La prostitution volontaire, pour, contre, s'en branle ?

C'est le cas des analyses féministes abolitionnistes, mais il n'y a pas que ce féminisme. D'autres considèrent que certaines personnes sont capables de faire leur propre choix, malgré un contexte sexiste.

La loi et les raisons de cette loi, je ne connais pas assez le sujet. Le problème récurrent de la prostitution reste pour moi les exploiteurs des esclaves sexuels. Slutshamer les travailleureuses du sexe volontaires n'améliorera pas la situation des esclaves sexuel·le·s.
L'inefficacité de la lutte contre ces personnes me semble être dû au fonctionnement français, qui préfère simplifier tout, comme dans la lutte contre la drogue, plus simple chopper quelques consommateureuses et quelques petit·e·s dealers...

Chaque personne a ses conditions pour apprécier le sexe, je pense que le consentement réfléchi est le point le plus important.
 
Tu es en train de dire que je fais du slutshaming?!! Est ce que tu sais ce que c'est?

Ne comprends tu pas qu'on peut consentir à sa propre destruction dans des conditions non égalitaires ou traumatiques?
 
Certaines des féministes abolitionnistes le font ( et pour l'instant les blogs abolitionnistes m'ont fait tomber surtout sur des articles mêlant racisme, transphobie et classisme, je sais que les abolos de végéweb ont peu de risque de faire partie de ce beau monde, mais pour l'instant ça inspire pas), toi je pense pas. Et oui je sais ce que c'est.

Donc le consentement c'est pas suffisant pour toi? Des personnes adeptes du BDSM font des choses mal si iels mettent en scène une situation de jeu dominant·e/dominé·e pour faire une comparaison?
Je sais pas, si des personnes consentantes veulent se faire mal, se détruire, j'y vois pas de mal, je me poserais peut-être des questions si leur santé est mise en jeu avec ça, mais les gens sont peut-être bêtes des fois, mais iels font leur choix.
 
Donc si c'est certains abolos je ne vois pas en quoi c'est pertinent de le mettre en avant, ça diffuse une idée fausse sur la tendance générale du mouvement et ça donne pas des bases saines à la discussion. Car la position abolitionniste n 'exprime aucun slut shaming et les opinions personnelles d'individus isolés ne permettent pas de comprendre le courant abolo.

Je ne crois pas que la législation entrave la pratique du BDSM. Donc il me semble qu'il y a une tolérance sur cette question, plus même au vu de la place que prend les code du BDSM dans la publicité et la culture. Mais encore, pour ce qui est de ta question autour du BDSM, il n'y pas d'autres positions pour toi, ou les gens choisissent ou ils sont contraints? Je t'ai donné un exemple concret, le mien et celui d'autres, ça ne compte pas pour toi? N'as tu jamais entendu parler de mémoire traumatique? Des processus mentaux qui permettent d'auto traiter leurs traumatismes chez les survivants? La sidération qui agit sur le pouvoir d'action, et donc de choix, des individus? (Muriel Salmona, le site: http://www.memoiretraumatique.org) Il n'y a pas de position médiane pour toi?
 
Des exemples de choses de leur inverse, on peut en trouver sur tous les sujets. C'est toujours triste quand les choses se passent mal, je connais des gens qui se sont ouvert le ventre en vélo, ça va pas m'empêcher d'en faire, ça me fera par contre réfléchir sur la façon d'en faire, la sécurité, l'équipement et tout.

Pour le BDSM je rebondissais juste sur le fait que pour toi les personnes peuvent consentir à leur propre destruction.
 
