"J'ai toujours rdétesté les étiquettes"
Parce que tu peux t'en passer. Personne n'a jamais exigé de toi que tu abandonnes ta culture au nom de l' "intégration". Si ç'avait été le cas, tu comprendrais sans doute mieux le besoin de revendication des groupes opprimés : "je suis [X] et fier de l'être". Oui, c'est une manière de dire "je ne suis pas comme elleux, les blanc-he-s" et oui, c'est légitime. Nous, blanc-he-s, sommes catégorisés sous cette étiquette parce que nous sommes le produit d'une histoire qui nous à opposé-e-s à tous les autres, et ce de notre propre initiative, car nous nous prenions pour "l'être humain standard". En sommes-nous responsables, nous, la génération actuelle ? Pas responsables au sens de coupables, non. Mais responsables au sens où il nous revient de reconnaître que c'est notre héritage, que c'est encore vrai dans la situation actuelle (comptez le nombre de racisé-e-s qui apparaissent dans des rôles non stéréotypiques dans les médias...), et de travailler à ce qu'elle change. Ce qui ne se fera PAS en accusant les racisés de tou-te-s nous "mettre sous une même étiquette", puisqu'iels le font en réaction à nous en premier lieu.
"Comment peut-on espérer apprendre à s'accepter si on nous apprend depuis la plus tendre enfance à se méfier les uns des autres ?"
La méfiance surgit d'elle-même dans des rapports sociaux inégalitaires. C'est un mécanisme de survie, comme quand tu es une femme ou une personne d'expression féminine et que tu te méfies "d'instinct" quand un homme t'aborde dans la rue - même s'il se révèle ensuite que c'était juste pour demander l'heure. Dès lors, cette méfiance, on peut soit la condamner, soit la reconnaître, soit l'encourager. La condamner, c'est invalider l'expérience de tou-te-s celleux qui la ressentent, et ça ne peut que faire augmenter les tensions, intra- et interindividuelles. L'encourager, ça peut être une nécessité dans certaines communautés qui n'ont absolument rien pour se défendre, comme les Noirs aux Etats-Unis qui sont abandonnés par l'Etat (la police descend une personne noire toutes les 48h aux Etats-Unis ; qui est là pour les protéger de la police ? personne) et les médias (qui soit se tairont le plus longtemps possible, soit iront fouiner jusqu'au bout d'Internet pour trouver des preuves que la personne tuée "n'était pas un ange" parce qu'elle fumait de la marijuana ou disait des gros mots et donc méritait quand même un peu ce qui lui est arrivé). Enfin, pour en revenir à la méfiance, la dernière option serait pour les personnes racisées de l'exprimer pleinement, d'en explorer les causes, de partager ses griefs, ses inquiétudes... Ainsi iels pourront s'organiser, mettre en place des formes d'activisme et de solidarité qui répondent précisément à leurs besoins. Mais ont-iels vraiment la possibilité de le faire, ou vont-iels se heurter à un torrent de white tears et l'injonction de se taire parce que "c'est même pas vrai euuuh, on n'est pas tou-te-s comme ça" ? (#notallmen et tout ça)
"Sur ce, excusez-moi d'avoir la naïveté de vouloir que l'on arrête d'assimiler les gens à ce qu'ils ont l'air d'être"
Quand un-e blanc-he est assimilé-e à tort à une certaine catégorie de gens à cause de sa couleur de peau, il en résulte un égo blessé. Quand ça arrive à un-e racisé-e en revanche, iel finit à la rue, à l'hosto, en prison voire à la morgue. Si quelqu'un me lançait "t'es blanc-he donc t'es raciste" ? (ce qui ne m'arrivera probablement jamais, enfin mettons)... Ok, ça ne me plairait pas. Je serais probablement blessé-e aussi, sur le coup. Il faut le reconnaître. Mais, d'une part, ça s'arrêtera là ; nulle raison d'avoir peur pour moi, pour mon avenir, pour mes proches. D'autre part, je PEUX être raciste sans le savoir / vouloir, et les personnes racisées sont les mieux placées pour le repérer - ce sont elles qui ont l'expérience de cette oppression, pas moi. Comment puis-je être raciste sans le savoir / vouloir ? Eh bien en laissant faire ; en n'essayant pas, à hauteur de mes moyens, de lutter contre le racisme institutionnalisé qui me porte et qui les écrase. Et ça, que je le fasse ou pas, ça ne se lit pas sur mon front. On en revient à la méfiance. Elle est justifiée, et il faut laisser aux personnes concernées le droit de mettre des mots dessus.
"Personne ne demande de s'excuser... [...] C'est du vent, ça ne sert à rien"
Je ne suis pas entièrement d'accord. S'excuser, quand on a commis quelque chose de raciste, c'est très utile si c'est l'occasion de montrer qu'on a compris en quoi on avait tort - sans essayer de se justifier par des "je savais pas" ou "je le pensais pas vraiment" etc - et d'affirmer qu'on ne le fera plus. Mais l'important c'est effectivement de le faire une bonne fois pour toutes et de tenir parole ; si on réagit à chaque fait raciste en se répendant en excuses parce qu'on est blanc-he, là c'est sûr, ça ne sert à rien, sinon à détourner la conversation sur soi et ses white feelings. <br /
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— Le 14 Jan 2015, 17:54, fusion automatique du message précédent — <br /
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N1C0LAS":2zl7xsqg a dit:
Tu peux donner un ou deux exemples de situations banales ou pas qui permettent de cerner ce dont il s'agit mais d'une façon concrète ?
Va voir le lien posté par Cépafo (PDF), il y a des exemples concrets à la fin (en anglais). Extrait :
"10. Que j'utilise des chèques, une carte de crédit ou du cash, ma couleur de peau ne m'enlèvera pas de crédibilité quant à mes ressources financières.
11. La plupart du temps, je peux m'arranger pour protéger mes enfants de personnes qui ne les aiment pas.
12. Je peux jurer, m'habiller dans des habits de récup, ou ne pas répondre aux lettres, dans que les gens attribuent ces choix à la mauvaise mentalité, à la pauvreté, ou au manque d'éducation de ma race."