Qui tue le plus ?

Synae":3vxxvgyp a dit:
Même Francione affirme la primauté de l'humain ! Il souhaite abolir la souffrance "non nécessaire" : "si le poids de nos intérêts à infliger de la souffrance dépasse le poids des intérêts des animaux, alors nos intérêts prévalent et la souffrance animale est considérée comme nécessaire". Il ne dit nulle part que même si cette souffrance était vraiment nécessaire, qu'elle empêchait la mort humaine, il faudrait quand même l'abolir !

Là il me semble que tu lis Francione de travers. J'ai l'impression ce que tu as cité a été sorti de son contexte, je ne crois pas que ce soit une injonction morale, mais un simple constat sur l'état des choses actuel. En plus, si Francione souhaite abolir la souffrance "non nécessaire", il n'entend pas forcément, par nécessaire, "nécessaire pour l'humain". Par exemple si on dit que sacrifier des rats pour des expériences est nécessaire, on sous-entend généralement "pour la société humaine" (mais on ne le dit pas, c'est pourquoi cette idéologie est difficile à combattre). Mais je ne crois pas que ce soit le cas de Francione. Pour Regan, j'hésite aussi d'ailleurs. Nécessaire à quoi? Je sais pas, la souffrance peut être nécessaire à plein de choses. Par exemple quand tu vas chez le dentiste, tu endures une souffrance nécessaire à la santé de tes dents...

Sinon quand tu dis:
Alors que pour moi, la valeur d'une vie, que ce soit celle d'une fourmi ou d'un humain, est parfaitement incalculable. Toute vie est une valeur absolue. Ne pouvant donc pas établir de hiérarchie dans l'absolu, on est obligés d'en appeler à des critères particuliers (égoïstes), et en particulier celui de notre propre conservation.
Je suis d'accord, sauf qu'on est pas obligés de prendre le critère de l'espèce ou de la conservation de l'espèce, on peut en prendre beaucoup d'autres. Je pense que la proximité affective est un critère beaucoup plus utilisé, d'ailleurs. Tu préfères ton chien à un autre chien qui vit à l'autre bout de la planète. Après, c'est sur qu'on a plus de proximité affective en moyenne avec les gens de notre espèce, mais c'est pas toujours vrai, et ça n'a rien à voir avec la conversation de l'espèce, c'est juste que je me sens plus proche d'un humain que d'un koala, et plus proche aussi d'un français que d'un natif d'amazonie... Ce dernier sentiment n'ayant rien à voir avec la "conservation de la race" ou de la culture.
 
Synae":366autco a dit:
Pers0nne":366autco a dit:
Mais as-tu lu Peter Singer ? Tom Regan ? Ou, comme moi, certains de leurs textes traduits dans les Cahiers Antispécistes ? [...] Mais si tu n'as jamais lu Les Cahiers, lis-les.

Ca commence à me taper sur le système que tu te croies le seul à avoir lu des textes sérieux sur la cause animale. Je cite les Cahiers et d'autres ouvrages sur le sujet dans pratiquement tous mes posts, mais non, je n'ai jamais rien lu et je ne sais pas de quoi je parle... :rolleyes: Bref.

C'était une question. Et sur mon deuxième énoncé, j'ai mis un conditionnel "si". Je n'ai pas dit "T'es une grosse nulle, tu ne les as pas lus.". Mais je trouve ta position très bizarre par rapport à leurs théories, si tu adhères à l'une d'entre elles. La philosophie éthique pose les animaux en tant qu'êtres vivants qui ont une valeur pour eux-mêmes, pas juste pour permettre à l'humain d'améliorer son amour propre.

Synae":366autco a dit:
D'ailleurs même Singer limite l'action végé aux cas où la survie humaine est en jeu... "S'il nous faut choisir entre la vie d'un être humain et celle d'un autre animal nous devons sauver l'humain : mais il peut y avoir des cas particuliers où l'inverse sera vrai, quand l'être humain en question ne possède pas les capacités d'un humain normal." Peter Singer, La Libération Animale, p.56
De toute manière je ne suis même pas d'accord avec lui sur l'idée qu'il vaudrait mieux sauver un animal intelligent qu'un humain profondément handicapé mental, mais ce qui est certain c'est que Singer ne va pas dans ton sens.

Singer va tout à fait dans mon sens en posant d'autres critères que l'espèce pour déterminer qui devrait vivre à la place de qui. Je ne suis pas d'accord sur les critères, mais l'antispécisme, c'est de poser que l'espèce n'est pas le critère à utiliser. Et donc je suis d'accord avec l'antispécisme de Singer.
Par ailleurs, je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas choisir l'humain plutôt que l'animal dans la plupart des cas, j'ai dit qu'il y avait une somme de critères à prendre en compte pour choisir qui on prend. Certains critères de Singer peuvent tout à fait être valables, j'ai juste essayé de réfléchir au fait qu'il pouvait y en avoir d'autres. Et ici, Singer compare UN humain avec UN autre animal, pas UN humain avec PLUSIEURS animaux.

Synae":366autco a dit:
Singer reconnaît que la douleur n'est pas plus intense chez un être intelligent, mais par contre il affirme que "la vie d'un être possédant la conscience de soi, capable de penser abstraitement, d'élaborer des projets d'avenir, de communiquer de façon complexe, et ainsi de suite, a plus de valeur que celle d'un être qui n'a pas ces capacités". ibid., p.55 Et pourtant Singer est bien considéré antispéciste... Je ne vais même pas aussi loin que lui dans la discrimination en affirmant que toutes les vies ont la même valeur et qu'il faut juger sur un autre critère !
Les critères que donnent Singer servent à déterminer qui perd le plus en perdant la vie, qui a le plus d'intérêt à survivre, quelle souffrance est la plus forte dans le fait d'entrevoir la mort à venir. Et qui peut le plus profiter de sa vie s'il la poursuit. Même si je ne suis pas d'accord avec lui sur la valeur de la vie et de la mort (Son avis me semble trop péremptoire.), il s'agit bien de comparer plaisirs, souffrances, intérêts, etc. Et non pas d'appliquer à partir de rien "Je favorise mon espèce.". Tu lis de travers.

