Picatau, tu devrais peut-être t'intéresser à l'ethnologie. Les logiques de groupe n'ont pas toujours été les mêmes dans le temps et ne sont pas les mêmes partout dans le monde, malgré ce que tu as l'air de croire. La condition dans laquelle on se trouve aujourd'hui, globalisation, surconsommation, violences systémiques à grande échelle, n'a pas grand-chose à voir avec la "nature humaine" ou pire la "bêtise humaine" (concepts douteux d'abord je trouve) ; non, ces choses ont une
histoire. Elles se sont développées en des endroits et dans des conditions précises. En Europe, on a eu les Lumières et la Révolution Industrielle, où on a pris la grosse tête, on s'est pris-e-s pour les maîtres du monde, on est allé-e-s exploiter et coloniser tout ce qui respirait, et surtout... on a imposé nos modèles sociaux, nos modèles de production, de pensée. Je ne suis pas historien-ne mais, à mon humble avis, si on veut comprendre pourquoi aujourd'hui le monde a l'air gangréné par les mêmes misères partout (inégalités, pollution, etc), il faut commencer par là.
A t'écouter, on dirait que tous les groupes humains pensent et agissent pareil, partout dans le monde, et que c'est un état fini, qui ne peut plus évoluer. Ou que, quoi qu'ils fassent, les résultats sont les mêmes, qui vont du futile au catastrophique. Ce que j'en pense ? Que c'est essentiellement un retour de manivelle de la colonisation, un peu comme quand les hommes cis-het imposent des standards aux femmes et puis se plaignent qu'elles les respectent ("elles sont compliquééééées !"). On (les Européen-ne-s occidentaux-ales blanc-he-s) a voulu imposer le même mode de vie à tout le monde... Et maintenant on se plaint ? Maintenant qu'on se rend compte de son inadéquation, de sa dangerosité, tout ce qu'on trouve à faire c'est blâmer la "nature humaine", comme les hommes cis-het blâment la "nature féminine" ??
Je ne prétends pas que la colonisation soit à la source de tous les maux qui existent aujourd'hui, mais bon sang, ça doit être une sacrée grosse racine. Et une fois qu'on la connaît bien, on peut espérer lutter contre. En s'y attaquant, on découvre aussi les autres racines qui s'emmêlent avec elles, qui se nourrissent l'une de l'autre (le capitalisme par exemple).
Je suis peut-être massivement naïf-ve, mais quand je vois les mouvements de résistance qui se lèvent face aux oppressions - même s'ils finissent étouffés -, je pense que l'intelligence collective est une chose. Dans les bonnes conditions, les groupes ont un incroyable pouvoir d'imagination, de résistance, de résilience, de création, de solidarité, de réflexion. La tragédie d'aujourd'hui, c'est que la tyrannie et la violence exercée par les 1% est organisée de telle sorte que tous les autres en-dessous croient que c'est "dans l'ordre naturel des choses", qu'on ne peut rien y faire. (Interview très intéressante avec les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon sur la "violence des riches" : où il est question de guerre psychologique avec recul de la conscience et de la contestation politiques... Là les sociologiques abordent plutôt la question de la crise financière, mais j'imagine volontiers que les mêmes mécanismes sont impliqués dans d'autres crises, celle de l'environnement notamment, les 2 étant liées de toute façon. A partir de 9:50 il y a un passage crucial sur la "fabrique de l'impuissance" :
https://www.youtube.com/watch?v=Ln1l3rOThpc )
Bref si on dit "tout va mal parce que l'être humain est bête et méchant / est une espèce envahissante", on insulte plein de victimes, plein de gens qui mettent toute leur ingéniosité à vouloir faire bouger les choses, tout en laissant gagner celleux qui détruisent tout. Dans le cadre d'une éthique du végéta*isme, c'est bof-bof, non ? Alors je crois qu'il est grand temps qu'on déconstruise ce genre d'idée, qu'on voie d'où elle vient vraiment.