Feminist Frequency

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Il considère juste que "taper sur les cons" dans les médias ça ne sert à rien. (et j'ai eu beau répéter qu'il ne s'agit que d'exemples appuyant les idées à combattre, elles, rien n'y fait)

J'ai l'impression que pour lui, les médias ne peuvent être considérés comme responsables de mauvaises idées véhiculées, qu'il faut accepter le "parti prit" des auteurs et simplement décider d'acheter ou pas. (le client seul responsable)

Et je n'arrive pas à lui faire dire ce qu'il entend personnellement derrière le concept de féminisme. Mais je suis convaincu qu'il ne s'agit pas tout à fait d'égalitarisme...
 
Jezebel":3fpd95hd a dit:
Bah, un beau cas de mansplaining visiblement (j'ai pas vu les vidéo ni son "argumentaire"). Les hommes (en leur qualité d'homme) savent toujours tout mieux que tout le monde, y compris pour le féminisme. Je pense qu'il y en a qui ont sincèrement du mal avec l'idée qu'avoir un pénis et des testicules ne donne pas la science infuse sur tout.
Moi, j'ai un problème avec le concept de mansplanning.
Autant il est normal de s'inquiéter que les hommes ramènent le débat, le discours, la réflexion et la couverture à eux quand il s'agit de réfléchir au féminisme, et il est donc normal de faire des zones de no male's land, autant le concept de mansplanning en lui-même permet aussi de bâillonner purement et simplement toute pensée féministe qui vient d'un homme. Y compris quand on se trouve dans un débat où deux féministes femmes sont en désaccord : Si un homme prend position pour l'une ou l'autre, on pourra toujours l'accuser lui de mansplanning. A la limite, même si sa vision est juste -ça peut arriver-, il vaudra mieux qu'il ferme sa gueule pour ne pas influencer le débat dans le mauvais sens avec ses bonnes idées.
Par exemple, si je dis à une féministe débutante (ou qui se croit féministe) que l'épilation est une contrainte patriarcale, et si cette pensée la gêne, il lui suffira de m'accuser de mansplanning -moi qui l'empêche de faire ce qu'elle veut de son corps-, et de s'enfoncer confortablement dans sa cage.

(Après, je n'ai pas lu le débat dont on parle ici, ni vu les liens, c'est probablement du mansplanning flagrant, mais c'est juste une réflexion d'ordre général que je fais.)

Et ça revient à la réflexion que j'avais eue il y a quelques mois : Tant qu'on n'aura pas aboli totalement les sexes/genres, on se retrouvera régulièrement confronté à des failles logiques insolubles, principalement parce qu'on oppose deux groupes hommes/femmes de même taille, et qu'il devient dès lors souvent mathématiquement difficile de voir ce qui est dû à un processus volontaire/inconscient féministe ou patriarcal, ou au contraire aléatoire. On peut lutter contre les oppressions les plus évidentes, mais quand on se retrouve dans des choses plus subtiles, la solution devient beaucoup plus floue. (Exemples : La prostitution, le burlesque... Même les avis des féministes divergent. Sauf que la question n'est pas de savoir si c'est une oppression ou un droit/une libération -puisque c'est ce qui fait hurler tout le monde des deux côtés-, la question est de savoir s'il y a bien parité... Et pourtant, ça n'est pas sur la parité qu'on se focalise le plus souvent, et du coup personne ne tombe d'accord...)

Et je sens que là, je vais me faire taxer de mansplanning.
(En fait, le mansplanning, c'est même ce qui me retient de m'intéresser plus au féminisme. Je veux bien lire ce qu'on me fait lire, ça m'instruit et ça nourrit ma réflexion, mais j'ai le sentiment que je n'ai aucune légitimité accordée pour participer au débat.)
 
J'ai du mal à imaginer une culpabilisation de "mansplanning" dans un cadre féministe... La seule chose à laquelle je veillerais personnellement, c'est à ce que des hommes même ultra féministes et bien sous tout rapports ne "volent" un peu trop ce combat aux femmes.

