La prostitution volontaire, pour, contre, s'en branle ?

le but étant surtout de criminaliser les clients et les macs, selon le modèle nordique où la prostitution existe encore, sans mort(e) liée à la prostitution depuis la pénalisation de ceux qui tirent profit des filles...
Les mauvais maitres d'esclaves étaient aussi une minorité lorsqu'on a abolit l'esclavage, et l'esclavage existe toujours même en France, alors devrait-on suivre le même raisonnement et le légaliser à nouveau?
L'illégalité d'une pratique la rend moins dangereuse et moins développée. Et c'est un but plutôt louable à atteindre!
 
Je ne suis pas d'accord avec le fait de voir la prostitution comme un "travail". Tout comme n'est pas un travail le fait de vendre ses organes contre rémunération. C'est sur le même plan pour beaucoup d'abolitionnistes. Mais comment parler de prostitution telle qu'elle est dans sa réalité? Andrea Dworkin au cours d'une conférence en 1992 interpelle des universitaires sur le fossé entre leur réalité et celles des femmes en prostitution en disant:

"Je veux nous ramener aux éléments de base. La prostitution: qu’est-ce que c’est?

C’est l’utilisation du corps d’une femme pour du sexe par un homme; il donne de l’argent, il fait ce qu’il veut. Dés que vous vous éloignez de ce que c’est réellement, vous vous éloignez du monde de la prostitution pour passer au monde des idées.

Vous vous sentirez mieux; ce sera plus facile; c’est plus divertissant: il y a plein de choses à discuter, mais vous discuterez d’idées, pas de prostitution. La prostitution n’est pas une idée. C’est la bouche, le vagin, le rectum, pénétrés d’habitude par un pénis, parfois par des mains, parfois par des objets, pénétrés par un homme et un autre et encore un autre et encore un autre et encore un autre. Voilà ce que c’est."

Et encore, ça reste une description soft, elle nous ménage Andrea Dworkin là, car quand on plonge dans les témoignages des personnes en situation de prostitution, l'ayant été ou y étant encore, non muselées par l'industrie du sexe, on découvre des témoignages insoutenables, sordides qui laissent sans voix.
 
C'est une prestation de service. C'est juste qu'ils ou elles utilisent tout leur corps un peu comme un masseur qui utilise ses mains.

Si ils ou elles peuvent être à leur compte, il peuvent donc bénéficier de la même protection juridique qu'un autre. Et choisir leurs clients.

Et qu'est ce qu'on pourrait dire des acteurs et actrices porno ? C'est la même chose, des pénis et autre objets qui vont et viennent dans tous les orifices...
Sauf que là, il n'y a même pas la dimension psychologique car oui, les prostitués aident psychologiquement certains de leurs clients.
 
Moi ça me fait marrer de voir des personnes non concernées débattre de ce que les personnes concernées devraient ne pas faire.

Les personnes concernées, j'en connais, j'écoute leur avis, au lieu de monter mes théories et sortir des chiffres sûrement biaisés ( les miens le seraient surement selon le point de vue opposé), donc je pense que le débat est inutile et improductif sur ce sujet sur ce forum.
 
c'est d'ailleurs plutôt fun aussi de voir des personnes sur les fora juger de qui est ou n'est pas concerné.e, dans la mesure où généralement, on connait peu les personnes à qui on s'adresse via le net, et encore moins leur chemin de vie...
Par contre, on est d'accord, ici on n'assiste pas à un débat, mais bien à un discours pro et un anti qui marchent côte à côte sans vouloir se rencontrer, de toute façon :p
 
Si je suis votre raisonnement, on ne peut pas débattre sur grand chose alors...

Et moi ce qui me fait marrer ce sont les gens qui jugent les gens qui jugent... ;)
 
Soma est "pour" le prostitution, hein? pas pour son abolition... ;) juste histoire de replacer qui veut couper la parole de qui ^^
 
Suffit de lire les pages précédentes pour voir que ça ne donne rien.

En effet, Erabee, je ne connais pas le parcours de vie de chaque personne participant au débat. Pour pas mal de ces personnes je me permets de douter de leur potentiel travail sexuel.

Je comprends très bien qu'une personne qui a été ou est travailleuse/eur du sexe ne veuille pas le dire, en attendant, ça donne quand même l'impression que personne ici n'a ce vécu.

Je ne suis pas pour la prostitution ( je vois les raccourcis qui vont être fait), je suis contre l'esclavage sexuel, pour la libre pratique du travail du sexe, j'ai vraiment du mal à imaginer des lois d'abolition du travail du sexe qui ne pénalisent pas les personnes qui en vivent ( pas les macs, hein!)


