Prix de la remarque ou du comportement raciste

  • Auteur de la discussion Anonymous
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Je vous livre un court métrage sans grande prétention sur les discriminations et les rapports entre les groupes, je l'avais vu y a déjà pas mal de temps, c'est plutôt bien fait je trouve même si les attitudes sont un peu stéréotypées mais c'est sans doute voulu :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=kUrVxPmxYTA[/youtube]

Vous me direz ce que vous en pensez ?
 
Fabicha":1ume05ky a dit:
ChrisRed":1ume05ky a dit:
Ces gens-là ont besoin de faire tomber leurs préjugés, ça vient notamment de l'éducation. Plutôt que de se battre contre ça, je pense qu'il faut être patient et leur montrer par des actes ou des faits qu'ils ont une perception erronée de la chose.
Facile à dire quand on n'est pas concerné soi-même. On peut aussi laisser les personnes concernées décider pour elles-mêmes ce qui est du racisme ou n'en est pas, comment elles souhaitent les combattre et si elles s'autorisent à s'énerver ou non. C'est déplacé de donner des leçons sur le sujet quand on ne le vit pas.

C'est déplacé de donner son opinion ?
 
Pour avoir été victime de racisme etant enfant je pense etre plutot bien placée pour en parler, et pourtant je ne suis ni noire, ni arabe et encore moins musulmane (ou autre variante bien sur), non non je suis une gentille petite blanche comme tout le monde si on peut dire hein, mon seul probleme quand j'etais gosse c'etait de venir d'une autre region...ahah oui c'est pas mal comme racisme ca, a l'ecole on m'appelait l'etrangere, je comprenais pas pourquoi j'avais 7 ans je disais que bah non j'etais comme eux, que eventuellement ma mere etait d'origine italienne mais ca a fait qu'empirer le truc puisqu'apres c'etait plus l'etrangere mais la ritale...
Bref on sait que les enfants sont souvent méchants entre eux, la plupart on l'a vecu je pense, mais bon la ca venait de la maitresse d'ecole, les enfants n'ont fait que reprendre ce qu'elle avait dit
Et apres on s'etonne d'avoir des problemes de sociabilisation et des gosses qui veulent plus aller à l'ecole hein x)
 
Fabicha":3rn3vpld a dit:
ChrisRed":3rn3vpld a dit:
Ces gens-là ont besoin de faire tomber leurs préjugés, ça vient notamment de l'éducation. Plutôt que de se battre contre ça, je pense qu'il faut être patient et leur montrer par des actes ou des faits qu'ils ont une perception erronée de la chose.
Facile à dire quand on n'est pas concerné soi-même. On peut aussi laisser les personnes concernées décider pour elles-mêmes ce qui est du racisme ou n'en est pas, comment elles souhaitent les combattre et si elles s'autorisent à s'énerver ou non. C'est déplacé de donner des leçons sur le sujet quand on ne le vit pas.

En fait je ne suis pas sûr que vous parliez de la même partie de la population, là, si ?
 
C'est quand meme important de realiser que quelle que soit notre couleur de peau, il n'y a pas de position neutre, ou exterieure au racisme, meme si elle peut etre complexe. Donc ouais, parfois donner son opinion quand on est blanc, c'est deplace. Genre dire que la situation que tu decris n'est pas du racisme et que la solution n'est pas l'enervement, je pense que c'est le point de vue de quelqu'un qui ne le subit pas et que c'est facile a dire et pas très soutenant pour les personnes victimes qui s'enervent parce qu'elles n'ont pas toujours d'autre possibilite ou qu'elles estiment que c'est leur droit de se rebeller et de s'enerver.
 
Je pense que ce que ChrisRed voulait dire, c'est qu'en tant que blanc, quand on est témoin de racisme, on peut se permettre de réfléchir au pourquoi du racisme (ou du rejet de l'étranger quelque soit sa couleur de peau) alors qu'une personne racisée va, et c'est totalement légitime bien sûr, plus être dans la réaction.
C'est un privilège de dominant de pouvoir réfléchir au pourquoi des choses. Tous les philosophes, mathématiciens et scientifiques des temps anciens étaient à la base issus des classes dominantes de la société, c'est pas le cul-terreux du coin qui pouvait se permettre de réfléchir aux droits de l'homme ou ce genre de chose. Avec le "pourquoi", on peut essayer de trouver le "comment on fait pour que ça s'arrête".
Je suis pas sure de bien m'exprimer là. Désolée.
 