Je ne comprends pas ton explication pour "les exemples de choses de leur inverse".
On est en train de s'éloigner du sujet il me semble. Au delà du fait de laisser les gens s'autodétruire s'ils le souhaitent, consciemment ou inconsciemment, pour moi il s'agit de réfléchir ce que ça signifie la prostitution "volontaire" et à qui profite cette notion, quand on voit les profits colossaux engrangés par le marché du sexe et la pauvreté de celleux qui y entrent et en sortent…Et comment peut on croire à cette notion de volontaire quand on voit les innombrables et tristement courantes séquelles irréversibles chez les survivantes et les personnes en prostitution, ainsi que le nombre de personnes qui disent vouloir en sortir, quand on veut bien aller leur poser la question. Et la masse de victimes de la traite que la prostitution entraine. Et du fait que lorsque la prostitution est considérée comme un travail dans certain pays, donc volontaire, alors les chiffres de la traite explose et le nombre d'agressions sexuelles augmente. J'aimerais bien que tu puisses considérer que peut être les deux sont liés, pour moi il n'y a pas la prostitution respectueuse et volontaire de l'autre et l'affreuse traite des être humains. Cette vision simpliste fait les choux gras des exploiteurs, pendant qu'on discute âprement sur ces faux débat on ne protège pas les personnes vulnérables qui forment le gros, je le répète, des personnes prostituées. Surtout que le fait de pénaliser les acheteurs n'empêcherait pas les personnes de continuer "d'exercer", pour celle pour qui c'est un métier. M'enfin, le commerce des organes est interdit mais il existe quand même. Si tu veux vendre un organe, tu vas trouver c'est sûr. Pas la peine de légaliser la vente d'organe. Pour l'esclavage on a vu les mes mêmes processus en oeuvre, des personnes victimes et des exploiteurs qui revendiquaient l'aspect volontaire de leur condition. Aujourd'hui cela nous semble absurde. On voit bien que comme projet de société c'est pas humain si on peut acheter des êtres humains ou vendre leur organe ben les louer pour assouvir ses besoins personnels c'est du même acabit. C'est la notion d'inaliénabilité, un individu existe pour son propre usage, il ne peut pas servir de moyen à un autre, il est sa propre fin.
 
Les profits colossaux de la prostitution volontaire? Ben zéro euros, vu qu'il n'y a aucun proxénète, tout va à lae volontaire du sexe.

On s'éloigne du sujet, certes, mais la comparaison avec la vache m'a envoyée sur ma lancée, désolée, mais je crois m'être faite comprendre sur les parallèles foireux.

Pour la lutte contre l'esclavage sexuel, une interdiction de la prostitution ne rendrait pas celle-ci plus précaire, plus extrême? Enfin on a vu les effets de la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis et l'interdiction de certaines autres drogues ( oui alcool= drogue) dans la plupart des pays. Ca ne précarise encore plus les personnes engluées dans tout ça.
 
vu les exemples actuels que sont la Finlande et l'Allemagne (d'autant avec la nouvelle loi dé-sécurisant encore plus les prostituées, par exemple on peut lire ici: https://blogs.mediapart.fr/belladonne/b ... ostitution ) on peut clairement affirmer avec des chiffres et les témoignages à l'appui que la pénalisation des clients sécurise les """"""volontaires"""""" et réduit astronomiquement le nombre d'esclaves! Tandis qu'au contraire, la légalisation est en fait la libéralisation (loin d'être une libération par ailleurs...) qui objectise d'autant les exploitées au profit des prosti-tueurs!

Ensuite normalement, à ce que je sache, les profits même des """"""volontaires"""""" sont taxés en France il me semble? puis bon, même si elles font du black, il n'en reste pas moins que la prostitution engendre des coûts faramineux ne serait-ce qu'en soins. Et que si elles n'en paient rien, c'est donc les autres contribuables qui le font :p En soit, c'est pas dérangeant, d'ailleurs ^^

N'en reste pas moins que la prostitution """"""volontaire"""""" est un compromis patriarcal, et qu'en ce sens il est néfaste non seulement aux personnes prostituées, mais à toute personne oppressée par le système patriarcal, en le légitimant et lui donnant une apparence propre et éthique. Ce qu'il n'est pas. Donc c'est comme pour beaucoup de "choix" personnel non un réel choix qui n'implique que soit, mais une décision dont d'autres personnes subissent les conséquences.
 
Je n'ai pas parlé de prohibition Somadlateci mais de pénalisation des acheteurs et des proxénètes. Il ne faut pas confondre. Cela n'a rien à voir.

Pour ta question, au sujet des effets de la pénalisation, regarde un peu les études sur le cas de la Suède, leur politique a considérablement réduit la traite dans ce pays, les proxénètes ne veulent pas y investir, il ne font pas les bénéfices attendus. Cela n'empêche pas les personnes qui le souhaitent de se prostituer en Suède, il y en a rassure toi, mais elle ne font pas l'objet de sanction en tant que "prostituées" et bénéficient d'un autre rapport de force vis à vis des acheteurs de sexe que je préfère appeler des prosti-tueur.
Quant au stigmate, ce sont les prosti-tueur qui en font les frais contrairement à la France ou aux pays réglementaristes. En Allemagne par exemple, les personnes ne veulent pas révéler leur "activité" au vu du mépris de la société pour elles. En France c'est pareil. Et pour tous les pays ou les prosti-tueurs sont autorisé à exploiter sexuellement des êtres humains c'est pareil. Du mépris et du rejet pour les personnes en situation de prostitution, une bienveillance sociale et une légitimation de l'achat pour les prostitueurs.