Pour toute pratique ( drogue, trafic divers) devenue illégale, il y a souvent juste une adaptation pour que cette pratique soit moins visible, plus précaire et du coup on peut toujours croire que cette pratique a disparue, mais je doute que ça soit possible.

Je rappelle qu'on parle ici de prostitution volontaire/travail du sexe volontaire, alors que la plupart des interventions abolitionnistes ici ont parlé d'esclavage sexuel pour discréditer le travail du sexe volontaire.
 
Ici pour certaines personnes aboli comme moi il n'y a pas de travail de la prostitution volontaire, comme il n'y a pas de vente volontaire de ses organes, ou est le choix quand il y a contrainte économique et traumas? Il s'agit de donner son opinion, pas de discréditer le discours des personnes somadlateci, je ne trouve pas cela correct de remettre en cause ce que disent les gens en fonction de ce qu'on croit de leur vécu. Pour ma part, je souhaitais donner mon avis sans parler de mon vécu, j'ai subi la prostitution et oui je dis subi bien que personne ne m'a mis le couteau sous la gorge, ah si, peut être mes traumas, un double inceste, va savoir. Alors j'ai le droit d'en débattre c'est ça? Je trouve cela pas juste et ça me met vraiment mal à l'aise de parler de" douter" des expériences de certaines.
 
somadlateci":1icegwjw a dit:
Je rappelle qu'on parle ici de prostitution volontaire/travail du sexe volontaire, alors que la plupart des interventions abolitionnistes ici ont parlé d'esclavage sexuel pour discréditer le travail du sexe volontaire.

Tu fais l'hypothèse que ce sont deux mondes indépendants. L'article que j'ai donné indique le contraire. Donc si la légalisation de la prostitution augmente effectivement la prostitution volontaire, elle augmente aussi largement l'esclavage sexuel et, plus généralement, contribue à la domination patriarcale de toutes les femmes.
 
moogli, je ne dis pas que je doute de ton témoignage, mais tu parles de contrainte économique, et quelle est la solution face à cette contrainte économique si le travail du sexe est illégal et inexistant? Des allocations préventives?

La remise en cause du discours des personnes sur certains sujets sur le féminisme et l'homophobie a sa place je pense ( pour éviter que le sujet soit monopolisé par des mecs et respectivement par des hétér@s, on a l'exemple de certaines personnes condamnant le patriarcat alors qu'ils en font partie du côté des oppresseurs).

Cépafo, la prostitution légale et celle volontaire ne sont pas la même chose. Je ne connais pas assez le vocabulaire spécifique à ce sujet en anglais pour décortiquer ton étude.

Et je confirme ce que je dis, je pense qu'on arrivera à rien sur ce sujet, sur ce forum, en tout cas, j'ai pas la répartie qu'il faut.
 
quelle est la solution face à cette contrainte économique si le travail du sexe est illégal et inexistant? Des allocations préventives?