En tout cas il s'agit bien pour moi de ce que tu expliques au début, rachat de débat, tirer la couverture et invalider la lutte sous une forme ou une autre. En tout cas c'est bien ce dont il est question sur "mon" forum... (sans équivoque)

Je poste le liens, mais n'y postez rien pour le moment, car ça sera immanquablement très mal prit, et je suis déjà limite tricard juste parce que je dit des trucs qui vont pas dans le sens général (rien que concernant un avis sur un JV, alors imaginez un sujet de société...)

http://www.loups-blancs.net/forum/viewt ... f=9&t=6603

ça me fait bizarre, j'ai l'impression de vous présenter une photo d'école primaire ou vous inviter dans la maison de mes grand parents un peu xD

Sachez juste que ce sont pas de mauvais bougre (Hellvis et Dok sont acquis au féminisme déjà), et on (enfin ils, je n'y participe plus) sélectionne déjà les nouveaux arrivants, ils ont juste un peu trop intégré le concept de "communauté mature", et sont parfois un peu rigides... Là ça va bien je trouve, à part Taz qui fait son impérieux "au dessus de tout ça" nappé de culture historique hors sujet (comme souvent), et Gab (un "nouveau" comparé aux autres) apparemment un poil réac.

Moyenne d'age des participants au topic : je dirais 30 - 35 ans. (zéro fille, à part Azuka, il n'y en a pas ^^)

PS : soyez indulgents sur mon argumentaire, je suis féministe lvl 1 :red:
 
@ Pers0nne:

Je comprends bien ce que tu exprimes (même sans être complètement d'accord sur tout), c'est effectivement une ligne assez fine à naviguer.
Disons que le mansplaining n'est jamais qu'une sorte de paternalisme appliqué à la problématique féministe.

C'est vrai que beaucoup d'hommes se sentent exclus du combat féministe. Beaucoup d'hommes se sentent aussi "concernés" dans le sens où il serait intolérable qu'ils n'occupent pas cet espace de pensée également. Nous avons plus souvent à faire aux seconds qu'aux premiers, hélas.
Mais je pense qu'il faut accepter, en tant que dominant, que la classe oppressée doit faire son chemin, quite à faire des erreurs. Nous ne devront pas notre libération aux hommes mais à nous même.
De même, en tant que blanche, je ne pourrais intervenir sur la négritude puisque ça ne fait ni parti de vécu ni de mon identité. Je peux avoir des avis qui vont à l'encontre de ce me disent les gens concernés mais il faut aussi que j'accepte que ça n'est pas mon combat (ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas m'y impliquer, bien sûr).

Voilç, désolée, c'est décousu et pas très argumenté (mais je n'ai pas le courage ni l'énergie de faire mieux en ce moment) et ça te laisse tout autant sur ta faim qu'avant.
 
Bin en fait je trouve légitime que la lutte féministe en elle-même soit un territoire à conquérir aux femmes seules, mais que les hommes peuvent faire leur part, notamment en faisant un peu ce que j'ai fait en emboitant le pas de Hellvis et Dok sur le forum LB : essayer de décoller un peu de crasse culturelle des yeux de mes pairs. :)

Et souvent ma défense peut se résumer à : "foutez-leur la paix, je crois qu'elle sont dans le vrai."

Accessoirement je parle de féminisme à des femmes, mais c'est plus délicat oui, j'en convient... En général je me contente de donner mon avis, ma position, et suggérer des liens, textes, vidéos ou livres (comme je fais avec le véganisme en fait : suggérer le chemin, ne mas tirer de force)
 
Je suis tombé sur un intéressant article de gamecult, faisant une analyse des héroïnes de consoles selon une période précise.

http://www.gamekult.com/blog/simplysmac ... %20ns.html

J'ai l'impression que certains sites s'emparent quand même doucement de la question du sexisme... petit à petit. (chez jeuxvideo.fr, c'est plus dans les commentaires que parmi les rédacteurs...)
 
Le mansplaining ce n'est pas simplement intervenir, mais surtout considérer/laisser entendre qu'on connait a priori mieux les sujet que les concernées, même quand on les a peu étudiés, et/ou leur expliquer comment elles devraient vivre et ressentir leur situation, que si elles pensent autrement, elles sont aliénées... Bref, du paternalisme, comme dit plus haut.

Pour prendre un exemple déjà cité :"l'épilation est une contrainte patriarcale" n'est pas du mansplaining, mais "tu t'épiles uniquement parce que tu es aliénée par le patriarcat, et en aucun cas pour les raisons que tu m'as indiquées. Si tu n'étais pas aliénée, tu ne t'épilerais pas.", si.

Evidemment, le concept de mansplaining peut être utilisé pour discréditer quelqu'un, mais ça ne lui est absolument pas spécifique.