Inscrire dans la loi l'interdiction de faire usage d'autrui pour son seul besoin ou plaisir personnel, ça me semble être la base d'une démocratie digne de ce nom. Pour moi autrui comprend également les animaux, et à cet égard je pense que le parallèle sexisme/omnivorisme est pertinent. Dans les deux cas il s'agit de faire usage d'autrui pour son propre intérêt, dansl'un des cas il y a une classe des omnivores, dominants du point de vue spéciste, dans l'autre cas la classe des hommes, dominants du point de vue sexisme. Ils ont toujours le même type d'arguments pour maintenir les systèmes dans lesquels ils jouissent de leur privilèges de dominants. Il y a toujours des lobbys forts et des profits colossaux, parce que les marchés c'est pas juste les individus qui gagnent péniblement leur sous jours après jours. Il y a toujours une belle propagande diffuse et permanente, d'un côté c'est l'INPES, l'éducation à la santé dans les école, les pouvoirs publics et les politiques sanitaires…de l'autre l'application a terroriser les survivantes qui souhaitent parler des conditions sordide de la prostitutions avec des menaces de mort, du chantage, la diffusion d'idées destinées à enfumer le débat en parlant de "prostitution volontaire", "choix", "travail du sexe", des études bidon, du lobbying gouvernemental... En attendant on ne parle pas de la réalité des journées de passes, désolée d'être crue mais c'est des mètres de b. sales avec des types qui puent et qui vont s'appliquer à reproduire les fantasmes de torture de scénarios de porno en repoussant toujours plus loin les limites des personnes qu'ils exploitent. C'est des anus et des vagins détruits, des descentes d'organes, des maladies sexuelles. Des stress post traumatiques, des dépressions, des suicides. Voilà ce que vit la très grande majorité des personnes en situation de prostitution.
 
Pour l'Allemagne, c'est l'aide à la prostitution qui a été aboli, donc normal que les proxos en profitent. D'ailleurs l'article ( outre son parti pris flagrant ) parle des cadres légaux des bordels mais indique que certaines choses problématiques seront faites illégalement ( du coup ça ne rentre pas dans le cadre de la loi dont ça parle, mais les conséquences implicites).

Les TdS que je connais font ça au black ( payer des impots sans couverture sociale? et puis quoi encore?) et les coups en soin, pour les personnes qui se protègent et font ça volontairement ( sans guillemet ) donc sans condition violente ni traumatisme, je vois pas où sont les coûts?

Pour moi, séparer le travail du sexe volontaire de l'esclavage sexuel ne légitime en rien le patriarcat, évite justement les amalgames. Je suis d'accord que certaines personnes que je connais peuvent le faire, c'est parce qu'on est dans un système patriarcal (d'ailleurs les meufs sont en minorité parmi les TdS que j'ai rencontré·e·s), mais je ne vais pas leur jeter la pierre car elles profitent d'un état d'oppression pour soutirer ce qu'elles peuvent ( comme moi qui profite du gaspillage et du capitalisme pour manger, m'habiller et me meubler et tout).

Je suis sûre qu'un contexte non capitaliste et non sexiste nous aiderait à voir comment tout ça se profile, peut-être plus de travail du sexe, peut-être du travail du sexe avec plus de mecs et de personnes non binaires que ça soit parmi les client·e·s ou les travailleureuses?

D'ailleurs, un problème du discours abolitionniste est de ne pas faire les choses dans l'ordre, car interdire la prostitution sans solution de secours pour les personnes précaires ne va pas les sortir de la prostitution. Juste les mettre dans une situation plus précaire.

Le modèle suédois peut être peut-être une solution convenable, même si j'ai peur que l'esclavage sexuel y soit juste invisibilisé.

