Féminisme et masculinisme

S'il y a un troll (velu !) ici, c'est frago. :p
Vous pouvez blablater comme vous voulez ici, quand y'aura trop de messages hors NAC, je créerai peut-être un nouveau sujet (vous me donnez un titre ?).
 
Tu peux simplement les déplacer dans "féminisme et masculinisme". (Tiens, le correcteur orthographique connait féminisme mais pas masculinisme ... :lol:)
 
Ah ben justement, j'allais créer un nouveau sujet, mais j'ai vu juste à temps que la page avait disparu. Je reprends donc ici, en réponse à Frago, Jezebelle et Fuschio, pour développer ma pensée.

Bon, déjà ma position par rapport au féminisme : Je ne connais pas grand chose à l'ensemble des réflexions sur le sujet. J'ai lu quelques articles de blogs (notamment ceux de l'Elfe), et quelques textes dans les Cahiers Antispécistes qui s'y rapportent.
Vis à vis de la femme en France, je ne connais rien de manière directe puisque je ne le vis pas moi-même, mais j'ai connaissance :
- de la discrimination professionnelle (donc disparité des salaires et des niveaux de responsabilité)
- des viols, des violences, vécus par un certain nombre de femmes (et la difficulté d'en parler et de faire appeler à la justice)
- du harcèlement de rue, vécu par toutes les femmes
- de la pression sociale quant aux normes esthétiques imposées aux femmes
- des propos misogynes assez réguliers, même sur le ton de la blague (mais qui pourraient tout à fait être contrebalancés en nombre par de propos misandres de l'autre côté)
Après, on pourrait ajouter que le système patriarcal oppresse aussi les hommes en leur imposant également certains codes, mais j'ai l'impression que c'est entrer dans les détails, je n'ai personnellement pas vraiment le sentiment de vivre cette pression... Je ressens une pression sociale mais pas vraiment en direction de ma nature masculine. Je ne me sens pas oppressé par le patriarcat.

Voilà pour ma connaissance du féminisme.

Je comprends tout à fait que le "féminisme" ait eu besoin de s'appeler "féminisme", pour montrer que les femmes existaient, qu'elles avaient des droits et qu'elles les revendiquaient. Je suis certain que ça a été nécessaire, que c'est un mouvement qui a été très fortement bénéfique.

Mais il n'empêche que dans le mot "féminisme", il y a une faute de logique qui va maintenant le pousser régulièrement vers des voies sans issues, contrairement au mot "antisexisme".

Je m'explique... Déjà avec une comparaison avec l'antiracisme. Pour l'abolition de l'esclavage, et la défense des droits des noirs, soit, il a fallu des mouvements qui défendaient directement les noirs, qui montraient les injustices, et il a fallu qu'ils se défendent eux-mêmes, qu'ils montrent qu'ils n'allaient pas se laisser faire, le Black Power, tout ça... Maintenant, il y a eu quand même un niveau où la réflexion a muté, et plutôt que de laisser chaque groupe, chaque "race", défendre ses droits en tant que "race" pour se mettre au niveau des "blancs", on s'est mis à poser le fait que le mot "race" n'a pas de sens... Distinguer les "races" est absurde. Les différences physiques, et les origines culturelles, sont des choses tout à fait secondaires, non pertinentes dans la définition des droits de chacun. Donc on préfère le terme d'antiraciste. Et s'il n'y a pas de race, il n'y a aucun moyen de poser des discriminations en fonction des races. (Bien sûr, c'est la théorie, en pratique, la racisme existe toujours. Mais c'est une théorie qui pose quand même des bases solides pour lutter contre le racisme.)

De la même manière, personnellement, je trouve que le terme "animaliste" est un peu mal venu. L'homme est un animal, ok, mais dans l'esprit du non-animaliste (et peut-être de certains animalistes), c'est un combat pour les "animaux" par opposition aux hommes. Pour les bêtes, quoi. Ça ressemble donc à un combat contre les hommes. C'est pour cette raison que le terme "antispéciste" (et toute la réflexion qui l'accompagne), est quelque chose de beaucoup plus convaincant, beaucoup plus difficile à contrer rationnellement. Si les droits ne reposent plus sur l'espèce, si la barrière entre espèces n'est plus pertinente, on ne sait plus contre qui "se battre", on n'a plus la possibilité de discriminer les animaux, puisque tout le monde est animal...