Synae":366autco a dit:
Même Francione affirme la primauté de l'humain ! Il souhaite abolir la souffrance "non nécessaire" : "si le poids de nos intérêts à infliger de la souffrance dépasse le poids des intérêts des animaux, alors nos intérêts prévalent et la souffrance animale est considérée comme nécessaire". Il ne dit nulle part que même si cette souffrance était vraiment nécessaire, qu'elle empêchait la mort humaine, il faudrait quand même l'abolir !
Je n'ai pas la citation dans son contexte, je ne sais pas ce qu'il veut dire par là, mais de toute façon, je n'ai JAMAIS dit qu'il fallait FORCEMENT faire passer en priorité tout animal non humain avant toute vie humaine. (Tu m'as lu moi aussi complètement de travers, dis donc...)

Synae":366autco a dit:
Enfin, pour Tom Regan, il y a un extrait d'un entretien publié dans les Cahiers, qui parle de lui-même. Pour Tom Regan, il y a égalité absolue entre les humains et tout autre animal "sujet-d'une-vie". Mais la définition de ce dernier terme est extrêmement floue, il affirme lui-même que c'est juste un postulat.

K.K. : D'accord, mais cela reste un problème pour moi , pour ce qui est des animaux qui ne sont pas sujets-d'une-vie. Et il y en a énormément. Dans The Case for Animal Rights, vous laissez sans réponse la question de s'ils ont ou non une valeur inhérente.

T.R. : Effectivement, c'est pour moi une question ouverte. J'argumente qu'être un sujet-d'une-vie est une condition suffisante pour avoir une valeur inhérente, mais je ne tente pas de montrer qu'elle est nécessaire. Je laisse ouverte la question de savoir s'il y a d'autres candidats.

Malheureusement, beaucoup de gens m'ont mal compris sur ce point. Dans mon livre, je défends les droits des animaux en prenant comme type un individu mammifère normal, âgé d'un an ou plus. Mais il est bien évident que je ne considère pas qu'il faille avoir un an avant d'être sujet-d'une-vie. Simplement, je laisse à plus tard la discussion sur où placer la frontière entre ceux qui sont sujets-d'une-vie, et ceux qui ne le sont pas. Pour une huître, ou un scarabée, je ne crois pas que nous ayons d'arguments valables permettant de les qualifier de sujets-d'une-vie ; et la question se pose donc de savoir si eux aussi ont un droit à être traités avec respect. Dans mon livre, je ne réponds ni dans un sens, ni dans l'autre. Peut-être que c'est à vous de le dire, d'écrire un livre pour l'argumenter.

K.K. : Mais si l'animal n'est pas sujet-d'une-vie, mais n'en est pas moins capable de souffrir ?

T.R. : Je crois que pour le moins on peut admettre l'idée qu'il ne faut pas causer de douleur non nécessaire à des animaux sensibles, qu'ils soient ou non sujets-d'une-vie. Ceci laisse ouverte la question de ce qu'il faut qualifier de douleur non nécessaire.

Regan est donc loin, très loin de trancher la question ! Une douleur nécessaire (sous-entendu à la survie humaine, sinon je ne vois pas à quoi elle serait nécessaire...) reste possible !

Oui, et je ne vois pas ce que ça apporte au débat. Il parle de douleur, pas de mort. Et il ne compare pas une vie humaine contre plusieurs vies animales non humaines. Ça n'est pas du tout le sujet. Mais en tout cas, dans toutes tes citations, aucune ne déclare que la vie animale n'a de valeur que pour ce qu'elle apporte au bien être moral de l'homme.

Synae":366autco a dit:
Donc voilà, j'ai lu, je suis végé depuis plus de cinq ans et je ne t'ai pas attendu pour commencer à lire. Merci d'arrêter d'en douter.

Que les gens dépressifs se sentent mieux en agissant pour les autres et pas pour eux, je peux le comprendre, c'est une forme de négation de soi qui correspond parfaitement à leur état dépressif. Seulement voilà, tout le monde n'est pas dépressif, c'est même plutôt un état anormal. Comment veux-tu que les personnes qui tiennent à leur vie acceptent un discours qui les menace ? C'est de la peur, évidemment, et alors ? De la peur face à une folie pareille, je trouve ça plutôt raisonnable.

Ce que je dis c'est que décider que sa propre espèce doit être choisie en priorité en TOUTES cirsonstances, ça n'est pas lié à une menace pour sa propre vie. Tout comme choisir une personne qui parle sa langue, ça n'est pas lié à une menace pour sa propre vie. Ou une personne qui a des points communs avec soi.
Je dis simplement que c'est un degré de spécisme dont on ne peut pas se débarrasser. Qu'il est là, et c'est tout.

Synae":366autco a dit:
Que certains soient véganes militants par négation d'eux-mêmes, je m'en fiche, leurs motivations les regardent, du moment qu'on va dans le même sens. Mais si tu comptes affirmer à la société que ce serait logique de tuer un humain pour sauver deux éléphanteaux ou ce genre de chose, tu vas vite fait te retrouver avec plus personne pour t'écouter, à part ceux qui sont aussi dépressifs que toi, sans compter que tu vas nuire à l'image du véganisme en entérinant l'idée de misanthropie.

Tu me lis vraiment vraiment de travers... J'aborde ce sujet avec des antispécistes, pour leur faire comprendre que l'antispécisme a ses failles, puisqu'un antispéciste n'est pas un non-spéciste absolu (et ne le sera jamais), et qu'il faut en prendre conscience... Et quand je parle avec un végane qui me dit qu'il ne veut pas aborder le problème de la santé en militant parce qu'entre sa propre vie et les dizaines d'animaux à tuer pour les manger, le choix est vite fait, je lui fais comprendre qu'il ne peut pas vendre le véganisme avec de tels arguments... (D'ailleurs, dans ces cas-là, je lui dis aussi que si la viande était nécessaire pour sauver la vie de l'homme, l'utilitarisme autoriserait de tuer des animaux après les avoir laissés vivre 95% de leur espérance de vie naturelle, puisqu'on maximiserait ainsi le plaisir -et la durée de vie- de tous... Et dans ces cas-là, je me fais aussi incendier.)

Et je suis parfaitement conscient que la situation de non-spécisme réel dont je parle ne se présentera jamais.

Essaie un peu de mettre ta colère et ta peur de côté, s'il-te-plaît, parce que là, tu te fais vraiment du mal pour rien...

Synae":366autco a dit:
Et encore une fois :
4) Donc ces organismes vivants, il faut respecter leur vie et leur souffrance autant que la mienne.
Et où donc trouverait-on la motivation pour le faire à moins que cela ne nous apporte quelque chose ? Toujours le même problème de l'impératif catégorique qui ne s'appuie sur rien et qui croit être auto-suffisant...