Pour l'usage d'autrui, on peut rapporter ça a pleins de métiers, et le fait que ces métiers soient "acceptables" dépend pas mal de notre rapport personnel à la sexualité. J'en connais qui veulent bien s'enfiler des kilomètres de bites, qu'importe qui c'est. Les personnes qui ne veulent pas de kilomètres de bites doivent être aidées à être sorti de ça, et je ne suis pas sur que la pénalisation y parvienne.

La pénalisation revient au même dans le sens que les personnes actuellement en situation précaire ( je suis pas pour leur maintien dans le travail du sexe si ça leur convient pas) ne sont pas sorti de ce système si leur clients sont pénalisés, juste un risque de recherche de client dans des conditions plus précaires, un revenu est indispensable pour que ces personnes sortent ( ou n'entre pas ) dans le travail du sexe.
 
Salut à vous !

depuis octobre, avec une copine, je co-anime une émission féministe sur Radio Larzac.
En Décembre, se déroulait la journée de lutte contre les violences faites aux TDS.
Dans ce cadre, nous avons décidé d'axer notre émission, sur la prostitution.
Vous y trouverez une interview de Marie Prin, secrétaire général du syndicat du travail sexuel (STRASS) sur Toulouse.
je mets le lien en dessous.

bonne écoute!

http://www.radiolarzac.org/sons/les-cyp ... guettent-3
 
Faut voir la définition de proxénète, car selon certaines visions, je le suis par plusieurs aspects ( parce que j'ai des ami·e·s TDS).
 
somadlateci":2dcx9y3y a dit:
Faut voir la définition de proxénète, car selon certaines visions, je le suis par plusieurs aspects ( parce que j'ai des ami·e·s TDS).
C'est le soucis, bien qu'étant fondamentalement abolitioniste je ne suis pas forcément convaincue que la loi telle qu'elle est va permettre de corriger tous les points problèmatiques.
 
"Contribuer à banaliser l’expression « travail sexuel » depuis les institutions publiques est alarmant. La construction idéologique du concept « travail sexuel » est très polémique pour de nombreuses raisons. Parmi elles, le fait que beaucoup de femmes prostituées NE SE RECONNAISSENT PAS dans cette expression. Comme Trisha Baptie, qui a été prostituée pendant 15 ans et qui écrit :"

(Dans l'article d'Entre les lignes entre les mots "A propos de la prétention de la mairie de Barcelone à réguler « le travail du sexe volontaire ", https://entreleslignesentrelesmots....ler-le-travail-du-sexe-volontaire/#more-21739)

« Je n’ai jamais connu de ‘travailleuse sexuelle’ de toute ma vie. Pour moi, cette expression vient du film Pretty Woman et de la bouche des personnes qui endossent et exploitent la chosification des femmes. Je connais des femmes prostituées – j’ai été l’une d’entre elles – et nos raisons de l’être sont claires : pauvreté, racisme, oppression de classe, sexisme et violences subies pendant l’enfance. »

"Comme Sarah Ditum l’indique, lorsque nous disons « travail sexuel », nous acceptons l’idée que le sexe est un travail pour les femmes et un loisir pour les hommes. Et c’est cette éducation sexuelle, mesdames conseillères et messieurs conseillers municipaux, que vous donnez à vos filles et à vos fils ? Est-ce que cela veut dire que c’est acceptable, pour les hommes, « d’aller aux putes » ? Ou alors la prostitution est une réalité si éloignée de vos vies que vous ne songez pas à la penser pour vous et votre entourage ? Nous, nous disons NON à ce privilège masculin, comme le font nos camarades de Zéromacho."



Les photos juxtaposées de Julia Roberts et d'une personnes en situation de prostitution (dans l'article, sous le texte ci dessus cité) illustrent le scandaleux mensonge, le décalage entre les discours et la réalité, la propagande instaurée par l'industrie du sexe et relayée par la culture populaire.



Et plus loin:

