"Contribuer à banaliser l’expression « travail sexuel » depuis les institutions publiques est alarmant. La construction idéologique du concept « travail sexuel » est très polémique pour de nombreuses raisons. Parmi elles, le fait que beaucoup de femmes prostituées NE SE RECONNAISSENT PAS dans cette expression. Comme Trisha Baptie, qui a été prostituée pendant 15 ans et qui écrit :"
(Dans l'article d'Entre les lignes entre les mots "A propos de la prétention de la mairie de Barcelone à réguler « le travail du sexe volontaire ",
https://entreleslignesentrelesmots....ler-le-travail-du-sexe-volontaire/#more-21739)
« Je n’ai jamais connu de ‘travailleuse sexuelle’ de toute ma vie. Pour moi, cette expression vient du film Pretty Woman et de la bouche des personnes qui endossent et exploitent la chosification des femmes. Je connais des femmes prostituées – j’ai été l’une d’entre elles – et nos raisons de l’être sont claires : pauvreté, racisme, oppression de classe, sexisme et violences subies pendant l’enfance. »
"Comme Sarah Ditum l’indique, lorsque nous disons « travail sexuel », nous acceptons l’idée que le sexe est un travail pour les femmes et un loisir pour les hommes. Et c’est cette éducation sexuelle, mesdames conseillères et messieurs conseillers municipaux, que vous donnez à vos filles et à vos fils ? Est-ce que cela veut dire que c’est acceptable, pour les hommes, « d’aller aux putes » ? Ou alors la prostitution est une réalité si éloignée de vos vies que vous ne songez pas à la penser pour vous et votre entourage ? Nous, nous disons NON à ce privilège masculin, comme le font nos camarades de Zéromacho."
Les photos juxtaposées de Julia Roberts et d'une personnes en situation de prostitution (dans l'article, sous le texte ci dessus cité) illustrent le scandaleux mensonge, le décalage entre les discours et la réalité, la propagande instaurée par l'industrie du sexe et relayée par la culture populaire.
Et plus loin:
"La prostitution sûre n’existe pas car la violence machiste sûre n’existe pas
La prostitution n’est pas une liberté féminine, c’est une création masculine : c’est imposer à quelqu’un qui ne le veut pas une relation sexuelle ; c’est, par conséquent, acheter du consentement avec de l’argent. L’absence de désir de la personne prostituée envers le prostitueur ainsi que l’absence de plaisir réciproque sont les bases de la relation prostitutionnelle, comme l’explique Kajsa Ekis Ekman. C’est pour cette raison que la prostitution, loin d’être une liberté sexuelle et un « droit des femmes » (!!), est un privilège masculin et une violence machiste qu’en tant que féministes nous ne pouvons tolérer. Ce ne sont pas les conditions de pratique de la prostitution qui la rendent moins sûre ou violente, c’est la prostitution en elle-même qui est violente. La prostitution est une violence machiste parce que la mortalité des femmes y est 40 fois plus élevée que dans n’importe quel autre « métier » ; les femmes prostituées sont 18 fois plus susceptibles d’être assassinées ; plus de 71% des femmes prostituées subissent des abus physiques ; 63% ont été violées ; 68% souffrent du syndrome de stress post-traumatique, selon les résultats de l’étude transnationale la plus importante sur le sujet6. Les bordels sûrs sont un mythe.
La prostitution « sûre, sympathique et avec de bonnes conditions d’hygiène » N’EXISTE PAS. Arrêtez de vous faire des illusions, et faites des politiques municipales qui soient réellement en faveur des droits des femmes : en faveur de celles qui sont dans la prostitution, celles qui veulent en sortir7 et celles qui ne voudront jamais y entrer, en dépit de la grande précarité du travail et de la banalisation de la prostitution que notre gouvernement municipal (de gauche et féministe disent-ils ??) contribue à maintenir, malheureusement.
Glòria Casas Vila, sociologue et activiste féministe"