Jezebel":2qszoi6h a dit:
De même, en tant que blanche, je ne pourrais intervenir sur la négritude puisque ça ne fait ni parti de vécu ni de mon identité. Je peux avoir des avis qui vont à l'encontre de ce me disent les gens concernés mais il faut aussi que j'accepte que ça n'est pas mon combat (ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas m'y impliquer, bien sûr).
Voilà, c'est la parenthèse qui m'embête. Certain.e.s m'ont dit "Tu viens pas sur le forum féministe ?", et là, je me dis "Ben oui, mais pourquoi m'inscrire, puisque je pourrai rien y écrire ?"
Et du coup, quand on me demande si je suis féministe, je peux juste répondre "Ben euh... En fait, euh... J'en sais rien.". Ou alors je réponds "Oui." face aux anti-féministes, et "Non." face aux féministes.
Arrakis":2qszoi6h a dit:
Le mansplaining ce n'est pas simplement intervenir, mais surtout considérer/laisser entendre qu'on connait a priori mieux les sujet que les concernées, même quand on les a peu étudiés, et/ou leur expliquer comment elles devraient vivre et ressentir leur situation, que si elles pensent autrement, elles sont aliénées... Bref, du paternalisme, comme dit plus haut.
Pour prendre un exemple déjà cité :"l'épilation est une contrainte patriarcale" n'est pas du mansplaining, mais "tu t'épiles uniquement parce que tu es aliénée par le patriarcat, et en aucun cas pour les raisons que tu m'as indiquées. Si tu n'étais pas aliénée, tu ne t'épilerais pas.", si.
Evidemment, le concept de mansplaining peut être utilisé pour discréditer quelqu'un, mais ça ne lui est absolument pas spécifique.
Pas vraiment dans le sujet, et pas du tout en rapport avec ce que je lis sur ce topic, mais lié au mansplaining à mon sens :
Il y a une tendance chez certains mecs, y compris (pro)féministes, à faire de longs discours sur l'aliénation et l'oppression des femmes, sans interroger leur place vis à vis du sujet, ni étudier leur propre conditionnement, leurs propres problèmes, ni jamais lire un texte sur "la fabrique des mâles".
En allant parfois jusqu'à considérer que c'est inutile puisque les hommes sont dominants, ce que revient à mes yeux à dire que seule la condition féminine est un problème, que seules les dominées sont "dans le système". Je-ne-sais-plus-qui montrait bien le souci en évoquant les groupes de parole non-mixtes masculins qui parlaient exclusivement de l'oppression des femmes.
Crêpe Georgette en parle vachement bien je trouve, au passage.
J'avoue que ça peut paraître compliqué de parler de ses problèmes et conditionnements de dominant tout en gardant à l'esprit que les hommes sont un groupe fortement privilégié et les femmes un groupe dominé, sans faire dans le "narcissisme" ou la fausse symétrie... Mais je ne crois pas que ça le soit tant que ça une fois le pas franchi et le bon lieu trouvé. Parvenir à parler de soi, de vécus parfois intimes, voire refoulés, peut-être beaucoup plus difficile par contre.
Bref, j'ai un peu digressé, mais ça me pose pas mal question ces temps-ci. (faut que je lise mes bouquins tous frais sur la construction de la masculinité et de l'hétérosexualité d'ailleurs).
Je suis d'accord. (Mais l'article de Crêpe Georgette me gêne quand même. Même s'il y a une bonne part de vrai dans ce qu'elle dit, ça me gêne pour ce que j'ai écrit plus haut. Je le ressens comme un "Aide-moi, mais casse-toi !".)
Bon, sinon, j'ai vu les vidéos de Minute Papillon, qui sont deux pures bouses partriarcales bien connes d'un mec qui n'a pas le moindre base en féminisme et refuse de voir les sexes perdre petit à petit leurs inégalités... Donc personnellement, je ressens juste une envie irrépressible de lui broyer les couilles... Mais n'empêche que de temps en temps, il retombe sur les points que je soulignais plus haut.