"La prostitution sûre n’existe pas car la violence machiste sûre n’existe pas

La prostitution n’est pas une liberté féminine, c’est une création masculine : c’est imposer à quelqu’un qui ne le veut pas une relation sexuelle ; c’est, par conséquent, acheter du consentement avec de l’argent. L’absence de désir de la personne prostituée envers le prostitueur ainsi que l’absence de plaisir réciproque sont les bases de la relation prostitutionnelle, comme l’explique Kajsa Ekis Ekman. C’est pour cette raison que la prostitution, loin d’être une liberté sexuelle et un « droit des femmes » (!!), est un privilège masculin et une violence machiste qu’en tant que féministes nous ne pouvons tolérer. Ce ne sont pas les conditions de pratique de la prostitution qui la rendent moins sûre ou violente, c’est la prostitution en elle-même qui est violente. La prostitution est une violence machiste parce que la mortalité des femmes y est 40 fois plus élevée que dans n’importe quel autre « métier » ; les femmes prostituées sont 18 fois plus susceptibles d’être assassinées ; plus de 71% des femmes prostituées subissent des abus physiques ; 63% ont été violées ; 68% souffrent du syndrome de stress post-traumatique, selon les résultats de l’étude transnationale la plus importante sur le sujet6. Les bordels sûrs sont un mythe.

La prostitution « sûre, sympathique et avec de bonnes conditions d’hygiène » N’EXISTE PAS. Arrêtez de vous faire des illusions, et faites des politiques municipales qui soient réellement en faveur des droits des femmes : en faveur de celles qui sont dans la prostitution, celles qui veulent en sortir7 et celles qui ne voudront jamais y entrer, en dépit de la grande précarité du travail et de la banalisation de la prostitution que notre gouvernement municipal (de gauche et féministe disent-ils ??) contribue à maintenir, malheureusement.

Glòria Casas Vila, sociologue et activiste féministe"
 
J'ai arrêté de m'exprimer sur le sujet de la prostitution depuis déja quelques temps, trouvant le sujet trop complexe et protéiforme pour moi. Je voudrais juste me permettre de nuancer deux ou trois petites choses concernant le terme de travailleu(r)(se)sexuel(le) qui serait une légende.


« Je n’ai jamais connu de ‘travailleuse sexuelle’ de toute ma vie. Pour moi, cette expression vient du film Pretty Woman et de la bouche des personnes qui endossent et exploitent la chosification des femmes. Je connais des femmes prostituées – j’ai été l’une d’entre elles – et nos raisons de l’être sont claires : pauvreté, racisme, oppression de classe, sexisme et violences subies pendant l’enfance. »

Comme dit plus haut en ce qui concerne la prostitution, je me verrai mal m'exprimer mais je pense avoir des outils pour revenir sur le terme de maniére plus large.

Il y a depuis plusieurs années un mouvement de plus en plus important s'est mis en place pour defendre un porno féministe avec des réalisatrices comme ovidie, erika lust, jessica nilsson, courtney trouble et j'en passe. Un grande nombre d'entre elle, pour ne pas dire toute se revendiquent comme des travailleuses du sexe. C'est d'ailleurs appuyé par des événements comme le feminist porn award qui attirent de plus en plus de monde.

Si le terme de "sex worker" n'existe pas, que dire de personnes comme Judy Minx qui revendique cette activité haut et fort ? Qui fait beaucoup d'efforts pour travailler dans le milieu du sexe de plein de maniére différentes ? Sont-elles toutes des victimes, contrainte de faire ce qu'elles font car oppréssé par un mouvement de société qu'elles ne controlent pas ? Et si c'est le cas, pourquoi chercher à proposer des supports à contrecourants d'un fantasme masculin hypothétique ?

Je ne remet pas en cause le témoignage de trisha. Je pense juste, et je constate, qu'en dehors du milieu de la prostitution, la terminologie "sex worker" reste trés utilisé et même revendiqué par des personnes qui s'opposent à un modéle dominant/aliénant.
 