Pas vraiment dans le sujet, et pas du tout en rapport avec ce que je lis sur ce topic, mais lié au mansplaining à mon sens :
Il y a une tendance chez certains mecs, y compris (pro)féministes, à faire de longs discours sur l'aliénation et l'oppression des femmes, sans interroger leur place vis à vis du sujet, ni étudier leur propre conditionnement, leurs propres problèmes, ni jamais lire un texte sur "la fabrique des mâles".
En allant parfois jusqu'à considérer que c'est inutile puisque les hommes sont dominants, ce que revient à mes yeux à dire que seule la condition féminine est un problème, que seules les dominées sont "dans le système". Je-ne-sais-plus-qui montrait bien le souci en évoquant les groupes de parole non-mixtes masculins qui parlaient exclusivement de l'oppression des femmes.
Crêpe Georgette en parle vachement bien je trouve, au passage.

J'avoue que ça peut paraître compliqué de parler de ses problèmes et conditionnements de dominant tout en gardant à l'esprit que les hommes sont un groupe fortement privilégié et les femmes un groupe dominé, sans faire dans le "narcissisme" ou la fausse symétrie... Mais je ne crois pas que ça le soit tant que ça une fois le pas franchi et le bon lieu trouvé. Parvenir à parler de soi, de vécus parfois intimes, voire refoulés, peut-être beaucoup plus difficile par contre.

Bref, j'ai un peu digressé, mais ça me pose pas mal question ces temps-ci. (faut que je lise mes bouquins tous frais sur la construction de la masculinité et de l'hétérosexualité d'ailleurs).
 
Bonjour,
Je m'incruste dans le débat si vous voulez bien de moi :) c'est trop bien un fil féministe sur un forum végé :)
Je découvre le terme mansplaining que je ne connaissais pas (au hasard... ça vient du féminisme queer américain ??), mais y'a pas forcément besoin du mot pour constater le phénomène 0:)

Il y a probablement pas mal de mecs féministes qui se remettent sérieusement en question personnellement. Mais ce sont forcément ceux qu'on entend le moins. Par définition ne pas faire preuve de mansplaining dans le cas que vous évoquez (à savoir, qui parle au nom de qui ?) c'est en grande partie de savoir se taire à certains moments... Du coup, en plus de la règle générale qui veut c'est toujours les plus cons qui gueulent le plus fort, s'ajoute le fait que les mecs féministes ont parfois "devoir" de discrétion s'ils veulent être cohérents.
 
Fabicha":3rkksqk9 a dit:
Je découvre le terme mansplaining que je ne connaissais pas (au hasard... ça vient du féminisme queer américain ??)
Pas que je sache, non, enfin, si c'est très probablement américain (enfin le terme en lui-même) quant à queer... :hein:

Sinon, il y a plusierus fils liés au problématique féministes:

l'utérus artificiel, l'avortement, féminisme et masculinisme, la prostitution (et celui-ci). SI tu tapes ces mots clés, tu devrais les trouver facilement. :)
 
Tiens, ça me fait penser qu'il y a deux fils consacrés au mansplaining (et comment l'éviter) sur le Forum Féministe, pour les gens que ça intéresse... Voir ici. Par contre, une malédiction mystérieuse fait dériver la discussion après deux pages.

Fabicha > Tes remarques sur la discrétion me semblent justes, en effet. :genoux:
 
Jezebel":2qszoi6h a dit:
De même, en tant que blanche, je ne pourrais intervenir sur la négritude puisque ça ne fait ni parti de vécu ni de mon identité. Je peux avoir des avis qui vont à l'encontre de ce me disent les gens concernés mais il faut aussi que j'accepte que ça n'est pas mon combat (ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas m'y impliquer, bien sûr).

Voilà, c'est la parenthèse qui m'embête. Certain.e.s m'ont dit "Tu viens pas sur le forum féministe ?", et là, je me dis "Ben oui, mais pourquoi m'inscrire, puisque je pourrai rien y écrire ?"
Et du coup, quand on me demande si je suis féministe, je peux juste répondre "Ben euh... En fait, euh... J'en sais rien.". Ou alors je réponds "Oui." face aux anti-féministes, et "Non." face aux féministes.

Arrakis":2qszoi6h a dit:
Le mansplaining ce n'est pas simplement intervenir, mais surtout considérer/laisser entendre qu'on connait a priori mieux les sujet que les concernées, même quand on les a peu étudiés, et/ou leur expliquer comment elles devraient vivre et ressentir leur situation, que si elles pensent autrement, elles sont aliénées... Bref, du paternalisme, comme dit plus haut.

