour des non racistes, vous avez pas mal d'audace de rajouter à ce qu'elle subit !

Tu veux un exemple N1colas, tu veux un exemple jess ? Garder son calme face au racisme et dans des débats sur la racisme, c'est un privilège de blanc !!! Remettre à sa "place" une personne racisée dans un débat sur le racisme c'est un privilège de blanc ! Voilà !
Si vous ne voyez pas ça, respirez 3 secondes, prenez du recul, et écoutez !
 
J'étais sérieux, je ne faisais pas du second degré. Je dis que la notion de "est" raciste/sexiste, le verbe "être" comme un absolu binaire n'a pas de sens, puisque c'est une notion de degrés et d'actes/discours.

Je fais du sexisme, je fais du racisme, c'est un fait. J'en fais régulièrement.
Si quelqu'un.e me dit que je suis raciste ou sexiste, iel aura donc raison, et je ne chercherai pas à le/la contredire, puisque je ne suis pas immunisé contre le racisme et le sexisme, puisque j'en ai en moi. Mais me dire que je suis raciste ou sexiste, ça n'avancera pas le schmilblick. S'iel me dit quand je fais du sexisme et du racisme, là, oui, ça m'apportera un enseignement et je pourrai le corriger.
 
"J'ai toujours rdétesté les étiquettes"
Parce que tu peux t'en passer. Personne n'a jamais exigé de toi que tu abandonnes ta culture au nom de l' "intégration". Si ç'avait été le cas, tu comprendrais sans doute mieux le besoin de revendication des groupes opprimés : "je suis [X] et fier de l'être". Oui, c'est une manière de dire "je ne suis pas comme elleux, les blanc-he-s" et oui, c'est légitime. Nous, blanc-he-s, sommes catégorisés sous cette étiquette parce que nous sommes le produit d'une histoire qui nous à opposé-e-s à tous les autres, et ce de notre propre initiative, car nous nous prenions pour "l'être humain standard". En sommes-nous responsables, nous, la génération actuelle ? Pas responsables au sens de coupables, non. Mais responsables au sens où il nous revient de reconnaître que c'est notre héritage, que c'est encore vrai dans la situation actuelle (comptez le nombre de racisé-e-s qui apparaissent dans des rôles non stéréotypiques dans les médias...), et de travailler à ce qu'elle change. Ce qui ne se fera PAS en accusant les racisés de tou-te-s nous "mettre sous une même étiquette", puisqu'iels le font en réaction à nous en premier lieu.


"Comment peut-on espérer apprendre à s'accepter si on nous apprend depuis la plus tendre enfance à se méfier les uns des autres ?"
La méfiance surgit d'elle-même dans des rapports sociaux inégalitaires. C'est un mécanisme de survie, comme quand tu es une femme ou une personne d'expression féminine et que tu te méfies "d'instinct" quand un homme t'aborde dans la rue - même s'il se révèle ensuite que c'était juste pour demander l'heure. Dès lors, cette méfiance, on peut soit la condamner, soit la reconnaître, soit l'encourager. La condamner, c'est invalider l'expérience de tou-te-s celleux qui la ressentent, et ça ne peut que faire augmenter les tensions, intra- et interindividuelles. L'encourager, ça peut être une nécessité dans certaines communautés qui n'ont absolument rien pour se défendre, comme les Noirs aux Etats-Unis qui sont abandonnés par l'Etat (la police descend une personne noire toutes les 48h aux Etats-Unis ; qui est là pour les protéger de la police ? personne) et les médias (qui soit se tairont le plus longtemps possible, soit iront fouiner jusqu'au bout d'Internet pour trouver des preuves que la personne tuée "n'était pas un ange" parce qu'elle fumait de la marijuana ou disait des gros mots et donc méritait quand même un peu ce qui lui est arrivé). Enfin, pour en revenir à la méfiance, la dernière option serait pour les personnes racisées de l'exprimer pleinement, d'en explorer les causes, de partager ses griefs, ses inquiétudes... Ainsi iels pourront s'organiser, mettre en place des formes d'activisme et de solidarité qui répondent précisément à leurs besoins. Mais ont-iels vraiment la possibilité de le faire, ou vont-iels se heurter à un torrent de white tears et l'injonction de se taire parce que "c'est même pas vrai euuuh, on n'est pas tou-te-s comme ça" ? (#notallmen et tout ça)