C'est une très petite minorité de personnes qui se revendique ainsi à côté de l'énorme masse des femmes exploitées sexuellement. Pour cette minorité, dont je me suis également revendiquée (voir mon témoignage), beaucoup d'entre nous sont des survivantes de l'inceste (qui prépare idéalement à être utilisée sexuellement à l'âge adulte) ou d'agressions dans l'enfance et l'âge adulte, présentent des états de stress post traumatiques ou/et sont dans des situations précaires. Je comprends la nécessité de s'auto déterminer individuellement dans nos parcours de vie personnelle mais je suis contre l'imposition d'un concept idéologique qui fait figure de référence générale déterminant le cadre légal alors qu'on parle d'une minorité pour laquelle on peut se poser la question du choix. Je rappelle que les états de stress post traumatiques sont pour la plupart quasi invisibles aux yeux du grand public, les phénomènes de dissociation qui permettent de supporter les passes, de sidération et de paralysie de la pensée qui autorisent toutes les violences, on ne s'en rend pas compte. A côté de ça, j'avais une vie sociale à minima, je suivais une formation, même si j'étais dépressive j'étais capable de me montrer enjouée. Je ne me serai pour rien au monde considérée comme une victime. Je pensais avoir repris le pouvoir qui m'avait été confisqué lors des incestes. Et je le répète, je ne représente pas la totalité des exceptions de la traite mais je ne suis vraiment pas la seule non plus. Y a qu'à voir le témoignage de Ulla et de tant d'autres. Aujourd'hui je peux vivre des états de dissociation ou de sidération sans que mon interlocuteur ne s'aperçoive de quoi que ce soit. Les professionnels ne sont pas formés, l'ensemble du monde médical peine à intégrer ces connaissances, les traumatologues se battent pour faire entendre les connaissances en victimologie et former les gens. Donc c'est pas compliqué d'imposer des concepts pour un ensemble de situations pour lesquelles la violence est invisible aux yeux de celles qui la subissent et aux yeux du grand public. En vérité c'est dégueulasse de cynisme. Pratique et pervers. Vous ne le savez peut être pas mais l'industrie du sexe s'en nourrit de ça, et malgré eux, des personnes en dehors de l'industrie, enfumées par ces confusions malhonnêtes font le jeu de ces mafias en défendant des concepts qui ne représentent que peu de personnes, elles même prises pour beaucoup dans le piège du traumatisme. On en a un peu assez nous les survivantes qui prenons le risque de témoigner de ne pas être entendue. Parce qu'en face il y a du lourd pour nous silencier, des milliards, le sexe c'est un des 3 plus gros marché au monde. Qui a le pouvoir de créer des mots, de les retourner, de leur faire perdre leur sens? C'est tellement absurde. Pas les quelques misérables abolitionnistes qui n'ont aucun intérêt financier dans cette histoire, que des embrouille parce que la chasse aux sorcières est ouvertes, et ça fait très mal. Menace de mort, harcèlement, attaques des données personnelles, pertes d'emploi…

Je rappelle que la pénalisation des clients n'empêche pas les personnes de se vendre en prostitution. Sérieusement, quand on voit toutes les transactions sexe/nourriture-toit-compensations qui existent depuis toujours et qui dureront jusqu'encore très longtemps et qui ne sont pas sanctionnées même pas considérées comme de la prostitution qui à vraiment peur que les hommes ne puissent plus utiliser sexuellement le corps des femmes avec la pénalisation?

Comment on fait? Moi je refuse qu'on qualifie mon passage dans la prostitution comme "travail du sexe" et je ne suis pas une victime de la traite. Et que mon expérience soit utilisée pour défendre le droit d'acheter des personnes pour un usage sexuel. Que cela donne lieu à des lois qui permette cela. Mais je ne souhaite pas qu'on sanctionne les personne en situation de prostitution alors qu'elle concluent une transaction. Pour moi la sanction est pour les clients et les proxénètes.
 
J'ai jamais dit que parce que mes ami·e·s sont la minorité qui a choisi ou accepté cette condition, les autres personnes dans la prostitution (ou travail du sexe) doivent rester dans leur état d'exploitation.

En attendant, je suis considérée, comme pas mal de monde comme proxénète, le fait que les prostitué·e·s ne peuvent pas s'associer sans devenir une mafia les rend plus vulnérables aux agressions et tout ça, les lois actuelles ou futures, je doute qu'elles résolvent ces problèmes ( ni les problèmes économiques).
 
Putain mais Moogli je t'aime. Voilà, c'est dit.

J'avais un excellent article sous le coude, que j'avais lu il y a un an et je ne le retrouve plus... mais c'est pas grave, car Moogli est là ! :kiss:
Je saurais pas exprimer mieux ma pensée que tu ne le fais déjà....

Alors je me contenterais de mettre ce lien : https://effrontees.wordpress.com/2013/1 ... es-nulles/

Parce que les chiffres sont alarmants. Parce que croire qu'on peut rendre des millions de connards "responsables" et rendre la prostitution plus "respectueuse" de la femme, c'est un putain de leurre. Comme de croire qu'en faisant des jolis textes de loi bien propres et des "bordels sûrs" on empêchera les dérives.
Y a pas grand chose qui me met en colère, mais ça, ça me rend dingue.
Je lis depuis un ptit moment vos échanges et c'est juste nourrissant.
 
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