Non. Les personnes racisées produisent sans aucun doute de meilleures réflexions et plus pertinentes, aussi variées puissent-elles être, sur le sujet que les blancs... et pour cause. Y a peut-être des blancs qui font de chouettes trucs, mais j'ai envie de dire qu'on s'en fiche. On peut opposer une violence et un "énervement" politique à un discours raciste, ce n'est pas incompatible avec la réflexion, ça peut être une stratégie.
Enfin, ce qui a été dit c'est que un gars qui fait la gueule parce qu'on lui dit qu'on va avoir des voisins noirs et arabes ou qui se sent "dépossédé" par des noirs et des arabes n'est pas raciste, mais ignorant et peureux. Je ne pense pas prendre trop de risques en disant que pas mal de personnes racisées trouveraient à redire à cette analyse, notamment que racisme et ignorance sont loin, très loin d'être incompatibles.
T'es quand même en train de dire que les blancs ont le recul nécessaire pour trouver la solution au problèmes des personnes racisées qui sont trop à fleur de peau. Si tu fais pas la différence entre un noir qui parle de racisme, un blanc qui parle de racisme, un noir qui parle de maths et un blanc qui parle de maths, ben désolée, mais ouais, y a un souci. Le blanc fait PARTIE du problème.
 
ChrisRed":12carc30 a dit:
Moi, j'interprète plus ça comme de la peur que comme du racisme. Ils craignent que la présence d'autres ethnies ne bouleverse leur quotidien et ne diminue leur petit confort personnel.

En l'occurrence les personnes concernées (père, grands-parents, amis) revendiquent clairement leur répulsion vis-à-vis des communautés musulmanes, noires. Quand c'est pas des réflexions sur les "négresses" qui passent dans la rue, les "singes", des jugements à l'emporte-pièce à la vue de femmes portant le hijab.. les faits d'actualité servent de prétexte à attiser la haine interraciale/interreligieuse. Je doute qu'il ne s'agisse que d'une peur de l'inconnu, de la différence, de la perte de privilèges (ah oui, ils sont tous blancs, de classe moyenne, ayant fait ou en cours d'études supérieures, les amis dans une université très cosmopolite et une filière censée être propice à l'ouverture d'esprit). J'ai grandi dans un entourage discriminant et m'en suis extirpée par la réflexion. Après ça les regarde.
 
Après, il y a une part du contexte que tu vis que j'ignorais LordGuinness. Dans mon entourage, je n'ai jamais entendu de tels qualificatifs. Mais j'ai déjà eu affaire à de nombreuses personnes qui votent FN et qui disent certains propos, et qui ne sont pas foncièrement racistes, et qui réfléchissent par peur, notamment de la différence, cela conjugué à une certaine ignorance de leur prochain. Mais même chez les gens que tu cites, je pense qu'il y a une peur de l'inconnu, de la culture de l'autre qui est bien enfouie dans leur cœur, il est plus facile pour eux de vivre avec leurs semblables d'apparence.

Ensuite, si je peux me permettre de donner mon opinion, je comprends que des personnes de couleur s'énervent, s'offusquent ou s'opposent de quelque manière que ce soit, c'est totalement légitime, mais même si c'est compréhensible, je ne pense pas que ce soit la solution. Des hommes comme Martin Luther King ou Jesse Owens n'ont pas forcément frappé fort en laissant leur colère et leur rage s'exprimer. Les barrières ne vont pas forcément tomber grâce à la violence et à l'énervement, au contraire, c'est, je pense, un moyen de s'enferrer dans un cycle pernicieux, cela s'illustre d'ailleurs très bien avec le conflit Israëlo-palestinien. Après, je n'ai pas dit que c'était facile.