Seulement, parfois, ben, oui, on fait des calculs quand même. On n'y échappe pas.

Alors que pour moi, la valeur d'une vie, que ce soit celle d'une fourmi ou d'un humain, est parfaitement incalculable. Toute vie est une valeur absolue. Ne pouvant donc pas établir de hiérarchie dans l'absolu, on est obligés d'en appeler à des critères particuliers (égoïstes), et en particulier celui de notre propre conservation.
Sauf que, si la situation se présente, tu privilégieras un chien à une fourmi. Un hamster à une araignée. Un cheval à une gerbille. Un lapin à un poisson. Et ça n'a aucun rapport avec ta propre conservation.
(Je le mets en gras, parce que s'il fallait retenir une seule chose de ce post, ce sont bien ces quelques phrases.)

Et je suis d'accord avec ce qu'a dit L'Elfe au-dessus.
 
(Et en gros, ce que je dis, c'est que l'argumentaire Antispéciste est intéressant et cohérent, mais il a ses failles psychologiques -et non pas logiques-. Et à moins de bien maîtriser l'argumentaire, d'y adhérer totalement, et avoir conscience de ses failles psychologiques, l'utiliser peut se retourner contre soi.
Donc finalement, il faudrait parfois l'éviter. On peut très bien défendre le véganisme, l'abolitionnisme et les droits des animaux, sans utiliser l'antispécisme en tant que tel.)
 
Pers0nne":3ty22mao a dit:
(Et en gros, ce que je dis, c'est que l'argumentaire Antispéciste est intéressant et cohérent, mais il a ses failles psychologiques -et non pas logiques-. Et à moins de bien maîtriser l'argumentaire, d'y adhérer totalement, et avoir conscience de ses failles psychologiques, l'utiliser peut se retourner contre soi.
Donc finalement, il faudrait parfois l'éviter. On peut très bien défendre le véganisme, l'abolitionnisme et les droits des animaux, sans utiliser l'antispécisme en tant que tel.)

je suis pas tellement d'accord. Dans le peu de cas où la question se pose (doit-on sauver un cheval ou une gerbille) ce n'est pas l'espèce qu'un antispéciste prendra en compte, mais soit des critères objectifs, ce qui est extrêmement difficile (durée de vie des animaux? Complexité de la conscience? ou que sais-je...) soit (et plus probablement) des critères subjectifs. Alors oui, on préfère les chevaux aux fourmis, généralement on se sent plus proche des premiers. Mais la question se posera de la même façon s'il faut décider entre deux gerbilles, ou entre deux chevaux. Le fait d'appartenir à une espèce donne des indices sur les caractéristiques d'un animal, mais ce n'est pas LE critère en lui-même, c'est quelque chose qui implique des critères qui eux ne sont pas essentialistes. On sait par exemple qu'un chien a un cerveau plus complexe qu'une abeille. Mais si on décide de prendre ce critère de complexité du cerveau en compte (je dis pas qu'il est valable, hein) l'espèce donne un indice sur ce critère, mais on ne sauvera pas le chien parce qu'il appartient à l'espèce chien. Là on s'intéresse à une notion biologique des espèces et non pas à une notion essentialiste (Chien = représentant de l'espèce Chiens, supérieur à Abeille).

Je sais pas si je suis très claire...
 
Je comprends ce que tu dis, et intuitivement, c'est ce qu'on pense. (Et tiens, d'ailleurs, tu prends le même critère que moi, la longévité, ça va pas plaire à Synae...). Mais entre deux gerbilles, on va choisir en y réfléchissant longtemps, tandis qu'entre deux individus de deux espèces, le choix va se faire beaucoup plus facilement, et de manière générale, ça sera presque toujours le même choix : Selon l'espèce. Sauf qu'en fait, le choix se fera surtout selon la proximité physique (visage, mammifère, vertébré, etc.), la proximité comportementale, la mignonité (poilue ou duveteux, bébé, etc.), et la taille.
Eventuellement la longévité, sauf que la longévité, on ne la connaît pas au premier coup d'oeil (Qui sait que les araignées peuvent vivre de longues années ? Que les escargots vivent plus longtemps que les cobayes ?). Et la capacité intellectuelle, lorsqu'on est confronté à l'animal, on ne la déduit d'à peu près rien. On leur octroie les capacités intellectuelles qui nous arrangent. A moins d'être un expert, et d'en savoir un peu plus que le reste de l'humanité sur le sujet.

Quant aux tout petits animaux, la seule chose qui décide qu'on leur donne peu d'importance, c'est qu'ils sont petits, qu'on en tue donc tout le temps par mégarde, et qu'ils sont nombreux. Le fait d'en tuer (même en l'évitant au maximum), ou même d'en croiser beaucoup de cadavres, entérine la faible importance de la mort de chaque individu. Et leur nombre d'individus vivants réduit aussi immanquablement l'importance qu'on donne à chaque individu.
Bref, pour beaucoup d'animaux, les gros critères, ce sont la taille, le nombre d'individus, et notre capacité à les protéger. Ça joue forcément sur notre perception de la valeur de leur vie. Ce sont des critères propres aux espèces. Mais ils n'ont rien d'objectif, et on ne peut pas aller contre.
 
Pers0nne":28y9m0jc a dit:
Je comprends ce que tu dis, et intuitivement, c'est ce qu'on pense. (Et tiens, d'ailleurs, tu prends le même critère que moi, la longévité, ça va pas plaire à Synae...). Mais entre deux gerbilles, on va choisir en y réfléchissant longtemps, tandis qu'entre deux individus de deux espèces, le choix va se faire beaucoup plus facilement, et de manière générale, ça sera presque toujours le même choix : Selon l'espèce.
Peut-être parce que c'est plus facile de distinguer une gerbille d'un cheval plutôt que d'une autre gerbille, non?
Pers0nne":28y9m0jc a dit:
Sauf qu'en fait, le choix se fera surtout selon la proximité physique (visage, mammifère, vertébré, etc.), la proximité comportementale, la mignonité (poilue ou duveteux, bébé, etc.), et la taille.
Donc des critères subjectifs, affectifs, et l'affect a beaucoup à voir avec la proximité, donc avec ces caractéristiques liées à l'espèce, mais pas seulement (par exemple un animal domestique = plus d'affect qu'un sauvage).
Pers0nne":28y9m0jc a dit:
(Qui sait que les araignées peuvent vivre de longues années ? Que les escargots vivent plus longtemps que les cobayes ?). Et la capacité intellectuelle,
Rien à voir: là on est sur des critères objectifs, donc on va faire appel à des biologistes, des éthologues, des scientifiques.
lorsqu'on est confronté à l'animal, on ne la déduit d'à peu près rien. On leur octroie les capacités intellectuelles qui nous arrangent.
On fait ça parce qu'on les utilise comme moyens pour des fins. Dans une perspective antispéciste, on ne le ferait pas.
 