Pour moi, il est clair que tout doit être fait pour désintégrer petit à petit cette distinction fondamentale, de "nature", d'identité, qu'on pose dans les genres hommes et femmes. Ce serait cesser de préciser le sexe sur les cartes d'identité, (tout comme il est raciste de préciser le "type ethnique" sur les cartes d'identité), cesser d'employer les termes "monsieur" et "madame", faire disparaître l'accord de genres dans la langue (Le plus fou : le genre ne désigne que les organes génitaux des humains, pourquoi l'étendre à toute la structure de la langue ?), cesser de faire systématiquement cette distinction partout, tout le temps, dès le premier regard qu'on pose sur une personne. (Ça passerait très probablement par la pansexualité aussi.). Et à la place, remettre le sexe à sa place : Un adjectif, pas un nom commun, pas un genre; Une simple caractéristique physique, comme la couleur de peau, la couleur de cheveux, la couleur d'yeux, la taille, le poids, la musculature, le fait de porter des lunettes, la forme du nez, du poil sur les joues ou pas, du poil sur le torse ou pas (Personnellement, je n'en ai ni sur le torse ni sur les joues.), etc.; Et quelque chose qui entraîne effectivement des différences métabolitiques, tout comme le poids, la taille, la masse musculaire, une petite ou une grande cage thoracique, une colonne vertébrale un peu tordue, un coeur plus ou moins faible, une audition plus ou moins bonne, des yeux parfaits ou non, avoir tous ses membres ou non, un taux plus ou moins élevé de telle ou telle hormone, etc. Sans pour autant faire de chacune de ces caractéristiques un élément essentiel de l'identité, sur deux colonnes bien distinctes.
Parce que tant qu'on aura ces deux colonnes bien distinctes, on se retrouvera toujours devant des dilemmes logiques. Par exemple, selon le discours du gros con de la vidéo : Défendre la parité, lorsqu'elle n'est pas déjà établie, c'est favoriser artificiellement un des deux sexes au lieu de lui laisser la liberté d'acquérir tout seul l'égalité (par magie dans une société profondément sexiste... Sauf que l'expérience montre qu'une fois la parité établie, elle s'entretient d'elle-même.). Mais le fait est que si on abolit purement et simplement les deux colonnes de sexe (et donc qu'on fait disparaître les genres), la question ne se pose même plus : La société ne peut plus être sexiste, puisque les sexes n'existent plus. Est-ce qu'aujourd'hui, on est cheveux-istes ? Couleur-d'yeux-istes ? A piori, non, les yeux bleux ne sont pas plus payés que les yeux noirs. Les cheveux roux n'ont pas l'air d'être affreusement opprimés par les cheveux blonds. Parce que ces critères sont quasiment invisibles. On les oublie. Il n'y a pas de communautés de cheveux, de communautés de couleurs d'yeux.
Et j'ai l'impression que, si le féministe peut effectivement rétablir certaines égalités, remonter petit à petit les droits des femmes au niveau de ceux des hommes (et de manière efficace, je ne le nie pas), ça se fait le plus souvent en renforçant cette distinction homme-femme. Ce qui ne fait pas reculer la cause pour autant, puisque la société est déjà fondamentalement sexiste, évidemment. Mais en tout cas, ça n'aide pas à faire avancer le disparition des sexes, et du coup les anti-féministes peuvent avancer cet argument pour critiquer le féminisme (alors qu'eux-mêmes sont fondamentalement contre la disparition des sexes, et n'ont donc aucun scrupule à argumenter avec une telle incohérence).
(Et je ne dis pas que j'ai inventé les gender studies, hein... Mais juste que peut-être la moitié des aspects du féminisme vont justement à l'encontre de cet objectif de déconstruction des genres.)
Bref, j'ai l'impression que tout ce que peuvent faire les hommes féministes, finalement, c'est d'oeuvrer pour cette disparition des sexes, sans vraiment s'inquiéter de (ou s'impliquer dans) ce que vivent les femmes, et comment elles défendent leurs droits.
(Et dans l'idée, le seul truc qui me vient spontanément en tête, c'est Hommes en Jupe.)