Et donc, le terme "féministe" pose le même problème. Pour le macho de base, il va craindre un combat contre ses propres intérêts, un combat des femmes contre les hommes. Avec le terme "antisexiste", il est au contraire totalement perdu.
Mais en plus, il pose cette barrière entre les deux sexes directement dans l'esprit du féministe (même si l'idée du féministe n'est que de lutter pour une remise à niveau des droits des deux camps). Il AFFIRME l'existence des deux sexes, bien distincts.

Là, je dévie un peu pour envisager une autre vision, et après je reviens sur les problèmes que ça pose concrètement.
J'ai découvert ça il y a quelques semaines, la pansexualité : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pansexualit%C3%A9
En lisant une première fois, je me suis dit "C'est idiot, c'est exactement la même chose que la bisexualité, ah ah, c'est absurde, c'est n'importe quoi !" (Réaction de base du "gros con" qui découvre quelque chose qui va à l'encontre de la norme si ancrée dans son esprit, et qu'il n'arrive donc pas à comprendre... Suivez-mon regard en dehors de vegeweb...)
Et en relisant deux ou trois fois, j'ai compris que la pansexualité, c'est tout simplement une pratique concrètement bisexuelle, mais qui offre une autre approche intellectuelle des individus : Le caractère de genre ou de sexe n'est qu'accessoire, au même titre que la couleur des cheveux, la taille des oreilles, le nombre de dents... Le sexe/genre n'est pas une nature. On n'est pas "homme" ou "femme", on est soi avec des nichons, une chatte, ou une bite. Sans parler de ceux, plus rares mais qui existent, et qui possèdent tout à la fois. Or notre vision du monde est, dès la naissance mais par l'apprentissage, structurée dans cette dichotomie de manière totalement artificielle. (Et moi-même qui vous dis ça, je peux vous assurer que je suis incapable de faire abstraction de cette dichotomie. Et je suis tout à fait conscient d'avoir un tabou -personnel- à peu près inviolable sur l'homosexualité, alors qu'il serait certainement beaucoup plus logique, rationnel, juste, pour moi, d'être bisexuel. Je m'y refuse, l'idée même me dégoûte, bien que ça soit une position totalement irrationnelle et injustifiable. Mais puisque je ne fais de mal à personne, il n'y a rien qui me pousse à changer. Et d'après moi, selon la même logique, l'homosexualité souffre de la même incohérence que l'hétérosexualité.)


Et maintenant, je reviens, par des exemples, sur les problèmes que le mot "féminisme" peut poser, assez régulièrement, par rapport à "l'antisexisme". Avec le féminisme, on se bat pour accorder des droits à un groupe bien défini pour rétablir l'équilibre... Or on travaille dans un contexte où l'équilibre est déjà totalement foireux... dans un sens comme dans l'autre. Par exemple, on aura des pratiques concédées à tel groupe, mais pas à tel autre, et réciproquement. Idem, des métiers "réservés" aux femmes, et d'autres aux hommes.
Alors pour rétablir l'équilibre, on fait quoi ? Quand c'est une contrainte, on généralise la contrainte aux deux groupes ? Ou on élimine la contrainte ? Quand c'est une liberté accordée à un groupe mais pas à l'autre, on la généralise ou on l'élimine ?... Et quand une chose est vécue par certains membres du groupe comme une contrainte mais par d'autres membres du groupe comme une liberté ?... Ben, on est coincé. Certains féministes vous diront que le maquillage, l'épilation, les talons doivent disparaître, parce que ce sont des contraintes patriarcales, et d'autres vous répondront qu'elles ont le droit d'affirmer leur féminité avec ces choix esthétiques et que c'est leur liberté d'affirmer leur nature de femme plutôt que de s'écraser devant la contrainte patriarcale (l'autre contrainte patriarcale... celle qui veut que les femmes se cachent). Certains métiers sont réservés aux hommes, donc on essaie de convaincre un maximum de femmes d'y entrer, même si ce sont des métiers vraiment pourris (armée, etc.). L'inverse également.


