Centenaires d'Okinawa : Un entretien exclusif avec l'auteur de l'étude
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Justement vos recommandations tirées du régime d’Okinawa étant fondées sur une densité calorique faible, n’y a-t-il pas le risque que de telles recommandations ne permettent pas de se procurer des quantités suffisantes d’oméga-3 qui sont surtout apportés par les aliments gras, à la densité calorique élevée ?
Nous ne disons pas aux gens de suivre nos conseils à la lettre, mais d’utiliser la « pyramide » d’Okinawa comme guide. Les habitants d’Okinawa reçoivent de grandes quantités d’oméga-3 alors qu’ils consomment peu de calories. Par exemple, les Okinawans ne mangent pas beaucoup de noix, dont la densité calorique est élevée, ils mangent plus de poisson maigre que de poisson gras et pourtant ils ont plein d’oméga-3 dans leur régime, y compris le précurseur, l’acide alpha-linolénique. Parmi les aliments les plus intéressants pour les oméga-3, il y a le soja et notamment le tofu. C’est une très bonne source d’acide alpha-linolénique. La preuve, c’est que nous avons mesuré la quantité d’oméga-3 dans le sang des gens d’Okinawa et dans celui des Américains, et il y en avait trois fois plus à Okinawa. Le niveau d’acide alpha-linolénique aussi était plus élevé.
Comment peut-on concilier le régime Okinawa avec le régime paléolithique prôné par Boyd Eaton et Loren Cordain, qui soulignent que notre patrimoine génétique n’a pas beaucoup évolué au cours des 200 000 dernières années ?
Il y a 200 000 ans, les hommes se nourrissaient principalement de végétaux et de viande à l’occasion. Il y a 60 000 ans, la chasse et la pêche ont pris de l’ampleur, mais les calories issues des végétaux constituaient toujours la base de l’alimentation. En fait, les généticiens nous disent que les gènes dont nous avons hérité ont beaucoup plus de 200 000 ans, et donc on pourrait tout à fait soutenir l’idée que le comportement alimentaire des hommes du Paléolithique n’était plus en phase avec l’évolution humaine puisque la plupart de ceux qui ont vécu avant le Paléolithique, pendant les millions d’années de l’évolution humaine étaient végétariens.