"Sur ce, excusez-moi d'avoir la naïveté de vouloir que l'on arrête d'assimiler les gens à ce qu'ils ont l'air d'être"
Quand un-e blanc-he est assimilé-e à tort à une certaine catégorie de gens à cause de sa couleur de peau, il en résulte un égo blessé. Quand ça arrive à un-e racisé-e en revanche, iel finit à la rue, à l'hosto, en prison voire à la morgue. Si quelqu'un me lançait "t'es blanc-he donc t'es raciste" ? (ce qui ne m'arrivera probablement jamais, enfin mettons)... Ok, ça ne me plairait pas. Je serais probablement blessé-e aussi, sur le coup. Il faut le reconnaître. Mais, d'une part, ça s'arrêtera là ; nulle raison d'avoir peur pour moi, pour mon avenir, pour mes proches. D'autre part, je PEUX être raciste sans le savoir / vouloir, et les personnes racisées sont les mieux placées pour le repérer - ce sont elles qui ont l'expérience de cette oppression, pas moi. Comment puis-je être raciste sans le savoir / vouloir ? Eh bien en laissant faire ; en n'essayant pas, à hauteur de mes moyens, de lutter contre le racisme institutionnalisé qui me porte et qui les écrase. Et ça, que je le fasse ou pas, ça ne se lit pas sur mon front. On en revient à la méfiance. Elle est justifiée, et il faut laisser aux personnes concernées le droit de mettre des mots dessus.


"Personne ne demande de s'excuser... [...] C'est du vent, ça ne sert à rien"
Je ne suis pas entièrement d'accord. S'excuser, quand on a commis quelque chose de raciste, c'est très utile si c'est l'occasion de montrer qu'on a compris en quoi on avait tort - sans essayer de se justifier par des "je savais pas" ou "je le pensais pas vraiment" etc - et d'affirmer qu'on ne le fera plus. Mais l'important c'est effectivement de le faire une bonne fois pour toutes et de tenir parole ; si on réagit à chaque fait raciste en se répendant en excuses parce qu'on est blanc-he, là c'est sûr, ça ne sert à rien, sinon à détourner la conversation sur soi et ses white feelings. <br /:><:br /> — Le 14 Jan 2015, 17:54, fusion automatique du message précédent — <br /:><:br />
N1C0LAS":2zl7xsqg a dit:
Tu peux donner un ou deux exemples de situations banales ou pas qui permettent de cerner ce dont il s'agit mais d'une façon concrète ?

Va voir le lien posté par Cépafo (PDF), il y a des exemples concrets à la fin (en anglais). Extrait :
"10. Que j'utilise des chèques, une carte de crédit ou du cash, ma couleur de peau ne m'enlèvera pas de crédibilité quant à mes ressources financières.

11. La plupart du temps, je peux m'arranger pour protéger mes enfants de personnes qui ne les aiment pas.

12. Je peux jurer, m'habiller dans des habits de récup, ou ne pas répondre aux lettres, dans que les gens attribuent ces choix à la mauvaise mentalité, à la pauvreté, ou au manque d'éducation de ma race."
 
Pour en revenir à nos responsabilités (de blanc.he.s et français.es) dans la montée de l'islamisme radical en France, je viens de lire cet article : http://blogs.mediapart.fr/blog/patricje ... led-kelkal.
Je n'ai pas vérifié les infos, mais ça me semble assez révélateur de ce qui se passe aujourd'hui.
 
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