J'avais pris 15 jours de retard dans cette discussion, désolé pour le déterrage, mais y'a des trucs sur lesquels je voulais réagir.
Fushichô":1v8g4hwp a dit:
Je rejette pas le féminisme, ni le terme, ni la substance, car les femmes ont un sacré paquet de choses à défendre (entendu que le but soit effectivement l'égalité et pas l'inversion du sexisme actuel)
Là j'ai envie de pousser un coup de gueule, je suis désolé que ça « tombe » sur toi Fushi parce je t'aime bien et que c'est vraiment pas contre toi personnellement, mais j'en ai juste ras le bol de ce genre de parenthèses comme si la question faisait l'objet du moindre doute. C'est une FAQ à laquelle il a été répondu des centaines de fois (y compris plusieurs fois dans ce fil), personne n'a jamais été foutu de me citer une auteure féministe reconnue qui prône une inversion du sexisme actuel, et pourtant on continue à lire ce genre de « si » dans presque toutes les discussions sur le sujet.
Alors je suis désolé, mais la seule explication que je vois au fait de remettre en doute ce truc qui a été expliqué et réexpliqué jusqu'à plus soif, c'est de l'anti-féminisme intériorisé, exactement comme un omni défendant qui te dit qu'en fait t'aime pas les humains parce que tu accordes plus d'importance aux animaux (non-humains). J'y vois aussi une reprise (inconsciente et involontaire ici, j'en suis sûr) d'une stratégie visant à réduire les féministes au silence en les forçant à sans cesse se justifier sur ce point, et le temps qu'elles passent à faire ça, elles le passent pas à parler des sujets importants.
Donc une fois pour toutes :
les féministes veulent l'égalité et la liberté pour toutes et tous, aucune ne veut remplacer une domination par une autre. Tu me copieras ça cent fois, mon petit Fushi adoré, et à la main s'il-te-plaît, pas de copier-coller, merci
En fait, de nombreuses féministes souhaitent la disparition des
catégories sociales « femme » et « homme ». J'insiste, en tant que catégories sociales, il ne s'agit en aucun cas de vouloir un genre unique uniforme, simplement d'offrir à chacun la liberté (effective) de vivre son genre comme iel le souhaite, sans conséquences positives, négatives, ou les deux à la fois, sur sa place dans la société. Ce qui rend la question de « faire des femmes les dominantes » juste vide de sens.
Maintenant, sur le fait que le patriarcat fait souffrir beaucoup d'hommes aussi, je pense que c'est en effet le cas, et que les théories féministes offrent aussi beaucoup d'outils d'analyse et d'action là-dessus. Par contre je rejoins totalement Jezebel sur le fait qu'il faut se méfier de la « fausse équivalence » (qui peut être encore une fois une tactique de
silencing), et j'ajouterais qu'il me semble important, pour bien comprendre le patriarcat (et donc se donner les moyens d'y mettre fin) de ne pas perdre de vue qu'il s'agit d'un système de domination d'une classe sociale sur une autre. Par contre on est 100% d'accord qu'un système de domination engendre aussi des souffrances pour les dominants (et plus encore pour les parias, les hommes qui ne rentrent pas dans le moule du mâle alpha).
Après, un truc significatif (à mon sens) avec les mouvements « men's right » est qu'ils parlent de droits, et j'y vois deux choses :
- d'une part ils tentent d'établir une symétrie avec les mouvements pour les droits des femmes, ce qui n'a juste pas de sens (relire un bouquin d'histoire si on a un doute à ce sujet) et fausse donc complètement le débat : des hommes souffrent effectivement du sexisme mais ce n'est pas une question de droits, il faut voire les choses sous un autre angle si on veut effectivement être constructif ;
- d'autre part ils restent vachement sur un terrain « rapport de pouvoir hommes/femmes », ce qui prouvent que beaucoup d'entre eux s'accrochent en fait juste à leurs privilèges.
À part ça, certains des trucs dont ils parlent sont juste du foutage de gueule par rapport à la réalité, voire du fantasme : style « si elle change d'avis demain, je vais en prison », faut se réveiller un peu, le gros problème à l'heure actuelle est plutôt l'inverse (victim-blaming etc.)