Enfin, je ne vois pas ce que vient faire ma couleur de peau là-dedans. Je suis né en France, mais pour moi la France n'existe pas, c'est un concept illusoire, des gens bien avant ma naissance ont délimité des territoires et l'ont appelé ainsi, j'aurais pu naître ailleurs, je ne l'ai pas choisi. Je suis blanc, mais mon alimentation est très variée et influencée par de nombreuses cultures, je ne vais pas à l'église comme les autres occidentaux, je suis végétalien, comme de nombreux habitants de l'Inde, je crois en la réincarnation comme une majorité d'entre eux, je ne bois pas d'alcool comme de nombreux Musulmans, je m'inspire du meilleur dans chaque culture afin de me forger ma propre identité, et je suis désolé, mais je ne me considère pas comme un occidental ou comme un français, je me sens tout aussi proche des blancs que des beurs que des blacks que des asiates que des aborigènes ou ce que vous voulez. Et quand quelqu'un est victime de racisme, je le suis aussi, en dépit de ma couleur, cela me touche tout autant que si j'étais à la place de la personne qui est visée. J'ai toujours aboré les insultes et discriminations raciales, comme tant d'autres, tout comme l'injustice d'ailleurs.

Un été, j'ai travaillé dans un champ de maïs, lorsque je suis arrivé, il y avait des gens du coin d'un côté et des étudiants chinois de l'autre, fraîchement arrivés en France, qui parlaient à peine le français. Pendant le travail, les Chinois étaient d'un côté, les autres du leur, j'ai essayé d'abord de me renseigner sur les Chinois aux autres pour savoir d'où ils venaient, s'ils parlaient le français des choses comme ça, et je n'ai eu que des réactions plutôt négatives, du rejet, mais cela ne me semblait pas méchant, juste le résultat d'une incompréhension, d'une incapacité consciente à franchir le fossé qui les séparait. À la pause repas, les gens du coin étaient à gauche, les Chinois bien à droite, et moi au milieu dans ma voiture à écouter de la musique car je ne me sentais pas d'affinité avec les "blancs". Un Chinois est venu car il reconnaissait la musique que j'écoutais, on a commencé à discuter un peu en français, puis en anglais et j'ai fini par passer mes journées avec eux, et je voyais bien les regards ébahis des autres qui devaient se demander pourquoi je les préférais à eux. Franchement, tout ça pour dire que la couleur on s'en fout, pour moi depuis que je suis petit, je me considère comme un humain et je considère les autres humains comme mes frères, quelque soient nos différences, et je me sens d'ailleurs souvent plus proche de certains qui sont, en apparence, bien différents de ce que je parais être, si l'on se réfère à ma simple apparence physique.

À la fac, un prof d'allemand nous a demandé si on se sentait plus français ou plus européen, et quand je lui ai répondu ni l'un ni l'autre, ni juste humain, je vous raconte pas sa tête ni le débat qui s'en est suivi. Il a absolument voulu me prouver que je devais avoir une identité forcément nationale.

Je ne pense pas que "réfléchir" soit un privilège accordé aux personnes non concernées directement mais plutôt une nécessité qui demande avant tout de savoir prendre du recul et de ne pas se laisser consumer par les émotions. Il y a bien eu des personnes comme Gandhi, Mandela, Martin Luther King et j'en passe qui étaient en plein cœur de l'action et qui ont su conserver leur sang-froid.

Ne pas céder à l'énervement n'a pas toujours été facile pour moi dans ses situations, car tu t'en prends à un autre, c'est comme si tu t'en prends à moi, cela s'appelle être en unité avec ses contemporains. Mais je pense qu'il faut aussi pardonner l'erreur et donner une chance à ceux qui ont une mauvaise attitude de comprendre en quoi ils se comportent mal et se trompent. Je m'étais d'ailleurs énervé dans un kebab que je fréquentais régulièrement avant de devenir végétarien quand une "blanche" se plaignait qu'il y avait trop de noirs en équipe de France, la discussion avait failli viré au pugilat, et j'étais plus tendu que le gérant du kebab, pourtant de confession musulmane, alors à un moment donné, on peut être blanc et avoir des réflexions sur le racisme et même s'en outrer. Pendant une longue période, j'avais énormément de mal à supporter les blancs qui proféraient des propos limite racistes.