Pers0nne":4t4r6w88 a dit:
Ce que je dis c'est que décider que sa propre espèce doit être choisie en priorité en TOUTES cirsonstances, ça n'est pas lié à une menace pour sa propre vie. Tout comme choisir une personne qui parle sa langue, ça n'est pas lié à une menace pour sa propre vie. Ou une personne qui a des points communs avec soi.
Je dis simplement que c'est un degré de spécisme dont on ne peut pas se débarrasser. Qu'il est là, et c'est tout.

Justement pour moi, les exemples de critères (valables) que tu donnes sont tout sauf du spécisme : c'est pratique, pragmatique, c'est plus commode, ce sont des liens convergeant qui facilitent le rapprochement et l'échange.
Certes ils sont souvent liés à une notion d'espèce, mais en soi s'en est pas du tout.
Si nous pouvions communiquer avec telle espèce animale comme nous communiquons avec notre voisin de palier, je suis certain que des gens se seraient complètement détournés du genre humain en tant que vie communautaire.

(en fait ça existe déjà, sans rien n'y changer donc bon ^^)

Et sinon pour reprendre ce qui a été déjà dit : personnellement je me sent plus proche (et donc aurais plus d'élans pour sauver sa vie) de mes chats que d'un obscure inconnu du bourg voisin.
Au delà de la promiscuité espécifique, il y a celle de l'affectif, mais il peut y en avoir d'autres. En cherchant bien je pourrait trouver en moi comme une valeur peut-être assez importante de la notion "d'innocence", mais c'est assez diffus (et casse-gueule ^^)

Pers0nne":4t4r6w88 a dit:
Tu me lis vraiment vraiment de travers... J'aborde ce sujet avec des antispécistes, pour leur faire comprendre que l'antispécisme tel que je conçois cette notion de façon parfaite et pure a ses failles, puisqu'un antispéciste n'est pas un non-spéciste absolu (et ne le sera jamais), et qu'il faut en prendre conscience...

En bleu ce que j'entends quand je te lis concernant la notion liée à l'anti-spécisme.

Ce qui me semble un peu accessoire tant que nous en somme pas à devoir faire des choix aussi "extrêmes", choix qui supposent qu'on a réglé tous les autres problèmes pour lesquels nous luttons pour la plupart ici.

Quant à ton postulat absolu qu'une personne ne pourra jamais être un non spéciste absolu, pour moi c'est aussi fondé que de dire qu'un dauphin ne pourra jamais apprendre à lire.
Qu'en sais-tu que personne nulle part ne peut avoir un tel comportement dénué de tout critère espécifique pour décider quelque-chose entre 2 individus d'espèce différentes ?

C'est pas parce-que quelqu'un va neutraliser voire tuer un animal qui cherche à le manger qu'il est spéciste ! La survie dans ce genre de cadre ne s'embarrasse pas d'une quelconque notion discriminante pour s'appliquer.

Pers0nne":4t4r6w88 a dit:
Je comprends ce que tu dis, et intuitivement, c'est ce qu'on pense. (Et tiens, d'ailleurs, tu prends le même critère que moi, la longévité, ça va pas plaire à Synae...). Mais entre deux gerbilles, on va choisir en y réfléchissant longtemps, tandis qu'entre deux individus de deux espèces, le choix va se faire beaucoup plus facilement, et de manière générale, ça sera presque toujours le même choix : Selon l'espèce. Sauf qu'en fait, le choix se fera surtout selon la proximité physique (visage, mammifère, vertébré, etc.), la proximité comportementale, la mignonité (poilue ou duveteux, bébé, etc.), et la taille.
Eventuellement la longévité, sauf que la longévité, on ne la connaît pas au premier coup d'oeil (Qui sait que les araignées peuvent vivre de longues années ? Que les escargots vivent plus longtemps que les cobayes ?). Et la capacité intellectuelle, lorsqu'on est confronté à l'animal, on ne la déduit d'à peu près rien. On leur octroie les capacités intellectuelles qui nous arrangent. A moins d'être un expert, et d'en savoir un peu plus que le reste de l'humanité sur le sujet.

Quant aux tout petits animaux, la seule chose qui décide qu'on leur donne peu d'importance, c'est qu'ils sont petits, qu'on en tue donc tout le temps par mégarde, et qu'ils sont nombreux. Le fait d'en tuer (même en l'évitant au maximum), ou même d'en croiser beaucoup de cadavres, entérine la faible importance de la mort de chaque individu. Et leur nombre d'individus vivants réduit aussi immanquablement l'importance qu'on donne à chaque individu.
Bref, pour beaucoup d'animaux, les gros critères, ce sont la taille, le nombre d'individus, et notre capacité à les protéger. Ça joue forcément sur notre perception de la valeur de leur vie. Ce sont des critères propres aux espèces. Mais ils n'ont rien d'objectif, et on ne peut pas aller contre.

En fait Personne, il y a une quantité farmineuse de critères (réalistes et valables aux yeux de tous) de sélection que tu fous de ton propre chef dans la notion de spécisme, et qui n'en sont pas du tout pour moi. (ils sont compatibles avec oui, mais ça s'arrête là)

On a déjà vu des gens quitter une maison en flamme en emportant un bibelot de valeur (à leurs yeux) avant d'y retourner chercher un membre de la famille... Tu vas me trouver quoi comme valeur espécifique là ? :p
 
V3nom":3sx1e6zc a dit:
Qu'en sais-tu que personne nulle part ne peut avoir un tel comportement dénué de tout critère espécifique pour décider quelque-chose entre 2 individus d'espèces différentes ?
Parce que cette personne finira très probablement par (au choix):
- Se suicider
- Se faire tuer par d'autres humains
- Se faire mettre en cage/en hôpital psy pour le restant de ses jours

(Pour "se suicider" : Les jaïns ont semble-t-il le degré de non-spécisme le plus avancé sur Terre. Et si j'ai bien lu ce que j'ai lu, certains finissent par décider de se laisser mourir au nom du respect des autres vies. Ça me semble logique.)