Le modèle suédois, abolitionniste donc, propose des aides comme alternatives à la prostitutions. La piste de la solidarité pour permettre à tous de vivre décemment, c'est pas impossible, c'est que les responsables politiques et les puissants veulent rendre cette réalité impensable, et cette idéologie de la crise et du capitalisme, ça leur sert. Mais personnellement, je crois à la possibilité d'un revenu universel. Et je crois au vivre ensemble quand le projet commun est de protéger les plus vulnérables et les plus démunis, pas en légiférant pour que les plus privilégiés puissent profiter des situations des personnes contraintes à attenter à leur intégrité pour vivre. Chez les abolos il ne s'agit pas de sanctionner les personnes en situation de prostitution mais pénaliser l'achat. Ce qui rend possible "l'activité" pour la minorité qui échappe à la traite ou tout autre forme d'exploitation.
Mais voyons comme tout ce vocabulaire est pervers. Je ne veux pas déterminer pour celles qui se sentent actrices de leur choix, qualifier ce qu'elle font. Si une femme me montre comme elle se sent forte et décideuse dans sa démarche pour quelques choix de vie qu'elle fait, je l'écoute et me montre bienveillante. Nous sommes tous avec cette question de nos choix, qui nous appartiennent plus ou moins, qui sont déterminés par nos trajectoires, vis à vis desquels nous sommes plus ou moins conscients. C'est pas tenable le "choix" pour réfléchir à légiférer sur la prostitution, comme ça ne l'est pas pour la vente d'organe (désolé de la récurrence de l'argument) ou pour la GPA, tiens pour changer, c'est le même domaine pour moi. Il s'agit de penser un projet de société que l'on considère comme acceptable pour vivre ensemble dignement (pas version "prude" comme sont souvent taxés les abolos par la toute puissante industrie du sexe, voilà encore comment détourner de façon perverse les termes du débat et enfumer tous le monde, je parle dans le sens "respect de la dignité des êtres vivant" comme on le souhaite pour les animaux, en tant qu'ils ont des buts et qu'ils sont leur propre fin), comme l'inaliénabilité des individus qui la composent. Que les relations sexuelles non désirées et dans le cadre de transactions économiques portent atteintes à la santé mentale, c'est comme ça, ptêt c'est parce qu'elle est patriarcale et anti vie notre société et que sous d'autres soleils ce serait autrement mais c'est bien dans cette réalité qu'on vit. On dit qu'il y a des exceptions. J'ai pensé ça de moi. Mais qu'est ce qu'on fait pour toutes les autres? Qui ne sont pas des exceptions? Mais encore, c'est pas si simple car je sais aussi comme c'est pas viable quand on se prostitue de se considérer dans toute sa détresse, comme j'ai voulu croire que je prenais le contrôle de mon corps, de ma sexualité en me coupant de ce que je ressentais, de prendre une revanche sur les hommes que je faisais payer. Que pouvais je faire, admettre que c'est eux qui avait le contrôle? Qu'il m'utilisaient? J'avais besoin de croire pour continuer sans m'étouffer dans toute ma m. Je serai la seule à pouvoir expliquer ma venue en prostitution en partie sur ces ressorts? La seule que l'inceste a façonné à se croire indigne et faite pour l'usage du plaisir égoïste des autres? Ben non, il y en a beaucoup d'autres, et des spécialistes qui font les liens entre prostitution et passé d'agressions sexuelles. La traumatologie explique bien cela. Mais tout le vocabulaire est pervers et nous empêche de penser la prostitution en dehors des systèmes de références du libéralisme. Et ça tue (dans le débat public hein, pas ici entre les murs du forum, attention je n'accuse rien ni personne) celles qui veulent parler ou qui voudraient le faire. "Activité" "travail", "choix", "prostitution choisie versus traite": à qui profite ce modèle de pensée? Alors quoi les femmes comme moi on serait des frustrées qui crachent dans la soupe d'un job en or? Qui a des intérêts dans ce commerce des corps si lucratif, qui fait fortune? Qui est détruit physiquement, psychiquement?

Et aussi, parce qu'on arrive pas à un consensus entre toutes nos opinions alors on ferme la discussion? Il faut vraiment arriver à quelque chose sur le fil ou n'importe quel autre fil du forum pour légitimer la poursuites d'échange? C'est pas ma façon de voir. Je suis bien contente que la discussion suscite des réflexions, même lorsque je ne pense pas pareil.
 
Je suis pour un revenu de solidarité, revenu inconditionnel, qui permettrait à tout le monde d'éviter de faire ce qu'iels n'ont pas envie de faire. Je suis d'accord que ça sortirait pas mal de monde de la mouise.

Pour le reste, le vocabulaire et tout ça, je pense qu'il y a des personnes pour qui faire cette activité n'est pas un problème, du moins j'en connais pas mal pour qui le travail du sexe était une situation moins scabreuse que le travail "normal".

Le choix je pense qu'il existe, on a toujours le choix, c'est juste qu'il faut être réaliste à propos des options qu'on a.
 
Pour le reste, le vocabulaire et tout ça, je pense qu'il y a des personnes pour qui faire cette activité n'est pas un problème, du moins j'en connais pas mal pour qui le travail du sexe était une situation moins scabreuse que le travail "normal".

Le choix je pense qu'il existe, on a toujours le choix, c'est juste qu'il faut être réaliste à propos des options qu'on a.

Je ne crois pas que quelques récits d’autonomisation par l’exploitation peuvent en quelque sorte contrebalancer l’ensemble du système.

Je ne pense pas que la pauvreté ou les états de stress post traumatiques justifient l’exploitation.
 
Je tiens à rappeler que le sujet est le travail du sexe volontaire.

Je suis aussi contre l'esclavage sexuel et l'exploitation, d'ailleurs un des principes des travailleureuses du sexe que je connais est de ne pas faire ça dans un besoin immédiat d'argent afin de ne pas se forcer à faire des choses qu'iels regretteront.
 