Mais un jour, le candidat du FN de ma ville a emménagé à côté de moi. Qu'aurais-je dû faire ? Lui pourrir sa vie ? Lui pourrir sa boîte aux lettres ? Alors qu'il était un voisin exemplaire, poli, courtois et attentionné ? Cela m'aurait-il permis d'être meilleur que lui ? Tout comme la femme du kebab, il aurait fallu que je lui casse la gueule ? Elle aurait compris pour autant le "racisme" qui pouvait se cacher dans ses propos ? Ou elle aurait réagi encore pire ? Au lieu de cela, quand je suis confronté à ce genre de situations, je contiens ma colère et j'accepte que l'on ne partage pas le même point de vue, je laisse parler (bon dans la mesure du possible car je n'ai pas encore eu de cas peut-être trop extrême) mais je sors subtilement des exemples de ma vie quotidienne qui vont dans le sens contraire de ceux qui véhiculent des préjugés.

Quand les ex-proprio nous ont parlé des Arabes, je lui ai sorti le cas d'Ahmet, un type adorable qui s'arrête à chaque fois qu'il me voit marcher sous la pluie et m'offre de me déposer plus loin. Et ce sont des personnes comme Ahmet qui font tomber les préjugés.

Mais je reste persuadé en mon for intérieur que le racisme qui résulte de la haine pure est plutôt rare, sûrement véhiculé par l'éducation ou par un contexte spécifique, la rancune et la vengeance sont des virus dont il est malheureusement difficiles de se débarrasser. La peur de la différence, de l'inconnu, de perdre son confort et d'autres motifs justifient à mon avis que des gens votent FN, ou qu'ils entretiennent des propos intolérants. L'ignorance aussi est un fléau.
 
Tu n'as juste aucune conscience de tes privilèges. Tu ne dis ne pas te sentir français, en attendant, tu es libre de circuler en Europe et dans nombre de pays par exemple, contrairement à un Palestinien puisque tu en prends l'exemple, ou à un Chinois. Et je ne rentre pas dans le détail de touts les exemples que tu cites. Penser une seule seconde que ta couleur de peau "ne fait pas de différence" est un tel déni de la réalité...
J'ai peur de comprendre ce que tu dis sur la Palestine et la violence et c'est juste complètement faux, injuste et non fondé, mais on va pas lancer le troll.
Et c'est marrant comme beaucoup de gens oublient que Mandela n'est pas devenu qui il est et n'a pas mené le combat qu'il a mené sans recours à la violence (ce qui ne veut pas dire que je la défende)... Quand à Luther King... a-t-il plus ou moins fait que Malcolm X ? Bref.
 
Chacun ses opinions Fabicha. Chacun sa perception des choses. On est là pour échanger. Personne ne détient la solution miracle. J'ai été sincère, libre à toi de mépriser mes paroles, ou de les interpréter à ta façon, mais je trouve dommage de penser que pour pouvoir s'exprimer, voire ne serait-ce que développer une pensée sur le racisme, il faut en avoir été victime personnellement. Pour moi, dire cela veut dire que l'on ne peut pas se comprendre les uns les autres. Enfin, bref. Comme tu dis.

Mais si tu me permets, je trouve que ton discours ne colle pas, justement, avec la citation de Romain Gary qui se trouve dans ta signature, et que j'aime beaucoup, preuve en est de ton bon goût.

En plus, cela semble t'échapper mais on partage quand même un certain penchant pour l'équité des hommes, quelque soit leur race. Et j'ai tout à fait le droit de ne pas me considérer comme français, cela s'appelle le libre arbitre. Je n'ai pas décidé où naître, ni avec qui, ni quand, mais je peux décider de qui je veux être et de qui je suis. Et le fait de naître en France ne fait pas de moi une énième copie de tous les autres qui composent ce même pays.
 
Fabicha":2d98dbg1 a dit:
T'es quand même en train de dire que les blancs ont le recul nécessaire pour trouver la solution au problèmes des personnes racisées qui sont trop à fleur de peau. Si tu fais pas la différence entre un noir qui parle de racisme, un blanc qui parle de racisme, un noir qui parle de maths et un blanc qui parle de maths, ben désolée, mais ouais, y a un souci. Le blanc fait PARTIE du problème.
Heu non, c'est pas ça que je voulais dire.
 
ChrisRed : non, je ne suis pas du tout pour l'équité des HOMMES ! Precisement.
 
ChrisRed":270u54c0 a dit:
[…]je trouve dommage de penser que pour pouvoir s'exprimer, voire ne serait-ce que développer une pensée sur le racisme, il faut en avoir été victime personnellement.