Et puis on peut avoir envie d'éliminer certaines pratiques profondément sexistes...
Je prends l'exemple de la natation synchronisée. Je trouve ce sport naze, moche, et profondément sexiste. Ça se base sur la "beauté féminine" (de femmes à poil) et ça sert uniquement à faire plaisir à un public de mecs vicieux. Mon discours est totalement féministe.
Pourtant mon discours est aussi totalement antiféministe : Je méprise un sport dans lequel les femmes excellent, et je relègue au rang de rien ce sport féminin par rapport aux sports plus masculinisés.
Alors je fais quoi ?... Il paraît que certains hommes se lancent désormais dans la natation synchronisée... Alors, soit, si on atteint un jour la parité en convaincant les hommes que ce sport n'est pas nul, je pourrai enfin donner un avis totalement objectif ni féministe ni antiféministe. Je pourrai dire que ce sport est nul parce que c'est juste con et moche.


Je peux développer encore sur des tas de sujets...
Les blogs girly... Les blogs girly dégagent une image de femme nunuche obsédée par la mode et les achats compulsifs. Je déteste cette image sexiste. Je n'aime pas les blogs girly, donc je suis féministe.
Mais les blogs girly défendent au contraire la parité dans le milieu de la BD, ils mettent en avant la femme dans la société, l'humour féminin (que je n'arrive pas toujours à comprendre avec mon humour d'homme) donc si je suis féministe, je dois aimer les blogs girly...
(Et en pratique, il se trouve que je suis vraiment tiraillé entre ces deux opinions... Des fois, j'aime bien les blogs girly, et des fois non... Parfois, le même blog, avec juste un peu de temps entre mes deux jugements...)


Prenons encore l'exemple de la prostitution :
http://www.lemonde.fr/idees/article/200 ... _3232.html
http://www.minorites.org/index.php/2-la ... -quoi.html
Défendre la prostitution (celles qui l'ont pleinement choisi), c'est défendre le droit des femmes à disposer de leur corps comme elles l'entendent. C'est donc féministe, selon ces deux textes.
Seulement, défendre la prostitution, c'est aussi défendre un métier qui a servi le patriarcat pendant des millénaires tout simplement parce qu'il est pratiqué dans son immense majorité par des femmes, que ses clients sont essentiellement des hommes, et qu'il diffuse donc l'image que les femmes ne sont que des objets sexuels à destination des hommes, qu'elles ne prennent aucun plaisir dans l'acte amoureux, ou en tout cas qu'elles n'en ont pas besoin, contrairement aux hommes qui sont continuellement dans le besoin, et que les femmes le font donc avec quiconque leur demande à condition que la compensation financière soit à hauteur. On pourra me dire que ça n'est pas comme ça que le vivent les prostituées, c'est certainement comme ça que le vivent les clients.
On a donc le choix entre réglementer ou abolir (interdire), et dans les deux cas, on ne sait toujours pas si on fait du féminisime ou de l'anti-féminisme.
D'où vient le problème ? Du fait que c'est un métier de femmes pour des hommes, simplement ça, pas d'autre chose.



Et récemment, je lisais également ce texte de Regan (http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article54), que je résume comme ceci (peut-être à tort) :
- Les féministes doivent s'opposer au patriarcat.
- Depuis la nuit des temps, la vision occidentale est formatée par les hommes.
- Depuis la nuit des temps, la vision occidentale est spéciste.
- Donc la vision spéciste est patriarcale.
- Donc les féministes doivent s'opposer au spécisme.
Or, je ne suis pas du tout d'accord dans cette façon de penser. Si les féministes, comme n'importe qui, doivent s'opposer au spécisme, c'est parce que c'est injuste, patriarcat ou pas. Si les féministes doivent s'opposer à quelque chose, ça n'est pas la patriarcat dans son ensemble (et tout ce qu'on peut lui faire avaler), c'est ce qui est injuste vis-à-vis des femmes dans le patriarcat. Et non pas tout renier en bloc et décider que la vision attribuée aux femmes est la meilleure en tout. (Dans son texte, il considère par exemple, si j'ai bien compris, que la sensibilité doit passer avant la rationalité pour la seule et unique raison que la sensibilité est attribuée aux femmes et la rationalité aux hommes...)