Et l'objet de mon intervention est de soutenir que le travail volontaire du sexe n'existe pas en tant que système, c'est le résultat d'une situation de domination comme tout système d'exploitation. Je ne parle pas de la petite poignée de cas individuels. Je me suis prostituée volontairement selon tes critères, pourtant la réalité est que c'est le stress post traumatique qui m'y a conditionnée et je rappelle que je ne suis pas la seule, loin de là. 80% des personnes en prostitution sont des survivantes d'agressions sexuelles anciennes. et tout comme les vaches heureuses sont une tentative pour les omnivores d'évacuer la question générale de l'exploitation, "les prostituées heureuses" sert la même intention chez le lobby du sexe. Alors je sais bien que ce n'est pas de ce point de vue que tu te places, tu parles pour des ami-e-s sans intentions de faire un profit financier colossal mais cet argument que tu soutiens vient juste rejoindre celui des grands patrons de l'industrie du sexe pour légitimer leur marché. Et ceux là ont d'autres motivations que toi. Pour répondre stricto sensus à la question du topic je dirai que je suis pas contre la vente prostitutionnelle des personnes de leur propre corps.
Comme en Suède ou la vente n'est pas sanctionnée mais l'achat oui. Et je dirai aussi que le sujet de ce topic doit pouvoir mettre en perspective le mot "travail du sexe", "choix", "prostitution volontaire" sinon comme le dit si bien Andrea, on quitte la réalité pour le monde des idées...
 
Ce système sexiste, il existe, c'est sûr, toute personne y participe ( de la top model, à la serveuse, aux consommateurs de porno et tou·te·s les publicitaires).

En attendant il existe, et je préfère que les personnes qui vendent un service sexuel soit des personnes qui acceptent de le faire ( de plus ce ne sont pas que des femmes ou AFAB et loin d'être dans les codes de normes aphrodistes).

Je trouve le parallèle avec la vache heureuse très mauvaise... Si on joue à ce jeu-là on est mal barré·e.
 
Ce n'est pas un jeu pour moi.

Les parallèles entres les mécanismes visant à comprendre les systèmes de dominations sont courants et je ne comprends pas ton "on est mal barré". Cette comparaison me permet d'illustrer comment des arguments peuvent servir un système de domination, le maintenir et le légitimer. Et c'est tout une classe d'individus qui en pâtit. Avec des arguments fallacieux. Et vu les liens qu'on peut faire entre spécisme et sexisme, je ne crois pas que cela soit si peu pertinent pour comprendre mon illustration.

Du point de vu des exploiteurs et des profiteurs, mettre en avant des cas particuliers sert à enfumer le débat. Voire à l'évacuer. Ou à se déculpabiliser. Bref tout faire sauf de se confronter à la réalité crue. Ici, dans notre monde je suis d'accord pour penser que tout être humain a besoin de conserver son intégrité physique et émotionnel pour jouir de sa propre vie de façon pleine et entière. Que des personnes puissent repousser les limites de cette intégrité car elle a déjà été franchie un jour (on peut en discuter mais je pense que l'éducation des enfants transmet la notion de respect de sa propre intégrité et quand on voit ne serait ce que les parents qui obligent les enfants à embrasser les autres pour leur dire bonjour ben là oui, on est mal barré quant à l'intégration de cette donnée chez les individus de notre société, et encore, je ne parle pas des abus sexuels pour lesquels des chiffres faramineux sont en question) ou que elles puissent monnayer cette intégrité dans des conditions moins sordides que pour d'autres ne doit pas faire évacuer la question de l'immense majorité des personnes qui sont torturées ni d'autres questions tel le droit au respect de notre intégrité pour tout-e-s. J'ajoute que j'ai bien compris que tu ne fais partie ni des profiteurs, ni des harceleur. Je vois juste le problème des arguments que vous partagez eux et toi, malgré toi.
 
Ton argument: les vaches heureuses ( de un je connais pas de vache volontaire) encouragent le spécisme.

Je retourne le truc: manger encourage le spécisme, car même si des personnes mangent véganes, la plupart du système agroalimentaire est non-végane et spéciste. DOnc manger c'est mal.
 
Et bien la légalisation ou la position hypocrite en France vis à vis de la prostitution encourage le sexisme. C'est le constat de nombreuses analyses féminines. Et cela même qui intervient dans le débat sur la légalisation ou le maintien du statut quo en France c'est cet argument des personnes volontaires et heureuses en prostitution. Si je suivais ton raisonnement ce serait de dire que le sexe c'est mal. Ce n'est pas du tout mon propos. Le sexe non tarifé, consentant, enthousiaste et entre des individus désirants ne me pose pas de problème. Modifie un de ces 4 éléments et pour moi ce n'est plus du sexe.
 
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