Que tu trouves ça dommage ou non, ça reste un fait. Les personnes concernées par une oppression sont les mieux placées pour définir ce qui rentre dans le cadre de cette oppression parce que ce sont elles qui vivent le résultat. Parce que le résultat c'est tout ce qui compte. Tout ce qui a pour effet de contribuer à l'expérience du racisme par les personnes racisées fait partie du problème de racisme. Par exemple, les contrôles au faciès peuvent être encouragés ou au contraire combattus en fonction des résultats d'une élection. Qu'est ce qu'on en a à faire de savoir si les personnes qui auront voté FN peuvent être définies comme racistes ou plutôt comme des personnes ignorantes qui ont peur ? Leur vote fait partie du problème, point barre. Ce sont les actions, les remarques, les réflexes qui sont racistes. Les gens… bah, certains sont clairement racistes mais la plupart font partie du problème sans qu'il soit possible de les définir de manière claire. Il n'y a pas les gentils d'un côté, les méchants de l'autre et la grande muraille de Chine au milieu. C'est cette façon de penser qui donne lieu au fameux : "je ne suis pas raciste, j'ai un ami noir". Parce que s'il y a un camp des gentil et un camp des méchant il suffit d'une seule preuve qu'on fait partie du camp des gentil ("j'ai un ami noir") et après on peut sortir toutes les conneries qu'on veut. C'est magique !
J'avais déjà gueulé contre cette tendance à vouloir passer trois plombes à définir si tel individu du groupe dominant est gentil ou méchant alors que ça n'est pas la question ici (après la 3ème citation).

Et je suis d'accord avec Fabicha. Il n'y a pas de neutre dans un système de domination. Soit on fait partie des privilégiés, soit on fait partie du groupe qui subis la domination. C'est valable pour toutes sortes de systèmes de domination : racisme, sexisme, homophobie, transphobie, validisme… On est tous dominant sur au moins un plan. Et quand on est dominant ça fait mal aux fesses de le découvrir donc notre réflexion n'est certainement pas neutre. On préfère minimiser. Et aussi, on n'a tout simplement pas toutes les informations puisqu'on ne vit pas cette domination au quotidien.
 
Watermelon":3urmco7f a dit:
ChrisRed":3urmco7f a dit:
[…]je trouve dommage de penser que pour pouvoir s'exprimer, voire ne serait-ce que développer une pensée sur le racisme, il faut en avoir été victime personnellement.

Que tu trouves ça dommage ou non, ça reste un fait. Les personnes concernées par une oppression sont les mieux placées pour définir ce qui rentre dans le cadre de cette oppression parce que ce sont elles qui vivent le résultat

Voilà, tout simplement parce que lorsqu'on n'a pas vécu quelque chose, on ne peut pas comprendre toutes les conséquences. On peut imaginer la situation mais pas tout ce que ça implique, alors bien sûr qu'on peut quand même y réfléchir mais au final ce sera toujours en deçà de la réalité.

Une fois où j'étais dans un supermarché asiatique, une Asiatique a parlé à son enfant et a dit en me regardant et en mode énervé "on va prendre du coca ici car c'est pas cher, pas comme chez ces sales Français!".
Ok, ça m'a super vexée et j'y ai pensé longtemps et j'avais même un peu d'appréhension à l'idée d'y retourner (malgré les centaines de fois sans soucis). Je me suis demandé ce que j'avais pu faire, ce que j'aurai dû dire, etc. Le fait aussi que je sois considérée d'office comme étant Française juste parce que je suis Blanche m'a blessée aussi.
Pour autant, je n'ai pas été victime de racisme, dans le sens où je ne vis pas dans un lieu où je fais partie de la minorité. Je peux parler de ce que j'ai ressenti mais ce n'est rien du tout comparé à quelqu'un qui vit ça au quotidien. Je suis Blanche dans un pays de Blancs et Française en France... je fais donc partie du système dominant.
Par contre, je pense à mon conjoint qui s'en prend plein la face, même si ce ne sont "que" des regards méprisants, désapprobateurs ou juste curieux. Même si j'imagine ce qu'il vit (racisme basique: regards, remarques, blagues, etc.) je ne peux pas comprendre à 100% sa réalité comme par exemple son sentiment de ne faire partie d'aucune culture car il est mi Indien mi Espagnol (de sang), ne connaît (de vécu) que la culture malbar (Indiens de La Réunion) et a appris l'histoire française alors que ce n'est pas sa "vraie culture" (ce sont ces propres termes)... pour lui, il est plus Réunionnais qu'autre chose alors qu'ici en métropole il est généralement vu comme une sorte d'Arabe ou de Noir: bref un étranger (ah bon t'es Français? Oui. Mais tes parents aussi? Oui. Et leurs parents? Oui...). Quand il n'entend pas des critiques sur les DOM, il en entend sur les Indiens, etc... Bref, il est considéré comme un "vrai" Français quand il est à La Réunion mais c'est rarement le cas ici.
Et honnêtement, quand je vois son ressenti ou celui de la femme de mon frère (qui est Hmong), ça m'inquiète pour nos futurs enfants car eux aussi feront partie des "dominés"...