Le critère de la taille, le critère du nombre et le critère de la fragilité des animaux, ça vous semble des critères très objectifs et non spécistes, et dont il est facile de se débarrasser ?

Quand ça se rapporte aux humains, on appelle ça du racisme. Lors du génocide Rwandais, la France a apporté son soutien au gouvernement génocidaire, et quand il a fallu agir pour faire semblant de calmer les choses (finalement, en protégeant la fuite des fugitifs génocidaires, donc), on était très réticents à intervenir. Il semblerait par exemple que Mitterrand ait balancé, lors de je ne sais plus quelle réunion privée, un truc du genre "Bah, de toute façon, dans ces pays-là, ça se passe comme ça, ils se tuent entre eux, c'est pas aussi grave que chez nous." (Je ne sais plus les termes exacts, mais c'était l'idée.) En gros, le nombre de morts, et la banalité de leurs morts atténuait la valeur de leurs vies. Pour nous, déclarer un truc aussi dégueulasse, c'est évidemment du racisme. Dire la même chose pour les insectes, ça ne serait pas du spécisme ?

J'ai lu sur un blog végane abolitionniste antispéciste, un article de quelqu'un qui hurlait parce que Paul Watson (dont tout l'équipage est végane) était un salaud de spéciste puisqu'il avait déclaré que la vie d'une baleine avait plus d'importance que celle d'une vache (Pas qu'il fallait tuer les vaches, sinon il ne serait pas végane.). J'aurais tendance à penser comme Paul Watson, parce qu'elles vivent plus longtemps, mais aussi parce qu'elles sont plus rares, plus intelligentes et plus grosses. (Et que ça me ferait quand même super chier de les voir disparaître.) Ces trois derniers critères sont évidemment spécistes. (Notez bien qu'entre la vie d'une baleine et celle d'un homme, si un tel dilemme se présentait, les deux m'étant des inconnus, je ne sais pas que je choisirais. Aucune idée.) En tout cas, pour le végane cité, c'est du spécisme. Mais sans ce spécisme sur le nombre, on pourrait très rapidement se retrouver à favoriser les espèces les plus nombreuses en individus (du moins à ne pas ralentir leur propagation plus rapide au dépens des autres espèces), donc à faire (ou laisser) disparaître la biodiversité.

Et puis une dernière chose : On peut poser un monde où des lois défendent coûte que coûte le droit des humains de ne pas se faire tuer. Parce que les humains peuvent être recensés, protégés, soignés individuellement. Et dans cette optique, seuls la légitime défense et l'homicide involontaire sans responsabilité ne sont pas des crimes.
On pourrait ajouter une loi qui interdirait aux humains de ne pas tuer d'autres animaux quand ils peuvent l'éviter. Les exceptions de la légitime défense et de l'homicide involontaire sans responsabilité resteraient (a priori).
Mais on ne pourrait pas instaurer de loi qui garantirait coûte que coûte le droit de tous les animaux de ne pas se faire tuer. On ne pourrait pas protéger tous les animaux avec la même facilité (des violences provoquées entre eux, ou par les hommes). On ne pourrait pas non plus légiférer lorsqu'un homme tue un tout petit animal par maladresse, même s'il est manifestement en tort, même s'il aurait pu l'éviter très facilement, par exemple en évitant d'aller se promener en forêt, ou de prendre son véhicule. Donc même quand sa responsabilité est impliquée.
On ne peut pas garantir les mêmes droits de défense de leur vie aux hommes et aux autres animaux, et surtout entre les différentes espèces. (On pourrait éventuellement protéger, aussi bien que les hommes, les animaux les plus gros, les plus costauds et les plus rares.)
Si on instaurait des lois différenciées sur le droit (fondamental) de rester en vie entre certains types d'hommes, on serait bien dans le racisme (ou le sexisme, ou autre). Mais si on le fait entre espèces, ça n'est pas du spécisme ?

Enfin bon, de toute façon, là, je suis coincé entre Synae et V3nom/L'elfe... Je ferais mieux de vous laisser débattre entre vous... Si ça se trouve, vous allez bizarrement vous faire croire que vous tombez d'accord.
 
Bin perso ce genre de débats-là je m'en cogne pas mal au fond étant donné qu'ils sont à des années lumière des luttes les plus urgentes.

donc qu'on soit d'accord ou pas, qu'est-ce que ça peut foutre...

Actuellement pour ce qui est rassemblé sous le terme oh combien contesté par toi "d'anti-spécisme" il n'est pas question de "devoir" choisir entre tuer tel ou tel individu, mais pour le moment (je parle de choses concrètes), d'éviter de cautionner morts et souffrances massives pour des futilités égoistes, par des critères absurdes et sans fondement.

Après que toi tu décides ce qui devrait être entendu sous la notion "d'antispécisme", ma fois ça te regarde, mais ça nous embarque dans un débat au sujet d'un terme (pour pas dire une étiquette), qui a vraisemblablement non seulement des valeurs, mais parfois même des définitions différentes selon les personnes.

Puis dire qu'une personne réellement respectueuse de la vie de toute chose sur terre finirait forcément par en venir à conclusion de devoir se suicider (ce qui est potentiellement vrai, quoi-qu'en mourant elle-il ne mourrait pas seule non plus), c'est là encore pour moi une notion qui tient plus du respect de la vie en tant que tel plutôt qu'une notion particulièrement "anti-spéciste". (même si ça va très bien avec, ça me semble englober le spécisme en tant que notion compatible mais ne pas s'y limiter disons)

A moins de discuter de ce qui devrait être appelé "anti-spécisme"... (et occulter un peu de dont il s'agit actuellement, et qui, perso, me semble pas si mal pour l'instant), je vois pas bien à quoi peut mener ce genre de discussion, qui tourne un peu en rond et ressemble à un dialogue de sourds manifestement.

PS : je suis pas contre la remise en question hein, je passe mon temps à ça sur à peu près tous les sujets en rapport avec ma vie, mais pour ce cas précis, je suis plus que circonspect...
 