Quant aux histoires de langage et de formes d'écritures... Ben si, le langage porte intrinsèquement la Nature homme/femme des individus, et il est forcé de poser à un moment où un autre des paradoxes qui forceront à choisir entre le féminin ou le masculin, et à donner le sentiment de prioriser l'un ou l'autre.
Dans "Iels", on peut reprocher le fait que ça commence par "I" qui est le début de "Ils", donc on fait passer l'homme en premier.
Dans "convaincus", on oublie les femmes.
Dans "convaincues", on oublie les hommes.
Dans "convaincu(e)s", la femme est entre parenthèse, secondaire, c'est misogyne.
Dans "convaincu-e-s", "convaincuEs", la femme est soulignée, mise en valeur, elle écrase l'homme, c'est misandre.
Sans l'existence d'un genre neutre, on n'y échappera pas...


Alors que... si on reprend tout mes exemples, et qui si on transforme dès le départ le postulat homme/femme... Si on pose qu'un enfant n'est pas "un garçon" ou "une fille", mais un enfant "avec des organes génitaux femelles/mâles, et des yeux bleux/verts/noirs, des cheveux blonds/bruns/roux...", rien ne formate plus cette dichotomie... Rien n'oblige les gens dotés des nichons, ou d'une chatte, ou ceux dotés d'une bite à porter une jupe, une robe ou un pantalon, se raser les jambes ou pas, faire tel métier ou pas, avoir tel trait de personnalité ou pas, avoir des rapports sexuels avec des gens qui ont des nichons, ou une chatte, ou une bite... Les deux groupes n'existent plus. La distinction, la discrimination, l'inégalité n'ont plus de sens, plus aucun moyen d'exister. Les modes vestimentaires ou comportementales deviennent justifiables ou ridicules en elles-mêmes, mais sans participer d'aucun sexisme (sans parler de l'homophobie qui perd tout son sens elle aussi).

C'est une réflexion que je trouve bien plus intéressante et porteuse que de débattre continuellement pour savoir quel petit changement sera plus ou moins défenseur de quels droits, en faisant parfois marche arrière à cause des paradoxes précités. Bien sûr, ce dont je parle ne peut pas être atteint d'un coup de baguette magique, et c'est clair qu'il faut continuer à défendre concrètement les droits au cas par cas, mais je pense qu'intégrer et défendre cette réflexion dans le mouvement "féministe" (et donc plutôt "antisexiste") serait largement plus profitable à long terme.

(Note pour Cépafo : Je ne suis pas plus masculiniste que féministe. Masculin et féminin m'emmerdent autant l'un que l'autre.)
 
Pers0nne":1qj9emp6 a dit:

Han, https://www.youtube.com/watch?v=9OBnvpzb560 !

Pers0nne":1qj9emp6 a dit:
(Note pour Cépafo : Je ne suis pas plus masculiniste que féministe. Masculin et féminin m'emmerdent autant l'un que l'autre.)

Je n'ai jamais fait allusion à un éventuel masculinisme de ta part. ;) Comme l'a dit Fushi, je n'ai fait qu'obéir au doigt et à l’œil d'Usagi en déplaçant les messages dans ce sujet sur le féminisme et masculinisme (qui est le plus fourni en discussions en tout genre sur le sujet), appuyant de ce fait la thèse des masculinistes selon laquelle le monde court à sa perte parce que les hommes sont dominés de plus en plus par les femmes...
 
Pers0nne":1r3niuo8 a dit:
Note -avant développement- : Je n'ai pas dit que j'étais anti-féministe. Pas du tout. Je dis juste que je crois que le terme "féministe" cache une faute de logique qui est désormais contre-productive pour la réflexion féministe justement.)

Je pense que tu devrais te renseigner un peu plus sur ce qu'est le féminisme, ici par exemple. :)
 
Cépafo":pxb30t3g a dit:

Grave... >:)

Bon sinon, je vois que tu as manifestement réfkéchi sur le sujet, j'ai pas encore tout lu, mais à première vu, je pense que tu cloisonnes trop les luttes féministes en ne les rattachant qu'à la lutte des femmes pour leur droit. Le combat féministe, c'est mettre fin au patriarcat. Ca concerne in fine tout le monde (même si plus les femmes, évidemment et que donc il faut agir au plus vite pour mettre fin à certaines situations).
 