Tout ça pour dire que c'est vraiment dommage que nos sociétés ne soient pas plus avancées intellectuellement.
 
Watermelon":1ze6fkoi a dit:
J'avais déjà gueulé contre cette tendance à vouloir passer trois plombes à définir si tel individu du groupe dominant est gentil ou méchant alors que ça n'est pas la question ici (après la 3ème citation).
Cool, c'est toujours un plaisir de se voir ressortir mes "propos de débutants" (pour ne pas dire mes propos stupides)...
Enfin, je peux te dire que ce débat m'a fait repenser ma manière de voir les choses dans ces domaines.
 
Je ne prétend pas avoir la science infuse, mais je vis dans un quartier multiethnique et je vois, même si je n'en souffre pas, le racisme au quotidien. J'ai déjà entendu ma mère prononcer des paroles racistes et ne pas s'en rendre compte jusqu'à ce que je lui répète ses propos, je suis sûre que ça m'est déjà arrivé aussi seulement je n'ai eu personne pour me le faire remarquer. Cette forme de racisme est plus insidieuse que le FN parce que nous l'avalons dès la naissance. Je rejoins Fabicha, Mitsuya et Watermelon, nous sommes trop privilégié(e)s en tant que blanc(he)s pour dire ce qui relève du rejet de l'autre ou non.

PS : ma famille paternelle est extrêmement raciste pourtant mes arrières-grands-parents (blancs) sont venus voler le travail des «bons français» au début du 20e siècle. Je ne connais pas suffisamment ma famille maternelle pour savoir si c'est aussi leur cas alors qu'elle compte aussi sa part d'immigrés (un arrière grand-père italien, une arrière grand-mère allemande ou alsacienne c'est pas très clair)
 
Mitsuya":3pt4twzf a dit:
Watermelon":3pt4twzf a dit:
ChrisRed":3pt4twzf a dit:
[…]je trouve dommage de penser que pour pouvoir s'exprimer, voire ne serait-ce que développer une pensée sur le racisme, il faut en avoir été victime personnellement.

Que tu trouves ça dommage ou non, ça reste un fait. Les personnes concernées par une oppression sont les mieux placées pour définir ce qui rentre dans le cadre de cette oppression parce que ce sont elles qui vivent le résultat

Voilà, tout simplement parce que lorsqu'on n'a pas vécu quelque chose, on ne peut pas comprendre toutes les conséquences. On peut imaginer la situation mais pas tout ce que ça implique, alors bien sûr qu'on peut quand même y réfléchir mais au final ce sera toujours en deçà de la réalité.

Non mais, personnellement, quand je vous lis, je me dis que dans ce cas-là, seuls les homosexuels comprennent l'homophobie, seules les femmes maltraitées (pas les autres hein) comprennent les maltraitances à l'égard des femmes et seuls les enfants victimes d'abus sexuels
comprennent les problèmes pédophiles. C'est ça que vous êtes en train de dire, je ne sais pas si vous vous en rendez compte. Ça peut paraître facile de donner son point de vue lorsqu'on est pas victime de discrimination, mais on peut ressentir ce que l'autre ressent, même si on ne l'a pas vécu directement, et le comprendre. Encore plus, je ne dirais pas qu'on le peut, mais qu'on le doit, que nous devons tous tendre vers cela, car c'est ainsi à mon avis que l'on pourrait abattre les discriminations. Car quelque part, on est tous victimes de discriminations, et peu importe la discrimination dans le fond.