Once again : Je parle de "non-spécisme", pas d'"antispécisme". L'antispécisme, c'est l'antispécisme, tel que défini sur la couverture des Cahiers. Le "non-spécisme", c'est le fait de ne pas être spéciste (C'est un mot que personnellement, je n'ai entendu qu'une fois, de la bouche de David Olivier, défini comme tel, et la distinction avec l'antispécisme m'a paru pertinente.). L'antispécisme, c'est le fait du lutter contre le spécisme (actuel et majoritaire). L'antispécisme est tout à fait défini, clair, net et simple. Le non-spécisme, pas tant que ça.
 
Ok je comprends bien la nuance, mais pourquoi donc s'atteler si fermement à démontrer la non pertinence de cette notion du coup ? (surtout si c'est un terme -et ce qu'il définit- à priori employé par personne, ou presque)
 
Je n'ai pas dit que ça n'était pas pertinent, je reviens à la base de ce que je dis depuis le départ : Le non-spécisme absolu n'existe pas, le spécisme/non-spécisme fonctionne par degrés. Le non-spécisme absolu serait impossible à intégrer intellectuellement.
L'antispécisme n'offre donc pas de solution absolue, juste des solutions relatives au niveau précédent de spécisme (L'abolition étant une solution antispéciste relative au niveau de spécisme de l'exploitation.). Et donc on ne peut pas dire "Toi, tu es spéciste, mais moi, je ne suis pas spéciste." (Comme on l'entend parfois, voire souvent : Il y aurait d'un côté les spécistes et de l'autre les véganes -les vrais, pas Sea Shepherd-.). Parce que si on déclare un truc comme ça, ben, on va très vite s'emmêler les pinceaux, tomber sur divers paradoxes et incohérences, et perdre toute crédibilité.

Voilà, c'est mon avertissement, c'est tout.
 
Bin ça dépend du degré/niveau de discussion comme tu dis.
L'anti-spécisme étant dans un cadre d'exploitation et surtout de position politique et sociale, le terme spéciste prend alors tout son sens dans ce même cadre de discussion. (puisque tout est relatif pour moi, je vois aucun soucis là dedans ^^)

Parce que dans ce même cadre, parler des failles mêmes de la notion revient à lancer le mythe de la pureté et toutes les dérives et excuses de ne pas agir qui vont avec.

Donc certes ton "non-spécisme total" ne propose aucune solution (absolue ou pas, je vois pas bien le distingo, qu'est-ce qui propose une solution absolue dans la vie ?), mais il en cause avec le mythe de la pureté, et c'est pas bien grave puisque personne n’emploie ce terme avec cette définition ni aucune autre à l'heure actuelle... et peut-être que ce ne sera jamais le cas d'ailleurs.

C'est ça en fait que je comprends pas bien : nous discutons de l'éventualité d'incohérence philosophique d'un terme et de sa définition possible que personne n'utilise, dans un cadre qui n'est pas d'actualité. (et je fais confiance à ceux qui planchent sur ce combat depuis plus longtemps que moi pour avoir déjà longuement réfléchit sur la question)

ça me rappelle Coluche en fait :D
"On s'autorise à penser dans les milieux autorisés qu'un accord secret pourrait être voté".
(ya pas d'offense hein, c'est juste le coté hypothétique de la chose dans un cadre concret qui me donne ce sentiment ^^)

Puis surtout ça me donne l'impression que le sujet de l'anti-spécisme, ou du véganisme tel qu'on le voudrait (qui est les animaux, et non pas les anti-spécismes - véganes eux-même) se retrouve remisé au second plan dans ton analyse des failles du "non spécisme" où il se trouve donc problématique "pour le non spéciste" de pas pouvoir l'être à 100%. J'me dis où est l'individu non -humain dans l'histoire ?

Tu vas probablement me dire qu'il est central, et tu seras de bonne foi, mais dans un tel débat, je ne vois que le "non-spéciste" en proie à son incohérence, et l'animal n'est qu'un prétexte à cette analyse.

La question pertinente pour moi ne serait pas de se demander pourquoi le non-spécisme est branlant ni comment s'en sortir avec cette définition, mais plutot comment faire en sorte de ne jamais avoir à foutre des animaux dans ce genre de situations cornélienne quand il n'y a aucune nécessité réelle de devoir faire ce genre de choix.

Les nécessité réelle étant les sujets plus délicats de survie, de médecine et autre, qui sont plus difficiles (enfin je dirais plutôt compliqués et de longue haleine) à résoudre, mais pas impossible et surtout qui concernent toujours tout le monde, et donc ça sera à tout le monde mettre la main à la patte (tiens elle tombe à pic cette expression ^^)

Evidemment que personne n'est non spéciste à 100%, pas plus qu'il ne doit exister de végane 100% sans mort animale, ne serait-ce qu'en marchant ou en respirant on est déjà marrons, prendre la bagnole revient à une écatombe en soi, mais qui cherche à l'être ? (puis il y a une notion d'absence de volonté d'être spéciste, ce sont des limites techniques et mécaniques au fait même d'exister)
A part des gens comme toi, en quête d'un absolu plus ou moins "sacralisé" peut-être (et qui nous arrangerait tous d'atteindre sans se faire chier, je pense) ; absolu que tu définit pourtant toi-même d’inatteignable sur l'autre fil qui nous concerne. :)

Mon avertissement à moi ça serait celui-là : gare au nombrilisme philosophique et à la quête de perfection personnelle, on en oublierait le vrai sujet : les non-humains exploités qui n'en ont un peu rien à foutre de tout ça. (en particulier ceux qui peuvent, aujourd'hui, être sauvés d'une façon ou d'une autre)
 
Si ça signifie que je suis complètement à coté de la plaque (ce qui est plus probable que l'inverse, mon bocal fonctionnant comme il peut), c'est dommage de "laisser tomber" justement. M'enfin, laissons tomber...
 
La philosophie éthique pose les animaux en tant qu'êtres vivants qui ont une valeur pour eux-mêmes, pas juste pour permettre à l'humain d'améliorer son amour propre.