Pour prendre un exemple déjà cité :"l'épilation est une contrainte patriarcale" n'est pas du mansplaining, mais "tu t'épiles uniquement parce que tu es aliénée par le patriarcat, et en aucun cas pour les raisons que tu m'as indiquées. Si tu n'étais pas aliénée, tu ne t'épilerais pas.", si.

Evidemment, le concept de mansplaining peut être utilisé pour discréditer quelqu'un, mais ça ne lui est absolument pas spécifique.

Pas vraiment dans le sujet, et pas du tout en rapport avec ce que je lis sur ce topic, mais lié au mansplaining à mon sens :
Il y a une tendance chez certains mecs, y compris (pro)féministes, à faire de longs discours sur l'aliénation et l'oppression des femmes, sans interroger leur place vis à vis du sujet, ni étudier leur propre conditionnement, leurs propres problèmes, ni jamais lire un texte sur "la fabrique des mâles".
En allant parfois jusqu'à considérer que c'est inutile puisque les hommes sont dominants, ce que revient à mes yeux à dire que seule la condition féminine est un problème, que seules les dominées sont "dans le système". Je-ne-sais-plus-qui montrait bien le souci en évoquant les groupes de parole non-mixtes masculins qui parlaient exclusivement de l'oppression des femmes.
Crêpe Georgette en parle vachement bien je trouve, au passage.

J'avoue que ça peut paraître compliqué de parler de ses problèmes et conditionnements de dominant tout en gardant à l'esprit que les hommes sont un groupe fortement privilégié et les femmes un groupe dominé, sans faire dans le "narcissisme" ou la fausse symétrie... Mais je ne crois pas que ça le soit tant que ça une fois le pas franchi et le bon lieu trouvé. Parvenir à parler de soi, de vécus parfois intimes, voire refoulés, peut-être beaucoup plus difficile par contre.

Bref, j'ai un peu digressé, mais ça me pose pas mal question ces temps-ci. (faut que je lise mes bouquins tous frais sur la construction de la masculinité et de l'hétérosexualité d'ailleurs).

Je suis d'accord. (Mais l'article de Crêpe Georgette me gêne quand même. Même s'il y a une bonne part de vrai dans ce qu'elle dit, ça me gêne pour ce que j'ai écrit plus haut. Je le ressens comme un "Aide-moi, mais casse-toi !".)

Bon, sinon, j'ai vu les vidéos de Minute Papillon, qui sont deux pures bouses partriarcales bien connes d'un mec qui n'a pas le moindre base en féminisme et refuse de voir les sexes perdre petit à petit leurs inégalités... Donc personnellement, je ressens juste une envie irrépressible de lui broyer les couilles... Mais n'empêche que de temps en temps, il retombe sur les points que je soulignais plus haut.

Pour moi, il est clair que tout doit être fait pour désintégrer petit à petit cette distinction fondamentale, de "nature", d'identité, qu'on pose dans les genres hommes et femmes. Ce serait cesser de préciser le sexe sur les cartes d'identité, (tout comme il est raciste de préciser le "type ethnique" sur les cartes d'identité), cesser d'employer les termes "monsieur" et "madame", faire disparaître l'accord de genres dans la langue (Le plus fou : le genre ne désigne que les organes génitaux des humains, pourquoi l'étendre à toute la structure de la langue ?), cesser de faire systématiquement cette distinction partout, tout le temps, dès le premier regard qu'on pose sur une personne. (Ça passerait très probablement par la pansexualité aussi.). Et à la place, remettre le sexe à sa place : Un adjectif, pas un nom commun, pas un genre; Une simple caractéristique physique, comme la couleur de peau, la couleur de cheveux, la couleur d'yeux, la taille, le poids, la musculature, le fait de porter des lunettes, la forme du nez, du poil sur les joues ou pas, du poil sur le torse ou pas (Personnellement, je n'en ai ni sur le torse ni sur les joues.), etc.; Et quelque chose qui entraîne effectivement des différences métabolitiques, tout comme le poids, la taille, la masse musculaire, une petite ou une grande cage thoracique, une colonne vertébrale un peu tordue, un coeur plus ou moins faible, une audition plus ou moins bonne, des yeux parfaits ou non, avoir tous ses membres ou non, un taux plus ou moins élevé de telle ou telle hormone, etc. Sans pour autant faire de chacune de ces caractéristiques un élément essentiel de l'identité, sur deux colonnes bien distinctes.