Ouahouh. PersOnne, je tiens à dire que j'adore te lire, ainsi que V3nom.
J'ai juste envie de te remercier, pour m'avoir apporté plus de raisonnement sur le sujet qui me taraude en ce moment, le féminisme et le rapport hommes/femmes.

Je n'avais jamais pensé au terme d'antisexiste qui effectivement est beaucoup moins problématique que de partir dans des paradoxes comme tu en as très bien fait l'exemple dans ton raisonnement. Je ne peux pas discuter avec vous, je préfère rester distante et apprendre, car je ne maîtrise pas le sujet. Mais je te remercie d'exposer tes idées comme ça, ça m'aide énormément à me conforter dans mes propres opinions, merci.
 
We're all joking about this, naturally (a woman using a pen - ridiculous!), but this could have serious implications. What's next, ladies attending universities? Pens to encourage literacy in the lower orders? The modern world is a mad place indeed.
+ 1 000 !!!
 
Bon, pour être honnête, j'ai pas lu tout ton post en détails, mais je me permets de répondre à des trucs que j'ai lu, en espérant ne pas faire de contresens à cause de ce que j'ai pas lu.

Pers0nne":2xd68iqp a dit:
Vis à vis de la femme en France
Des femmes. La femme, ça n'existe pas (pas plus que l'homme). (Je donne peut-être l'impression de pinailler, mais le sujet du féminisme c'est aussi la libération et la diversité, donc bon.)


Après, on pourrait ajouter que le système patriarcal oppresse aussi les hommes en leur imposant également certains codes
Je pense que le système patriarcal cause en effet du tort aux hommes, ou au moins à certains hommes, mais je pense pas que le mot oppression soit approprié. Dans le système patriarcal, le groupe social des hommes opprime celui des femmes : les membres du groupe dominant, en tant qu'individus, souffrent des conséquences du système, c'est un problème qu'il faut évidemment combattre ; mais considérer qu'ils sont opprimés ne me paraît pas correct comme analyse de la situation.

Mais il n'empêche que dans le mot "féminisme", il y a une faute de logique qui va maintenant le pousser régulièrement vers des voies sans issues, contrairement au mot "antisexisme".
Donc pour moi il n'y a pas de faute de logique : le sexisme n'est pas une chose symétrique, le patriarcat est un système d'oppression (voire d'exploitation économique, cf le travail domestique gratuit des femmes) d'un groupe social par un autre, ça me paraît logique que le mouvement visant à son abolition tire son nom du groupe opprimé.

Par contre il y a bien un paradoxe : les féministes (enfin pas toutes, mais pour simplifier je parle de celles dont je me sens proche) souhaitent qu'on arrête de diviser la société en deux groupes (hommes et femmes) : je parle pas d'instaurer un genre neutre universel, mais d'arrêter de faire du genre un truc aussi déterminant socialement (et aussi, de permettre aux individus des expressions de genre hors de la binarité actuelle : on revient au fait qu'il s'agit bien d'un mouvement de libération autant qu'un mouvement pour l'égalité). Du coup, le féminisme porte le nom d'un groupe opprimé dont il souhaite la disparition en tant que groupe social.

C'est paradoxal mais pas illogique, et ça rejoint il me semble assez bien ce que tu dis un peu plus bas sur le racisme et le fait qu'il faut arrêter de diviser l'humanité en races.

À part ça, je trouve pour le moins optimiste de considérer que le temps où le terme féminisme était justifié serait révolu. Il y a même un slogan à ce sujet : je serai post-féministe dans une société post-patriarcale :)
 
@Ptit_Pimousse : Merci :)


@Numa
(Première remarque : Tu aurais dû lire ton mon post en détails.
Deuxième remarque : Désolé si je ne maîtrise pas le vocabulaire féministe. -La femme au singulier, une forme d'oppression du système patriarcal envers les hommes.-)

Tu as un peu répété ce que j'ai dit, en fait... Sauf que pour le coup, tu ne vas pas assez loin. Le nom "féminisme" avait un sens quand on voulait rétablir l'équilibre, annuler la force d'oppression en rehaussant les droits du groupe opprimé. Mais maintenant, on maintient la division, et on se retrouve donc parfois devant les cas insolubles que j'ai cités plus haut.
Pour arrêter de diviser en deux groupes, il faut au contraire faire disparaître les groupes. En incluant le nom d'un des deux groupes dans le combat, ça n'est pas possible. (En grossissant le trait, un peu comme si la lutte contre l'oppression des esclaves s'appelait "l'esclavagisme"...)