Sauf que contrairement à toi (visiblement) je n'ai pas une entière confiance à l'égard de la "philosophie éthique" actuelle. La philosophie animale est plutôt bien développée dans les pays anglo-saxons, mais elle s'est engouffrée dans une voie dont elle ne semble plus vouloir sortir, restreignant ses horizons (voir l'intro du n°112 de Philosophie - celle dans le bouquin, pas sur le site). La philosophie animale française est plus jeune mais aussi plus ouverte à l'heure actuelle. De toute façon c'est le principe même de la philosophie de ne jamais trancher entièrement une question mais de simplement y réfléchir. Une philosophie n'est justement pas une éthique, pas une suite de lois indiscutables qu'il faut suivre. Singer et les autres t'ont peut-être grandement convaincu, mais moi je persiste à voir des failles dans leurs raisonnements, failles qu'ils admettent eux-mêmes en affirmant qu'ils "laissent à plus tard" telle ou telle question, n'ayant pas actuellement de réponse. C'est dangereux de se fier aveuglément à quelqu'un pour la simple raison qu'il a actuellement une notoriété relative au coeur de la cause animale.

Pour ce que tu as repris des passages que j'ai cités, c'est vrai qu'ils ne mettent pas en balance un humain et deux animaux. Et contrairement à ce que pense V3nom (je crois) je trouve que c'est une question importante car ce genre de "choix" peut déjà se poser à l'heure actuelle. On peut donc se demander pourquoi aucun d'entre eux ne pose cette problématique (deux ou plusieurs animaux contre un seul humain - à moins que tu ne me contredises avec une citation où ils le feraient effectivement). Pourquoi (d'après mes connaissances) aucun de ces penseurs ne se permet d'aller jusqu'au point où on devrait choisir des animaux plutôt qu'un humain ? Du coup, toi, tu tires certaines conclusions en poussant leur réflexion plus loin qu'eux-mêmes n'ont osé le faire. Mais à mon avis tes conclusions sont fausses, et s'ils ne l'ont pas fait, c'est qu'ils ne peuvent pas le faire, refusant une telle conclusion. S'ils refusent le débouché même du système philosophique qu'ils ont construit, c'est peut-être parce que ce système est déjà défaillant au départ.

Ces personnes, dont toi, sont à la recherche de critères objectifs qui dépasseraient la question de l'espèce et qui permettraient de juger de la valeur absolue des êtres vivants en établissant une hiérarchie qui s'additionne en fonction du nombre d'êtres en jeu. Sauf que toute la question est faussée si on reconnait que chaque vie a une valeur absolue, infinie pour celui qui la vit et qu'il n'existe pas de critère absolument objectif pour en juger autrement. Et si ce critère existe, il faudrait avoir l'humilité de reconnaître qu'il est largement au-delà de notre capacité intellectuelle : nous n'avons pas une vue omnisciente sur l'univers, malgré tout ce que la science essaie de nous faire croire ; nous sommes irrémédiablement entravés dans notre corps humain, avec nos perceptions humaines du temps, de l'espace, des sensations. N'importe quel scientifique sérieux le reconnaîtrait. A partir du moment où l'on ne peut pas rentrer dans la conscience d'autrui pour ressentir à quel point sa vie a de la valeur pour lui, on ne peut juger que d'après des critères extérieurs, et donc anthropomorphiques, subjectifs - après tout l'idée qu'une longue vie ou une vie riche en sensations est une vie meilleure est typiquement humain par exemple, ce sont vraiment des clichés de base qui ne reposent sur rien : comment savoir si un chat est absolument et objectivement plus heureux qu'une fourmi ? C'est impossible, à moins de juger anthropomorphiquement...

Donc, si toute vie a une valeur absolue mais qu'il faut quand même faire des choix, pourquoi s'obstiner à affirmer qu'un choix objectif est malgré tout possible alors que non ? On choisit selon des critères sentimentaux, comme vous l'avez évoqué dans la suite de la conversation avec lelfe. Mais ce n'est déjà plus forcément du spécisme... On ne dit plus forcément "l'homme vaut objectivement et absolument plus que la vache donc il peut la bouffer et la torturer". C'est un raisonnement qui ne tient pas debout, c'est tout ce que dit l'antispécisme. Il dit : "il n'y a pas de raison objectivement valable de le faire". Ce qui est en soi super faible comme argument. Il n'y a pas de raison de le faire, mais est-ce qu'il y a une raison de ne pas le faire du tout, même selon d'autres critères que l'espèce ? Dans la vie on agit en permanence sans fonder nos actions en raison, on agit d'après nos sentiments subjectifs (préférer un lapin à un serpent par exemple ce n'est pas forcément spéciste, ce n'est pas dire "l'espèce lapin vaut mieux dans l'absolu que l'espèce serpent", c'est plutôt dire "moi personnellement je préfère les boules de poils mignonnes aux trucs longs gluants et dangereux" mais c'est tout subjectif).

Donc, dire s'il y a une raison de ne pas discriminer les animaux d'espèces différentes selon un critère simplement subjectif, ça dépasse l'antispécisme, le non-spécisme ou tout ce que tu veux. C'est plutôt une morale du respect de la vie ou ce genre de chose, mais ça n'a plus rien à voir avec l'antispécisme. Et c'est à cet endroit précisément, cette sorte de vide dans le raisonnement végane ("mais y a-t-il une raison de ne pas le faire d'après d'autres critères ?") que j'aurais voulu réintroduire l'humain.

Bref je suis d'accord avec V3nom : tu inclus dans le spécisme des choses qui n'y sont pas. Un choix subjectif qui s'assume comme subjectif n'est pas du spécisme. Le spécisme c'est uniquement discriminer en affirmant clairement qu'on le fait d'après le critère soi-disant absolu de l'espèce et que l'on considère notre choix objectivement valable.

Quand je choisis ma vie plutôt que celle des insectes sur lesquels je marche, je ne suis pas en train de penser "je vaux mieux qu'eux parce que ci ou ça". Quand je marche sur des insectes, je ne suis donc pas spéciste puisque je ne pense pas ça. Mais je suis dans l'incapacité de juger objectivement de la valeur de ma vie par rapport à celle de ces insectes innombrables, parce que ma vie est aussi infiniment valable que la leur. Du coup je suis obligée de me rabattre sur des critères sentimentaux : j'ai envie de vivre bien, donc de me déplacer, donc de leur marcher dessus même s'il n'y a aucune raison valable et absolue de le faire (et a priori aucune raison valable et absolue de ne pas le faire). Pour moi le véganisme c'est l'intuition qu'il y a une raison valable et absolue de ne pas le faire lorsque c'est inutile à notre survie. Mais pas de ne jamais le faire. D'ailleurs lelfe je n'ai pas trop compris ton exemple par rapport à la nécessité : lorsqu'on soigne ses dents, on le fait toujours pour nous-même, parce que cela nous est nécessaire pour vivre bien. La santé de nos dents c'est notre santé à nous, c'est la même chose. Je ne vois vraiment pas à quoi ces gens pourraient faire référence lorsqu'ils parlent de nécessité, à part à la nécessaire survie de leur personne. C'est d'ailleurs ce que je voulais dire quand je disais "notre propre conservation", je ne parlais pas de la conservation de l'espèce en tant qu'absolu qui me dépasse et dont je me fiche un peu, mais de la conservation de moi-même, mon seul absolu (et ma conservation nécessite que je respecte les autres etc.).