Pourtant, dans les manifestations Gay pride, il y a un certain nombre d'hétérosexuels, dans les mouvements féministes, il n'y a pas que des femmes violées, frappées ou abusées.

Je ne saurai que dire de plus, mais ce qui me choque le plus n'est pas tant la divergence d'opinion mais l'incapacité à accepter l'opinion d'autrui. Apparemment, la mienne n'est pas valable. Et je ne comprends pas du tout ce truc de dominants là... Je ne vais pas m'étendre sur le sujet... Je suis né en France, blanc, mais je n'ai aucun rapport avec les Blancs qui ont imposé leur domination sur un certain nombre d'ethnies par le passé. Je suis un être humain avec tout dont mon identité se forge bien au-delà du patrimoine d'un seul et même "pays".
 
Mais tu peux manifester ton soutien en gaypride, en manif, tout ce que tu veux, c'est très bien. Mais le premier pas de l'empathie, dans certains cas, c'est de reconnaître que quels que soient les efforts que l'on fasse, non, on ne connaîtra jamais certains choses, oui, on échappera à certaines discriminations et à certaines violences, et que, oui, malheureusement, on bénéficie de privilèges que d'autres n'ont pas. On ne va pas se flageller pour ça, mais le reconnaître, reconnaître qu'on fait partie du problème, c'est justement rejoindre l'autre et pouvoir avancer avec ces personnes, exprimer la volonté que ça cesse, et que ça passera par soi.
Faire preuve d'un peu d'humilité quoi.

Je ne sais pas si ça te parlera plus, mais quand tu vois une personne en train de vomir, tu peux imaginer ce que ça fait, mais tant que t'as pas vomi toi-même si t'as jamais vomi de ta vie, ben tu ne sais pas les haut-le-coeur, le goût des vieux aliments dans la gorge, etc., etc. Et je suppose que tu n'irais pas dire à une personne en train de vomir, la tête sur les chiottes "non, mais je comprends ce que tu vis, je vomis avec toi là présentement". Ben reprend ce genre de raisonnement sur les limites de l'empathie, mais sauf qu'en plus d'avoir le confort de ne pas vomir, tu en bénéficies directement en prime. Et que subir le racisme, c'est pas exactement vomir...

ChrisRed":1ev9l6yl a dit:
Car quelque part, on est tous victimes de discriminations, et peu importe la discrimination dans le fond.
Ah ouais ? Ben pourtant non. Déjà, on n'est pas forcément tous victimes de discriminations, et non, toutes les violences subies ne se valent pas. On va pas faire un concours non plus pour savoir qui souffre le plus, c'est certainement pas le problème. Mais si tout se vaut, rien n'existe à un moment. Et puis, il y a un truc vachement important à saisir : c'est pas parce que tu as eu une blessure par balle par exemple, et que tu connais cette douleur, que ça veut dire que tu comprendras ce que vit un noir shooté par un flic aux Etats-Unis (je prends des exemples d'actualité). Parce qu'il y a un système derrière.
Donc en tant que femme, je crois pouvoir dire que je subis des discrimination mais je pense aussi pouvoir dire en tant que blanche qu'elles ne sont pas les mêmes que celles que subira une femme racisée. Parce que le jour où on en aura fini avec le sexisme (si ça arrive jamais), ben ça veut pas dire qu'on en aura automatiquement fini avec le racisme et non, on ne s'adresse pas aux deux problèmes de la même façon même s'il y a des logiques communes de classification des population.

ChrisRed":1ev9l6yl a dit:
Pourtant, dans les manifestations Gay pride, il y a un certain nombre d'hétérosexuels, dans les mouvements féministes, il n'y a pas que des femmes violées, frappées ou abusées.
Donc selon toi, le sexisme c'est juste un problème de viols, de violences et d'abus physiques ?

