Je trouve vraiment triste que ça te blesse Soma, et honnêtement je trouve encore plus triste que tu envisages d'avoir recours à la prostitution. J'espère sincèrement que tu n'auras pas à faire ce choix.
Et, de manière plus générale, je trouve ça triste qu'une société en vienne à ne proposer aucune autre alternative à certaines parties de sa population (populations trans, ou racisées, ou "miséreuses", etc.). Et au final c'est ça qui me choque le plus dans tes propos : d'un côté tu sembles vouloir présenter ça comme un choix, et d'un autre côté tu dis toi même que c'est le seul moyen de se payer une vagino/phalloplastie... Si c'est le seul moyen, en quoi est-ce encore un choix ?
C'est un exemple issu de ton expérience de vie, mais au final n'est-il pas applicable à toutes les autres prostituées qui prétendent que c'est un choix ? Non, désolée, mais ça n'a rien d'un choix. Ça, ça ne s'appelle pas un choix, ça s'appelle être au pied du mur et tenter de ne pas se faire ensevelir. Ça s'appelle survivre. Or, donner la possibilité à ce système de continuer d'exister (et peut-être même de prospérer sous un cadre législatif), ce n'est rien d'autre que donner les moyens à des gens qui sont au bord du gouffre de survivre quelques temps. Dans quelle mesure peut-on alors continuer à parler hypocritement de choix, et dans quelle mesure aussi peut-on continuer à nier la situation de victimes des personnes qui le font, ce pseudo choix ? Est-ce vraiment ça que tu veux ? Est-ce vraiment ta façon de voir les choses, penser seulement à demain et ne pas voir plus loin que le bout de son nez ? Ne serait-il pas plus cohérent de raisonner à plus long terme, et d'essayer de trouver un moyen pour que toutes ces personnes n'aient plus à subir cette oppression, n'aient plus à être des victimes ?
Évidemment que ça n'est pas facile, l’oppression est tellement présente et banalisée dans notre société que ça demande du changement complet des mentalités, mais ce changement ne se fera pas tout seul, et souvent c'est la législation qui précède les mentalités (il n'y a qu'à voir pour le PACS et ensuite le mariage homo...).
Quant aux moyens d'éviter que ce soient les prostituées actuelles qui paient les pots cassés, si on (par "on", j'entends notre cher gouvernement) le voulait, ça serait tout à fait faisable de mettre en place de véritables aides pour les personnes qui veulent s'en sortir. Et concernant l'abolition de toute forme de travail, je suis là encore on ne peut plus d'accord sur le fait que ça serait la solution ultime (bien que je ne partage pas ton point de vue sur le fait qu'on travaille forcément par obligation, faisant partie de ces rares personnes qui aiment leur boulot ^^). Mais rien n'empêche de se battre à la fois pour un monde moins sexiste, pour l'abolition de la prostitution, ET pour un revenu de base universel ! En fait, j'aurais même tendance à dire que ce sont des causes qui se rejoignent tout à fait. A mon humble avis, l'intersectionnalité est l'avenir des luttes égalitaristes. <br /
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— Le 03 Aoû 2015, 18:32, fusion automatique du message précédent — <br /
br /> Et sinon, je fais un peu du HS, pour réagir à la personne qui dit que l'esclavage est lié au racisme. Non, l'esclavagisme moderne, celui des 3 ou 4 derniers siècles, dans le monde occidental, est lié au racisme.
Mais l'esclavage (tout comme la prostitution d'ailleurs) existe quasiment depuis la nuit des temps. Et il n'a pas toujours été racisé.
Pendant des siècles, dans nos propres pays, le servage rendait les populations les plus miséreuses esclaves des plus riches, et pourtant c'était bien des blancs qui possédaient d'autres blancs.
Et avant cela, les populations antiques avaient massivement recours à l'esclavage elles aussi, mais contrairement à ce que l'on nous apprend un peu hâtivement à l'école, ce n'étaient pas seulement les "barbares", les étrangers, les prisonniers de guerre qui devenaient esclaves. On pouvait aussi devenir esclave lorsque l'on n'arrivait plus à honorer ses créanciers, ce qui pouvait arriver très vite au final, y compris pour les plus riches.
Et je ne m'aventurerais pas à parler de l'esclavage dans les autres parties du monde, n'étant clairement pas assez calée pour ça. Mais je pense qu'en cherchant un peu on doit pouvoir trouver des situations similaires.
Et, pour en revenir à l'Occident, il suffit d'analyser brièvement la situation des femmes à travers les siècles pour se rendre qu'elles ont été pendant très longtemps des esclaves elles aussi, ne possédant aucun bien, pas même leur propre corps, n'ayant aucun droit, étant considérées comme de simples propriétés d'un homme, père puis mari, ou éventuellement frère/parent plus éloigné. N'est-ce pas là la définition de l'esclave, ne posséder aucun droit sur son propre corps et être la propriété de quelqu'un d'autre. Et, comme c'est au final le cas de beaucoup de prostituées, dire que la prostitution c'est de l'esclavage est tout à fait cohérent.