Je suis prof (histoire-géographie-éducation civique/ECJS) dans le secondaire, et généralement, oui mon métier est en accord avec pas mal de mes idées. Bon, bien sûr, pas forcément les conditions dans lesquelles je l'exerce.
J'ai la chance de pouvoir parler racisme ou sexisme à des jeunes, d'expliquer scientifiquement l'apport de l'immigration, les enjeux de la parité etc. Là je fais un projet avec 18 élèves sur la Shoah avec visite à Auschwitz.
Par contre, l'antispécisme n'est vraiment pas reconnu dans les programmes, il est compliqué d'en parler. Bon, je profite des momies pour rappeler que le cuir c'est de la peau traitée, de la géographie de l'alimentation pour expliquer qu'on mange trop de viande etc.
Mais bon, avec les programmes à finir, les directives etc. je ne vais pas aussi loin que je le voudrais, loin de là... C'est trop souvent du bourrage de crâne et on simplifie tellement qu'on finit par raconter des mensonges...
Par contre, je me suis vite rendue compte qu'on ne pouvait pas lutter contre les discriminations scolaires, pour y avoir enseigné, je sais que j'éviterai certains établissements pour mes enfants et c'est un triste constat... De même, on est totalement démuni face à des situations familiales catastrophiques, j'ai même eu une mère qui a affirmé à une collègue battre son fils de 11 ans, bah à part signaler et attendre des mois, on est impuissant. De même pour le harcèlement scolaire, au final, je ne sais toujours pas comment réagir, c'est tellement compliqué...
Bref, j'ai perdu pas mal d'illusion mais je trouve quand même que c'est un métier génial, même si certaines fois c'est très dur, si on peut transmettre et aider un peu ne serait-ce que 10% des élèves, ça vaut le coup.
J'admire les chercheurs, j'ai abandonné dès le M1, ce n'est pas pour moi, je n'ai pas la patience, j'ai besoin de mouvement, tout ça.