Fallait-il tuer un bébé lapin en direct pour exposer « l’hypocrisie de nos relations avec les animaux » ?
Asger Juhl et Kristoffer Eriksen, présentateurs sur les ondes de Radio24syv au Danemark, ont voulu provoquer. Ils assument pleinement ce qu'ils ont fait le week-end dernier pendant leur émission. Après avoir lancé un débat sur le bien-être des animaux et l'industrie agroalimentaire dans leur pays, ils ont fait venir plusieurs experts et Alan, un lapin de neuf semaines.
Puis ils ont annoncé qu'ils allaient tuer Alan en direct, ce qu'ils ont fait avec quelques coups de pompe à vélo.
"Je l'ai frappé fort sur le cou à deux reprises pour que les vertèbres cervicales soient fracturées", a dit Asger Juhl à la chaîne de télévision TV2. "J'avais reçu des instructions d'un gardien du zoo de Aalborg qui tue plusieurs bébés lapins chaque semaine pour nourrir les serpents."
Le geste a choqué les auditeurs, pris au dépourvu. A l'antenne, les deux présentateurs ont expliqué leur raisonnement, ce que la radio a ensuite refait dans plusieurs posts sur leur page Facebook. "Ce n'était pas une provocation gratuite. Nous avons tué un animal pour le manger", ont-ils écrit, avant de mettre en ligne une vidéo de la préparation culinaire.
"L'hypocrisie" à laquelle ils voulaient s'attaquer est précisément celle des consommateurs et "leur relation avec les animaux", eux qui ne supportent pas de voir la réalité derrière le commerce animal.
"Les consommateurs ne tuent généralement pas les animaux eux-mêmes, mais ils achètent et mangent des animaux, qui ont eu des vies tristes. C'est juste que nous ne le voyons pas, et nous ne considérons pas ces animaux 'mignons' comme le bébé lapin."
Ils ajoutent qu'Alan le lapereau "a eu une belle vie" (quoique courte) contrairement à d'autres.
"Le consommateur danois accepte que des fermes entassent 13 poulets par mètre carré (...). Au Danemark, 25 000 porcelets meurent tous les jours parce que les fermiers ont fait en sorte que les truies donnent naissance à plus de porcelets qu'elles ne peuvent nourrir (...). Ces conditions de vie ne provoquent que peu de réactions chez le consommateur. Le bien-être animal ne semble pas s'appliquer à l'industrie agroalimentaire."
Malgré toutes ces explications et ces arguments, l'acte des présentateurs a été très mal reçu sur les réseaux sociaux, où leurs justifications ont été suivies de commentaires scandalisés. On peut résumer le ton général avec le message suivant d'un internaute danois sur Facebook :
"Peut-être que quelqu'un devrait te frapper sur la tête avec une putain de pompe à vélo, on verra si ça provoque un débat."
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/ ... s-animaux/