Pers0nne
Se gave de B12
Non, mais ça, je suis d'accord. Quand certains doutent, ça peut très bien être visible. Je l'ai vu aussi. Mais je veux dire que les autres, qui semblent ne jamais douter en ma/ta/notre présence, on ne peut savoir si ça ne leur traverse jamais l'esprit. La nuit, en s'endormant, ou n'importe quand.Viracocha65":303yo131 a dit:Pers0nne":303yo131 a dit:Ils ne doutent pas quand tu les regardes.
Si, si. Je l'ai vu dans les yeux de certaines personnes lorsque j'expliquais mon végétarisme. Il y a certaines personnes quand tu leur en parles, tout d'un coup, elles baissent les yeux ou il y a comme une baisse d'intensité dans leur regard, c'est difficile à expliquer, à mettre les mots là-dessus, mais je t'assure que je ressens dans leurs yeux le doute chez certaines personnes. Bien sûr, cela reste une grande minorité des personnes avec qui j'ai pu converser du végétarisme.
Si les gens savaient le dixième de ce qui me traverse l'esprit, ils me fuiraient littéralement.
Et puis "le doute", c'est difficile de le définir. Rien qu'une phrase "C'est triste, mais bon, c'est comme ça...", c'est aussi un début de doute (refoulé immédiatement par une platitude vide de sens : Le constat de la situation actuelle suffit à assumer que la situation actuelle ne peut pas changer.).
"C'est comme ça" est d'ailleurs une justification qui est utilisée plusieurs fois par les éleveurs, tueurs en abattoirs (et peut-être par le directeur de magasin à la fin. Voire par la journaliste elle-même.) dans cette vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=X2qhC9JhNrI . Le simple constat de ce qui est, donc simplement de l'état de la société actuelle, est aussi quelque chose de très fort pour repousser l'idée d'une remise en cause totale. Et je trouve que c'est aussi une forme de pression sociale qui formate la pensée.
(Mélanie Joy en parle ici aussi : http://www.cahiers-antispecistes.org/sp ... article400 "C'est comme ça." se traduit dans ce cas-là par "Les choses sont ainsi faites.")
Personnellement, c'est aussi le sentiment que j'ai eu quand je suis devenu végétarien. J'avais le sentiment d'être différent, et j'avais le sentiment d'avoir toujours voulu arrêter de manger les animaux. Donc, étant différent par nature, je ne voyais pas comment les autres pourraient avoir la même prise de conscience. 15 ans après, j'ai lu les témoignages de prise de conscience, j'ai réfléchi, j'ai tenté d'être plus actif... et j'ai simplement constaté que c'était faux. L'empathie pour les animaux et la capacité à comprendre la réflexion éthique sont présentes chez tout le monde. Mais cachés sous une tonne de noeuds à démêler, petit à petit, progressivement, lentement mais sûrement.Viracocha65":303yo131 a dit:En ce qui concerne le reste, je ne vais pas prendre le temps à répondre à tout ce que tu dis car tu t'exprimes de façon tellement pertinente à mes yeux. Même si je reste persuadé que pour moi, ils sont ignorants à un moment donné, et ensuite, ils évoluent. Il suffit parfois d'un déclic. Mais bon peu importe, ce n'est pas très important dans le fonds. Moi, je sais que je l'avais toujours en moi, il fallait juste en prendre conscience et oser passer à l'acte. Mais je sais que tout le monde ne ressent pas la même chose que moi, je sais que pour mon père, c'est bien différent.
Justement, ça aussi, c'est une façon d'intégrer la végéphobie. C'est la peur du conflit. Si on débat en défendant ses arguments, alors l'autre a aussi le droit de débattre en défendant ses arguments. Mais il faut apprendre à dépasser ça. C'est normal que tous les points de vue soient analysés honnêtement. Si quelqu'un arrivait à me prouver que j'ai tort de ne pas manger les animaux, qu'en refusant de manger les animaux je cause plus de mal que de bien, alors il me faudrait choisir une autre option. Pour réfléchir bien et rigoureusement, il faut accepter la possibilité d'avoir tort. Sinon on se contente de rester sur ses positions sans jamais analyser ses propres failles de raisonnements.Viracocha65":303yo131 a dit:Le problème, c'est que si tu remets en cause ouvertement le carnisme, dans un esprit d'équité et d'honnêteté, tu dois accepter qu'un carniste remette en cause le végétarisme. Même si tu sais que tu es dans le vrai, il faut respecter le libre-arbitre. Et tu auras beau déplier les meilleurs arguments du monde, quand tu tombes sur un mur, tu tombes sur un mur. Cela dépend de l'ouverture d'esprit de ton interlocuteur. Et ça, tu l'ignores bien souvent avant que la discussion ne démarre quand il s'agit d'une personne que tu ne connais pas ou très peu.
Mais le fait est qu'après avoir accumulé 17 ans de doutes et d'informations, je sais que j'ai plus longtemps réfléchi au problème que n'importe quel carniste, que j'ai plus d'informations qu'eux, et que je n'ai pas tort. Donc je ne vois pas pourquoi je devrais avoir peur du débat et de me retrouver face à quelqu'un qui essaie de remettre en cause mon végétarisme. (Du moins, en théorie, et via internet, je n'ai aucune raison d'avoir peur... A l'oral, étant donné que je suis très handicapé au niveau relationnel, j'ai bien cette peur... Mais de moins en moins. Je ne fuis plus le débat de manière systématique.)
Mais je suis bien conscient que c'est compliqué, et que c'est un processus lent, qui nécessite de nombreuses étapes, et que je ne peux pas réussir à convaincre un carniste simplement avec un débat. Mais rien que le fait de déconstruire une de ses fausses croyances, un de ses raisonnements fallacieux, une de ses peurs... Bref, de l'aider à faire avancer sa réflexion et sa curiosité sur le végétarisme, c'est un pas positif. Parce que même sans être déjà végétarien, il en fera de même autour de lui. Ca n'est pas rare de voir un mangeur d'animaux (végétalisant) défendre le végétarisme (sur certains points) auprès de carnistes. Et il faut garder ça à l'esprit.
Et je peux dire que ça marche. J'ai encore répété l'exemple de mon père cette semaine : comment-ca-va-aujourd-hui-t12038-17145.html#p420571 mais vraiment, c'est un truc qu'il faut garder à l'esprit. On ne peut pas préjuger de ce qui se passe dans la tête d'autrui. Il faut faire confiance (donc effectivement, ne pas donner le sentiment à l'autre de mépriser son libre-arbitre, sinon ça bloque toute possibilité d'échange. Même si le libre-arbitre (ou l'absence de libre-arbitre) ne changent rien au caractère objectivement non-éthique du carnisme. On a tout à fait le droit de déclarer sans tergiverser que le carnime n'est pas éthiquement défendable.), et ne jamais perdre espoir. Parce qu'on peut avoir d'excellentes surprises vraiment de la part de n'importe qui.
Ca ne veut pas non plus dire que tu peux lancer le débat sur la question avec n'importe qui dans n'importe quelles circonstances (Ne serait-ce que parce qu'au bout d'un moment, on passe pour un monomaniaque névrosé...). Il y a des conditions plus propices à l'échange que d'autres. Mais il faut aussi apprendre à ne pas se censurer inutilement.
Enfin voilà. On ne va pas débattre mille ans (c'est même pas le sujet du topic), mais je pense que c'est important de réfléchir à tout ça.