Parce que tant qu'on aura ces deux colonnes bien distinctes, on se retrouvera toujours devant des dilemmes logiques. Par exemple, selon le discours du gros con de la vidéo : Défendre la parité, lorsqu'elle n'est pas déjà établie, c'est favoriser artificiellement un des deux sexes au lieu de lui laisser la liberté d'acquérir tout seul l'égalité (par magie dans une société profondément sexiste... Sauf que l'expérience montre qu'une fois la parité établie, elle s'entretient d'elle-même.). Mais le fait est que si on abolit purement et simplement les deux colonnes de sexe (et donc qu'on fait disparaître les genres), la question ne se pose même plus : La société ne peut plus être sexiste, puisque les sexes n'existent plus. Est-ce qu'aujourd'hui, on est cheveux-istes ? Couleur-d'yeux-istes ? A piori, non, les yeux bleux ne sont pas plus payés que les yeux noirs. Les cheveux roux n'ont pas l'air d'être affreusement opprimés par les cheveux blonds. Parce que ces critères sont quasiment invisibles. On les oublie. Il n'y a pas de communautés de cheveux, de communautés de couleurs d'yeux.

Et j'ai l'impression que, si le féministe peut effectivement rétablir certaines égalités, remonter petit à petit les droits des femmes au niveau de ceux des hommes (et de manière efficace, je ne le nie pas), ça se fait le plus souvent en renforçant cette distinction homme-femme. Ce qui ne fait pas reculer la cause pour autant, puisque la société est déjà fondamentalement sexiste, évidemment. Mais en tout cas, ça n'aide pas à faire avancer le disparition des sexes, et du coup les anti-féministes peuvent avancer cet argument pour critiquer le féminisme (alors qu'eux-mêmes sont fondamentalement contre la disparition des sexes, et n'ont donc aucun scrupule à argumenter avec une telle incohérence).

(Et je ne dis pas que j'ai inventé les gender studies, hein... Mais juste que peut-être la moitié des aspects du féminisme vont justement à l'encontre de cet objectif de déconstruction des genres.)

Bref, j'ai l'impression que tout ce que peuvent faire les hommes féministes, finalement, c'est d'oeuvrer pour cette disparition des sexes, sans vraiment s'inquiéter de (ou s'impliquer dans) ce que vivent les femmes, et comment elles défendent leurs droits.
(Et dans l'idée, le seul truc qui me vient spontanément en tête, c'est Hommes en Jupe.)
 
Je vais refaire un parallèle avec les mouvements de libération des noir-es, notamment aux USA (puisque je lisais quelque chose là dessus il y a pas longtemps).
En réponse au racisme institutionalisé, certain-ess blanc-hes ont développé l'idée de "colour-blindness": "en gros, je m'en fiche que tu sois noir-e, ta couleur de peau n'a aucune importance pour moi, on est tous pareil." On va dire que ça part d'une bonne intention.
Sauf qu'une démarche de la sorte relève du privilège: toi, en tant que blanc-he, tu peux te permettre d'ignorer la couleur de la peau des autres, après tout, la tienne n'a que peu d'incidence sur ta vie de tous les jours. Les noir-res, eux, n'ont pas ce privilège. Illes vivent avec une stigmatisation systématique. Tant que cette stigmatisation existera (et que celle du passée n'aura pas été reconnue), nier le fait qu'illes sont noir-es (et donc l'expérience, le vécu qui vont avec) revient à nier l'oppression dont illes sont victimes en tant que noir-es. Avant de transcender les différences, il faut déjà reconnaitre les problèmes liés à cette différence. Oui, cette différence (elle existe, objectivement) ne devrait avoir aucune incidence sur la vie de tous les jours. Ca c'est dans l'idéal. Dans les faits, ce sont des systèmes oppressifs entiers qui ont été bâtis dessus et ça ne sert à rien de l'ignorer ni encore moins de faire tabula rasa.