Quant au problème de genre, dans ce que j'ai expliqué, le "genre" n'a en fait aucune définition. Pour le coup, le genre est une invention totale de la société. Qu'il y ait une réalité biologique au sexe, soit. (Tout comme il y a une réalité biologique aux blonds, aux bruns, aux roux.) Mais le genre, c'est une truc qu'on ajoute par dessus... Il y a des gens qui se sentent femme en étant biologiquement homme, donc dont on dit qu'ils sont du "genre femme"... Et réciproquement. Sauf que c'est idiot, ce "genre" n'est qu'un ensemble de stéréotypes comportementaux que la société pousse à associer à un sexe biologique. Or, si on change de culture, ce genre ne correspond à rien. Les femmes aborigènes ne se promènent pas en talons, en jupe, maquillées. Elles sont d'un autre genre que les femmes occidentales. Et les femmes inuit sont encore d'un autre genre. Et puis, qu'est-ce qu'on doit inclure dans la définition du "genre" féminin, ou du "genre" masculin, même du point de vue occidental ? Je suis à peu près certain qu'en prenant un homme et une femme au hasard dans la population, en leur faisant passer des tests de personnalité sans aucun critère physique, on serait incapable de définir qui est l'homme et qui est la femme... Tout simplement parce que personne ne rassemble tous les traits de caractère qu'on associe symboliquement à un homme ou à une femme... (On aurait des gens 60% homme/40% femme ? 25% homme/75% femme ? Ils sont où, l'homme et la femme étalons ? Qui les a définis scientifiquement ?... D'ailleurs, est-ce que la définition symbolique des deux genres comportementaux est la même pour tout le monde ? Ça m'étonnerait...) Donc il n'y a pas deux genres, ni même des genres au-delà de la binarité actuelle : Le "genre", ça n'existe tout simplement pas. Au mieux, un "genre", c'est une mode comportementale (qui change de définition en changeant d'époque et de lieu), au même titre que le gothique, l'émo, le rasta, le biker, etc.

En résumé :
- Le sexe est biologique, mais reste tout à fait secondaire, et ne devrait pas être considéré comme une "nature" constitutive de la personne. Au mieux, il détermine quelques mécanismes métaboliques. (Et éventuellement quelques prédispositions mentales, mais qui restent largement inconnues, et que la société n'a pas à définir arbitrairement.) Et ça reste tout de même autre chose que binaire, sachant qu'il existe des hermaphrodites de naissance. En comptant les transsexuels, aussi. Et on peut encore se demander si le fait d'avoir des seins ou pas, fait partie de la définition du sexe ou pas.
- Mais le genre, là, c'est carrément une invention culturelle pure et simple qui n'a strictement aucun sens.

Donc je répète, le terme "féminisme" en soulignant le mot "féminin", inclut dans la définition de son combat un concept dont il devrait au contraire chercher à démontrer la vacuité... Et je ne vois pas en quoi le terme "antisexiste" est si gênant que ça si tout le monde comprend que ça sert à faire tomber les inégalités de traitement envers les sexes. (En pratique, on se retrouvera le plus souvent à combattre de l'oppression contre les femmes.)
 
En fait, après réflexion, j'ai envie de faire un parallèle entre mouvement pour le droit des femmes, et mouvement pour le droit des animaux.

Droit des animaux :
- Le welfarisme (et/ou néo-welfarisme) permet de poser des avancées concrètes dans le bien être animal, mais en faisant toujours planer le risque de légitimer l'exploitation animale. Et, en légitimant l'exploitation, il ne résout pas le problème de fond (ni le risque de régressions dans le bien être animal).
- L'abolitionnisme (intimement lié au concept d'antispécisme) cherche à faire évoluer les consciences pour atteindre un but idéal relativement lointain, sans vraiment poser de pallier intermédiaire.

Il semblerait que l'un et l'autre soient complémentaires, mais ça reste difficile à dire, puisqu'on ne sait pas à partir de quand et comment le deuxième peut prendre le pas sur le premier.