Chacun a ses raisons sentimentales pour choisir un animal (humain ou non-humain) plutôt qu'un autre. Aucune de ces raisons n'est spéciste si elle n'affirme pas de but en blanc "cette espèce vaut objectivement mieux que cette autre parce que ceci".

Je trouve que ce que tu mets en lumière, ce n'est pas une faille dans l'antispécisme, mais le fait que celui-ci soit incomplet et ne permet pas à lui seul d'imposer le respect envers les animaux. L'antispécisme est parfaitement et entièrement logique (il n'y a logiquement pas de raison de...) mais incomplet (y a-t-il logiquement une raison de ne pas...). L'absence de raison ne suffit pas à interdire.

A propos de l'application absolue du "non-spécisme" (qui se base sur une définition du spécisme avec laquelle je ne suis de toute façon pas d'accord puisque comme je l'ai expliqué les bases me semblent faussées), tu dis :
cette personne finira très probablement par (au choix):
- Se suicider
- Se faire tuer par d'autres humains
- Se faire mettre en cage/en hôpital psy pour le restant de ses jours
Donc, c'est parfaitement possible d'être un "non-spéciste" absolu au sens où tu l'entends. Voilà les conséquences que cela aura, mais c'est possible, et l'auto-persuasion humaine est bien assez forte pour pouvoir pousser un individu jusque là. Et puisque c'est physiquement possible d'en arriver là, autant éviter de l'encourager en affirmant que ce serait logique de le faire. Parce que ça ne l'est pas : notre propre vie n'a pas moins de valeur que n'importe quelle autre à partir du moment où toutes ont une valeur absolue et infinie (ce que l'on est obligé d'admettre à partir du moment où un critère absolu de discrimination est hors de notre portée intellectuelle). Ce qui est infini est incalculable, incomparable.

Pour Watson et les baleines : son discours est spéciste, le tien aussi. Il est parfaitement possible de faire la même chose sans avoir un discours spéciste en disant : les baleines ont la même valeur que n'importe quelle autre vie, mais dans le cadre très spécifique de la préservation de l'écosystème des océans, elles sont plus importantes. Ce n'est plus du spécisme puisqu'on ne fait pas un jugement absolu sur la valeur des baleines mais un jugement relatif dans un contexte particulier.
 
Bon, c'est pas que votre conversation m'ennuie (en fait si) :whistle: mais j'ai envie de revenir à l'article dont je voulais parler en ouvrant ce topic.

David Olivier a écrit une super réponse à JBJV. :D
 
La réponse est intéressante, d'autant + qu'elle est chiffrée.
Par contre, pour comparer les manteaux en fausse et vraie fourrure, j'aurais aimé connaitre l'impact sur la faune, sur le long terme. (Par exemple : une vraie fourrure, une fois jetée, est biodégradable. Par contre, une fourrure synthétique ne risque-t-elle pas d'empoisonner ou étouffer plusieurs animaux qui mordraient dedans ou joueraient avec ?)
 
Ohlala ! Réponse virtuose, parfaite, magistrale, un rouleau compresseur argumentatif, je connaissais pas ce type mais je l'adore déjà.

"Il faut qu'Anne achète donc, au cours de sa vie, 570 manteaux en fausse fourrure (de 13 kilos chacun) pour espérer égaler le nombre de morts causés par Gaëlle et son manteau hérité de sa grand-mère." Il faudrait que l'impact écologique du plastique soit 570 fois supérieur à celui de la fourrure, ce qui est improbable.
 
Synae, mes réflexions sont mes propres réflexions. Je sais parfaitement qu'elles ne sont jamais énoncées par les philosophes antispécistes. (En tout cas, les réponses ne sont pas proposées, dans ce que j'ai lu jusqu'à maintenant.) Notamment parce qu'elle sont extrêmement choquantes, avec ou sans réponse. C'est justement ce que je souligne. Parce que les omnivores, eux, ne se gênent pas pour les faire, ces réflexions gênantes, et eux attendent une réponse.

Je n'ai pas besoin de me calquer sur qui que ce soit, merci. Je suis encore capable de dire "Ben non, ça, c'est con." quand je lis ce que je considère comme une "connerie", même de la part d'une célébrité. Même Singer, même Francione, même Olivier, même d'autres. C'est d'ailleurs ce que je fais quand je déclare que les théories sur le "spécisme/antispécisme/non-spécisme" ont leurs failles, ce qui fait visiblement hurler tout le monde (de diverses manières pas tout à fait compatibles entre elles), toi compris. Tu me fais donc un drôle de reproche. (Mais je ne vais pas me fâcher pour autant, comme tu l'as fait quand je t'ai demandé si tu les avais lus, bien que je trouve ta remarque insultante.)

Donc en conclusion : L'argumentaire antispéciste (en tant que tel) ne te convient pas pour défendre l'abolitionnisme et le véganisme, puisque tu dis que l'antispécisme ne justifie pas à lui seul de choisir l'abolition (Il n'est ni nécessaire, ni suffisant.).
Hé bien, très bien, c'est aussi un peu ce que j'ai répété depuis le début : L'argumentaire antispéciste ne convient pas forcément à tout le monde (et on n'en a pas forcément besoin pour la défense animale).

Je suis un éternel incompris.

Sur le texte et la réponse de David Olivier : De toute façon, c'est clair que le texte est bizarre, puisqu'un végane se soucie des animaux en tant qu'individus, et va donc forcément en tirer les conséquences qui s'imposent en matière d'écologie, tandis qu'un écologiste se soucie de "l'environnement" (sans trop savoir ce qu'il entend par là), les animaux n'étant pas sa priorité. Au final, un végane renseigné ou une société végane (attirée donc à la fois vers l'abolition et vers une société plus écologiste), tuera forcément moins qu'un individu purement "écologiste" ou une société purement "écologiste" dont la vie des autres animaux n'est pas une priorité.
 
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