C'est exactement la même chose quand tu parles de suprimer le sexe des individus. Oui, à termes. Pour l'instant j'existe en tant que femme, et je veux que mon oppression en tant que telle soit reconnue, celle du passé et l'actuel. Je veux que ce soit le système entier qui soit démonté, pas qu'on mette une couverture et qu'on s'assoi dessus. Parce qu'à l'heure actuelle, nier les sexes et leur incidence c'est nier le système d'oppression mis en place, nier mon vécu en tant que victime de discrimination, nier le fait que j'ai besoin que mon sexe/genre soit reconnu en tant que tel, comme ayant une existence valide qui n'a rien à prouver.
Quand on en sera là on pourra passer à l'étape supérieure = passer outre. Mais nier les différences et les oppressions systématiques qui y sont liées ne fait pas l'égalité, au contraire, c'est faire le jeu des oppresseurs et c'est aussi se positionner en privilégié-e, et moi je n'ai pas le privilège d'ignorer mon sexe/genre.
 
Ca me revient un peu tard, L'essentialisme stratégique

Cette catégorie a toutefois également permis aux femmes de se mobiliser en tant que femmes, c’est-à-dire de se sentir appartenir à un groupe dominé et d’œuvrer en faveur de son émancipation. Le concept d’essentialisme stratégique soutient que la fixation provisoire d’une essence dont on sait qu’elle est artificielle peut dans certains cas être stratégiquement utile.

A lire aussi (je pense que ça t'interessera particulièrement, Pers0nne) un résumé des points de vue de Butler et Spivak sur les identités et leur reconnaissance, l'essentialisme et l'acion collective (le texte est assez long et parle de plusieurs choses, donc faire une recherche avec "Butler", Spivak suit juste après).
 
En fait Pers0nne, ce que tu ressens comme un "Aide-moi mais casses-toi.", perso j'le traduirait plus simplement comme un "Aides-nous, fraternellement, mais ne fait pas à notre place." Un peu à la façon des méthodes éducatives faisant la part belles à l'individualité et au libre arbitre des enfants qui n'en sont que sur le papier :

Défendons-les devant les autres
Aidons-les quand ielles nous le demande
Laissons-les garder la pleine maitrise de leur propre évolution. (ne pas intervenir comme le ferait un parent qui voit son enfant faire une erreur -ou croit voir-)

En fait je résumerais mon ressentit comme ça : les femmes sont mes sœurs, mes amies, mes égales, et non mes filles ni des handicapées.
 
V3nom, euh, non.
Parce que dans ce cas-là, quand des femmes se battent contre ce que d'autres femmes subissent, qui ne connaissent donc pas, elles, la souffrance de ces autres, ça serait aussi de la condescendance, les traiter comme des handicapées... Ma question est juste : Que doit faire un féministe qui a le malheur de porter des gonades externes, s'il n'a pas le droit d'agir autant que les autres féministes ?

Jezebel, je suis d'accord avec ce que tu dis, et j'aime beaucoup la citation.
Mais : Si on en prend une société où 50% de la classe dominante est activement sexiste, c'est déjà trop, ça laisse énormément d'inégalités, et on ne peut pas déclarer du jour au lendemain que les sexes n'existent plus, puisqu'il restera 50% de sexistes. On se retrouverait alors dans une situation où le sexisme n'est plus mesurable officiellement mais existe bel et bien. Donc je suis d'accord que la parité, il faut déjà l'établir par la force avant de pouvoir effacer les sexes. Mais en même temps, dans cette société hypothétique, il y a 50% d'hommes non sexistes, qui ne se déjà voient plus hommes mais individus neutres. Du coup, le combat féministe va très souvent aller à l'encontre de leur vision, les pousser à se voir hommes plutôt que neutres, et les irriter ou les faire régresser.

Et pour ta comparaison avec le combat noir, elle est bonne. Je comprends tout ça. Et les effets secondaires, c'est qu'on se retrouve avec quelques minorités noires racistes (qui veulent la suprématie noire... faudrait que je retrouve le site), ou une communauté noire américaine étendue à... tout ce qui n'est pas blanc pur. (Dernier exemple que j'ai vu : Angela Davis, représentante du mouvement Black féministe. Je suis certain qu'elle subi toute sa vie l'oppression blanche, ça n'est pas la question, mais ce que je trouve dingue : Elle n'est même pas noire ! Elle a les cheveux afro, c'est tout. Dans le film Free Angela, un autre avocat apparaît, il est dit qu'il est afro... Alors j'ai cherché, cherché, bien regardé... Mais il n'avait absolument rien d'afro. Rien. Donc très bien, il défend sa communauté. Et c'est une bonne chose, essentielle. Mais, au final... wtf ?)
Et au passage, si tu expatries ces afro-américains en Afrique Noire, ils seront simplement jugés comme des blancs.
Alors soit, pour lutter contre les inégalités, on est sans doute obligé d'en passer par là, puisque c'est la classe des dominants qui crée les classes et qui refuse de les effacer. (Et donc, sans la participation de cette classe dominante, ces classes ne peuvent pas s'effacer.) Mais au final, les absurdités restent.