Droit des femmes :
- Le féminisme constate les oppressions des femmes, et les règle au cas par cas, par des actions concrètes. Mais ce faisant, il affirme la validité de l'existence des deux groupes "hommes"/"femmes". L'existence de ces deux groupes étant elle-même la source des inégalités.
- L'antisexisme (tel que je le définis, comme une sorte d'abolition des sexes) permet de voir un objectif plus lointain de dissolution des genres/sexes, qui résoudrait de fait la problème des inégalités de sexes, mais nécessite une réelle prise de conscience collective, et semble donc difficile à atteindre dans un avenir proche, sans possibilité de pallier intermédiaire.

Du coup, peut-être, oui, que ces deux concepts sont complémentaires, et que le féminisme doit garder son nom pour son combat à court ou moyen terme. Et que le concept d'antisexisme/abolition des sexes doit faire son chemin en parallèle.

Après, on ne peut pas dire que je sois vraiment concerné ou calé en terme de féminisme, donc peut-être que je ferais mieux de fermer ma gueule et laisser travailler les gens qui savent...
 
ce combat féminisme masculinisme rappelle un couple sur un lit où l'un envahit la place de l'autre et où l'autre tire les couvertures à lui et chacun fait le reproche à l'autre de son comportement.
 
Faudrait peut être pas mettre masculinsime et féminisme au même niveau. :rolleyes:
 
Ouais, enfin c'est plus la femme qui se les gèle parce qu'elle a un bout de couverture qui lui recouvre juste le genou et le mec bien au chaud sous tout le reste et qui gueule parce quelle veut la moitié de la couverture ; pas plus, mais pas moins non plus.
 
Ouais, enfin c'est plus la femme qui se les gèle parce qu'elle a un bout de couverture qui lui recouvre juste le genou et le mec bien au chaud sous tout le reste et qui gueule parce quelle veut la moitié de la couverture ; pas plus, mais pas moins non plus.
mais c'est du sexisme ça!!! :anger:
Le moyen le plus simple de régler la question, c'est de faire lit séparé ou encore de séparer les hommes et les femmes, la moitié du pays mascline, l'autre féminine et au milieu un baisodrome pour permettre de réalimenter chaque camp. :YE:
 
En fait Pers0nne, le problème que je vois dans ton raisonnement, c'est que j'ai l'impression que pour toi, le fait que la catégorisation en deux genres féminin/masculin ne soit pas naturelle mais construite la rend moins "importante", que tu minimises ses effets. Or les constructions sociales ont même plus que la biologie/le "naturel".

Notre société actuelle est basée sur un groupe dominant, qui s'est appelé "hommes", qui oppresse un groupe dominé qu'ils ont appellé "femmes". Et qu'on le veuille ou non, on nous met de force dans l'une des deux catégories. Ce qui a le plus de poids aujourd'hui, càd la façon dont le reste de la société va nous considérer et attendre de nous certaines choses, ce n'est malheureusement pas qui nous sommes individuellement mais dans quelle catégorie on nous a mis.

Donc le féminisme ne "valide" pas cette distinction comme pertinente, mais reconnait sa réalité actuelle car c'est le seul moyen de lutter contre cette oppression. Pour combattre quelque chose, il faut le reconnaitre et le nommer.

Sinon, cela va invisibiliser l'oppression du groupe "femmes" par le groupe "hommes" puisque il sera impossible de les désigner. Il n'y aurait que des invidus disparates, et les discriminations ne pourrait être vues que comme des actes individuels et non comme le résultat du système patriarcal.

Je ne sais pas si je suis claire, mais en gros pour moi le gros risque dans ce que je comprends de tes écrits c'est cette invisibilisation.

Alors qu'avec le féminisme, on reconnait le fait qu'aujourd'hui il existe ces deux groupes et que "les femmes" sont oppressées par les "hommes". Et comme on n'est pas d'accord, on lutte pour l'égalité, pour donner aux femmes les mêmes droits effectifs, faire comprendre que les raisons avancées pour ces différences de traitement ne sont pas valables. Bref, que les individus des deux groupes aient les mêmes droits, le droit au même respect, la même reconnaissance de leur individualité. A partir de là, la distinction en deux groupes ne sera d'elle-même plus pertinente, puisque rien de ne les distinguera.
 
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