ChrisRed":1ev9l6yl a dit:
Je ne saurai que dire de plus, mais ce qui me choque le plus n'est pas tant la divergence d'opinion mais l'incapacité à accepter l'opinion d'autrui. Apparemment, la mienne n'est pas valable. Et je ne comprends pas du tout ce truc de dominants là... Je ne vais pas m'étendre sur le sujet... Je suis né en France, blanc, mais je n'ai aucun rapport avec les Blancs qui ont imposé leur domination sur un certain nombre d'ethnies par le passé. Je suis un être humain avec tout dont mon identité se forge bien au-delà du patrimoine d'un seul et même "pays".
Encore une fois : tu n'as juste pas conscience de tes privilèges, c'est tout. Bien sûr que le fait d'être blanc te lie directement à un système de domination et que tu en bénéficies au quotidien. Pas ta faute à titre personnel, tu l'as pas choisi, mais c'est quand même le cas.
 
Non mais, personnellement, quand je vous lis, je me dis que dans ce cas-là, seuls les homosexuels comprennent l'homophobie, seules les femmes maltraitées (pas les autres hein) comprennent les maltraitances à l'égard des femmes et seuls les enfants victimes d'abus sexuels comprennent les problèmes pédophiles. C'est ça que vous êtes en train de dire, je ne sais pas si vous vous en rendez compte.

Oui, c'est ce qu'on dit. Et tu peux relire ce qu'on a écrit car on explique aussi qu'effectivement ceux qui n'ont pas vécu une situation peuvent imaginer ce que ça fait et se mettre à la place de la personne mais ils n'ont quand même pas vécu la situation.

Je ne pense pas que le sujet soit sur l'empathie, bien sûr qu'on peut se mettre à la place des autres, ressentir de la peine et avoir le coeur serré en s'imaginant à leur place (ou tout simplement en écoutant leurs histoires).
Et je suis persuadée que tu es contre toutes les choses citées précédemment (violence, racisme, etc), et bien sûr que tu dois avoir une idée de ce que ça fait. Mais il y a une différence notable entre être acteur et être spectateur.
Alors ça ne veut pas dire que tu n'as pas le droit d'en discuter, mais je ne pense pas qu'une personne A puisse comprendre une personne B.

C'est bien pour ça qu'on conseille aux gens qui écoutent les histoires tristes de dire "oui, j'entends ce que tu dis", mais pas "oui, je te comprends". La différence est infime, mais c'est suffisant pour ne pas renier ou minimiser ce qu'a vécu l'autre. Si quelqu'un te parle de la violence qu'il a vécu au cours de sa vie et qu'une personne lui sort "je comprends ce que tu ressens" euuuuh... WTF?

Je rajouterai aussi que chaque personne étant différente, c'est la même chose entre deux personnes qui ont vécu le même type de violence: on ne peut pas dire qu'elles ont la même histoire. Elles se comprennent mais pas à 100% car les épreuves ne provoquent pas les mêmes dégâts chez tout le monde.

Pour reprendre ton exemple des enfants abusés, il y en a ça a été une fois, d'autres des centaines de fois, certains ont été jusqu'au procès, d'autres n'ont jamais pu en parler... et au final, certains arrivent à se "re"construire, à faire un métier qu'ils aiment et à vivre. Est-ce que pour autant ces derniers peuvent se mettre à la place de ceux qui n'ont pas réussi à se relever? Et dire "oui mais moi j'ai vécu ça, donc je sais", oui il sait pour sa propre histoire, pour ses propres sentiments, mais il ne peut qu'imaginer ce que l'autre a ressenti (même si ce sera plus réaliste q'une personne qui ne l'a pas vécu)

Ensuite, je le répète, tu as évidemment le droit d'y penser, d'y réfléchir ou de lutter pour, et oui ton opinion est intéressante mais au final cela reste extérieur au problème. Et ce n'est pas une question de goût, j'adore l'Asie et les USA, pourtant ma culture d'origine reste la culture française. Je ne suis pas vu dans mon pays comme une Américaine, une Coréenne ou une Chinoise, mais comme une Française, ou dans tous les cas comme une Blanche.

Pour donner un exemple pourri, c'est comme si je te décrivais précisément le goût du chocolat, et bien tant que tu n'auras pas goûté le chocolat tu ne pourras pas savoir ce que ça fait.


Edit: Bon le message de Fabicha est plus simple que le mien mais vu le temps que j'ai mis pour l'écrire, je le laisse ;)
 
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