Et donc ça revient un peu à la conclusion que j'ai données plus haut :
Le plus efficace que peuvent faire les féministes femmes, c'est de lutter pour faire respecter les droits de leur communauté, mais le plus efficace que peuvent faire les féministes hommes, c'est de travailler en parallèle à faire disparaître peu à peu la distinction hommes/femmes (Sans nier les inégalités actuelles, c'est même le principe : Si les inégalités existent, s'il n'y a pas une répartition aléatoirement uniforme en toutes choses, c'est que les deux sexes existent encore.).
 
Je me demande si tu ne devrais pas remplacer "sexe" par "genre" dans ton discours, compte tenu de ce que tu veux exprimer, et ce que je pense entendre. (ça me trouble personnellement, mais c'est peut-être que moi)

Sinon, tu peux ne pas être d'accord avec ce que j'ai dis, c'était de toute façon pas le but, ça reste mon ressentit personnel et là où j'en suis actuellement...
 
Les genres disparaissent automatiquement si les sexes sont abolis. Mais si on garde les sexes, on pourrait encore avoir des inégalités, même en abolissant les genres. Puisque, si j'ai bien compris la définition, genre ne désigne qu'un ensemble de comportements et de traits physiques extérieurs associés socialement aux sexes. Mais on pourrait toujours décider que le fait physique d'avoir des seins et un vagin est un trait déterminant pour discriminer. Que c'est la première chose à connaître d'une personne (parce qu'il est essentiel de savoir avant toute chose si elle est baisable ou pas)... Et de fil en aiguille, reconstruire les genres.

Pour moi, c'est vraiment la binarité des sexes qui peut être attaquée à la racine. Le sexe n'est pas une identité (La notion d'identité ne doit pas être confondue avec la notion de personnalité. L'identité, c'est vraiment le ressenti "d'être un.e [nom commun]".), et ne se mesure ni de manière binaire, ni même de manière franche. Je pense qu'on peut vraiment voir ça comme quelque chose d'indénombrable. Parce que certains naissent hermaphrodites, parce que d'autres changent une partie de leur anatomie mais pas le reste, parce que certains jouent avec leur taux d'hormones pour faire varier leur anatomie (hors appareil reproducteur) d'un extrême à l'autre, parce que certains sont stériles, etc. Le sexe biologique est un ensemble de paramètres qui offrent énormément de combinaisons, et non pas deux colonnes binaires (Ni même trois en comptant les transgenres, puisqu'on peut multiplier les combinaisons transgenres en jouant sur ces paramètres), tout comme il n'y a pas deux colonnes bien distinctes pour classer les grands et les petits.

A moins, peut-être, de s'en référer à l'ADN, et encore, certains se retrouveront malgré tout avec deux X et un Y... Et au passage, ça reviendrait à déclarer que les femmes devenues hommes restent femmes, et réciproquement. Donc retour à la case départ, on reconstruit les genres, les fausses femmes, les faux hommes.
 
Mais qu'entends-tu (ou imagines-tu) par "abolition des sexes" ? Le refus d'une quelconque différence nommée ? Ou aller plus loin dans l'effacement de toute différence corporelle ? Car si je suis ta peur de reconstruction des genres, il serait souhaitable que les gens naissent asexués, et choisissent par la suite, moyennant (j'invente) opération ou pilule achevant une quelconque morphologie ?

Je sais pas, je pense qu'il est tout aussi possible d'abolir la "considération sociale" des sexes, donc d'abolir les genres, sans pour autant chercher une sorte de "négation" de différence morphologiques aussi multiples (et "anodins socialement" -si c'était vrai-) que le groupe sanguin ou la couleur des yeux finalement...

En gros, reconnaitre les différences de couleurs de cheveux, qu'elles soient naturelles ou modifiées, mais que ça ne puisse plus devenir le moindre prétexte à pression autre que les gouts personnels de chacun...

Bon après les cheveux, même pour ça on en est loin. ^^
Autant pour les cheveux et ce que subissent encore les blondes et les roux notamment.
Mais surtout concernant les gouts que beaucoup encore aiment à faire passer comme seuls valables, et donc potentiellement universels...

Mais là j'ai peur que la solution ultime, au delà de loi de protection du droit à la liberté d'être différent tant que ça ne nuit à personne, ou d'une éducation sociale à la différence et la tolérance/acceptation de l'autre, soit de former des corps humains absolument semblables tels des clones.

Au fond on ne sait pas encore ce que pourrait donner une société où pour une fois ce n'est pas la compétition et le mépris qui seraient prônés mais la coopération et le respect... Je suis sûr qu'on pourrait être surpris (dans le bon sens).
 
V3nom":123k871q a dit:
Mais qu'entends-tu (ou imagines-tu) par "abolition des sexes" ? Le refus d'une quelconque différence nommée ? Ou aller plus loin dans l'effacement de toute différence corporelle ? Car si je suis ta peur de reconstruction des genres, il serait souhaitable que les gens naissent asexués, et choisissent par la suite, moyennant (j'invente) opération ou pilule achevant une quelconque morphologie ?
Je l'ai expliqué là :
Pers0nne":123k871q a dit:
Pour moi, il est clair que tout doit être fait pour désintégrer petit à petit cette distinction fondamentale, de "nature", d'identité, qu'on pose dans les genres hommes et femmes. Ce serait cesser de préciser le sexe sur les cartes d'identité, (tout comme il est raciste de préciser le "type ethnique" sur les cartes d'identité), cesser d'employer les termes "monsieur" et "madame", faire disparaître l'accord de genres dans la langue (Le plus fou : le genre ne désigne que les organes génitaux des humains, pourquoi l'étendre à toute la structure de la langue ?), cesser de faire systématiquement cette distinction partout, tout le temps, dès le premier regard qu'on pose sur une personne. (Ça passerait très probablement par la pansexualité aussi.). Et à la place, remettre le sexe à sa place : Un adjectif, pas un nom commun, pas un genre; Une simple caractéristique physique, comme la couleur de peau, la couleur de cheveux, la couleur d'yeux, la taille, le poids, la musculature, le fait de porter des lunettes, la forme du nez, du poil sur les joues ou pas, du poil sur le torse ou pas (Personnellement, je n'en ai ni sur le torse ni sur les joues.), etc.; Et quelque chose qui entraîne effectivement des différences métabolitiques, tout comme le poids, la taille, la masse musculaire, une petite ou une grande cage thoracique, une colonne vertébrale un peu tordue, un coeur plus ou moins faible, une audition plus ou moins bonne, des yeux parfaits ou non, avoir tous ses membres ou non, un taux plus ou moins élevé de telle ou telle hormone, etc. Sans pour autant faire de chacune de ces caractéristiques un élément essentiel de l'identité, sur deux colonnes bien distinctes.
Ça voudrait dire aussi simplifier considérablement le changement de sexe (au moins via hormones), ne serait-ce que pour voir ce que ça fait. Décider à l'adolescence de se faire pousser les seins ou pas. Voir le sexe pour ce qu'il est : Une apparence. Et ne plus se retrouver avec des gens qui changent de sexe pour "trouver leur identité" et qui en souffrent tant qu'ils n'atteignent pas cet idéal (puisque le sexe ne serait plus une identité), mais des gens qui transformeraient certains aspects (physiques, biologiques) de leur apparence sexuée, comme on se fait tatouer/piercer/colorer les cheveux.

Petite remarque : Les gens NAISSENT asexués (sauf sur une zone vraiment minimale de leur corps, presque invisible). Et ils le restent jusqu'à la puberté. C'est la société qui les force à choisir et affirmer un genre avant cette période. A peu près tous les enfants peuvent au choix passer extrêmement facilement pour des petits garçons ou des petites filles, en changeant de vêtements et de coupe de cheveux.

Honnêtement, dans l'idée, je me vois bien m'injecter pendant un an ma dose de testostérones ou d'oestrogènes, rester comme ça deux ou trois ans, puis faire l'inverse, pour voir à quoi je ressemble d'un extrême à l'autre, et choisir ce qui me plait le mieux sur cette échelle. Et même chose pour tous les codes de genre : Talons ou pas ? Jupe ou pas ? Robe ou pas ? Epilation ou pas ? Maquillage ou pas ? Etc. (Cravate, je sais déjà...)
 
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